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Le défi du samedi
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19 juin 2021

Ma place dans le trafic (joye)

Assise sur ce banc public, derrière mes lunettes de soleil bon marché (les lunettes, pas le soleil), je regarde passer le monde : les vieux, les jeunes, les moins vieux, les moins jeunes, les moyens, les moyens exceptionnels, les peut-mieux-faire. Les chiens, les chats, les monstres, les anges, les jeunes loups, les vieilles biques, et tout le vulgum pecus dont le monde est compris.

Certains marchent, certains flânent, certains courent, certains boitent comme des sardines à la recherche d'une clé.  

Certains cheminent péniblement, comme des chevaux brisés par l’âge en route pour l’usine de colle. Certaines piétinent au bout des petits petons entassés cruellement dans des talons hauts comme des échafauds et aussi mortels.

Certains sautent comme des lapins, chaud-froids, froid-chauds, les lapins, un coup de lapin, comme les marrons vendus jadis aux coins de la rue avant que l’État ne les défende, avant que le Covid ne les chasse et les assassine.

J’observe aussi les modes de transport transportant : des camions, des voitures, des bolides, des taxis, des Uber-Alles, des Unter-Alles, des chevaux, des ânes, des baudets, des mulets, des chars d’assaut, des tacots d’attaque, des chariots volés d’un Carrefour égaré aux bords de la cité.. Des bus au parfum de diesel, des trams, des rames, des drames, des rollers, des patins, des scooters, des motos, des mob’s et des peaux de banane...je m'y connais. On glisse comme on peut dans les rues des grandes villes.

Les tuyaux d’échappement me grognent, les silences fâchés des ouatures électriques me font peur. Le silence m’a toujours fait peur. Les freins qui grincent, et les chauffards, les routards, les ambulanciers, les flics à la poursuite d’un malfrat quelconque dans un après-midi qui terminera sous une pluie de balles. Tout le monde passe devant mes yeux fades et fatigués.

Je replie mon journal. Il est temps de repartir. Je suis juste sur le point de me lever quand je vois passer une trottinette conduite par un papillon noir et jaune, et une fourmis rouge qui se tient debout sur les épaules d’une mante religieuse -- mais encore jolie -- qui est en retard pour la messe de cinq heures.

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Commentaires
B
Magnifique texte Un grand Bravo et Merci chère Joye<br /> <br /> je viens également souhaiter un prompt rétablissement à Iowaboy <br /> <br /> Bon courage à vous deux <br /> <br /> Bises
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J
Te lire chère Joye, me transporte de joie
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V
Excellent! Jeux de mots, jeux de sonorités, surréalisme: du Prévert! Sourire
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J
Il est magnifique, ce texte ! Magnifique !
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W
Un brin surréaliste tu ne te déferas jamais de ton séjour en Belgique (et tant mieux pour nous).
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L
Je ne sais pas combien de temps tu as passé pour voir passer tout ce monde, mais tu sembles ne rien avoir oublié... Peut-être un curé en soutane, mais ils n'en portent plus !
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V
Ça ne donne pas envie d'y aller :)
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K
Si elles sont trop en retard, elles iront au pré vert ! 🛴
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J
Certains marchent, certains flânent, certains courent, certains boitent comme des sardines à la recherche d'une clé. <br /> <br /> alors là chapeau!
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