Les premiers saltimbanques (Joe Krapov)
Nous formions, elle et moi, un curieux équipage.
On eût dit une reine et j’eusse été son page !
Mais c’est moi qui dardais de mon bel aiguillon
Le quadrille léger
De la gent papillon
Dont nous étions les passagers.
Qu’elle fût callipyge ou pas, nul ne l’occulte :
Tous ses adorateurs lui vouaient un gros culte.
Ses appas dénudés enflammaient les nuages
Et c’est à l’aventure
Par doux vagabondages
Que nous parcourions la nature.
Nous semions ici bas l’ivresse, le plaisir,
Le trouble et l’émotion sous forme du désir.
Chacun était touché de nos traits insidieux,
On nous aimait beaucoup :
J’étais enfant des dieux
Et je faisais mouche à tout coup.
Cette image de nous qu’à présent je contemple
Soulève mon courroux. Je cherche en vain le temple
Où nous pourrions encore aujourd’hui essaimer.
Je ne suis pas miraud
Et je sais bien qu’aimer
N’est plus donné qu’à des héros.
Danser la capucine en ces temps n’a plus cours
Et vous n’accordez plus à ces charmants discours
Du dieu Amour grande importance en vérité.
Cette époque est foutue.
Faites sans nos bontés :
Eros ne bande plus, Aphrodite s’est tue.
Edouard Toudouze. - Eros et Aphrodite (Musée des Beaux-Arts de Rennes)
Chapître LXVII (Moon)
Chapitre LXVII
C’était le premier été depuis bien longtemps. De ces étés où il n’y a plus à penser à rien, plus d’organisation à prévoir dès le réveil.
Que vont faire Tina et Charles aujourd’hui ? Que va-t-on leur faire découvrir ? Que mangerons-nous ce soir ? Où va-ton garer la voiture pour accéder à la plage ? Y a-t-il une animation au village ce soir ?
Sophie se sentait légère et engourdie, un peu anesthésiée par le soleil et par la main de Patrice qui lui frôlait la hanche. Deux semaines, rien que pour eux, c’était presque inimaginable et si délicieux.
Ils avaient choisi ce village naturiste en souvenir de leurs premières années ensemble. Le corps radieux de leur jeunesse et la curiosité de jeunes adultes qui cherchaient à affirmer voire à démontrer leur liberté.
- Tu te souviens de cet homme arrivé au bord de l’eau, très vanille fraise après sa rando à vélo dans les calanques ?
- Hmmm, opina Patrice, mais je préfère me souvenir de la splendide italienne qui avait provoqué une érection au marchand de glaces…
Sophie lui donna une petite tape sur la main en riant.
Ensuite ils avaient délaissé les camps ou les villages naturistes parce que les enfants n’aimaient pas ça et avaient honte de montrer leurs photos de vacances. Ils avaient choisi des clubs où les activités sportives comblaient Tina et la plage ravissait Charles et sa nonchalance…
- Tu crois que Charles va s’en sortir tout seul à la maison ?
- Mais oui, arrête de te faire du souci, il a même l’âge de trouver ça très intéressant ! Et puis, si ça ne va pas, il appelle sa sœur.
La consigne d’avant le départ avait été : Tu te débrouilles et en cas de problème tu téléphones d’abord à ta sœur. Tina n’était pas loin, occupée par l’organisation de son marathon des dunes et avait donné son accord pour chaperonner le « petit ». Le petit qui avait fini ses épreuves de bac une semaine avant, péniblement, et qui n’avait pas vraiment de projet ni d’envie.
Patrice avait un peu forcé la main de Sophie pour qu’ils s’éloignent vraiment et le laissent à son désert…
Sophie continuait de s’inquiéter un peu mais de moins en moins chaque jour, toute à ce plaisir retrouvé de passer ses journées avec son homme, à bavarder enfin du futile, de la forme des nuages ou de la force du vent qui leur permettrait peut-être de sortir un dériveur.
Dans le panier de plage de Sophie, une petite mélodie familière se fit entendre. Sophie tressaillit, se remit à plat ventre pour attraper son panier, farfouilla nerveusement pour atteindre son portable qui venait de recevoir un SMS. C’était Tina :
« Rectorat vient d’appeler. Big pb ! »
L'été nouveau est arrivé ...
Chapitre 67. François. (PHIL)
Je suis assis à la terrasse d’un bar, au coin de la place Charles de Gaulle. C’est une terrasse pavée, ou plus précisément un coin de place pavé, juste au chevet l’église Notre-Dame. Je sirote un café après avoir fini le marché pendant que ma mère allait faire une course à la brûlerie. Quand j’y pense : faire les courses avec ma mère ! Voilà une éternité que ce n’était pas arrivé. Et je ne suis pas sûr d’avoir envie de renouveler bientôt l’opération. Enfin… Disons que je suis un peu plus disponible depuis que la princesse a disparu sans laisser de traces.
Je termine mon jus et je soupire d’aise en m’étirant. Je suis assis sous un tilleul, et en regardant en l’air, je peux admirer le contre-jour dans le feuillage et les fleurs de l’arbre qui exhalent leur suave parfum. Je me maudis d’omettre systématiquement d’emporter mon appareil numérique quand je vais quelque part, parce que j’ai toujours des idées de trucs à faire qui ne seront du coup jamais faits, et je sens de ce fait comme un arrière-goût de frustration. Parce que les feuilles et les fleurs des tilleuls, en contre-jour, c’est vachement joli. Surtout s’il fait beau, comme c’est le cas. Il y a juste quelques cumulus insignifiants par ci par là sur le ciel bleu, rien de méchant, et ce serait joli sur les photos si je n’avais pas oublié l’appareil. Le cumulus, ça meuble une image, c’est bien connu.
C’est marrant, cette histoire de nuages, ça me rappelle la fois où nous étions allongés nus sur les galets de la pointe du Hourdel, avec la princesse, et que nous commentions la forme des nuages. Oui, bon, je sais, c’est des conneries, nous n’étions pas nus, ce n’est pas cette fois-là que nous étions nus, c’était l’été d’avant, sur un tapis de bruyères, du côté du mont Lozère. N’empêche que nous étions réellement allongés sur le dos, dans les galets du Hourdel, pas nus, et que la sensation que j’ai éprouvée à cet instant, l’impression que les pierres me faisaient comme un matelas très doux dans lequel je m’intégrais progressivement m’a laissé un souvenir extrêmement vivace. Je ne suis pas certain que la princesse ait partagé mon enthousiasme. Je ne suis même pas certain qu’on ait vu tellement de nuages, finalement. Et on n’a pas vu de phoques non plus, ça j’en suis sûr.
Elle n’aimerait pas que je dise la princesse par ci, la princesse par là. Elle déteste ça. Que je l’appelle la princesse. Alors je ne le fais pas. La princesse, c’est juste un petit mot comme ça que je m’autorise à moi-même. Je lui ai dit une fois Ma princesse, dans un moment d’égarement. Je ne renouvellerai pas l’opération. Elle m’a fusillé du regard. Elle a les yeux revolver, comme disait une chanson débile d’il y a plein d’années, mais disons que je n’ai rien dit, parce que vous allez encore m’en vouloir de vous avoir fait chantonner toute la journée. Comme je disais, la princesse déteste les petits noms. Elle veut que je la nomme par son prénom, Angélique, et c’est sans appel.
Je ne sais pas où elle est passée. Un jour elle n’était plus là, c’est tout. Elle n’a rien dit. Elle n’a laissé aucun mot d’explication. Rien. Elle a disparu de la circulation. Ça va faire un mois. Je ne pense pas qu’elle ait été enlevée ou quelque chose comme ça : elle est partie avec un sac de voyage. Je ne pense pas non plus qu’elle m’ait quitté : ses chaussures préférées sont restées dans son placard. Elle est dingue des chaussures, la princesse. Je ne sais pas combien elle en a de paires. A croire qu’elle les collectionne. A mon avis, il y en a pour du pognon, parce que je peux vous dire que ce ne sont pas des chaussures de bas de gamme. Dans le lot, il y en a bien quelques unes que je lui ai offertes, mais pour la plupart, elle se les paie elle-même.
Je pense qu’elle est partie pour son boulot. Peut-être à l’étranger. Je ne sais pas. Elle est toujours très mystérieuse. Elle ne me fait jamais de confidence sur sa vie professionnelle. Je sais seulement qu’elle est « dans le refroidissement », c’est ce qu’elle a consenti à me lâcher, un jour, du bout des lèvres. Dans le refroidissement. Ce sont ses mots. Elle n’a pas dit climatisation ou frigorifique, elle a dit refroidissement. Bon. Cela lui arrive de partir quelques jours sans trop me prévenir, alors cette fois je n’en ai pas fait plus de cas que d’habitude. Au début. Sauf que là, ça commence à faire long. Je m’inquiète, moi. Je m’inquiète énormément, même. Je commence à ruminer des idées sombres. Ce n’est pas qu’elle me paraisse tellement vulnérable, non, elle est même plutôt du genre à mener sa barque seule, mais je m’inquiète, c’est tout.
François ! François ! Hou hou ! François !
Aïe. Ça y est. Ma mère a fini ses courses…
La sieste (Brigou)
Tout est calme. C’est l’heure de la sieste. Papa et Maman se sont assoupis à l’ombre sous les arbres
Couchés sur le dos, Rémi et Margot badigeonnés de crème solaire n’ont aucune envie de fermer les yeux. Le bob sur la tête, les lunettes de soleil sur le bout du nez, la limonade citronnée dans leur verre, le soleil les chatouille.
Ils ont joué à deviner des formes dans les nuages, ont compté le nombre de trainées blanches laissés par les avions, ont écouté les oiseaux chanter au loin…
- Dis Rémi, tu penses à quoi ?
- J’aimerai être un petit papillon… tiens comme celui-ci ! Il vole, tourne, danse. Il se pose sur les fleurs, hume leur parfum. Il est le Roi dans ce champ.
- Ah oui !
- Je deviendrai ton papillon de compagnie. Je te suivrai dans chacun de tes pas, toujours à côté de toi. Qu’en dis-tu ?
- Ben que ce n’est juste qu’un rêve !
"puzz'ltions" (rsylvie)
-"hé merde ! j’ai perdu une pièce !
Jean Paul chéri, tu m’aides à ranger les morceaux du puzzle ?
tu es
Où » ?
-« Nu » ?
-« Allongé sur le dos » !
–« nous discuterons de la forme des nuages
de la caresse du soleil sur ta peau
des petites bêtes qui peuplent la lande»
-« ben dit donc, ça t’inspire .. j’savais pas tes talents cachés pour la poésipuzzlienne.
par contre je crois que tu es entrain de tout mélanger à force de gigotter dans tous les sens et te trémousser de la sorte. Je sais pas ce que tu as, mais tu me sembles bien excité d’un coup !
Allé sois sérieux, je ne voudrais pas qu’un morceau soit écorné, je ne pourrais plus l’entrer dans son orifice !
-« T’inquiètes ma puce, je gère .
oups ! pardon j’m’ai trompé » .
-« jean PAUL !
-« c’est amusant comme l’esprit peut vagabonder rien qu’à farfouiller ou tripoter
ces jolies formes arrondies. Regarde celle-ci,
on dirait comme une paire de fesses.
Si, j’t’assure. ,
ça me fait le même effet ! »
-« Jean Paul merDE, tu t'concentres oui ?
ou alors, c’est pas la peine de faire mine de m’aider parc’que tu vas voir
tandis qu’à l’horizon, l’adversité tisse ses noirs dessins »…
-« pupuce…. Là comme ça sur la moquette…
L'été nouveau est arrivé ...
Pressentiment MAP
Chapitre LXVII : "Chef! je bronze..." par vegas sur sarthe
"Marylin..."
"Comment Chef?"
"Je disais Marylin... mon p'tit Mangin, on dirait le corps de Marylin, là! le cumulus à droite, tout rose et sinueux"
Minute de silence... on n'entendit même pas le "pou pou pi dou" dans la tête du Chef.
Mangin rompit le charme, il n'avait pas son pareil pour faire ça:
"Chef, je dirais plutôt madame Poitevin, celle du 3ième à la compta"
"Pff!
Mangin, je vous conjure de ne pas parler boulot ici! 8200 kilomètres,
ça devrait vous permettre de déconnecter, non? Et puis Poitevin a des
fesses beaucoup plus larges, croyez-moi"
Il se retint d'ajouter que c'était son métier de bien connaitre ses employés.
Minute de silence... nécessaire à Mangin pour un savant
calcul comparatif des volumes fessiers, Monroe contre Poitevin.
"Je sais pas Chef, en tout cas le p'tit nuage tout rond à gauche, c'est la tête de Francine tout craché!"
"P.....
Mangin! je ne sais pas c'qui m'retient de vous refoutre dans le
prochain avion, et je vous interdit de faire la plus p'tite allusion à
Francine; songez qu'à cet instant, ma plus proche collaboratrice tient
les rènes de la société avec brio et ne souffrirait None of your bloody
comments, Understand?" Il switchait toujours en anglais dans ces cas-là!
Mangin
se retourne sur la natte, mi-vexé mi-cuit pour faire rissoler sa face
jusqu'alors cachée; ça cogne dur aux Maldives et toutes ces questions
qu'il n'ose pas poser lui échauffent la tête.
A cet instant, quelle heure est-il à Arpajon?
Qui c'est ce Brio qui se permet de tenir les rênes avec Francine en absence du Chef?
Et si ce Brio était un espion de la concurrence, sournoisement introduit au
sein de la société comme un ver immonde et malfaisant?
Et cet énorme trou dans les comptes, qu'il a découvert juste avant de partir?
Mais
puisque le Chef l'exigeait, il ne parlerait pas de tout ça; non, juste
profiter de l'instant, de la chaude caresse du soleil et d'une Marylin
éclatante sur le ciel d'un bleu indescriptible.
Mangin lorgne vers son chef, assoupi sur sa natte et déjà bien cuit côté face.
Il n'a pas son pareil pour détendre l'atmosphère: "Vous avez une sacrée zigounette, Chef!"
"Humm?"
"Euh! Chef, je disais que vous avez un sacré cumulus erectus"
"Hein?"
"Non, rien Chef... je m'demandais si on aurait encore du poisson pour le diner?"
Minute
de silence... Mangin ne pouvait s'empêcher de penser à tout ce qu'on
lui avait confisqué en débarquant, son whisky et surtout sa collection
de Play-boy. Il se demandait si le Chef ne pourrait pas user de son
influence et des ses formidables qualités de négociateur pour récupérer
son bien.
Il se promit d'en parler
au dîner; il amènerait le sujet discrètement, après le deuxième
cocktail, et il jurerait de ne rien dire à propos de Francine et de
Brio...
Visiblement au top de sa cuisson, le chef se retourna à son
tour "Si vous alliez nous chercher deux cocktails, mon p'tit Mangin?"
Il
avait toujours adoré qu'il l'appelle son p'tit Mangin, surtout devant
les autres, les jaloux, ceux qu'on emmenera jamais aux séminaires en
Asie.
Comme Mangin se dirigeait vers le bar, un employé de la
réception lui fit un grand signe de la main... si c'était une bonne
nouvelle de l'aéroport au sujet de ses objets confisqués?
C'était
un message pour le Chef; après tout le p'tit Mangin pouvait bien en
prendre connaissance; une cure de soleil aux Maldives ça créée des
liens.
Il vérifia bien que le Chef n'avait pas bougé sur sa natte et, s'abritant derrière un énorme éléphant en
albâtre, il ouvrit l'enveloppe...
La version de Tilleul
Où, nus, allongés sur
le dos, nos deux héros discourent de la forme des nuages, de la caresse du
soleil sur la peau, des petites bêtes qui peuplent la lande et du plaisir
d'être, tandis qu'à l'horizon, l'adversité tisse ses noirs
desseins. Une petite brise légère rafraichit l’atmosphère lourde de cette fin de
mois de juin… Les examens sont terminés. Les résultats devraient être à la
hauteur des efforts fournis durant cette longue période de torture estudiantine.
Les vacances promettent d’être belles… Elle attendait depuis longtemps ce jour où il lui déclarerait enfin sa
flamme… Maintenant, elle a l’impression que son cœur est trop petit pour
contenir la joie qui l’habite. Il se demande pourquoi il a tant tardé à lui avouer son amour…
En observant le bleu du ciel, ils s’amusent comme deux adolescents sans
soucis à interpréter le dessin formé par les quelques voiles cotonneux qui
traversent l’azur… Ils sont seuls au monde… Leur bonheur durera longtemps !
Soudain, effrayés, ils se redressent d’un mouvement brusque… et
c’est debout qu’elle s’exclame : « Non !
Ils ont osé ! »…
Chapitre LXVII (Walrus)
Où, nus, allongés sur le dos, nos deux héros discourent de la forme des nuages, de la caresse du soleil sur la peau, des petites bêtes qui peuplent la lande et du plaisir d'être, tandis qu'à l'horizon, l'adversité tisse ses noirs desseins.
Ils sont nus... mais ils ne le savent pas.
Ils sont nus, mais ils ne le savent pas encore.
Pas encore, car au-dessus d'eux, au bout de l'extrême rameau de l'arbre, le malin, de son nez de serpent, pousse doucement pour qu'il se détache et tombe, comme la pomme de Newton, le fruit de la connaissance.
Défi #67
Chapitre LXVII
***
Où, nus, allongés sur le dos, nos deux héros* discourent de la forme des nuages, de la caresse du soleil sur la peau, des petites bêtes qui peuplent la lande et du plaisir, tandis qu’à l’horizon, l’adversité tisse ses noirs desseins.
Cette semaine, vous nous donnerez votre version du chapitre 67 de ce roman fleuve dont nous ne lirons pas le début faute de l'avoir jamais retrouvé.
Soyez fidèles aux promesses de cette introduction et gardez-vous de conclure l'histoire, il n'est pas impossible qu'on vous demande de poursuivre le texte (selon une règle de constitution des binômes tenue secrète pour l'instant) d'un de vos co_partenaires de défi lors d'une semaine à venir.
* libre à vous de les placer dans le règne animal de votre choix — y compris de fantaisie— et de leur attribuer le sexe qu'il vous plaira de leur voir arborer.
Envoyez votre texte à samedidefi@hotmail.fr et ne retenez pas votre verve : osez !
Why don’t we do it in the road ? (Joe Krapov)
Ce samedi-là, j’avais pris le bus n° 11 à 13 h 38 et je fredonnais « One after 909 » de l’album « Let it be » des regrettés Beatles. Le bus qui me mène au centre de la bonne ville de 35000 Rennes dessert, sur toute sa longueur, 38 stations aux noms plus ou moins poétiques : Petit pré, Trois marches, Vallée, Liberté, Place de Bretagne. Je suis descendu à Champs libres pour me rendre à la bibliothèque du même nom. J’ai fait quinze pas sur le boulevard Magenta, j’ai tourné à gauche et 50 mètres plus loin je suis entré dans le bâtiment en forme de pyramide renversée imaginé par M. Tatin de Portzamparc.
A Rennes, nous n’avons pas de pétrole mais nous avons du RFID. La restitution des six documents que j’avais empruntés est donc effectuée par une seule personne, en l’occurrence moi-même, sur une des deux plates-formes qui utilisent l’identification par radiofréquence. C’est nouveau, ça vient de sortir. Bientôt nous-mêmes serons équipés d’une puce identique et cela permettra au Système central de savoir toujours où nous sommes, alors que la question serait plutôt de savoir où il se croit, lui, le Système central.
Après avoir déposé délicatement mes livres, disques et dévédés dans une des six poubelles ad hoc, je me suis dirigé vers l’ascenseur. En effet les dévédés sont installés au cinquième étage et si j’ai le droit d’en emprunter deux, je n’ai pas toujours l’énergie suffisante pour « ne pas oublier de grimper là-haut » : ce n’est pas Rio et cinq étages ce n’est pas rien. J’ai donc attendu sagement en fredonnant « When i’m sixty four » que la flèche lumineuse cesse de clignoter, qu’un 0 s’affiche à sa place et que « Shazam ! » la cabine s’immobilise et les portes s’ouvrent.
Trois personnes sont sorties et je suis entré, seul. J’étais en train d’appuyer sur le bouton n° 5 quand une jeune femme blonde s’est infiltrée entre les portes coulissantes pour me rejoindre dans l’habitacle.
Comment vous dire la sensation de stupeur qui s’empara de moi à ce moment ? Qu’eussiez-vous ressenti vous-même, à ma place ? Le visage poupin, angélique de la jolie dame blonde, je venais de le voir un instant plus tôt encore sur la pochette du DVD « Troublez-moi ce soir » que je venais de restituer. Je zyeutai de plus belle : c’était bien Marilyn Monroe qui était là ! Le plus surprenant était qu’elle me regardait tout aussi effarée, comme si j’étais moi-même devenu d’un seul coup Yves Montand ou John Fitzgerald Kennedy !
Je restai silencieux, sifflotant tout juste « Eight days a week » pour me donner une contenance. Je n’osai même pas lui demander si elle voulait que j’appuie sur le bouton 3 ou 4. D’ailleurs, nous étions déjà presque rendus au 3e quand soudain, histoire d’ajouter un grain de piment à ce récit qui n’en manque pourtant pas, la cabine stoppa brutalement et le noir se fit.
Nous attendîmes un moment en silence, comme sur les bords d’un lac d’Irlande, que la cabine aux parois de laque qui déconnait redémarrât. Mais « Kill que nenni ! », comme on dit dans les pubs de Dublin ! Cela devenait gênant. C’était peut-être la fin du monde. Nous serions alors le dernier couple sur la Terre et soudain, au moment où nous ne nous y attendrions plus, quelqu’un frapperait à la porte, comme dans une nouvelle de Charlie Brown, ou un auteur avec un nom comme ça.
Je dois dire que jamais je ne connus de ma vie silence plus gênant. Je me rappelai un sketch de Pierre Desproges à propos d’ascenseur, lui aussi. Au bout de deux ou trois minutes qui me parurent plus longues que sept ans de réflexion, j’allais appuyer sur tous les boutons pour déclencher un signal d’alarme, appeler, nous manifester quand la célébrissime blonde platine balbutia la première :
- Excusez-moi… Je sais que je vais vous
demander quelque chose d’inattendu mais c’est cela ou trépigner et crier. Je
suis sujette à des crises d’a…1 et dans des circonstances e…2
j’ai besoin qu’on me … Comment vous dire
cela… Accepteriez-vous de me b…3
Quoi ? Moi ? B…4 Marilyn Monroe dans un ascenseur en
panne ? Jamais je n’eusse imaginé cela même en rêve ! Elle vint se
blottir dans mes bras et je lui caressai le dos. Elle sentait bon, elle avait
des rondeurs intéressantes et je regrettai bientôt qu’elle portât autant de
tissu par-dessus son Chanel n° 5. D’un seul coup elle é…5
. Je sortis le plus élégamment possible ma b…6
de mon p… 7
et lui tendis l’objet afin qu’elle se m…8
avec. Elle le fit lentement, délicatement.
- Excusez-moi. Je suis très e…9
- Reprenons, voulez-vous ? J’ai l’impression que ça vous fait du bien.
- Oui. Vos mains sont très douces, très réconfortantes. Ca me calme bien. Vous pourriez me chanter quelque chose en même temps ?
Qu’est-ce qu’on peut bien chanter en b…10 Marilyn Monroe ? Quand même pas « Mélanie »
de Georges Brassens ! Quoique… Brassens ? La situation me rappelait
sa chanson « L’orage ». Je lui fredonnai donc, tout en pratiquant mes
massages, la chanson du grand Georges à propos du petit Benjamin Franklin qui
était un gars du tonnerre. Après cette première accalmie elle se remit à
s’agiter et cette fois, au finale, c’est moi qui é…11
- Je crois que j’ai attrapé vos m…12 ! lui-dis-je un peu piteux.
A ce moment-là la lumière revint et l’ascenseur reprit sa montée. Nous nous rajustâmes, un peu gênés, et atteignîmes le cinquième étage. Les portes s’ouvrirent, je la laissai passer la première. Sur le palier, elle se tourna vers moi et me dit :
- Je vous remercie beaucoup, monsieur Depp. Vous avez été très bien, Johnny !
- Mais vous aussi, Miss Marilyn, répondis-je. Seulement… Je ne m’appelle pas Depp !
- Comment ? Vous n’êtes pas Johnny Depp ?
- Je suis désolé. Je m’appelle Joe Krapov. Ma carte de bibliothèque qui porte le n° 10501050 peut en faire foi !
A peine avais-je prononcé cette ineptie qu’il se passa quelque chose d’étonnant. Elle se métamorphosa proprement sous mes yeux et me regarda avec des yeux comme dessillés. Elle était devenue une lectrice des Champs libres, encore séduisante certes comme toutes les Rennaises , mais ce n’était plus Marilyn Monroe, donc c’était différent.
- Je ne suis pas Marilyn Monroe non plus. Je crois que je faisais une expérience pour un atelier d’écriture. Il fallait que je raconte ma rencontre avec une célébrité.
- C’est drôle ! Moi je devais raconter une panne de courant pour le Défi du samedi !
Je m’enhardis d’un seul coup.
- Nous pourrions peut-être nous revoir, ne serait-ce que pour écrire ensemble ou échanger sur les consignes… Entre écrivants…
- Je ne crois pas que ça va être possible. D’abord, on ne se mélange pas à Rennes, même si on agit dans le même secteur. Et puis… ça va bientôt sonner.
- Qu’est-ce qui va sonner ? Les Champs libres ? Mais il n’est que 14 h 15 !
- Non. Le réveil. Le réveil de Tiniak !
***
Au moment où le réveil a sonné, j’ai regretté d’avoir accepté ce voyage. A vrai dire, je n’ai pas accepté ce voyage au pays des rêves du Doctor Robert Tiniak dit aussi « The Fool on the hill ». C’est lui qui a rêvé de moi, m’a réinventé et j’ai comme ça un ou plusieurs avatars sur Internet qui font n’importe quoi dans trois ateliers d’écriture différents et dans la tête d’internautes plus ou moins inconnus. La semaine dernière j’étais un lampadaire se lamentant contre des clébards à la patte légère. Hier j’étais petit mitron vantant les possibilités érotiques du petit boudoir de Mademoiselle puis tout de suite après, Sancho Pança Enthoven, philosophe musicien. J’ai voyagé de Jersey aux îles grecques, je suis Néron parfois, vampire, détective privé et, dans les ascenseurs, je termine ma course dans le pays des rêves d’un autre avatar qui habite dans un sous-marin jaune sous les combles et m’imagine en Alexandre le bienheureux marié à Romy Schneider. Pourquoi dirais-je non à cette vie en Fantaisie qui me ravit ? Quand Tiniak se fait une sieste Kaléïdoplumiennes il m’envoie fricoter avec des créatures de cinéma au milieu de chansons des Beatles alors que les Champs libres, d’habitude, c’est plutôt « Repères contemporains » et « Ethnologie des bagadou expliquée aux bobos par une célébrité parisienne ayant reçu la bénédiction d’Ouest-France». Je vis une chouette vie, non ?
Ce que je ne comprends pas, c’est pourquoi il a censuré au réveil les mots dont la liste suit :
1 angoisse
2 exceptionnelles
3 berce
4 bercer
5 éternua
6 boîte de mouchoirs
7 porte-documents
8 mouchât
9 enrhumée
10 berçant
11 éternuai
12 manières
Je serais lui, j’irais sans tarder demander une consultation à Zigmund Freud. Même à la bougie, ce devrait être éclairant !
Après la tempête (tilleul)
Quel jour
sommes-nous ? Vendredi ? Vous êtes sûrs ? Il est grand temps que
j’envoie mon défi alors ? Pour le taper,
il n’y a pas de problème (tant que la batterie de mon portable est chargée…)
mais pour l’envoyer, si cette panne de courant dure, je me demande comment je
vais faire… Le soir, je m’éclaire avec des bougies, et pour me laver, je fais
chauffer de l’eau sur la gazinière… J’ai l’impression de vivre au début du
siècle dernier. Sans internet ni télé, j’ai perdu les contacts avec le monde
extérieur… L’habitude de
tourner le robinet pour avoir de l’eau chaude, de pousser sur le bouton de
l’aspirateur pour nettoyer, de se servir de robot, moulinette, mixer…Avez-vous
remarqué qu’il existe une machine électrique pour toutes les tâches
ménagères ? (Le voisin, se
rase dans sa voiture avec la prise de l’allume-cigare). Il est interdit d’ouvrir
le congélateur… Le matin, mon réveil radio ne marche pas… Heureusement que le
soleil se lève tôt… Cette panne
dure depuis deux jours… C’était la
nuit, un terrible orage a éclaté et les bourrasques de vent ont arraché les
câbles trop vieux. En un instant, toute la rue s’est retrouvée dans le noir… Le
dieu Eole s’en donnait à cœur joie, il faisait valser les tôles de l’étable
voisine, il déracinait les arbustes (le boule de neige et le merisier de mon
jardin se sont retrouvés dans une position oblique…) Je n’étais pas rassurée,
craignant à chaque instant que le toit de la maison
s’envole… Maintenant, le
calme est revenu… les ouvriers d’Electrabel s’affairent de tout côté pour réparer
les dégâts… Mais, qu’est-ce que j’entends ? Le frigo recommence à
ronronner, les spots de la cuisine sont allumés… Youpi ! C’est
réparé ! Je poste tout de
suite !
Le coup de la panne (Cartoonita)
1 instant de silence soudain.
2 garçons qui –innocemment– s’exclament : « Mais,
qu’est-ce que c’est ? ».
3 secondes pour que la donzelle comprenne que le courant a
–inopinément– sauté.
4 mains qui entament une excursion sur le corps de la belle.
5 gloussements excités de l’amie serrée au plus près.
6 degrés en plus au thermomètre dans la pièce.
7 doigts qui s’attèlent sur le zip d’une fine robe d’été.
8 vêtements divers qui s’amoncellent sur le parquet
O_o \(^o^)/ //CENSURÉ\\ °_° ^_^
Au sol, 9 produits manufacturés à base de latex
La promesse, 10 fois, d’une nouvelle soirée dans le noir
Consigne 66 (Stipe)
Ca
c'est les six bières, je le savais que ça loupera jamais. C'est pas les trois
whiskys, le whisky ça donne la migraine, mais pas l'envie de pisser. Ou alors
les deux litres de rouge ? Non, ça ça donne envie de gerber. Nan c'est les
bières, sûr. Bon ben quoi qu'il en soit faut que je me relève si je veux pas
m'inonder. En pleine nuit. Quelle heure il est, au fait ? Ben il est passé où
le radio-réveil ? J'en tiens une, moi… Il est de l'autre côté, suis-je bête !!
Enfin j'espère… Ben !! Ben d'où qu'il est parti, c'est quoi ce bordel ? Bon
j'allume, tant pis si elle râle.
Clic.
…
Clic Clic
…… ???
Clic
Clic Clic Clic Clic Clic Clic Clic Clic Clic Clic Clic
………
!!!!!! ???????
Comment
ça, "clic" mais pas de lumière ? COMMENT CA ?? Pas de radio-réveil,
pas de lumière, je suis pas électricien mais ça sentirait pas la panne de
courant ça ? Hum ?
Mais
en quel honneur une panne de courant ? Y'a pas eu d'orages, j'ai rien entendu. On
a réglé la facture EDF, j'en suis sûr. Chèque de 138.69€, merci bien, un peu qu'on
l'a réglée !! Ils ont pas le droit de nous couper le courant, ces fumiers là !
FUMIERS !!
Bon
faut que j'arrête de m'agiter, madame commence à grogner… Si ça se trouve c'est
de sa faute, elle a encore allumé le four thermostat 15 en même temps qu'elle a
mis une machine de serviettes à 90°, réglé tous les radiateurs sur 7 et laissé
la télé allumée sur toutes les chaines en même temps. Forcément que ça fait
plus de 15 mA et que ça disjoncte, forcément ! Si c'est pas pour me faire chier
alors c'est pour quoi qu'elle a fait ça, hum ?
Mouais…
Ou
alors… L'alarme. Le voyant de l'alarme ! Eteint, lui aussi ! Le voyant de
l'alarme éteint alors qu'en cas de panne de secteur il est censé clignoter,
alimenté par sa batterie interne ou je sais-pas-trop-quoi, pour signaler que
l'alarme n'est plus active. Quelle autonomie ?, j'en sais rien. Mais en
attendant, il ne clignote même pas. Elle est désactivée depuis combien de temps
?
Bon
faut que j'agisse, là.
Les
voleurs sont encore sûrement dans la maison. Ils ont dû garer un 38 tonnes
devant la porte et ils nous déménagent les meubles depuis plusieurs heures. Ils
doivent être au moins cent-cinquante, armés jusqu'aux dents du fond.
Si je
me lève pour aller les assommer par surprise, je vais me cogner partout et ils
vont m'entendre et me fracturer des os et je vais me pisser dessus et ils vont
violer ma femme et peut-être moi et foutre le feu pour pas qu'on retrouve leurs
traces. Mouais…
Bon,
on va plutôt favoriser le plan B.
Qui
est ?
Euh…
Ah
oui !
"
CHERIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIE !!!!! Au secours chérie c'est horrible
y'a des voleurs ils ont coupé le courant et ils sont en train de nous piquer
toutes les chaînes de la télé et tous les thermostats du four et toutes les
ampoules et ils vont te violer avec un 38 tonnes chérie c'est horrible vite
enfuis toi et en plus j'ai envie de pisser.
- Calme
toi, mon amour…
- Mais
chériiiiiiie !!!
- Mon
amour, tu as bu hier soir ?
- Oui,
un petit peu… Mais que de l'alcool, hein, pas de thé !! Je t'assure que si j'ai
envie de pisser c'est parce que…
- Mon
amour, tu es fin saoul ?
- Oh
chérie, fin saoul, fin saoul… Comme t'y vas ! Disons raide bourré, tout au mieux…
- Mon
amour, tu peux te rendormir tranquillement. Il n'y a pas de voleurs. Il n'y a
pas de panne de courant.
Mon amour, rappelle-toi : tu es aveugle depuis plus de 15 ans.
- Ah
mais oui c'est vrai !
- Tu
es rassuré ?
- Oui
chérie…
- Je
peux éteindre la lumière ?
- Non,
laisse allumé. J'ai peur dans le noir…
Consigne 66 (Toltek)
Mardi, 9h50
« Merde, j'avais pas sauvegardé depuis au moins une heure ! Oh non ! »
Les néons se sont éteints, le moniteur a brusquement cessé d'afficher quoi que ce soit, et c'est mon collègue Lucien que je viens d'entendre beugler du bureau d'à côté. Les onduleurs ont commencé leur perfusion d'électrons dans les veines des serveurs sur lesquels ils veillent : leur bip-bip ressemble à une sérénade mélancolique.
« Oh, ne vous inquiétez pas, ça ne durera pas plus de 10 ou 15 minutes, comme d'habitude » entends-je la secrétaire tenter de rassurer ce pauvre Lucien.
Moi, je m'en fiche, j'ai un portable. Je viens de l'éjecter de son socle. J'ai encore 3 heures d'autonomie. Je peux continuer à bosser tranquille.
Mardi, 11h45
Plus que 1h et 8 minutes d'autonomie, me dit M. Windoz avec une précision imbécile. Le courant n'est pas revenu. Mes collègues ont promené leur désoeuvrement dans les couloirs. La pause, au début si bienvenue, commence à s'éterniser. Quasiment plus personne ne peut travailler. Les téléphones ne fonctionnent plus non plus, j'apprends donc que la fée électricité s'est aussi infiltrée là-dedans. Le café est froid. Par la fenêtre, je vois bien 6 ou 7 groupes de gens dehors, en train de fumer ou discuter. Apparemment la panne touche au moins tout le quartier. Les onduleurs se sont vidés de leur sang il y a déjà un moment et un silence étonnant règne maintenant en salle serveurs. Je crois que je vais aller déjeuner. Mais je vais éteindre mon PC avant.
Mardi, 23h30
Je profite des derniers soubresauts de ma batterie pour écrire ces quelques phrases. Plus de courant depuis ce matin. Quand je suis sorti ce midi, il n'y avait pas de métro. Les feux tricolores me fixaient de leurs trois yeux morts. Le restaurant où j'ai mes habitudes servait des sandwichs. Les gens en parlaient, se posaient des questions. Je suis rentré chez moi. Pas de télé, pas d'Internet. J'ai ressorti mon vieux radio-cassettes à piles. Aucune émission sur aucune fréquence. Ils ne sont pas censés avoir des générateurs de secours ? Aucune des personnes que j'ai appelées avec mon téléphone portable n'avait de courant. Je n'ai pas eu le coeur à bouquiner. Je suis resté à regarder le congélateur dégeler lentement et emporter mes victuailles dans la débâcle.
La nuit est tombée, j'ai déstocké des bougies et pu dégotter le briquet que j'avais quand même gardé après avoir arrêté de fumer.
Et me voilà, en train de tapoter sur ce clavier, à la lueur livide de l'écran, qui s'éteindra inexorablement dans quelques minutes (vous devriez enregistrer tout travail en cours, oui, merci M. Windoz).
Je me fais l'effet d'un homme préhistorique blotti près de son feu mourant dans sa caverne noire et froide.
Et si demain ce n'est pas revenu ?