Donner et recevoir (Virgibri)
Il y a les gisants et les vivants
Tous ceux qui nous frôlent
Les inquiétants
Les apaisants
Les discrets
Au milieu des gisants
Je trônais
C’était il y a longtemps
Un temps où les appareils photos cliquaient
Où les fenêtres s’obturaient
Un an après la répartition de ses cendres
Devant une plaquette dorée infâme
A son nom, avec ses dates
Je m’étais dit que non
On ne se réduisait pas à ce paquet sombre
J’avais décidé de goûter la vie
Même dans ses amertumes
Tous ses goûts
Sans excès
Chaque détail importait
J’étais au milieu des gisants
Il y a longtemps
Armée de mon boîtier
J’ai trouvé les morts beaux
Une sorte de romantisme
Exacerbé
De la vie dans la pierre
Des femmes de toute beauté
Des inscriptions passionnées
Des amours mortes
Et encore si vivaces
Si l’on pouvait dire
De moi
Elle a aimé
Ou plutôt
Elle a beaucoup donné
Et a su recevoir
Mais je ne sais où je me poserai
Pas de lieu-clef
Pas grand-monde pour me causer
Au-dedans de la pierre
J’étais au milieu des gisants
Il y a longtemps
Moi la demie vivante
Mes yeux vibraient
Mes yeux cadraient
Mes yeux fuyaient
La mort
En la figeant
En noir et blanc
Elle a beaucoup reçu
Et a tellement donné
Qui sera là pour l’écrire
Ou
le murmurer