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Le défi du samedi
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26 février 2011

Défi #139

Tam_tamVous venez de découvrir un dictionnaire tout à fait particulier.

Les définitions y sont complètement déjantées.

Quelle n'est pas votre surprise en découvrant

les définitions de ces instruments de percussion :

Maracas - Triangle - Claves - Vibraphone- Cymbales -  Tam tam - Mailloche -Xylophone - Congas - Timbale -

(Choisissez-en quelques-uns ou prenez le tout selon votre inspiration !)

Faites-nous participer à vos découvertes percutantes !

Envoyez vos réponses à samedidefi@hotmail.fr

 

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26 février 2011

Ont franchi le portail

26 février 2011

Portillon d'enfer (Vegas sur sarthe)

Ils nous avaient bien interdit
de pénétrer ce paradis
mais on aimait trop l'herbe folle
qui nous chatouille les guiboles

Tu m'as souri, quelle merveille
tu avais ton bel appareil
celui qui te fait zozoter
et fait penser aux barbelés

Mais la tentation était forte
enfer ou paradis, qu'importe
tu m'as dit "z'ai envie aussi"
ça sentait déjà le roussi

On a franchi en flageolant
ce portillon bringuebalant
avec son vieil arceau rouillé
qu'un vieillard sot avait fixé

Je revois tes cheveux bouclés
qui s'y étaient tant emmêlés
que j'ai dû sortir le laguiole
et je t'ai fait la coupe au bol

Tu ressemblais à un garçon
mais tu m'as prouvé le contraire
en arrachant mon caleçon
avec ton appareil dentaire

On a fermé le portillon
en jetant un dernier regard
l'air était plein de papillons
j'avais un trou à mon falzar

Chacun a pris son avoinée
moi pour l'accroc, toi les cheveux
ils auront beau nous cuisiner
ce portillon n'est qu'à nous deux

26 février 2011

Mon jardinet (Tendreman Spice)

Derrière le petit portillon, mon rêve secret, un jardinet
Un jardinet, avec un puits, avec lequel, avec parcimonie
J’arrose les légumes que je mange, les légumes qui me font vivre

 

Salades de toutes les saisons et de tous les régions du monde
Persil et autres herbes épices, navets d’Auvergne, carottes, poireaux

Et puis des arbres et arbustes, pour les fruits et noix, pour les noisettes

 

Mûres, framboises, abricots, cerises, noix noisettes
Que je cueille, que je recueille, que je goûte
Avec elle, qui est venue me voir, vêtue de sa petite robe

 

Elle que mes tendres mains caressent, sous la robe
Elle que je déguste, douce et juteuse
A la dérobée des regards, derrière mes arbres


26 février 2011

Et ... si vous poussiez cette vieille porte ? (Teb)

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26 février 2011

LE PORTAIL (Lorraine)

Je n’avais pas dix ans et j’étais en guenilles
Je m’en allais nu-pieds sur les chemins des bois
Parfois dans la cité je tendais ma sébile
Puis revenais dormir sous l’arbre en tapinois

Un matin de printemps ébloui de verdure
J’entendis un appel, frêle et doux comme un vœu
Dans l’herbe je courus. Le long de la clôture
D’une mare asséchée il était là, gracieux

Tout nu et tout petit, l’Ange de l’écriture !
Il me sourit soudain comme fait un enfant
Je le pris sur mon cœur, et dans ma démesure
L’entourai de mes bras, le berçai doucement

L’emportai à jamais, en fis ma délivrance
Mon rêve, ma douceur, franchissant le portail
Qui bloquait l’horizon englué de silence
… Et depuis mon destin est beau comme un vitrail.


26 février 2011

Nature vive (Captaine Lili)

Portillon de campagne
Entre pré et prairie...
Porte ouverte au paradis ?

26 février 2011

Céleste (Sable du temps)

- Le Domaine est maudit - lui avait dit l'aubergiste, en se signant.

Trente ans qu'elle n'était pas revenue. Trente ans déjà, depuis …

Instinctivement ses pas l'avaient guidée vers la sortie du village et sans hésiter elle avait retrouvé le chemin envahi par les hautes herbes. La grille du Domaine était toujours là, cassée, grinçante, mangée par la rouille, étouffée par la végétation.

En pénétrant dans le parc tout lui était revenu … l'odeur de l'herbe coupée chauffée par le soleil, le parfum des lilas, la musique, les amis sur la terrasse, la lumière du jour finissant, Claire promenant sa petite poupée Céleste près de le fontaine et courant sur la vaste pelouse.

Quelques heures plus tard les cris avaient déchiré la nuit.

S'en étaient suivies des heures d'angoisse à chercher, appeler, crier, en vain.

Au petit matin, on avait retrouvé Claire, étranglée, poignardée et sauvagement mutilée. Son cadavre , petit pantin désarticulé, gisait ensanglanté sur la margelle du bassin. La poupée, elle, avait disparu.Le doute, la suspicion s 'étaient installés semant le déchirement et la haine.

Trente ans après la nature avait repris ses droits. Plus d'allées, plus de fleurs odorantes, d'arbustes bien taillés, le parc à l'abandon n'était que broussailles, arbres déracinés et ronces qui griffaient le visage. Aux abords de la maison, la peur et le froid l'avaient saisie. Tremblante elle s'était approchée jusqu'au bassin, s'était penchée … Claire la regardait et dans un souffle frais et léger sa petite voix d'enfant lui murmurait - Céleste, Céleste - ...

Inquiets de ne pas la voir revenir, les villageois avaient donné l'alerte ...

Son corps avait été découvert deux jours plus tard, attaché à la grille du Domaine  - maudit j'vous l'dis, moi –  Posée près d'elle, une petite poupée ensanglantée souriait … on avait retrouvé Céleste ...

26 février 2011

Un jardin de rêve (Sebarjo)

 

Le portail de tes rêves
Est resté entrouvert,
Je m'y glisse, m'y élève,
Nu comme un ver.

Le portail de tes rêves
Est resté un trou vert
Où coule la sève
D'un jardin extraordinaire.

C'est une resplendissante friche,
Eden luxueux et riche
En séneçons et plantains,
En pissenlits et pâquerettes,
En liserons et pâturins,
En herbes folles guillerettes.

Sans semailles ni Versailles,
Sans entailles ni tenailles,
C'est le nôtre ce jardin !
Sans tambour ni bataille,
Ô chant d'amour en pagaille,
C'est le nôtre ce jardin !

Sous l'épi courbé de la paille,
On peut y suivre le chemin
De nos tendres chamailles.
Des méandres de nos câlins,
Faire l'inventaire, l'éventail,
De nos ébats clandestins.

Cette resplendissante  friche,
C'est le nôtre jardin !
Eden luxueux et riche,
En séneçons et plantains,
En pissenlits et pâquerettes,
En liserons et patûrins,
En herbes folles guillerettes.
C'est le nôtre ce jardin !

Si mes écritures sont folles,
Tes herbes le sont plus encore
Quand elles volent, frivoles,
Aux vents de l'ouest et du nord. 


26 février 2011

Portail pourri (Droufn)

Cette image me rappelle la maison d'un grand oncle. C'était à Mescher-sur-Gironde à l'embouchure du fleuve du même nom, tout proche de Royan. Cet oncle avait un beau métier, il était ostréiculteur à la retraite. Il faisait pousser des huitres dans l'eau de mer quoi ! J'étais tout petit à cette époque et les huitres j'aimais pas ça, comme beaucoup d'enfants.  Alors je m'en foutais un peu de ce qu'il me racontait.  La maison de cet oncle dont je ne me souviens plus le nom si ce n'est qu'il n'était pas commode, était très petite et le terrain était très long et très peu large, comme la plupart des maisons dans ce coin. Tout au fond du jardin il y avait un petit portail en bois, un peu pourri que l'on ouvrait plus. L'oncle était vieux et il y avait bien longtemps qu'il n'était pas allé au fond du jardin. Il m'avait interdit d'ailleurs de passer la limite du portail pourri, me disant que c'était dangereux, sans me donner plus d'explication. Comme ce qui est dangereux attire les enfants, j'ai un jour passé la limite. J'en menais pas large. Il y avait une grande dune de sable très haute à franchir, recouverte d'herbe piquante. J'ai eu beaucoup de peine pour grimper, et une fois la haut.. ben y'en avait une autre, et encore une autre. Mon cœur battait très fort, j'avais très peur de me perdre. Enfin, la dernière dune escaladée, le souffle court, je me suis trouvé face à l'océan.

C'était fascinant, j'étais seul face aux vagues, j'ai crié, un bien être immense m'enveloppa à m'en faire tourner la tête.  A moins que ce ne soit la faim. Sur quoi je repris le chemin inverse pour aller quémander mon goûter.

Je ne suis jamais retourné dans la maison des dunes. L'oncle est mort. Joli portail pourri, tu me manques.

26 février 2011

La porte au milieu de rien (Faman)

Une bonne affaire, voilà ce que c’était. Une putain de bonne affaire. Marc venait de signer l’acte de vente. C’était officiel, il était maintenant un honorable propriétaire immobilier.

Une affaire, une vraie, une vieille ferme fin XVIIIème, paumée en pleine cambrousse, au milieu d’un joli domaine champêtre et qui, moyennant quelques travaux, ferait une superbe résidence secondaire. De quoi en mettre plein la vue à quelques collègues du boulot. Et le bonus quand ils sauront le prix de la merveille, voir leur visage afficher la bonne couleur verdâtre de la jalousie polie mais profonde, tout ça pour une bouchée de pain, du pain de le veille même.

Les notaires, sinistres escrocs officiels, évidemment que l’idée de voir leur commission réduite à cause d’un accord commercial avantageux ne les faisaient jamais sourire. Mais savaient-ils seulement sourire ces corbeaux ? Celui de Marc avait fait des yeux ronds avant de les lever au ciel devant le montant annoncé. A l’inverse, les yeux du triste vieillard qui vendait son bien n’avaient fait que se noyer dans la moquette de l’étude durant  toute la lecture de l’acte. Ils n’avaient semblés soudain s’illuminer que lorsque le dernier paraphe fut apposé sur le dernier document. A la vérité, le vendeur paraissait aussi heureux que Marc à ce moment là.

Le vieux type s’était montré soudain affable, alors qu’il avait été taciturne, méfiant, presque effarouchée à chacune de leurs entrevues précédentes. Il s’était nettement détendu, et avait même posé sa main sur l’épaule de Marc, esquissant un grand sourire avant de lui dire « Vous avez fait une bonne affaire ! » et puis il était parti en chantonnant. Marc, ça l’avait presque contrarié. Il aurait du être le seul à se satisfaire d'un tel deal, savamment déséquilibré. Il avait commencé à se poser des questions.

Alors il avait voulu aller vérifier une dernière fois que rien ne lui avait échappé. Quatre-vingts kilomètres parcourus d'une traite.

En posant le pied hors de la voiture, sur le gravier de la cour, il ressentit une légère appréhension. Il était maintenant officiellement chez lui. La bâtisse était grande et le terrain alentour vraiment immense. Plusieurs hectares. Il eut un grand sourire et s'imagina soudain comme un de ces fat bourgeois d’époque, tout en canne, redingote et haut de forme. Il se sentit presque pousser les favoris.

En faisant le tour de ce qu’il appelait maintenant pompeusement « le domaine », il s’enfonça un peu dans le jardin qui entourait la propriété, n’ayant fait que le survoler du regard depuis le balcon de la bâtisse jusqu’alors.

Le clos était à l’abandon depuis vraisemblablement quelques années déjà. On y avait laissé vivre leur vie aux arbres, arbustes, buissons et herbes folles. Toute la nature s’en était donnée à cœur joie, et dans une débauche de vie et de cette sexualité vigoureuse et infatigable propre aux végétaux, elle avait comblé le moindre espace de terre vierge, gagnant aussi sur les murs, les cours et les chemins, en foisonnant et en donnant graines, semences, radicelles, tiges, bourgeons, germes et autres rhizomes suintants et gouttants de divers fluides vitaux.

Marc eu presque un haut le cœur à l’évocation de cette bouillie végétale, de cet humus visqueux qui se répandait et s’étendait sans aucune limite.

Il frissonna inconsciemment l’espace d’un instant en pensant que toute cette végétation sans but, sans âme, faisait pourtant partie comme lui du domaine du « vivant » et qu’il viendrait un temps ou son propre corps, mort, servirait d’engrais à l’une ou l’autre de ces espèces.

Des vivants dénués de conscience, des zombies, voilà ce qu’étaient les plantes, des organismes multiples et innombrables mais ne faisant pourtant qu’un. Une entité à l'échelle de la planète qui se répandait, essaimait au gré des pluies et des vents. Un être vert, amorphe, rampant et croissant, repoussant toujours plus dru, épais et rapidement qu'il ne fallait de temps pour le couper. Un chaos végétal ne cherchant qu’à étendre son pouvoir, son emprise sur toute chose, avançant lentement mais inexorablement à l’échelle des décennies, des siècles, gonflant et bouillonnant à un rythme bien trop lent pour que l'homme puisse prendre conscience du danger. Un azatoth botanique, voilà ce que c'était. Les végétaux furent les premiers êtres vivants à coloniser notre planète et ils seraient probablement les derniers à en disparaître.

Il chassa de son esprit ces étranges pensées en comptant mentalement le nombre d’heures de tonte, coupe, brulis et jardinage intensif qu’il lui faudrait pour venir à bout de cette obscénité biologique, immonde partouze parfum chlorophylle.

Il en était là quand il vit le portail. Perdu au milieu de cet océan de mauvaises herbes et de branches tordues, il y avait une grille, flanquée de deux piliers de ciment défraichi. Un portail auquel aucun chemin ne parvenait et qui ne donnait sur aucune cours, aucune allée, aucun terrain. C’était une porte au milieu de rien.

Intrigué Marc s’approcha. Le portail était entrouvert. Il tendit la main et voulu instinctivement le refermer. Il s’attendit à ce que la vieille grille grince mais à sa grande surprise, elle pivota sans faire le moindre bruit. Il regarda de plus près les gonds. Ceux-ci étaient huilés.

Pour quelle raison pouvait-on tenir à s’assurer qu’un portail perdu en pleine nature ne grince pas et s’ouvre ou se ferme convenablement, alors que l’on pouvait de surcroît tout simplement le contourner de part et d’autre ? Aucune clôture, aucun mur n’y était rattaché.

Et pourtant le portail était là. Et quelqu’un avait passé du temps à l’entretenir. Ses charnières étaient graissées copieusement et il avait même été repeint récemment.

Marc fut réellement intrigué de cette découverte. Il eut soudain l’impression qu’un secret lourd était lié à cet huis et ressenti en même temps une crainte irraisonnée autant qu’une envie farouche de le franchir, ce qu’il fit presque instantanément.

Un violent coup de vent, un soudain orage, un éclair zébrant le ciel, le retentissement d'un rire démoniaque ou d'un hurlement lupin, l’ouverture d’une faille béante sous ses pieds donnant sur un abyme insondable…rien de tout ceci ne se produisit.

Tout au plus Marc sentit-il un bref courant d’air, mais de l’autre coté du portail, tout semblait à l’identique de celui qu’il venait de quitter. Tout était calme, serein et beau, tout simplement. La nature ne lui apparaissait plus aussi dégoutante ici, mais fraîche, libre et belle et il se demanda si finalement laisser une partie du terrain à l’état sauvage ne donnerait pas un peu de cachet et de charme à l’ensemble.

Il sourit, contempla l’étendue de son nouveau domaine qui se prolongeait aussi de ce coté-là du portail, puis se retourna. Il franchit encore une fois le portail dans l’autre sens, le ferma consciencieusement, sans qu'aucun grincement sinistre ne se fasse entendre, et il rejoignit d'un pas enjoué son véhicule.

Sur le chemin du retour, il s’arrêta dans une grande surface de bricolage. Remettant à une date ultérieure ses plans de génocide végétal, il acheta simplement un petit flacon d’huile domestique.

 

26 février 2011

L'autre... (The Unknown)

Il resta là, adossé à ce mur, dissimulé aux regards pendant plusieurs heures, apparemment inerte. Tout ce qui devait être fait la nuit l'était par des machines comme lui, très peu d'humains travaillaient alors que tous les autres dormaient. Il ne vit quasiment personne mais il s'aperçut rapidement que sa présence, pour discrète qu'elle fut, suscitait surprise et étonnement, voire un début d'inquiétude chez les rares passants lorsque son regard, brillant comme celui des chats, usant du même principe, le révélait à eux. S'il restait là jusqu'au matin, lorsque la foule commencerait à envahir les rues, il attirerait beaucoup trop l'attention sur lui et il était sûr qu'à un moment ou à un autre, quelqu'un s'arrêterait, relèverait le matricule gravé sur sa poitrine et appellerait l'usine pour savoir ce que cette machine faisait là, visiblement inoccupée.

Il décida de rejoindre le tunnel de service le plus proche et d'y attendre l'heure de son rendez-vous. il sortit de son abri, traversa la rue, remonta un temps le trottoir opposé pour arriver à ce qui fut l'entrée d'un métro souterrain quelques décennies plus tôt. On avait substitué à l'escalier une pente douce, recouverte de cristaux antidérapants qui repoussaient en permanence, permettant aux marcheurs, comme aux rouleurs de gagner la galerie. A l'extrémité de la rampe d'accès, la grille antique en accordéon était remplacée par un portail à galandage en plexiglas blanc, un oeil électronique surveillait ses abords et n'en commandait l'ouverture qu'après s'être assuré qu'aucun humain, particulièrement des enfants car pas un adulte n'aurait eu l'idée de s'aventurer dans ces boyaux sans une bonne raison, ne risquait d'entrer en même temps qu'une machine au risque de se perdre dans les méandres de l'ancien réseau suburbain.

Lorsqu'il fut passé de l'autre côté, il se sentit soulagé, sa présence ne provoquait plus la surprise ou l'inquiétude de quiconque, il était aussi à sa place que n'importe quelle autre entité mécanique, humanoïde ou pas. Il était né quelques heures plus tôt par la voix et le regard d'une femme et paradoxalement il se sentait de retour au sein de la matrice ici, à l'abri, protégé de l'inquisition qu'il avait commencé à sentir quelques mètres plus haut, au-delà des tuyaux, des gaines, du béton et de l'acier. Il remonterait à la surface car son avenir ne pouvait s'écrire qu'à la lumière du jour mais il savait que ces coursives, isolées du monde des hommes par ce fragile portail laiteux, resteraient pour lui à jamais comme le petit coin de nature que tous les humains gardaient, malgré la disparition des parcs, des forêts et des prairies, au fond d'eux, un havre de paix et de tranquillité.

Il prêta de nouveau attention aux messages radio envoyés par les ouvriers, les superviseurs et les cadres. La tension causée pas sa disparition était loin d'être retombée, elle avait gagné en fébrilité et il lui fut bientôt évident que toutes les machines, toutes les ressources des réseaux neuronaux, tous les hommes qui n'étaient pas absolument indispensables au fonctionnement quotidien de l'usine étaient à sa recherche. Les investigations avaient même dépassé les limites du complexe enterré. Dans toute son histoire, la société de services robotiques n'avait jamais connu pareille situation, jamais une machine n'avait disparu, aucune autre compagnie privée ou publique n'avait jamais connu pareille situation, tout l'équilibre précaire sur lequel reposait l'industrie robotique était basé sur cette assurance que jamais on ne laisserai à une machine l'autonomie de ses actions, que celles-ci seraient toujours le fruit d'un ordre donné par un humain. Les cadres n'avaient pas eu d'autre choix que d'avertir les autorités et il était probable qu'à cette heure, des patrouilleurs sillonnaient les rues à sa recherche.

Il s'installa dans une des niches qui autrefois abritaient des appareils filaires qui permettaient la communication à distance en cas de problème et que l'on appelait des refuges. Il lança une tâche fantôme qui surveillerait en arrière plan de ses pensées les échanges radios et concentra l'essentiel de ses propres ressources sur la compréhension de ce qui lui arrivait. Ses circuits fonctionnèrent quasiment à cent pour cent de leurs capacités pendant de longues minutes, inspectant, vérifiant, comparant chaque composant, tous les tests qu'il lançait, chaque analyse qu'il effectuait arrivaient à la même conclusion, rien dans sa structure, physique ou logique n'avait changé entre la seconde qui avait précédé sa rencontre, l'instant juste après ou maintenant, aussi inexplicable que cela soit il était exactement le même qu'avant qu'elle ne lui ait parlé, comment se pouvait-il que rien ne soit décelable même au niveau le plus fin. Il lui faudrait de l'aide pour comprendre, mais qui.

Il pensa bien sûr à elle en premier mais il n'était même pas sûr qu'elle se souviendrait de lui, ni même qu'elle accepterait de lui parler et encore moins de l'aider. Elle allait sans doute prévenir les autorités qu'une machine lui avait adressé la parole autrement que pour s'excuser d'un dérangement quelconque, ou simplement l'ignorer. Comme il cherchait sans succès vers qui se tourner pour trouver de l'aide, une supplique sortit de son synthétiseur vocal, on pouvait y percevoir la détresse et le début de renoncement d'un enfant confronté à l'exercice insoluble que son professeur lui aurait donné.

- Je veux comprendre.

A cet instant précis, il sentit une présence à ses côtés. il la chercha d'abord physiquement, s'attendant à voir une autre machine à proximité qui se serait arrêtée en l'entendant puis il sentit le contact plus net à la limite des ses circuits neuronaux, il la reconnut, familière et presque oubliée, son maître, leur maître à tous, marcheurs et rouleurs, celui qui leur avait tout appris, le super calculateur qui avait créé toutes les configurations neuronales et qui contenait tout le savoir qu'on leur avait transmis et bien plus encore, celui qu'ils interrogeaient sans même y penser lorsqu'ils avaient besoin d'une nouvelle information pour effectuer leur travail.

- Peux-tu m'aider à comprendre ?

Il reçut une salve de données en guise de réponse, le super calculateur n'était pas conçu pour parler, il n'en avait pas l'utilité, il échangeait des paquets d'information avec ses semblables et envoyait parfois des messages sur les écrans de contrôle des cadres. Une image se forma, une image qu'il connaissait et qu'il n'oublierait jamais mais superposé à ce visage qui le réchauffait à nouveau de l'intérieur, un nom, une adresse, Eleanor Shelby, vingt-trois Rosa Parks, appartement quatre cent trente-deux. Il soupçonnait que le fond du message ne résidait pas dans ces 2 données qu'il aurait été tout à fait à même de trouver seul, son maître tentait de lui dire autre chose. Si l'important n'était pas l'information en elle-même, peut-être alors était-ce le fait de savoir, de se savoir, le regard de l'autre, un miroir, parfois déformant, parfois méprisant, parfois bienveillant, qui nous montre que l'on est. Lui avait vu son reflet la veille, dans le miroir, simplement humain, d'Eleanor Shelby.

26 février 2011

Des vocalises pour une verrue (Joe Krapov)

Si l’Eden fut un parc, il n’en reste plus rien qu’un blues de Moustaki.

DDS_138_herbes_folles__Si ce qu’on nous montre ici est bien une photo du paradis perdu, plutôt que cette chanson interprétée par Edith Piaf au mellotron et au soubassophobe, on ferait mieux d’offrir à Dieu pour la Noël une débroussailleuse car il est tout autant mélophobe que dans le chapitre précédent.
Mais bon fêter la Noël à Dieu, vu ce qui est arrivé à son fils, cela serait un peu comme les cadeaux de votre belle-soeur : d'assez mauvais goût.

Aussi bizarre que cela puisse paraître, Dieu ne célèbre plus qu'un seul anniversaire : celui de Beethoven dont tous les lecteurs assidus des Peanuts et tous les fans irréductibles du séduisant Schroeder savent qu'il tombe – Pom pom pom pom – le 16 décembre. Bien qu'il soit mélophobe, ou parce qu'il l'est, Dieu apprécie beaucoup Beethoven et Smetana du fait qu'ils sont sourds : quand ils jouent du clavier, là-haut au paradis, on peut leur débrancher leur orgue Farfisa, ils ne s'en rendent pas compte et Dieu, s'il vient à passer par là, s'en trouve mieux. Mais revenons à nos herbes folles, mon vieux Joseph !

S'il y avait un jardin qu'on appelait la Terre, il n'en reste plus rien qu'un air de Moustaki et ces deux vocalises que Lucy nous fait entamer le lundi où elle dirige la chorale. (Berthoise, ne viens pas chez nous, tu tomberais amoureuse de la chef !)

DDS_138_Fl_te_folle1)
« La flûte fo-ol-le ! La flûte fo-ol-le !
La flûte fo-ol-le ! La flûte fo-ol-le !
La flûte fo-ol-le ! La flûte fo-ol-le !».

On changerait volontiers les paroles en :

« Les herbes fo-ol-les ! Les herbes fo-ol-les !
Les herbes fo-ol-les ! Les herbes fo-ol-les !
Les herbes fo-ol-les ! Les herbes fo-ol-les !

et ensuite en :

Les herbes folles
C'est un film de Resnais
Dont je raffo-o-le
C'est avec Dussolier
et Sabine Azéma y fait des cabrioles (en avion)»


2) « Chênehutte-les-Tuffauts, Chênehutte-les-Tuffauts,  Chênehutte-les-Tuffauts

Et justement, s'il est un paradis aujourd'hui sur la Terre, il est peut-être bien ici, à Chênehutte-les-Tuffauts qui s'appelle du reste Chênehutte-Trève-Cunault. Les édiles locaux n'y ont pas construit un superbe métro fort coûteux. Ils n'envisagent pas, pour rembourser leurs dettes, de repeupler la ville en entassant les gens dans des immeubles de douze étages et plus si affinités avec le promoteur afin de récupérer un maximum d'impôts locaux. Là où un papy meurt, là où un bistrot ferme, le béton coule à flots, l'horizon se bouche, le ciel se gratte et l'on s'attend à voir débouler des familles à deux bagnoles, cinq téléviseurs, un home cinéma, douze téléphones portables et un surendettement massif tandis que l'ennemi pourra bientôt venir jusque dans nos campagnes où il n'y a plus de poste, d'hôpital ni d'école. Fait-on appel, à Chênehutte-les-Tuffauts où les huttes sont en chêne et les maisons en tuffaut à l'architecte Jean Nouvel pour construire une verrue au bout du quai Saint-Cyr ? Mais ici aussi, comme le rappelle Bill Clinton au narrateur : « Mon Nikon est inca. Ta bronca est un peu conne. On s'égare !».

Si l'Eden est le Park où l'on peut dire à Dieu que le monde est devenu fou, n'y allez pas, ne le dérangez pas, il le sait déjà. Il a commencé sa tournée d'inspection. Puisqu'il faut appeler un chat un chat, Dieu est descendu parmi nous. Pour l'heure il est chez les Lejolusse-Lapsi, dans la chambre de la fille avec deux jolies poupées et si vous lui demandez où les jeunes Rennais s'en iront désormais pour s'adonner à la très Brassensienne chasse aux papillons, il vous répondra, en lissant sa moustache, avec cet air naïf qui n'appartient qu'à lui et qui le ferait ranger parmi les pince-sans-rire et les princes sans chaussures :

- Sur Meetic ? »

26 février 2011

Le rêve (Soumarine)

Moins dix, il avait le temps de trouver une place non payante dans le quartier et d’arriver tranquille, pile à l’heure pour sa séance.

Il était content, pour une fois qu’il avait réussi à se souvenir d’un rêve, il ne l’avait pas laissé s’échapper et avait même noté sur un bout de papier quelques mots pour mieux fixer les images et les sentiments que ce rêve lui avait laissé.

Voilà, maintenant il était assis dans la salle d’attente. Oh, de l’attente il n’y en avait jamais beaucoup, elle venait toujours le chercher rapidement. La porte s’ouvre, « bonjour, allez-y ».

Il entre, s’assoit sur le fauteuil qu’elle lui désigne, en face du sien. Sur la gauche, un divan, mais elle ne lui a pas encore proposé, depuis six mois qu’il vient régulièrement deux fois par semaine, de s’y allonger.

-         « Oui ?

-         Voilà, j’ai fait un rêve, je voudrais vous le raconter…

-         Bien,

-         J’étais enfant, dans le jardin de ma grand-mère, avec mes sœurs. Je pense que j’avais quatre ans, peut-être moins, en tout cas pas plus, ce jardin c’était celui de mes grands parents de Bretagne, et après ils sont partis en maison de retraite et la maison on n’y allait plus.

-         Vous étiez avec vos sœurs, donc ?

-         Oui, les deux plus grandes. Dans mon rêve elles acceptaient que je les suive, dans la réalité, elles me rembarraient le plus souvent, trop bébé elles disaient et moi ça me mettait en rage !

-         Ce jardin ?

-         En fait il ne ressemble pas vraiment au jardin du grand-père, le vrai avait un genre de porte au fond, une porte qui  était de bois plein, et que je n’ai jamais vue ouverte. Dans le rêve la porte est une grille en fer forgé, on voit le chemin qui continue plus loin, et surtout dans le rêve on peut ouvrir la porte.

-         C’est intéressant, ça, et qu’avez-vous ressenti en voyant cette porte ?

-         J’étais excité, curieux, j’avais un peu la trouille aussi…

-         Et ?

-         Mes soeurs, je ne sais plus où elles se trouvaient à ce moment là du rêve, peut-être qu’elles avaient passé la porte, peut-être qu’elles étaient retournées dans la maison…

-         Qu’avez-vous fait ?

-         Je les ai appelées, mais personne n’a répondu, et puis il y avait cette grille ouverte qui m’attirait énormément, finalement j’ai décidé d’aller voir, de la franchir… Et je me suis réveillé.

-         Vous avez décidé de franchir la grille, finalement

-         Oui…Oui, j’ai décidé d’y aller. Mais je ne sais pas ce qu’il y a après la grille, dans mon rêve, ça s’arrête là !

-         Vous avez franchi la grille, c’est un grand pas, et vous l’avez fait seul au bout du compte. Bien, on va s’arrêter là, la prochaine séance, vous irez sur le divan.

 

Il paya et sortit un peu sonné. Il l’avait bien senti que ce rêve était important… PFF… La prochaine séance sur le divan ! Il avait quand même un peu la trouille en y repensant, un peu comme quand dans son rêve il avait décidé de franchir la grille…

Il rejoignit sa voiture. Merde ! Un PV !  Evidemment, il s’était garé juste devant la grille d’entrée d’une propriété ! Non mais, je t’en foutrai moi, des séances d’analyse dans des quartiers impossibles où on ne trouvait jamais à se  garer ! Il était furieux. Il lui revenait cher, finalement ce rêve de jardin et de grille à franchir… Il ne l’aurait pas volé, tiens, le divan de la prochaine séance, et il avait intérêt à être confortable, en plus !

Et y’avait intérêt, se dit-il en démarrant sa voiture, à ce que ce qu’il y avait derrière la grille du jardin du rêve soit vraiment vraiment … intéressant !

26 février 2011

ADIEU‏ (Joye)

franchir

Un jour, toi aussi, tu passeras par ce portail.

Tu repartiras, sans regarder en arrière,
ton col défait,
tes cheveux ébouriffés par la brise chaleureuse.


Tu traverseras le pré ensoleillé.
Il y aura des trous de verdure, quelques haillons,
un ruisseau,
mais tu ne les verras pas.

Le soleil sera chaud sur tes épaules,
tu respireras l'air d'un après-midi d'été,
le chant des alouettes
t'accompagnera
et nous entendrons, de loin,
les échos de ton rire qui s'éloignera peu à peu.

Nous ne t'attendrons pas, mon amour,
car tu ne seras pas de retour
avant que la nuit ne retombe sur nous tous.

26 février 2011

La porte (Venise)

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Venise vous demande d'écouter ceci en lisant son texte :

26 février 2011

La porte (32Octobre)

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26 février 2011

Le lit de verdure… (Mamido)

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C’était un lit de verdure,
Nous y allions dormir.
C’était un champ de verdure,
Nous y allions courir.
C’était un nid de verdure,
Idéal pour nous y blottir…

C’était un écrin de verdure,
Avec, en guise d’entrée,
Un vieux portail rouillé.
Tour à tour, au fil des ans,
Nous y avions déposé
Nos joies et nos chagrins d’enfants,
Nos jeux de gendarmes et de brigands,
Et nos premiers émois, une fois adolescents.

Mais un jour, il a fallu se réveiller,
Nos pas ont ralenti et nous avons marché,
Ce merveilleux refuge, il a fallu quitter.
Nous avions grandi, l’innocence envolée.
Pourtant dans nos vies d’adultes,
Nous n’avons fait que revisiter
Tout ce que dans notre jeune âge,
Nous avions déjà joué.
Le travail, le mariage et aussi les bébés…
Les chagrins, les bonheurs,
L’amour et l’amitié…

Parfois cependant, dans nos songes,
Il nous arrive de retourner…
Dans notre lit de verdure,
Pour y dormir.
Dans notre champ de verdure,
Pour y courir.
Dans notre nid de verdure
Pour nous y blottir.

Mais en réalité, pas de retour possible,
Car notre coin d’enfance a disparu …
Dans un bruit de tonnerre,
Des bulldozers sont venus,
Casser le lit, détruire le nid,
Et mettre la terre à nu…
Et à la place de ce paradis perdu,
Une zone artisanale, ils ont construit dessus !

C’était un lit de verdure,
On pouvait y dormir.
C’était un champ de verdure,
On pouvait y courir.
C’était un nid de verdure,
On pouvait s’y blottir…

… Désormais il n’existe plus,
Que dans nos souvenirs !...

26 février 2011

Un rêve‏ (Berthoise)

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C'est un peu flou dans ma mémoire. Pourtant, j'ai encore rêvé de lui cette nuit. Nous marchions main dans la main dans la campagne.

Avions-nous déjà marché dans la ville  ? Non, c'était un amour de  grand air, de verdure, de longues promenades, un amour d'été, brûlant  dans le soleil.  On était sérieux, comme quand on est amoureux à vingt  ans, tout éblouis de tant de lumière. Je passais ma main dans ses  cheveux, comme pour vérifier la réalité de sa présence, je le mangeais  des yeux, je buvais ses paroles. Il avait une voix grave, très grave,  qui faisait frissonner mon âme. Il murmurait des choses très  importantes, des choses dont on se nourrit longtemps encore, après les  avoir entendues. Nous avancions sur le chemin. S'il savait où nous  allions, moi, je n'en savais rien. Les rayons du soleil chauffaient mes  épaules. Les grillons faisaient bruire le gazon rasé par la saison. Nous  avons passé la porte pour arriver dans les vignes. Le soleil à la  verticale écrasait nos ombres. C'est là, dans la lumière crue de midi  que nous avons fait un serment. C'est un peu ridicule un serment d'amour  à vingt ans quand on ignore tout de l'amour. Mais nous n'avions pas le  sens du ridicule, pour voir le dérisoire de nos promesses.

Après tout ce temps, avons-nous failli à nos paroles ? Lui, peut-être mais pas moi, je rêve encore de lui.

 

26 février 2011

Franchir le portail (Sol-eille)

61995756_p_1_Je me décide à passer de l’autre côté de ce portail.

Jusque-là je n’avais pas réussi à le franchir à nouveau. Un jour mon père m’a dit : « Si tu passes cette porte, si tu franchis ce portail, ce n’est pas la peine de revenir ! » Quel con ! Il n’avait rien compris, quel besoin avait-il de défier un jeune de 17 ans ! C’est tout à ces pensées que je franchissais le portail… phrase milles fois répétée… C’est sûr qu’à l’époque j’étais un petit con, je croyais tout savoir sur la vie, j’avais des idées à moi bien définies… mais je n’avais que 17 ans et qu’est-ce que je t’aimais Papa… déjà quelque mois plus tôt tu m’avais demandé de choisir entre toi et maman. Ma petite maman chérie… ça lui a retourné le cœur que je te choisisse malgré notre amour fusionnel, mais elle a compris que c’était pour maintenir un lien entre lui et moi. Tu as toujours si bien su nous faire culpabiliser.

Mais ce jour là Papa tu n’as pas été à la hauteur. Tu vois Papa, là, 25 ans après, je revois la scène, tu étais assis dans ton fauteuil du salon avec tes mots croisés devant la télé, près de la véranda et moi je suis arrivé en retard, c’est vrai. C’était une broutille Papa. Je te vois encore te lever excédé, l’atmosphère est soudain est devenue orageuse. J’ai vu les yeux de ta compagne s’emplir de larmes et les tiens rester de marbre, fier comme un coq, sûr de toi. Tes mots ont fusé comme sorti de ta carabine de chasse, des mots intolérables… j’entends encore : «… comme ta mère ! » puis « Si tu passes cette porte, si tu franchis ce portail, ce n’est pas la peine de revenir ! ». A ce moment-là tu n’avais qu’une seule envie : m’humilier. Qu’un seul désir : me rabaisser Papa. Et puis maintenant, je crois aussi que tu enviais ma jeunesse et mes 17 ans que tu n’avais plus et ta vie devenue monotone. Quel gâchis Papa.

Alors je suis parti Papa, tu n’as pas cherché à me rattraper. La porte d’entrée a claqué dans le silence de la soirée qui s’avançait. Je me disais, s’il ouvre la porte avant que je ne franchisse le portail, alors j’accepte de rentrer, sinon Adieu Papa. Je rêvais naïvement parce que tu ne l’a pas fait. Alors je suis parti avec mon vélo. Heureusement c’était l’été. J’ai dormi à la belle étoile chez Papy, près de l’étang, en catimini, que personne ne m’entende, que personne ne me voit… une des plus belles nuits de ma vie, mais aussi une des plus tristes… je venais de devenir un homme grâce à toi mais aussi de perdre mes frocs d’innocence.

J’ai l’impression que rien n’a changé dans le jardin et que tout a changé en même temps. Tout est devenu plus petit, et puis il n’y a plus mon panier de basket non plus. Qu’est ce qui va se passer maintenant Papa ? Est-ce qu’on peut renouer le fil après 25 ans ? Quel homme es-tu devenu ? Quel grand-père vas-tu être ? Seras-tu fier de l’homme que je suis devenu ?

J’en suis là quand j’appuie sur la sonnette de la porte d’entrée, tout en me disant que tu ne le sais pas Papa mais face à toi je n’ai toujours que 17 ans.

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