laudanum est - tiniak
Le mal m’est nécessaire et le bien superflu
Doux oxymore… Âpre est l’orage et la mer, don !
Au gré de la jetée, s’abreuvent des garçons
lâches du pantalon et le front rabattu
au prix de la criée que savent des ventrus
les ligues de vertu susurrant au perron
rehaussé de limon, leurs injonctions notoires
Un défilé de toile aux manches repassées
surplombe une marée de songes laborieux
rengorgeant les abois d’un cœur sombre et fiévreux
s’allant, à qui mieux-mieux, sacrifier au métier
la navette érodée d’impalpables espoirs
Douceâtre mélodie monnayant son tempo
contre un divin écot promis à la curée
la mièvre litanie égrène la journée
vers l’éternel rejet de fronts horizontaux
ployant sous le fardeau d’ébènes reposoirs
Avancé prudemment sur le tendre vélin
que recouvre un naissain de coquilles pataudes
un verbe se répand, hésite et puis patauge
soudain pris en maraude, une main au pétrin
une autre à sa ribaude et l’œil à l’écran noir
Ne m’épuise plus rien, ma pensée maladive !
Un jour viendra peut-être où Sisyphe au rocher
enverra balader vers de berges nouvelles
un fleuve saoulé d’Êtres, de barges de missels
d’estampes, de pastels, l’armada éprouvée…
pour une ritournelle et sa rampe d’ivoire
Mange-moi, puits sans fond, sans affres, sans manière
comme l’humble fougère avale un papillon
une soif alanguie, un soupir sans giron…?
Quel qu’en soit le siphon, elle attend, la vipère
à la langue bifide auprès de l’entonnoir
Est-ce que j’aie raison de ramer où l’âme erre ?