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Le défi du samedi
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27 décembre 2014

Orage de Noël (Fairywen)

 

Orage de Noël.

 

Il n’avait jamais aimé Noël. Noël, ça ne signifiait rien pour ceux qui comme lui avaient grandi dans la rue. Falko n’avait pas seulement le look d’un voyou, il en était un. Dans la rue, on le respectait. On le craignait, aussi. Il tapait fort, il tapait vite, et il posait les questions après. Parfois.

Enfant, il serrait les dents pour ne pas pleurer lorsque venait Noël. À l’école, il entendait les autres parler du sapin, des décorations, des cadeaux, des repas en famille… Lui n’avait rien d’autre que les murs froids de l’orphelinat. Un orphelinat dont il avait fini par s’enfuir, se trouvant mieux dans la rue. Non, Falko n’avait jamais aimé Noël.

 

Et pourtant aujourd’hui il se retrouvait dans un magasin, en train de choisir un cadeau. Un cadeau de Noël. Car le voyou amer et cynique avait un jour rencontré une jeune femme qui avait bouleversé sa vie, une jeune femme aux yeux rieurs, qui lui avait proposé des charmes et des sortilèges pour se sécher le jour où il était entré par hasard dans sa boutique de magie pour s’abriter d’un violent orage d’été. En fait de charmes et sortilèges, il avait eu droit à une serviette, une tasse de café et un jogging pendant que ses vêtements trempés finissaient au sèche-linge. Lui qui ne croyait pas en la magie était revenu, encore et encore, jusqu’à ne plus repartir, et un jour, il avait découvert qu’il vivait avec une vraie magicienne, qui savait faire naître des étoiles avec ses doigts et créer une bulle de calme au milieu des éléments déchaînés.

Alors ce soir, pour la première fois de sa vie, il achetait un cadeau de Noël, une fine chaîne d’argent avec un cœur d’émeraude en pendentif. Il eut un sourire en coin avec quelle attention les vendeurs le surveillaient. Il aurait pu parier que l’un d’eux au moins avait la main posée sur le bouton de l’alarme. Le patron était même descendu dans la boutique et ne le quittait pas des yeux. C’est vrai qu’il dénotait un peu dans cette boutique chic, avec son jean déchiré et son blouson de cuir noir, mais il était et resterait toujours Falko, le caïd des rues.

Lorsqu’il sortit son portefeuille pour payer, il crut un instant que l’alerte rouge allait être déclenchée, mais lorsque les billets s’étalèrent sur le comptoir, l’atmosphère se détendit nettement et des sourires apparurent sur les visages. Lui ne changea pas d’expression. Simplement, au moment de sortir, il se retourna un bref instant, lança d’une voix moqueuse :

« Jamais se fier aux apparences, vous voyez… Pendant que vous étiez tous en train de me surveiller, le type sapé à quatre épingles, là-bas… Il vous a piqué au moins trois bagues. »

Falko riait encore à la pensée du branle-bas de combat qu’avait déclenché sa déclaration lorsqu’il poussa la porte du magasin animalier pour y acheter une douzaine de balles brillantes avec des grelots. Il ne s’agissait pas d’oublier les chatons-fées qui partageaient leur vie, et qui, s’ils avaient des pouvoirs magiques, étaient avant tout et pour toujours des chatons…

 

Il offrit son cadeau à sa belle Ysaline le soir du 24 décembre, trop impatient pour attendre davantage. Ils étaient assis tous les deux devant la cheminée, ainsi qu’ils aimaient à le faire durant les soirées d’hiver. Les chatons couraient partout, à la poursuite des balles multicolores, qui s’envolaient régulièrement dans les airs lorsqu’ils faisaient usage de leurs pouvoirs. Il attendit qu’elle ouvre la petite boîte, le cœur battant, et lorsque ses yeux s’illuminèrent en découvrant le délicat bijou, il sourit tendrement :

« Joyeux Noël, ma princesse. »

Sans qu’il le dise, elle sut qu’il n’avait prononcé ces mots pour personne. Elle accrocha la chaîne autour de son cou et lui sourit avant de le prendre par la main :

« Viens. Ton cadeau est dehors.

— Mon… cadeau ?

— Bien sûr. Tu ne croyais quand même pas que j’allais t’oublier ? »

Là aussi elle devina qu’il n’avait jamais eu de cadeau à Noël. Elle le prit par la main et ils sortirent dans la nuit. Toujours curieux, les chatons s’étaient nichés dans la chemise de Falko. Ysaline leva la main vers le ciel et lui dit :

« Regarde… »

Là-haut, devant la lune, il vit passer un traîneau tiré par des rennes, un traîneau qui descendait doucement vers eux pour se poser sur la neige blanche.

« C’est pas vrai…, lâcha Falko dans un souffle.

— Bien sûr que si, c’est vrai. La magie existe, Nessie existe, le Père Noël existe. »

Abasourdi, Falko vit le célèbre vieillard à la houppelande rouge et à la barbe blanche descendre de son véhicule et venir vers eux, ses yeux bleus pétillants de malice.

« Ainsi donc, c’est toi, Falko, fit-il en le détaillant des pieds à la tête.

— Vous… vous me connaissez ?

— Bien sûr que je te connais. Je connais tout le monde. Tu fais partie de ceux que je cherche à atteindre depuis longtemps, jeune homme, mais il n’y a jamais eu moyen de te faire croire en moi, et sans croyance, la magie ne peut rien. Mais tu as rencontré ma fille, et elle a réussi là où j’ai échoué.

— Votre… fille ?

— Eh oui, ma fille ! Je ne suis pas aussi vieux que j’en ai l’air, tu sais. Ce n’est qu’un déguisement que nous empruntons lorsque vient le soir de Noël.

— Em… empruntons ?

— Bien sûr. Le Père Noël n’est pas immortel, on le fait croire, c’est tout. Allez, mes enfants, je dois vous laisser, la nuit sera longue, pour moi, mais demain, je viendrai partager avec vous le repas de Noël. Bonne nuit, mes petits ! »

Le traîneau s’envola dans le tintinnabulement des cloches des rennes. Falko le suivit longtemps des yeux, tandis qu’un baume apaisant descendait sur son cœur si longtemps meurtri.

« Rentrons, murmura doucement Ysaline lorsque la tempête se leva. »

Cette nuit-là, alors que le vent hurlait dehors, la nuit fut douce dans le chalet perdu dans la montagne. Les chatons s’endormirent sur l’épais tapis devant la cheminée lorsqu’ils furent fatigués de jouer. Falko et Ysaline restèrent auprès d’eux, sans rien dire, dans les bras l’un de l’autre, juste heureux d’être ensemble.

 

C’était la nuit de Noël, la nuit de toutes les magies, la nuit où un voyou rencontra le Père Noël et sut qu’un jour quelqu’un, quelque part, l’avait considéré comme un enfant comme les autres…

 

La saga de Falko et Ysaline peut se lire ici.

Défi 330 du samedi 20 décembre 2014

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Commentaires
B
intéressant de retrouver ton petit monde merci pour ce bon moment fairywen
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N
La magie, c'est ton affaire, et ça se voit, ça se lit ! ;) ... Il y a quelque chose de tendre, de doux dans ce récit, tellement qu'on aimerait être à leur place et y croire pour de bon.
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P
Pour des contes comme celui-ci je crois encore au Père-Noël ! Très belle histoire (qui bien sûr réveille le Dutronc qui dort en nous !)
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E
d e la grande magie, du grand spectacle, des beaux sentiments, une fille à Papa, c'est tout ce qu'il faut pour un merveilleux conte de Noël
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V
Du Fairywen pur jus avec des chats omni-présents! Je me suis régalé! Vive Noël
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E
Dès les premières lignes, j'ai reconnu l'ambiance, mais c'est si loin de mon univers que je ne sais trop quoi dire, sinon que c'est bien ficelé.
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W
C'était la fille du Père Noël,<br /> <br /> J'étais le fils du Père Fouettard,<br /> <br /> etc...
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M
Le retour d'Ysaline et des chatons-fées dans un charmant conte de Noël !!! Beaucoup de douce magie ! On reconnait ta "patte" Fairywen !
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