Tu
ne vas jamais deviner ! La semaine dernière ton papa m’a offert un safari
urbain à Charleroi ! Ah, quelle bonne surprise ! Je ne sais pas si tu
es au courant, mais cette ville a récemment été classée première de toute l’Europe
dans un sondage néerlandais ! Tu peux imaginer ma joie que mon Homme m’embarque !
J’adore les excursions. Et elles sont si rares !
Alors,
nous avons mis le réveil pour très tôt samedi, car Papa tenait à partir dès l’aube.
Bien sûr que je me suis levée deux heures avant lui pour assurer le pique-nique
– Papa ne voyage pas sans son jambon-beurre - et puis faire aussi la lessive et le ménage. Tu sais bien que c’est
une erreur de laisser au lendemain ce qu’on doit faire le jour même ! Et
puis, je devais me laver les cheveux, prendre mes gouttes, chauffer l’eau pour
le thé – c’est dingue à quel point c’est facile maintenant que nous avons le
gaz à l’étage, comme Papa l’appelle. Ah,
mais c’est un drôle, ton papa !
Et
puis à la dernière minute, le pauvre
chou n’a pas pu venir ! Oui, son lumbago ! Encore ! Je
voulais bien l’accompagner chez sa jolie infirmière, Miss Couquie, je crois que
Papa a dit que c’était son nom de famille bien qu’il l’appelle Bettie, mais tu
sais moi et ma pudeur, je n’arrive jamais à tutoyer comme sait faire ton père.
Donc, il devait se baigner, se raser, et le tout pour aller la voir, comme d’habitude,
et puis il a pensé en dépit de ses souffrances de me dire de lui laisser notre
pique-nique afin qu’il se restaure s’il sentait des vertiges après le traitement.
Ton papa n’est rien sinon prudent. Il a même pensé à y
mettre une bonne bouteille de vin, mieux pour reprendre ses forces après l’épreuve.
Ah, cet homme, il pense à tout !
Alors,
oui, j’y suis allée seule. Au début, j’avais un peu peur, oui, je n’aime pas me
promener seule dans les grandes villes, mais j’y suis allée par le train, et je
suis arrivée même avec quelques minutes
d’avance et j’ai pu faire la connaissance de la guide, une madame Oupune. Ah,
une femme ravissante, si espiègle, et quelle mémoire pour les détails !
Ah, cette femme, elle a un futur incroyable devant elle, si elle veut bien devenir
raconteuse ou écrivaine ou même…oh, je ne sais pas ! Tout ce qu’elle
voudrait ! Mais pour le moment, elle est guide et quelle chance pour moi !
Lors
de la visite, nous avons vu la Marchienne au Pont, où madame Oupoune nous a
raconté la vie – ou, plutôt la mort – d’une petite fille, fusillée par un
soldat juste quelques jours avant l’Armistice de 1918 ! On lui a érigé un
monument, figure-toi ! Un monument entier pour une petite fille ! Si
ce n’est pas une vie réussie, je ne sais pas ce que ce serait !
Nous
avons aussi vu l’endroit où la mère de Magritte s’est jetée dans le fleuve
Sambre. Pauvre femme ! On comprend que les peintures de son fils auront pu
l’embarrasser, le pauvre type ne savait même pas dessiner des figures ! Tu
sais qu’une fois il a mis une pomme pour la figure d’un homme ? Ah oui !
Non, je ne plaisante pas, mon chéri, je
ne plaisante pas !
J’ai
beaucoup aimé l’usine abandonnée, mais j’avoue que j’aurais préféré visiter le
Bois du Cazier, là où plus de 200 mineurs de charbon ont été tués dans un
accident – oh ! je sais que madame Oupoune aurait su raconter celle-là,
mais nous nous sommes contentés à étudier les terrils pour découvrir leurs
ressemblances avec des œuvres d’art. Il y avait un jeune Rennais dans le car, d’origine
russe, je crois, qui a tout reconnu. C’était
impressionnant ! Il a repéré le Penseur, la Vénus de Milo – bien que l’autre
soit à Paris, il nous a fait remarquer ! et même l’Obélix d’Astérix, comme
celui qui se trouve aussi à Paris ! Oui ! Quel œil ! Surtout
parce qu’il était en train de jouer au harmonica et chanter des chansons à
propos d’une vieille vedette norvégienne, une Ludivine Allah ? Bouddha ?
Quelque chose, je ne me souviens plus exactement de son nom. C’est dommage, il
m’a dit de la gogoler en rentrant. Je ne sais pas ce que c’est gogoler, mais je
voudrais bien l’essayer, ça a l’air amusant !
Mais
avec tous les préparatifs, j’étais bien fatiguée et je crains de m’être un peu endormie
avant de voir la maison d’un monsieur Du…Du…Dutroux ? Ce nom me dit
quelque chose, ce n’était pas lui qui aimait tant -à mourir, disait-on, je crois - les
enfants ? Quelque chose comme ça ?
Comme
tu vois, cela a été une visite extraordinaire ! Et quand madame Oupoune a dit de ne pas oublier la guide à la
fin du voyage, j’ai ri à haute voix, et je lui ai longtemps serré sa main en
partant. J’aurais bien voulu dire au revoir aussi au jeune monsieur astucieux,
mais il était entouré des femmes – sans doute des stagiaires – et j’avais du
mal à le voir repartir en vélo.
Je
suis rentrée à la maison vers minuit, et j’ai vu que ton adorable papa - pour
ne pas me causer tant de soucis - s’est endormi sur le sofa, encore habillé. Le
pauvre avait encore de ces marques rouges et bizarres au front, c’est toujours
ainsi après des piqûres de Miss Couquie. Mais je sais que demain il sera
requinqué et en super bonne humeur.
Peut-être
l’année prochaine me trouvera-t-il un beau safari campagnard à faire – la prochaine
fois en Hiowa – je crois que c’est tout près de Knokke-le-Zoute, Papa m’a dit qu’il y vit en Hiowa une Knokkhoute,
c’est bien le nom des habitants là-bas, non ? Faudra que j’aille consulter
mon Quid !
Je
mets ci-joint l’annonce du safari si tu veux bien te risquer à une aventure, tu
tiens tellement de ton papa en cet aspect.
Je dépliais la
carte d’état major sous l’arrêt de bus.
- Je te dis qu’on s’est pommés entre
le quai de Churchill et l’avenue Willy Brant.
La saharienne que
je portais était trempée comme une soupe. Ce violent orage nous avait rabattus
sur cette impasse et mon écharpe de coton blanc ressemblait à une serpillère.
Mon ami me
dévisageait comme s’il me voyait pour la première fois. Les plis de son visage
étaient des rigoles qui se jetaient dans ses paupières désespérées.
Il me parlait comme
si j’étais son vieux pote.
- T’en fais pas, on a de quoi tenir
une ou deux bonnes heures avant qu’ils ne lâchent les lions !
- Comment ça les lions ?
- Je te parle de la police.
J’avais du mal doser
le gin-fizz du midi. Il ne savait plus lire une carte et la nuit commençait à
tomber. J’aurai pu m’échapper de ma vie banale en prenant un amant ou partir
par une porte dérobée en planant avec un solex le long d’une falaise. Mais
voilà l’option safari urbain m’avait paru alléchante comme offre.
De toute façon, il
avait raison. Avec deux ou trois lampes de poche, on devrait retrouver l’hôtel.
Et tout ce dont on
ne serait pas sûr, on le jetterait à la poubelle ; les infos bidon, les
horloges qui donnent la mauvaise heure, les panneaux en tout genre qui se
moquent de nous ; bref toutes ces conneries vertueuses dont l’hystérie
contemporaine avait besoin.
On s’en remettra à
la boussole et au soleil, avait dit mon ami. Le problème, c’est qu’il pleuvait
comme vache qui pisse.
A qui profite le
crime, me disais-je en pensant au dépliant de l’agence qui nous avait vendu ce
voyage.
Personnellement,
cette question ne m’intéressait pas. Moi, je voulais simplement poser mes
valises dans l’hôtel de luxe qui s’était évaporé en plein milieu de Manhattan.
Mon compagnon ne
partageait pas cet avis, il ne se contenterait pas d’un voyage boueux.
- Bonsoir, me dit un individu. Vous
ne me posez pas la question ?
- Quelle question ?
- Pourquoi je me suis assis à côté
de vous ?
- Je n’en sais rien.
- Pourquoi et quand les mongols
ont-ils envahi l’Asie ? Cette question est importante à l’étape du jeu.
- Quel jeu ? m’entendis-je
répondre sous cette pluie battante.
L’homme bondit de
joie !
- Mais l’agence ne vous a rien
dit ? Il n y aura pas de billet retour pour les perdants…
Quelque chose s’était
déréglée dans le cours de notre vie. On ne savait pas quand ça avait commencé.
Vous
me connaissez : la chasse, c’est ma vie. Mais attention ! La vraie ! Celle qui
protège les espèces et élimine les nuisibles.
Je
suis toujours à la recherche de parties de chasse et de safaris.
Malheureusement, ils ne sont pas tous bien organisés et j’en connais qui en ont
bavé de toutes les couleurs. Quand celui qui rit le dernier a bien fini de
rire, plus personne ne rigole plus, si vous voyez ce que je veux dire. Safari
plus du tout, et là, c’est la goutte d’eau qui met le feu aux poudres.
Alors,
quand Fredo m’a parlé d’une annonce de GSU, je suis allé voir sur place à
l’agence car il est tellement menteur que je ne crois même pas le contraire de
ce qu’il dit. Pour une fois, il avait raison. Il s’agissait d’un Grand Safari Urbain super bien
organisé.Nous étions libres de notre
parcours et ceux qui n’avaient pas d’objectifs précis pouvaient se rendre
jusqu’à des réserves aménagées à leur intention avec le plus grand soin. On
peut dire que c’était une agence qui avait de l’imagination dans les idées.
Vous
pensez si j’ai sauté sur l’occasion. Il m’ôtait une fière chandelle du pied, le
Fredo.
Nous
avons passé une excellente journée et, somme toute, une journée très profitable
pour tout le monde. J’avais rameuté tous les potes et nous étions bien une
dizaine de quat-quatre à démarrer rue de la Faisanderie. Après un désopilant
gymkhana sur les trottoirs en essayant d’éviter les poubelles et les personnes
âgées, nous sommes arrivés à notre première réserve.
L’agence
avait laissé le choix. Soit on cherchait à descendre des cons ou des imbéciles
de nos connaissances, soit on faisait des cartons dans les réserves de cons
préparées par l’agence. J’avais d’abord pensé à Paulette. Depuis le temps que
je cherchais à débarrasser l’humanité de cette hyène. Mais c’était trop
difficile de retrouver Paulette dans le temps imparti. C’était comme chercher
une meule de foin dans un champ d’aiguilles. Alors, j’ai opté pour les
réserves. Ainsi, j’espérais descendre le maximum de cons.
Faut
reconnaître que l’agence avait bien fait les choses. La réserve était pleine.
Oh, bien sûr, y avait pas tous les cons. Comme disait feu mon père qui était
portier (le malheureux s’est tué en nettoyant son fusil), si on mettait tous
les cons dans un placard, il n’y aurait plus personne pour fermer les portes.
Malgré tout, il y avait un bel échantillonnage avec tous les gabarits. Il ne
restait plus qu’à se retrousser les bras et à tirer dans le tas.
Vous
auriez vu le carnage. Un régal. Y avait bien des moins cons qui essayaient de
s’échapper mais c’est pas à un vieux renard qu’on apprend à faire la limace.
Et
vous n’allez pas le croire : Paulette était dans la réserve !
Lambda Elle : "Grand Safari Urbain", t'as vu ce truc ?
Lambda Il : Ouais, on s'renseigne ?
Aussitôt vu ce propectus dans le présentoir des spectacles, fêtes, brocantes, ateliers d'écritures, rencontres avec des écrivains, aussitôt inscrits auprès de la bibiothécaire.
"Pas difficile. Un safari en ville, vous prenez en photo des animaux, des bêtes, enfin ce que vous pouvez trouver dans le genre. Vous avez deux heures. Vous nous apportez vos photos à seize heures et ensuite on les mettra en ligne. C'est gratuit."
Lamba Elle : Regarde la Deuche !
Lamba Il : C'est le point de départ, je crois qu'on doit la photographier : clic ! Ca y est, première photo, c'est parti !
Première photo de l'étrange véhicule vantant un étrange breuvage à l'étrange slogan, ça en a la couleur, le goût mais ça n'en est pas. De toute façon, ils partent en Safari à pied et le premier animal à quatre pattes a fait l'affaire mais pour arriver à la photographier sans alarmer le Papy, alors là, ça n'a pas été facile ! Il a même fallu ruser plus qu'en Afrique où on doit être embusqué dans une cachette protégée, camouflée et non tourner en rond autour de la bête pour la capturer de justesse, la contournant par l'arrière, au risque d'encourir les foudres du Papy protecteur !
Les vendeurs du marché ayant remballé, restait la plaque de la rue du Marché-au-Poissons, vestige d'autrefois, ça devait être du poisson de rivière, à quatre cents kilomètres de la mer... Pas jeune le magasin non plus, tiens, je ne l'avais jamais remarqué !
- Si on prenait le tram, on verrait des bestioles à Gardenpays ?
- OK, ça roule. On s'arrête là.
- Regarde, un écureuil.
- Ah, cui-là, il va pas nous filer entre les pattes !
Gardenpays : on traverse les plantes, les fleurs (hum, les gardénias !), le rayon décoration, les paillassons, les savons et ron et ron...
- Ca y est ! C'est là !
- Attends, le vendeur est à côté, attends pour photographier, il va nous tomber dessus, le droit à l'image, le droit à la propriété, etc.
- Oups ! Vite, le gars s'en va, recule un peu et vise les fauves !
- C'est bon, partons, y'a une mamie qui nous a vus. Tu lui demandes l'heure et je file tirer le portrait des poissons.
- Super, ouf ! J'ai eu chaud ! On rentre ?
Seize heures, juste à temps pour le retour au point de départ deux heures après, le Grand Safari Urbain gratuit terminé !
Pour un peu je confondrais Safari et Daktari et du coup Clarence trouverait ça louche. Elle diagnostiquerait de la confusion mentale et de l’Alzheimer précoce. Sans compter que je mélange peut-être avec Hatari, laissant quand même de côté Mata-Hari et les rastafaris dondaine, la Castafiori dondon.
Pour Aloys, ma toubib repassera. Je me souviens très bien d’Isaure Chassériau dans les années 60, de son Agence de Flânerie Amoureuse de Rennes, de son manteau de cuir rouge, de ses robes roses et des deux poignées en forme de baigneuses à l’entrée de sa boutique dans la rue d’Antrain : aujourd’hui encore, elles y sont toujours.
Et de toute façon, ça ne s’appelait ni safari, ni jokari ni panari. Ca s’appelait « Le jeu des animaux ». L’objectif était de constituer un zoo rennais. Voici les règles : - Le jeu se joue à deux ou à deux équipes de deux ou trois personnes. - On détermine à l’avance, sur le plan de sa ville, un parcours dans les rues les plus commerçantes de la cité. - L’équipe 1 se positionne sur le trottoir de gauche, l’équipe 2 sur celui de droite. Chacun a un crayon et un carnet. Chaque fois qu’il aperçoit, dans une vitrine, sur une enseigne, une affiche, la représentation d’un animal, il le note dans son journal de bord et marque un point par animal. - La carpe et le lapin valent deux points, on ne compte pas la demoiselle d’honneur sauf si c’est une morue salement dessalée. Le lièvre et la tortue valent deux points aussi. Le meunier, son fils et l’âne ne comptent que pour un. Dans ce jeu l’homme n’est pas un animal, il compte donc pour beurre, même et surtout s’il est marchand de kouign-amann. - Les animaux vivants que l’on croise en chemin, chat errant, petit chien à sa mémère, gorille, petit cheval dans le mauvais temps, ne comptent pas non plus. - A l’issue du parcours, l’équipe qui a marqué le plus de points à gagné. - Au retour, on change de trottoir et de calepin afin de vérifier que l’équipe adverse n’a pas triché.
J’y joue encore maintenant à ce jeu, tout seul, et j’ai remplacé le carnet et le stylo par un appareil photo numérique. Dans les années 60, il était rare que les enfants possédassent autre chose qu’un Instamatic à eux offert lors de leur première communion (Chez nous, par radinerie, les parents s’étaient hâtés de devenir athées avant l’heure du thé mais les enfants étaient quand même gâtés ! A Noël !). De surcroît le coût des pellicules, du développement, du tirage des photos semblait coûter une fortune alors qu’aujourd’hui le moindre bambin de quatre ans est doté d’un ordinateur, d’un lecteur MP3, d’un APN et d’un téléphone portable qui le branche sur Internet, fait des frites et fournit du ketchup. C’est que le commerce a fait de sacrés progrès. On arrive à faire croire aux jeunes parents que tout est gratuit – roule mon ampoule ! -alors qu’ils continuent de douiller un max !
Ce sur quoi Clarence pourrait vraiment me chercher des poux dans la tête, c’est sur cette Isaure Chassériau ! Il semble, pour la majorité des Rennais, qu’elle soit une parfaite inconnue, voire qu’elle n’ait jamais existé, que son agence soit du pipeau. Même le tableau la représentant au Musée des Beaux-Arts, ma voisine de pavillon, Stella Monétoile qui a emmené là-bas ses marmots en sortie scolaire, ne l’a pas vu.
Il doit bien exister d’autres Rennais que moi que leurs parents ont confiés il y a plus de quarante ans à la dame en rose de la rue d’Antrain. Chez elle ils ont joué au trappeur le jeudi après-midi, capturant des hérissons, des chats qui pêchent, des lions porteurs d’anneaux dans le nez et des tricératops-laveurs, non ? Il faudra que je pose la question sur Copainsdavant. Mon pseudo c’est Davy. Davy Croquette mais il faut créer un compte avec son vrai nom sinon personne ne vous retrouve ou reconnaît, là-bas.
Je me souviens avoir joué aussi chez elle au jeu des girafes. Ca consiste à traverser la ville en relevant tout ce qu’on peut apercevoir de remarquable au 1er étage des immeubles. Evidemment, de nos jours, les gens ne risquent plus d’y jouer, à ce jeu. Ils sont trop occupés à regarder où ils mettent les pieds par terre, histoire de ne pas marcher dans les déjections laissées par les animaux vivants écartés du jeu précédent. Une vengeance, peut-être ?
P.S. Je ne parlerai pas non plus de Kate à Clarence. Kate est sans doute une demoiselle anglaise qui fait partie de mon « harem virtuel ». Elle me suggère de parcourir la ville à la recherche de représentations de signes du zodiaque. J’ai essayé : ça marche aussi ! Kate ne serait-elle pas un pseudonyme qu’Isaure Chassériau utiliserait pour reprendre contact avec nous, ses clients rennais de jadis ? Mystère. Elle connaît plein de choses sur les chansons des années 60, elle sait que dans Danyel Gérard, Danyel s’écrit avec un « y ». Elle n’ignore pas que Minnie est une petite souris ni que la grande Zoa autour du cou porte un boa. Elle a une mémoire d’éléphant !
Je ne parlerai pas de Kate ni de mes autres « fans » à Clarence. Car, non contente d’être ma psy attitrée, Clarence est aussi mon épouse. Et elle est jalouse. Une vraie tigresse !
Nous voilà tout droit en tôle, sans même
repasser par la case Départ! Pourtant 20000 euros nous auraient bien
arrangé pour acheter ce p'tit hôtel rue d'Paradis... juste un p'tit
hôtel de rien du tout pour épater les voisins. Mais à Pigalle il a
fallu que Charles fasse des siennes avec cette poufiasse qui l'avait
harponné Gare de Lyon ... Môssieur confond aventure et aventure!
A
l'agence y nous z'avaient dit :
Gagnez le Grand Pari ! De
Belleville à la rue de la Paix en passant par Pigalle, vivez une
aventure inoubliable et si la Chance ou la
Communauté vous sourient, devenez propriétaires!
Etant depuis peu sur terre , et ayant ouvert cette agence de voyage je vous propose une visite particulière de votre environnement urbain, tels que nous "vénusiens " nous l'avons vu.. :-\
rendez vous place du marché un autocar vous attendra à 10 h le dimanche 26.06.2010
Vous découvrirez le mode de nourriture terrestre et le guide vous dira ce qu'en pensent les vénusiens Vous découvrirez l'urbanisme revu et corrigé par nous pour un meilleur confort de l'ensemble des habitants Vous découvrirez quelles sont les plantes que vous devriez avoir dans vos jardins pour une parfaire santé Vous verrez comment vivre en communauté sans que la diversité pose un problème ( sur Vénus ) tout le monde vit en osmose.... ;-)
Vous verrez des animaux dans la ville , adaptés à leur environnement, par contre les zoos seront fermés car nous avons renvoyés les animaux sauvages dans leurs pays d'origine. Vous verrez une cité écologiste et humaine comme nous en avons sur Vénus... 8-)
Je suis venue sur terre à la demande d'une personne, depuis j'ai beaucoup travaillé pour faire de votre ville ce coin de paradis, bien entendu il reste beaucoup à faire sans votre aide et votre adhésion RIEN ne sera possible aussi ce "safari photo " de l'espace revu et corrigé vous pourrez interroger les habitants
Vous pourrez visiter Thélème car accessible à chaque humain ayant fait le voeu de vivre en conformité avec la planète sur laquelle il se trouve LE SAFARI est gratuit , retour prévu vers 18h... repas gratuit ( produits fermiers )
la vénusienne KATYL
Une fois dans l'autocar les touristes en ont pris plein les mirettes !! Quoi, des maisons qui fonctionnent en auto suffisance , avec renouvellement d'air et eau gratuite venue du ciel et transformée !! Quoi, des jardins suspendus avec fruits à foison ( non traités ) petites abeilles butinantes et heureuses des oiseaux qui font leurs besoins dans des bacs réservés à cet effet car ils reçoivent de la paille pour faire leurs nids, déchets d'oiseaux eux mêmes recyclés en carburant .. Quoi, des fleurs qui avaient disparues et qui fleurissent à qui mieux mieux, des plantes aromatiques gratuites.... Des écoles gratuites pour tous, avec des aires de jeux ombragées, des piscines à eau naturelle juste épurées par des plantes prévues à cet effet.... des écoles où les enfants y vont avec plaisir, des profs qui enseignent avec joie à des enfants polis!! des parents épanouis car leur travail est à 5 mn à pied, avec des poses éducatives écolo, des poses cuisine santé le midi , des poses culturelles le soir.... Quoi des personnes de toutes les couleurs de toutes origines sociales ou ethniques et qui se parlent, qui mangent ensemble , qui s'apprennent leurs différentes cultures , qui rient ensemble et fraternisent, des gens qui se rendent service, qui se prêtent des livres ....des personnes qui parlent une seule langue universelle ( tout en gardant la leur pour le plaisir) Quoi des cinémas plein air gratuits, des théâtres gratuits, des transports sur l' eau gratuits, par air gratuits le tout ne consommant aucun des carburants connus , mais juste basés sur la connaissance des Vénusiens.... les touristes en avalent leurs tickets de bus !!!! Ils sont médusés .... Ils n'ont pas tout vus
à Thélème l'emblème est : "fais ce que voudras "
lieu de vie aisée et plaisirs raffinés sont les pancartes des magasins environnants !! Ils se rendent rapidement compte qu'il n'y a pas de cris, pas de klaxons , pas de gens énervés , pas de jeunes "loubards" pas de papiers par terre, aucun chewing-gum sur les trottoirs ou monuments , les gens ont l'air souriants, détendus, sympas ..... Lorsque les touristes leur parlent ils répondent aimablement, avec un langage châtié, voir plutôt évolué, ils semblent tout simplement HEUREUX!!!!!!
moralité
aucun n'est rentré dans son HLM ....ils ont tout de suite signés un engagement , d'apprendre, d'aimer, d'être tolérants et bienfaisants, écolos et pacifistes ..... et le bus est à nouveau rentré vide pour une nouvelle cargaison de touristes....
Alex m'avait tendu fièrement le prospectus en disant : « Bonne fête, ma chérie ! », je n'en croyais pas mes yeux : un safari ! Mon mari venait de m'offrir un safari pour ma fête ! J'étais folle de joie, j'en rêvais depuis si longtemps !
Le lendemain matin arnachés comme il se doit nous avons retrouvé le guide devant notre porte à 6 heures du matin, les fusils, les couteaux et les sacs furent rapidement casés dans le coffre du véhicule gris camouflage. Deux minutes après nous prenions la direction du poste de sortie de zone couverte..
Après avoir présenté nos laisser-passer et marqué de nos empreintes rétiniennes le bloc de départ horodateur, la lourde porte translucide s'est soulevée pour nous permettre de gagner la zone ouverte.
Nous avons roulé deux ou trois kilomètres dans une atmosphère brumeuse les vitres s 'embuaient régulièrement sur l'extérieur au contact de nappes humides et un peu collantes, aucun bruit ne nous parvenait au travers de la carrosserie blindée. Notre guide n'avait pas dit un mot depuis la maison, il nous signala simplement que nous arrivions à la première zone de chasse : « La Défense-RER » disait un vieux panneau bleu et blanc. Le guide immobilisa le véhicule devant un porche métallique, se tournant vers nous il expliqua : « si vous descendez là vous pourrez surement voir la première ethnie, ils dorment là-dedans le jour et sortent en général sur la dalle le soir, en faisant doucement vous pourrez les observer de près, mais soyez prudents, les Rakaïs sont violents, en cas de menace n'hésitez pas à tirer ou fuyez si vous avez le temps! Moi je reste là je vous attends, prenez les armes, mettez vos masques et n'oubliez pas le bip d'ouverture pour rentrer dans le véhicule ».
Le cœur battant nous sommes entrés dans le souterrain par un escalier métallique, au fond du passage nous avons tout de suite aperçu un groupe entassé assoupi. Les mâles comme les femelles étaient vêtus de noir, blousons, bottes, pantalons déchirés et vieux mais noirs, les femelles avaient autour du cou de drôles de colliers avec des rivets métalliques auxquels étaient reliées des chaines. Je serrais la main d'Alex à travers nos gants, d'un commun accord nous avons rebroussé chemin, nous aurions préféré les voir en action, là ce n'était pas très intéressant.
De retour dans la voiture, nous avons demandé au guide quelles autres ethnies il y avait au programme, nous pourrions repasser à La Défense RER au retour en espérant voir des Rakaïs réveillés. Remettant le moteur en marche il soupira « si vous voulez on peut aller voir les Freaks, ce n'est pas loin » nous avons repris la route pour gagner une zone moins dégagée, nous roulions au milieu de bâtiments gris souvent à moitié écroulés, ça et là on voyait parfois des humains courir entre les ruines à l'approche du véhicule « des Solos » commenta le guide, « ils sont très craintifs, mais beaucoup de clients aiment bien traquer cette ethnie, c'est une chasse sportive, et puis ils font de beaux trophées sans être dangereux, vous en voulez un ? » Alex me jeta un regard interrogatif « Non, tu sais bien que je préfèrerais une tête avec des cheveux longs et blonds pour le salon, si possible un mâle, ceux-là me semblent tous bruns et rabougris.. » Mon chéri m'embrassa sur la tempe en souriant « comme tu veux, c'est ta fête après tout »
« Si madame préfère les longs cheveux .. vous trouverez ça chez les Freaks, à MichelAngeMolitor, c'est là que nous allons », nous nous sommes immédiatement équipés prêts à descendre. Dès que le véhicule se fut immobilisé nous avons sauté dehors. Les nappes brumeuses nous brouillaient la vue mais nous avions repéré un groupe vêtu de couleurs vives qui chantait en agitant les bras et secouant la tête, leurs cheveux étaient longs mais collés et raides. Je m 'embusquais derrière un pan de mur et visais tout de suite un jeune mâle qui s'était immobilisé, je fis feu, sa chemise claire s 'étoila joliment et il s'écroula au milieu des cris et de la débandade de ses congénères. Je pris mon couteau et m'avançais vers ma proie, Alex m'appela, il avait sorti son e-magineur, je pris la pose fièrement : un pied sur le dos du freak, je relevais sa tête en le tirant par les cheveux, j'exultais ! Dès que l'image eut été fixée je me hâtais de découper la tête pour la porter dans le sac, il ne fallait pas qu'elle s'abime, elle s'ornait même d'un duvet de barbe !
- Grand Dieu ! J’étais à
mille
lieux de penser qu’il fut possible de trouver tant de gibiers différents
dans la
plus belle et la plus grande des villes de notre grand royaume. N’est-ce
pas
Mamie ?
- Absolument Mon ami, c’est
tout à
fait époustoufifiant en effet.
- Vraiment Monsieur je ne
saurai
jamais trop vous remercier pour toutes les merveilles que vous nous avez
fait
découvrir. Certes le prix demandé était un tantinet élevé mais en fin de
compte
cela le valait bien et je vous recommanderai vivement auprès de nos amis
de
Province.
- Vous m’en voyez ravi et
comblé
d’aise Monseigneur. Soyez assurés que votre confort et votre
émerveillement sont
nos principales préoccupations et que nous apporterons le même soin à
combler de
la sorte les relations que vous voudrez bien nous adresser.
- Une petite chose
cependant, non
pas m’inquiète car vous nous aviez totalement rassuré sur le sujet, mais
disons
plutôt m’intrigue et aiguise ma curiosité : Comment fichtre, diantre,
bouffre, palsangbleu, par la sainte culotte de Jupiter allez-vous donc
procéder
pour ne point que la maréchaussée ait vent de notre, comment dire,
petite
excursion ?
- Ma foi Monseigneur cela
n’a rien
de bien mystérieux et il n’y a pas de raisons pour que je vous en fasse
secret.
D’ailleurs vous aurez ainsi toute latitude pour rassurer vos chers amis.
Or
donc, sachez pour commencer que bien que se déroulant au vu et au su de
tout le
monde, nos « excursions » ne suscitent ni étonnement ni émoi, les
trophées qui orneront bientôt, c'est-à-dire dès que notre embaumeur ce
sera
occupé d’eux bien sûr, qui orneront bientôt disais-je les plus belles
pièces de
votre demeure n’intéressent en aucune manière, ni les gens d’armes, ni
l’administration, ni le quidam moyen qui déambulait dans la rue lorsque
vous
fîtes votre exploit. Ces bêtes pullulent à tel point que personne ni
prête la
moindre attention. Voire même en débarrasser la cité serait-il considéré
comme
un acte salutaire pour le bien de tous car en plus de divaguer, de
chaparder et
d’encombrer les porches ou les voutes des ponts, ces parasites, car il
faut bien
appeler un chat un chat, ces parasites donc par le truchement des
excréments
qu’ils sèment partout rendant les chaussées glissantes et dangereuses
parfois,
sont le vecteur de nombre de maladies qui font un bien piètre compliment
à nos
plus belles villes et à leurs nobles hôtes.
- Cela me suffit, je n’en
veux
point savoir plus et en fait tout cela est votre affaire. Quand donc mes
merveilleuses pièces me seront-elles livrées ?
- Sous une huitaine
Monseigneur.
- Si vite ? Entendez-vous
Mamie il vous faudra au plus tôt organiser un bal pour montrer à nos
amis les
beautés que nous avons ramené. Ils en crèveront de jalousie et rêveront à
coup
sûr d’avoir les leurs.
- Encore une fois l’entrain
de vos
Seigneuries me met des plus en joie. Si je puis, permettez-moi de vous
rappeler
les termes de notre contrat...
- Mais faîtes, cela est tout
à fait
naturel.
- Je vous en sais gré. Or
donc
sommes nous convenus contre la somme, modique, de dix mille livres de
vous mener
en la ville de votre choix, en l’occurrence votre choix fut des plus
judicieux
si je puis me permettre, dans les meilleures conditions de confort, de
vous y
fournir gîte et couverts dans les plus grandes maisons, de vous faire
visiter
par le menu tous les quartiers les plus pittoresques et enfin, de vous y
organiser une chasse au cours de laquelle nous vous octroyons trois
prises,
choisies à votre convenance, que nous nous engageons après traitement à
vous
livrer en votre demeure. En sommes-nous bien d’accord ?
- Parfaitement et vous avez
remplit
votre part du marché à n’en pas douter. Je vous fais entière confiance
pour la
livraison.
- Permettez-moi alors...
- Laissez ! Voici une bourse
contenant onze mille livres en pièces d’or, votre prestation les vaut
largement.
- Oh, vos seigneuries sont
trop
bonnes ! Serviteur... Votre voiture vous attend.
- Merci bien. Hâtez-vous Mon
ami,
il me tarde de regagner nos terres, de retrouver nos gens et de me
reposer un
peu.
offert à toute personne capable de dénicher et de capturer les cibles visées … Inscription à nos bureaux : 50 Rue de la Paix. Le Safari dure trois jours à partir de votre inscription.
Retour à nos bureaux avant 20 H Participation : 100 €
Remboursement assuré sur preuve de réussite
(lire les instructions)Bonne chasse !
Un safari !!! Depuis le temps que j’en rêvais et gratuit en plus (enfin quasiment) …
je me faisais confiance ! Voyons, lisons les instructions !
L’enveloppe est bien fermée. A l’intérieur une autre enveloppe sur laquelle il est inscrit : « Il est encore temps de reculer, on vous rembourse intégralement si vous nous rapportez cette enveloppe non décachetée ! »
Oh, mais ça va pas non, je le veux moi mon safari et je suis bien sûre que de toute façon il sera gratuit !!! Ils ne me connaissent pas !!!
………………………………………………………
Et c’est comme ça que j’ai perdu 100 € !!!
…………………………………………..
J’ouvre l’enveloppe et voilà ce que je lis :
« Supplique pour le genre urbain
Politesse, civilité, urbanité, ces mots traduisent une indéniable finesse dans les relations à autrui. Ils dérivent étymologiquement de vocables grecs ou latins synonymes de ville, comme polis, civitas, urbs, et montrent que la sociabilité urbaine a longtemps été gage de courtoisie, d'élégance et de raffinement. …..
Ignacio Ramonet, Manière de voir, 13 octobre 1991 »
Ce texte nous a inspiré l’idée d’un Safari Urbain –dans le sens de politesse-
Munissez-vous d’un magnétophone et parcourez les rues, les ruelles, les avenues, les ponts, les places, les bars … et guettez tous les mots polis qui s’y échangent !
Après
avoir parcouru des milliers de kilomètres hors des sentiers battus dans
le monde entier, j’étais prêt à tout pour un peu de sensations
nouvelles. L’accroche était laconique, mais tentante et vu que je
connaissais la ville comme ma poche j’étais curieux de voir ce que cette
agence proposait. J’en ai parlé à ma femme et on s’est inscrits dans la
foulée, pressés de découvrir ce « tourisme d’un nouveau genre », comme
l’annonçait la brochure.
Le
jour du départ du safari, une douzaine de personnes était là quand on
est arrivés. Le guide nous a accueillis d’un « Ah, voilà les
basiques ! » et j’ai supposé qu’il parlait de la formule que nous avions
souscrite. Les « conforts » ont fait volte-face pour nous dévisager, ce
que j’ai trouvé limite inconvenant, mais ils ont rapidement été
distraits par le guide qui leur a distribué leur équipement : jumelles,
lunettes à vision nocturne, cartes et boussoles, couvertures de survie,
fusils et balles. Tout ce petit monde faisait des essais et rangeait son
barda dans des sacs. Comme personne ne s’occupait de nous j’ai fini par
appeler le guide pour lui demander ce qu’on avait, nous, pour nos 100 €
forfaitaires. Il m’a répondu « Une heure d’avance ». J’ai ri. Il a
regardé sa montre et a dit « Ça commence dans 5,
4, 3, 2, 1… go ! ». On a mis un moment à réagir. Le temps de comprendre
qu’il ne déconnait pas.
On
est très bien planqués dans cette cave. On y est depuis deux jours.
Mais je vais bien devoir sortir tôt ou tard : ma femme perd beaucoup de
sang et il va falloir de quoi la panser et nous nourrir très vite. Si on
s’en sort, on s’est jurés de plus jamais mégoter sur le budget
« loisirs ».
« Dis donc, Denise, écoute un peu ça ! J’ai
ici deux mails de gens vraiment pas contents de leur Safari City… Je ne
comprends pas ce qui s’est passé… Jojo et Riri ont pourtant fait leur tour
habituel, non ? Tu en sais quelque chose, toi ? Bon, je te le lis,
hein :
Objet : Safari City Adventure 2010
Nous étions inscrits
pour un Safari City Adventure. Vous nous aviez promis du glauque, nous avons eu
du glamour. Nous devions voir la pègre, nous avons vu des palaces. Nous allions
explorer les bas-fonds, nous avons sillonné les beaux quartiers…
Aussi, je tiens à vous dire que… etc. etc. les réclamations habituelles, quoi.
Et puis l’autre, tu m’écoutes hein, c’est bizarre, tu
vas voir :
Objet : Safari City Adventure 2010
Nous étions inscrits
pour un Safari City Adventure. Nous devions voir du glamour, nous avons vu du
glauque. Vous nous aviez promis des palaces, nous avons eu la pègre. Nous
allions explorer les beaux quartiers, nous avons sillonné les bas-fonds …
Aussi, je tiens à vous dire que… etc. etc.
Tu y comprends quelque chose, toi ?
- Ben à mon avis, ils se sont trompés de bus… ou alors
c’est Riri qui a fait les bas-fonds ce jour-là et Jojo les beaux quartiers, va
savoir, avec ces deux zozos ! »
Assis dans leurs
fauteuils, Monsieur et Madame Lambda patientaient . Elle, sac à main
sur les genoux, se tordait les cervicales à contempler les vieilles
affiches de destination touristiques qui dissimulaient la décrépitude
des murs. Lui le buste en avant, agitait frénétiquement ses pieds,
faisant mine de détailler le globe terrestre qui trônait sur le
bureau.
De son côté, Monsieur
Alpha alignait méticuleusement, selon une géométrie connue de lui
seul, une feuille de papier et un stylo-plume sur le cuir craquelé
d'un antique sous main. Costume trois pièces, cheveux blancs plaqués
en arrière, eau de Cologne, malgré une apparence surannée, son
regard clair et sa voix éraillée faisaient merveille pour rappeler
à l'ordre son auditoire :
-Bien, comme à
l'accoutumée, nous allons faire le point sur votre escapade. Voilà
longtemps que nous ne vous avions plus réveillés. Votre secteur est
devenu plus calme. Malheureusement, nous ne sommes pas à l'abri
d'impondérables. Votre safari s'est bien déroulé?
-Oh ça oui, hein maman?
s'exclama Monsieur Lambda. On était tout excités quand on a vu
l'annonce. Alors vous pensez, c'te nuit là on a tourné un peu en
ville avec not'bétaillère. Mais l'GPS nous a vite indiqué ousqu'y
fallait aller. On les a trouvé dans un vieil immeuble tout miteux.
'Sont tellement radioactifs du ciboulot qu'ils pensent jamais à un
mouchard dans leurs frocs.
-C'est bien pourquoi il
convient de les ramener au laboratoire en toute discrétion. J'en
conclue que vous avez fait bon usage du matériel qui vous a été
affecté.
-Ooh, c'est bien c'qu'on
a fait m'sieur Alpha. Maman est un vrai tireur d'élite. Tsouf!
Tsouf! Deux coups de pistolet pneumatique et les voilà endormis, les
garennes.
Madame Lambda, cramoisie,
lança un grand sourire à l'adresse de son mari.
-Et pis, on les a chargé
dans la pétrolette... Seulement... Bon, le clodo, c'était la
routine, le bon vieux mutant. Mais la fille, elle avait l'air bien,
quoi, prop' sur elle, bien mignonne, pas le genre des sent-la-pisse
de d'habitude. Moi ça m'fait rien, vous nous payez assez cher pour
une ou deux évasions tous les 5 ans, mais maman ça l'a gêné un
peu, vous voyez.
Monsieur Alpha appuya ses
coudes, mains jointes, sur son bureau :
-Votre activation ne
pouvait pas mentionner qu'une de nos biologiste s'était entichée de
son cobaye, vous le comprenez bien. Heureusement l'incident est clos
et je vous en remercie. Vous êtes remis en sommeil jusqu'à nouvel
ordre.
Monsieur Lambda, gêné,
se tortillait sur son siège :
-A ce sujet... en
fait...on aimerait arrêter, voilà. On commence à se faire vieux,
'faut pas s'le cacher. Et pis, après toutes ces années, on a gagné
assez de fric pour prendre une retraite bien méritée.
Monsieur Alpha accusa le
coup :
-Ah... Je vois... Eh bien
je ne peux pas vous retenir, n'est-ce pas? Je vous demande seulement
de ne pas prendre de décision hâtive. Vous avez toujours rendu de
grands services au laboratoire. Peut être pourrais-je rémunérer
cette expérience par un bonus? Quoi qu'il en soit ne surveillez plus
les petites annonces, je vous contacterai en personne cette fois, et
vous me ferez part de votre souhait.
Le couple sorti, Monsieur
Alpha resta un instant immobile les deux mains posées à plat sur
son bureau. Puis, il se saisit de
son stylo plume et rédigea avec une grande application cette
invitation qui devait paraître dès le lendemain.
Quand Loulou (Gasté) a composé sa cabane je tétais encore ma mère...
après bien des années et autant de cabanes j'ai gardé le souvenir de la
musique mais j'ai oublié les paroles... alors j'ai mis les miennes
Ma
cabane en allumettes je l'ai faite avec Lisette ah Bon Dieu
qu'elle était chouette sa risette Mais on a frotté trop fort aujourd'hui
j'en Soufre encore dans ma cabane en allumettes
Ma cabane au
pilotis prenait l'eau, de l'eau de pluie qu'on vidait toute la
nuit sapristi En guise de serpillières les jupons de Bérangère dans
ma cabane au clapotis
Ma
cabane au safari résonnait de bien des cris d'étourneaux et de
loris bain-Marie On les mangeait en brochettes à l'abri de ma
cachette dans ma cabane au canari
Ma cabane au radada J'y
emmenais Monika pour goûter sa langue au chat tralala Sa porte
n'avait pas de clé pourtant elle était bouclée (Alors j'y ai
pénétré) dans ma cabane au radada
Ma cabane au cadenas J'y
reviendrai avec toi sans Céline ou Monika ça va d'soi Le grand
Nord est pas pour nous on rêv'ra du Lavandou dans ma cabane au
caribou
Oui c’est ça....
d’une maison dans les nuages, loin des bruits de la ville, loin de la
pollution.
Comme un hâvre de paix, où ses nombreux frères et
sœurs pourraient venir se reposer. Pas un de ces clapiers des villes, où vous vivez
entassés les uns sur les autres, sans le moindre petit coin d’herbe
tendre.
Non,
une résidence en pin naturel, rien que pour elle. Faite de ce noble
matériaux qu’est le bois de nos forêts. Cette
cabane, gorgée de sève, nourrie du vent, aux veines harmonieusement
tapissée, avec les années serait sa dernière demeure.
Celle où se partageraient fous rires et souvenirs d'enfance, autour
d’une bonne bouteille de Chamberland et d’un civet encore fumant.