Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 050 402
Derniers commentaires
Archives
9 mars 2013

Poussières de chimères (Sandrine)

"Tiens on cloche à la porte..."

Laissant mon aiguille de feutrage se reposer un peu, je suis partie m'enquérir du carillonneur...
Bien droite, sur les marches de l'entrée, elle n'eut pas besoin de se présenter, largement identifiable avec ses os saillants et sa faux, la Camarde se dressait là. Grande et muette... presque majestueuse, impressionnante en tous cas. Elle me tendait une minuscule boite, pas plus grande qu'une coquille de noix, plus petite qu'un petit pois.
C'était donc le glas qu'on sonnait ce matin à ma porte, je ne l'avais pas reconnu.
Elle n'eut rien à me dire... En voyant la poussière grise dans ce menu réceptacle, j'ai su. Je les aurais reconnues même mélangées aux cendres d'un vaste feu de la saint Jean. Oui, comme Cendrillon triant les lentilles pour aller au bal à l'heure, j'aurais trié les cendres grain par grain, les reconnaissant entre mille, et je serais arrivée à temps pour la mise en bière même sans carrosse.
 
Eux si gros, si grands qu'ils me gonflaient jadis le cœur à m'en faire éclater la poitrine, ils en étaient réduits à n'occuper que cet espace, à peine plus gros qu'une tête d'épingle ! A peine croyable et pourtant...
 
J'ai pris l'objet des mains de la faucheuse. J'ai dit merci avec un petit accent anglican qui me paraissait de circonstances et j'ai enterré sous les pâquerettes en fleurs (heureux présage de printemps) la cendre de mes rêves.
 
Un escargot heureux d'être arrivé à l'heure à son premier enterrement fut tout content de faire mentir Prévert... Il m'a offert dans son sillage, en discret hommage, un léger trait de bave argenté.

Et sur la terre, noire comme la nuit, s'étalait la voie lactée.

Publicité
Commentaires
S
La métaphore me paraissait claire, m'enfin si c'est trop simple je ne capte pas ;-) Merci, il me semble aussi que j'ai bien fait de tourner la page, si j'ai éclairci le texte dans les commentaires (c'est que je ne voulais pas qu'on puisse s'imaginer que ma petite histoire puisse donner lieu à des généralités. Je suis qu'un grain de sable paumé dans l'univers, hein ? ). Il y'a des gens qui vivent leurs rêves d'autres qui essayent longtemps sans y parvenir, d'autre que leur rêves anéantissent et mille autres possibilités... d'autre Ce que j'aime vraiment dans ce texte c'est la réalité de la bave de l'escargot. Pas une réalité écrasante, une réalité poétique... J'aurais du mettre une petite chose légèreté en prime (du coton, une graine de pissenlit... je ne sais), le poids des rêves en opposition à la légèreté de la réalité, un paradoxe qui aurait sans doute encore compliqué les choses mais qui m'aurait paru plus juste avec le recul ;-)
Répondre
F
Texte difficile à comprendre et à la lecture des commentaires, je comprends ces plaies qu'il a fallu refermer sans s'épancher sur ce qui a ou s'est vidé! Pour moi, la mort et la cendre sont noir et gris. Là le monstre ( la main qui sonne de l'intérieur) est rouge. Sans vouloir ouvrir ces plaies, je me dis que tu as très bien fait car il faut savoir tourner la page et tu l'as très bien fait !
Répondre
D
J'aurais tendance à dire que les rêves ne meurent jamais vraiment.<br /> <br /> La preuve tu en parles encore.<br /> <br /> Non, c'est juste qu'ils s'endorment doucement...
Répondre
K
@joeK belle chanson ! quel texte !! merci à toi♥ j'adore Brassens
Répondre
J
"Des poèt's sans inspiration<br /> <br /> Auront pris -- quelle aberration ! --<br /> <br /> Mes feux follets pour des étoiles."<br /> <br /> <br /> <br /> Ils auront eu raison !<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.georges-brassens.com/Le%20fant%C3%B4me.htm
Répondre
S
Je dois dire que je suis à l'aise avec la mort, la mienne quand j'y pense je ne suis triste que pour ceux qui restent, celle des autres là c'est une autre affaire. Comme disait Brel mourir c'est rien, vieillir ça c'est une autre affaire !!<br /> <br /> <br /> <br /> De rien. Je ne crois pas à la résurrection, mais à la métamorphose, la terre est fertile et si ça se trouve aux côtés des pâquerettes viendront germer des pissenlits apportés par le vent ;-) Enfin autre chose de différent, je préférerai et de près et de loin !!
Répondre
C
Quand la mort s'annonce à la porte, c'est sûr qu'il y a quelque chose qui cloche dans la vie...Elle sait q'elle aura le dernier mot, elle joue avec nos nerfs, et moi, j'aime bien semer des fleurs dans les trous de son nez comme disait Brassens. Ce que tu fais ici joliment, avec toute la poésie que je te connais.<br /> <br /> Pour ce que tu dis de Prévert, je suis d'accord. Mais quand on voit ce que certains essaient de faire, on se dit qu'il n'y a pas que lui qui doit se retourner dans sa tombe.<br /> <br /> Merci pour ce texte magnifique. Je crois que tes rêves ne sont pas tous partis en cendre...Il suffit d'une seule étincelle, tu sais bien...
Répondre
E
Pâquerette, pâquerette, as-tu vu mes rêves enfouis ?<br /> <br /> Oui, ils sont toujours là, de l'autre côté de la vie,<br /> <br /> Mais regarde-moi, moi qui suis si jolie,<br /> <br /> L 'ami caracol t'a mis ruban d'argent qui luit<br /> <br /> C'est la vie, c'est la vie...<br /> <br /> <br /> <br /> Il est magnifique ce texte !! (le tien bien sûr !) :)
Répondre
C
très poétique...<br /> <br /> <br /> <br /> quand la femme de l'ankou<br /> <br /> résonne, ici,<br /> <br /> à cloche-pied<br /> <br /> <br /> <br /> oui, tout est bon à prendre,<br /> <br /> et il restera de notre chemin<br /> <br /> juste un sillage d'écume sur la terre...
Répondre
M
"Enterrée sous les pâquerettes en fleurs ", la cendre de tes rêves va sûrement faire merveille et tu pourras en sentir le doux parfum ... J'aime beaucoup le discret hommage argenté laissé par l'escargot qui fait mentir Prévert !
Répondre
J
Joli clin d'oeil aux escargots allant au cimetière.
Répondre
K
à l'enterrement d'une feuille morte deux escargots s'en vont....ils ont la coquille noire du crêpe autour des cornes...ils s'en vont dans le noir un très beau soir d'automne!<br /> <br /> etc ../. je la connais par coeur<br /> <br /> je l'avais apprise et mon fils aussi alors elle est en mémoire<br /> <br /> bisoussssssssssssssssss deux fois 6= 12 bisoussssss
Répondre
A
Certains rêves meurent. Il faut en faire le deuil. <br /> <br /> Mais ils laissent la place à d'autres, qui pourront à nouveau nous gonfler le coeur, comme quand revient un nouveau printemps. Tu dis tout cela avec tellement de grâce, Sandrine. Avec aussi un malicieux et tendre clin d'oeil à nos amis escargots et à Prévert. Bravo et merci à toi.
Répondre
C
"Tiens on cloche à la porte..." : c'est tout à fait ce que je suis capable de dire sans réfléchir (même en réfléchissant...) !<br /> <br /> Ceci dit, j'ai beaucoup aimé ton texte poétique. A la fois triste et plein d'espoir.<br /> <br /> Merci<br /> <br /> Sourire<br /> <br /> Vanina
Répondre
W
C'était un mercredi ?
Répondre
V
Ce que j'aime dans la poésie ce sont ces jolis mots qui dédramatisent les situations et les rendent légères comme la trace brillante de l'escargot sur l'herbe printanière... Joli texte Sandrine
Répondre
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité