Frisson d'Automne (Célestine)
photo : Croukougnouche
Elle ne sait pas Il sait
Il sait l'automne et ses tristesses oranges amères
Pour elle les feuilles d'automne c'est l'or du ciel qui tombe en tourbillon
Elle n'entend pas la mélancolie
lourde du pas qui les écrase
Lui ne voit là que la marque infâme et appuyée de sa vieille ennemie intime celle qui s'invite en ses rêves
durant ses nuits de lassitude
Il connaît bien son masque sans courtoisie
Celui qui entre sans frapper
Il sait lui elle ne sait pas
Elle lui dit la vie est comme ce ballet jaune rouge marron orangé
A son frisson novembre a semblé lui sourire
Et elle sourit le cœur fondant de joie de vivre
Et lui sourit aussi mais le cœur en écharpe il sait que les feuilles sont mortes
et que leur splendeur rousse n'est que leur dernier chant
Il sait mais il ne lui dit pas
Il tait de la vie ses fulgurances cet abject feu de paille qui brûle en trois instants tout ce que l'on croyait à jamais
Il sait mais il se tait
Il regarde mourir les feuilles
Il regarde danser en elle
le regard des étoiles mauves et sourdre des étincelles au matin des possibles
Il se tait
Il aime trop garder sa main dedans la sienne
et son printemps rafraîchissant qui réchauffe son froid hiver
Ce craquant tapis de feuilles qui recouvre insolent le fossé des générations
Et la danse des feuilles mortes a un instant le parfum de l'éternité
musique: Chanson d'automne, William Sheller
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