Participation de Fairywen
A travers le miroir.
"Comme c'est beau ce que l'on peut voir comme ça à travers le sable, à travers le verre, à travers les carreaux"
Le Chasseur tressaillit en lisant ces mots, et les souvenirs remontèrent en flèche dans sa mémoire. Lui c’était à travers un miroir qu’il avait vu une autre réalité, une réalité d’une beauté sauvage et inquiétante, une réalité qu’il avait eu du mal à appréhender, mais une réalité tout de même…
Lorsqu’il avait débarqué sur cette planète dominée par la jungle, il frémissait d’impatience, une impatience doublée d’un sentiment de triomphe. Cette fois, elle ne pourrait pas s’échapper, il la tenait. Il allait enfin livrer l’Ombre à la justice. Ses tuyaux étaient sûrs, elle était là depuis plusieurs jours. C’était contraire à ses habitudes, et ça allait signer sa perte.
Il l’avait trouvée dans la chambre qu’elle avait louée, assise en train de lire dans l’encoignure d’une fenêtre. Toujours aussi belle, aussi sûre d’elle, malgré son arme braquée sur sa poitrine.
« Tu ne pourras pas t’échapper, cette fois, avait-il grondé, une lueur victorieuse dans les yeux, un geste de trop, et je tire. »
Elle s’était levée, un étrange sourire aux livres et avait avancé d’un pas, de façon à ce que sa silhouette se reflète dans le miroir en pied situé à sa gauche.
« Tu crois ça ? avait-elle dit d’une voix basse, envoûtante. »
Il avait vu ses yeux changer, devenir dorés avec une pupille fendue, aussi mystérieux que ceux d’un chat. Et puis il y avait eu un mouvement dans le miroir, et à la place de la femme, il y avait vu une panthère d’un noir de jais, une panthère qui le fixait de ses yeux d’or. Déstabilisé, il avait baissé son arme. Devant lui, la femme. Dans le miroir, la panthère. Et soudain un tourbillon de fourrure noire, la sensation d’un corps chaud contre sa jambe, d’une queue qui s’enroulait autour de ses genoux. Le miroir était vide, la femme avait disparu, ne restait que la panthère aux yeux d’or. Il sentit ses pattes sur ses épaules, son souffle sur sa nuque, ses crocs effleurer son cou, et la voix de l’Ombre résonna dans sa tête, moqueuse, sensuelle :
« Tu es ici sur mon territoire, Chasseur… C’est moi qui y dicte les règles… Ce n’est pas encore aujourd’hui que tu m’arrêteras. »
D’un bond, le grand fauve s’était enfui par la fenêtre, dans la jungle toute proche. Il l’avait suivie, bien sûr, mais s’il l’avait entraperçue, il ne l’avait jamais approchée. Ce n’est que lorsqu’il eut décidé de renoncer pour cette fois qu’elle vint auprès du feu qu’il avait allumé, et pour la première fois, il avait caressé la panthère, s’émerveillant du velours et de la douceur de son toucher. Elle était repartie comme elle était venue, fantôme silencieux qui se fondait dans l’ombre de la nuit, le laissant seul sous les étoiles.
Depuis il avait revu la panthère, souvent lorsqu’il était en danger et qu’elle surgissait de nulle part pour lui prêter main-forte. Elle était un assassin, lui un représentant de la loi. Elle l’entraînait sur les chemins de la nuit, il savait qu’en elle brillait la lumière. Ils ne pouvaient exister l’un sans l’autre.
Depuis ils s’étaient aimés, séparés, poursuivis, affrontés, mais jamais il n’avait oublié ce jour où il avait vu à travers le miroir…
Au fil des mois, l'Ombre et le Chasseur sont devenus des personnages récurrents dans mes historiettes. On peut retrouver les liens vers leurs aventures sur cette page et des photos dans cet album.