La vie en rose (Venise)
Elle chantait la vie en rose et pourtant elle m’a fichue le bourdon durant toute sa carrière avec ses tremolos dans sa voix, son légionnaire, la passionaria des faubourgs.
Chaque fois que j’écoute piaf j’entends la mise à mort d’un agneau, le ciel se déchire.
Vous l’avez compris j’aime la vie en rose fuchsia, ce rose aussi discret que les roses cueillies par Ronsard dès l’aube.
J’aime aussi les éléphants roses ceux qu’on peut découvrir après de savantes manipulations génétiques dans les jardins du Luxembourg.
J’en dissimule l’un deux dans mon sac à main. Sa petite trompe me chatouille les narines le soir
Et mon sommeil s’en trouve plus profond habité, d’anges mutins chevauchant des éléphants roses.
La rose est sans pourquoi, vous pouvez vous déplacez sur l’échelle de la kabbale, ici on entre dans un monde qui refuse de se justifier.
Parfois la nuit, le diable s’endort sur mes lèvres. Il prend des vacances, le rose tranche les ténèbres et redonne de la clarté aux joues de la vie sans pourquoi.
Certains jours pourtant le rose menace de m’absorber, ces jours-là pareil à un bonbon à la fraise on me dévore. C’est là que je comprends à quel point je pourrai être sacrifiée sur l’hôtel de la gourmandise.
Le rose est un alibi hurlent les climatologues, ouvrez les yeux gens de peu, crient -ils.
Alors comme un daim pris dans leurs phares, je bascule dans le néant où un arc en ciel se forme.