Si j’étais une ombre… (Vanina)
Je me souviens d'une belle journée d'été, où mon ombre me faisant face, je l'ai explorée.
Elle me fit alors remarquer que pour la voir, dialoguer avec elle, il me fallait être dans la lumière... J’observais que l'ombre, au-delà d’un manque d’intensité lumineuse, est moi et pourtant ne me ressemble pas tout à fait. Je remarquais aussi que l’ombre est une projection de moi… mouvante. Une sorte du jeu du portrait chinois ?!
J’analysais qu’elle est aussi une figure imaginaire qui hante le sujet comme son autre. Sombre, elle me suit, me précède parfois, comme la camarde subtile mais jusque-là conjurée.
Cette ombre sombre révèlerait-elle ma lumière intérieure ?
Depuis toujours l’ombre, et plus encore le double sous toutes ses formes, peuple mon imaginaire. Je me remémorais alors : les marionnettes du théâtre d’ombre ; Peter Pan qui cherche à récupérer son ombre, etc. Mais aussi la Bête, cette part d’ombre bestiale en l’homme face à la Belle, ou encore M. Hyde l’ombre du Dr Jekyll, j’en passe tant il m’est impossible de vous faire part de tout ce qui me passa dans la tête, tant notre culture et nos mythes sont pleins de ces personnifications de l’ombre.
Mon ombre me faisait ainsi comprendre que sa richesse se joue entre étrangeté et intimité, sa puissance repose sur son immatérialité.
Lorsque j’achevais cette rêverie, ce monologue -avouons-le-, le soleil avait tourné. J’avais l’impression d’être à l’ombre de mon ombre… protégée !
Entre chien et loup, je levais le visage au ciel et constatais que la reine des ombres venait de faire son apparition dans un ciel encore clair.