Coutumes barbares (JAK)
J’étais enfant et me rendre chez ma grand-mère paternelle m’attirait particulièrement J’aimais ses bons pâtés aux pommes dont je n’ai jamais retrouvé la recette, qui étaient fait tout simplement de farine, d’eau et… de pommes.
Pour me rendre chez mon aïeule, je devais emprunter les nombreuses ruelles moyenâgeuses, étroites qui serpentaient en tous sens. Ruelles en escaliers aux pavés disjoints ou régulièrement je me tordais les chevilles. Il existait bien cependant une voie plus « royale » large et plus directe pour s’y rendre, mais je n’ai jamais, cependant « daigné » l’emprunter.
Sur cette colline ancestrale, ayant connu les frasques de Mitte de Chevrières au 17°siècle, j’errais le cœur battant. C’était un bonheur pour moi d’entrouvrir les portes cochères en bois, qui n’étaient jamais fermées à clés.
Jeter un clin d’œil, imaginer le mystère, s’inventer des histoires d’abomination, c’était déjà mon régal. Bien souvent il n’y avait derrière que des pans de murs démolis, ou prêts à choir, parfois du lierre envahissant.
Ce quartier qui avait vu la création de la ville avant le moyen âge était devenu insalubre ou presque. Mais il était le pan d’histoire qui faisait notre ville. Et toute jeunette, je l’aimais. Mon attachement pour les vieilles pierres peut-être.
J’arrivais après bien des contours enfin chez ma grand-mère. Elle habitait un lieu dit Le Parterre. De chez elle on dominait toute la ville en contre bas, et cette fameuse colline à nos pieds.
Ma chère grand-mère, qui a vécu jusqu’à 87 ans, était accueillant au possible. Je craignais toutefois mon grand-père, toujours à l’affût d’une réprimande à distribuer, mais avec ‘Mémé Pierrette’ c’était la gaieté, la vie, la découverte, et de surcroit, une bonne pédagogue. Toujours à l’affut du savoir elle savait nous en faire profiter. Merci chère Grand-mère de cet héritage.
Elle était une merveilleuse conteuse, et je restais bouche bée lorsqu’elle me parlait de la coutume des feux de la St Jean…
On nous appelle les Couramiauds, et voici ce qu’elle me racontait à ce sujet.
Partout, à quelques jours du solstice d'été pour célébrer, la lumière de l'été, il y avait les feux de la saint Jean.
Et chaque village célébrait cette arrivée en faisant un feu de joie.
Notre petite ville n’y dérogeait pas.
En effet, le jour de cette tradition, un feu de bois était dressé en bûcher avec un mat central… Les autochtones y pendaient des chats dans une cage en osier. Ces chats, qui étaient noirs, évoquaient le « Malin ». Par ce feu on symbolisait la purification et la régénération à ce croisement des saisons.
Si une malheureuse bête avait résisté aux flammes, et réussissait à s’échapper, tous les habitants munis de bâtons lui courraient derrière pour l’achever……
D’où « courre-à-miau »
Ma grand-mère, pour accentuer mon effroi, me disait qu’elle avait assisté à cette « fête », mais je la soupçonne que malicieusement elle voulait jeter de l’huile sur le feu de mon émoi.
Coutume barbare que l’on ne peut imaginer de nos jours….
Mais notre esprit n’est pas serein lorsque l’on voit le barbarisme qui hélas règne encore dans ce monde.
J’aime tellement ma colline que j’en ai fait une aquarelle naïve