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Le défi du samedi
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8 décembre 2012

Y a un os (Poupoune)

« Quand tu seras morte, j'ouvrirai ton corps pour prendre un os et je le garderai précieusement. »

 

Je devais avoir sept ans quand j'avais dit ça à ma mère. Elle avait trouvé ça adorable.

Je savais déjà à l’époque qu'elle était un peu frapadingue, mais à cet âge, ça me paraissait surtout rigolo. J’avais la maman la plus fofolle du quartier et je trouvais ça super cool. Ce n'est que plus tard que j'ai compris qu'en fait, elle était juste folle. Quand elle s'est jetée par la fenêtre de ma chambre au beau milieu d'un jeu et que personne n'a jamais pu trouver une quelconque explication à son geste, j'ai commencé à entrevoir la différence entre « fofolle » et « folle ». Et quand ses dernières volontés m'ont faite héritière d'une de ses côtes, fraîchement récoltée sur son cadavre, j'ai mesuré l'ampleur de son dérangement psychologique.

J'ai longtemps pensé que c'était ma faute si elle s’était foutue en l’air. A cause de cette histoire d'os, comme si elle avait voulu satisfaire un caprice... parce qu'elle était comme ça, ma folledingue de mère, prête à tout et n’importe quoi – surtout n’importe quoi – pour me faire plaisir.

Après de longues années de thérapie, je ne comprends toujours pas, alors je garde cet os précieusement, avec un mélange de dégoût et de fascination, espérant qu’un jour il me livrera les derniers secrets de ma mère. Mais pour le moment, je ne sais toujours rien. Sinon que j'ai drôlement bien fait de ne pas lui demander son cœur ou un œil.

 

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Commentaires
A
Superbement écrite ton histoire. Je rejoins Lise: quand quelqu'un que tu aimes t'aime tellement qu'il/elle est prêt à faire n'importe quoi pour te faire plaisir , c'est sûrement un des plus beaux témoignages d'amour, et de quoi atteindre le bonheur. Et après tout, si nous sommes prêts à léguer après la mort notre corps à la science pour des inconnus, pourquoi pas à ceux qui nous sont chers?<br /> <br /> Quand j'aime quelqu'un, ce qui me fascine c'est que je l'aime "jusque sous la peau". Je crois avoir un jour écrit un poème à ce sujet. <br /> <br /> Alors, laisseras-tu un os à ta fille ;))?
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W
Bah, je me suis promené pendant des années avec un petit flacon contenant mon appendice ileo-cæcal dans de l'alcool. J'avais un succès bœuf auprès de mes condisciples. Bien sûr un cœur, c'est encombrant (avec ou sans bocal d'ailleurs...).
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V
ho le cadavre exquis!!
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E
C'est une façon de garder de sa maman la subtantifique moëlle ? :):)
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C
Elle est bien "bone" celle-là!
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K
bravo MAP!! ce jeu de mot!! super<br /> <br /> ton histoire Poupoune est assez émouvante et bien ficelée, bien sûr que tu n'as pas d'os , mais des mères comme cela ça existe hélas !! la folie n'est pas étrangère , elle est partout!<br /> <br /> Si un enfant avait subit un tel choc qq années de thérapie semblent en effet une nécessité ....l'enfant aime sa mère au point de vouloir la manger par amour ,pour la garder , j'ai déjà entendu cela et vis et versa aussi.<br /> <br /> bisousssssssssssssss<br /> <br /> katyL
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M
A 7 ans la petite Poupoune était déjà très préc"OS" !!!! Et aujourd'hui on voit le résultat avec cette histoire de talis"maman" !!!! :-D
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V
Etre mère est avant tout un "sacerdoce", non ?
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L
Croiser un jour une personne "prête à tout et n’importe quoi – surtout n’importe quoi – pour me faire plaisir", ne vaut il pas tous les grigris du monde pour trouver le bonheur ?
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P
Et pour rendre à César ce qui est à ma fille, je me dois de préciser que la première phrase est une jolie déclaration d'amour (fou?) qu'elle m'a faite... je lui avais déjà emprunté un bon mot sans le signaler il y a 2 semaines, alors cette fois-ci je me dénonce !
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