Défi #192
"Aigus, graves ou circonflexes"
parlez-nous des ACCENTS !
(d'après un poème d'Andrée CHEDID : Eloge de l'Accent)
Nous attendons vos réponses accentuées
à
A tout bientôt !
"Aigus, graves ou circonflexes"
parlez-nous des ACCENTS !
(d'après un poème d'Andrée CHEDID : Eloge de l'Accent)
Nous attendons vos réponses accentuées
à
A tout bientôt !
Je vous ai tout de suite dit que ce livre ne vaut pas la peine qu’on se dispute.
Le spécialiste des questions concernant l’atteinte à l’ordre moral : »ce livre regorge de messages immoraux et vulgaires’. »
Vous voyez des procès d’intention partout !
Ne voyez vous pas que ce livre est truffé de problèmes
C’est alors moi l’écrivaine comme si par une nuit sombre et neigeuse j’avais pénétré dans un cul-de-sac. ?
Et que je m’étais cogné la tête contre un mur.
Quel roman d’amour réussi connaissez-vous sans que le héros ne se console en buvant un petit coup dis je en sortant de mes gonds.
He bien Madame votre livre sera édité si votre héros boit un café un verre de lait ou un jus d’orange !!
Votre livre doit traiter de la délicatesse de l’âme humaine, pas de ces turpitudes.
Le mot vin dis je en avalant ma salive a été inventé il y a des siècles et je ne comprends pas que mon personnage ne puisse pas boire un verre de vin.
Dans votre livre quand vous écrivez « brulante amertume’ le croire que votre héroïne boit de la vodka achetée au marché noir !!
Et tous ces jurons vous aimez ça !!!
Extrait du livre remanié :
Je bois pour oublier (phrase raturée et remaniée) vu le passé des personnages mis sous écoute ils vont organiser leur rencontre et leur vie de telle sorte qu’elles seront indécodables pour le spécialiste à l’atteinte à l’ordre moral !!
Mais je doute que mon livre passe l’épreuve de la censure ils iront toujours planter leur regard accusateur sur moi et dire que j’incite la jeunesse à la délinquance
Vous encouragez vos lecteurs à rayer des voitures de gens innocents !!J’entends encore leur voix
Je vous conseille de travailler soigneusement votre roman non seulement sur ces petits détails, mais aussi sur ces défauts majeurs ;
Je m’éloigne les yeux pleins de larmes.oui je suis une idiote assez idiote pour écrire des romans d’amour et de fureur. Mais j’aime cette idiotie !!
Pour un art poétique (Adrienne joue avec Queneau)
Prenez un livre prenez-en deux
Faites-les revenir sur le feu
Prenez un petit bout de fumée
Puis un morceau de conte de fées
Faites chauffer un petit peu
Au petit jeu typographique
Versez la sauce magique
Saupoudrez de poésie française
Et dégustez tout à votre aise
Prenez le temps de lire
De lire
Vraiment ? De lire ?
D’où elle était Loona ne parvenait pas encore à déchiffrer totalement ce qu’il y avait d’écrit sur la première page du livre. Elle n’en distinguait que des bribes, au fil des pages qui se tournaient et retournaient, comme agitées par un souffle invisible : « Le… Fa… Mo… Magi… »
Pourtant, ce déchiffrage partiel la remplit d’allégresse. Elle l’avait enfin retrouvé, le fameux grimoire que la Société recherchait depuis des années. La bible des magiciens ! Les écrits du Maître, disparus avec lui lors du grand chaos.
Malgré les interdictions et les poursuites, les magiciens n’avaient jamais renoncé à exercer leur talent. Ils s’étaient contentés de disparaître, de rentrer dans la clandestinité, exerçant leur art en cachette et le transmettant à quelques rares initiés afin qu’il perdure, dans l’attente de jours meilleurs. Le roi Fredj avait dissout leur Société mais une autre, souterraine s’était peu à peu constituée, prête à rejaillir, à tout instant. Il ne manquait plus que le Livre !
Celui-ci flottait doucement dans les airs, émergeant à grand peine de l’Invisible dans lequel le Maître l’avait dissimulé, il y a si longtemps. La voix basse et rauque de Loona tremblait, hésitante. Elle butait sur la longue et difficile formules ancestrale que les Vigilantes se transmettaient de mère en fille. Mais au fur et à mesure qu’elle la prononçait la voix de la jeune fille se raffermissait. Les Vigilantes avaient été choisies par le Maître et chargées de ramener le Livre quand elles jugeraient le temps venu. Et le temps était venu !
Avec la mise au ban des magiciens, l’assistance médicale et l’éducation que ceux-ci prodiguaient gratuitement aux plus démunis s’étaient raréfiées pour peu à peu s’éteindre. Au début, pourchassés, ils devaient se cacher et de moins en moins de gens avaient su où les trouver et osé leur demander de l’aide. Puis, le temps passant, leurs anciennes pratiques étaient passées au rang de légendes que l’on racontait aux enfants le soir avant qu’ils s’endorment.
Mais, après un long temps de soumission à l’ordre établi par Fredj, le despote, puis par ses successeurs, tous aussi terrifiants, ici et là, des individus commençaient à se révolter et se soulever.
Avec le Livre et tout le savoir qu’il contenait, les Magiciens pourraient reprendre leur noble tâche et aider le peuple à sortir des temps obscurs. Loona ne devait pas faillir à sa tâche.
Dès les derniers mots de la formules prononcés, le vieux grimoire vint gentiment se poser entre les mains de Loona et celle-ci put enfin lire de ses propres yeux le titre qu’elle avait entendu prononcer maintes et maintes fois par ses mères, dans le plus grand secret de leurs réunions : « Le Fabuleux Monde Magique ».
Les initiales « LFMM », gravées sur des pierres, dans des cryptes, comme un symbole de leur grandeur passée et de leur future renaissance, fleurissaient depuis quelques temps comme un slogan sur les murs, tracées hâtivement par des insoumis de plus en plus nombreux, pourchassés par un régime usé qui ne tiendrait plus très longtemps.
Celui ou celle qui brandirait le Livre et prononcerait les bonnes paroles soulèverait le peuple en lui apportant l’espérance de jours meilleurs et d’une liberté retrouvée.
Loona savait que ce serait une lutte longue, difficile et dangereuse mais elle ne doutait pas que, tous ensemble, ils y parviendraient.
Ça sonne à la porte ! Qui est-ce qui m'interrompt dans mon profond sommeil ?
Je ne sais pas l'heure, ni le jour, ni la saison, je dois retrouver mes esprits.
Ça sonne à nouveau, je suis dans un état trop vaseux pour réaliser ce qui m’arrive. Mais que m'arrive-t-il ainsi vautrer sur la table de ma cuisine, avec la gueule de bois ?
Ainsi, à travers mes yeux globuleux, je découvre un livre ouvert, je le vois double, triple, posé pêle-mêle sur un fond rouge velours.
Ça sonne encore à la porte, et ça sonne dans ma tête trouble… Diantre !
Comment ai-je pu débarquer ainsi dans ma cuisine. Je perçois sur les pages des lettres tellement grandes, que je suis incapable de prédire le moindre mot… à part le mot magic… enfin quoi de magique dans ce contexte !
Ça sonne toujours, et il me semble entendre sonner une note de musique, le Fa… entendre ou lire? Je ne peux même pas le formuler.
Dois-je me lever pour aller répondre? Je me fatigue d’y penser et tente de replonger dans mon sommeil pour oublier.
Ça sonne encore et encore ! Quel monde nous vivons.
Je retrouve subitement un semblant de lucidité dans mon délire: je réalise que c’est vendredi et ce soir j’invite pour la première fois ma nouvelle amie.
Ça sonne continuellement, donc ma promise est déjà là ! J’ai honte...
Posé sur la nappe froncée, je réalise que c’est mon livre de recette qui est ouvert pour préparer notre repas en tête-à-tête.
Oh! Si au moins je n’aurais pas abusé en dégustant les différents vins, afin de choisir le meilleur des crus pour offrir ce soir…
Le livre des secrets
Je l’ai ouvert il y a quelques temps dans mon grenier et j’ai appris beaucoup de choses…
Comment trouver la vie belle lorsque rien ne vous sourit, et comment ne pas se sentir seule (seul) lorsque personne ne vient vous voir…Ce n’est pas la méthode « Coué » c’est un travail sur soi à faire. Chaque fois que nous sommes en train de glisser vers le gouffre de la déprime…En fait il ne faut jamais s’approcher du bord, il se peut que certaines périodes soient propices à cela, mais il faut se dire de suite « non tu ne m’auras pas, je ne m’approcherai pas de ton bord » pour cela prendre de suite un chemin à l’opposé du précipice.
C’est là qu’il faut sortir, aller voir quelqu’un sous n’importe quel prétexte, quitte à lui dire :
-« Je peux passer boire un petit café, je t’ai cueilli des fleurs » (ou acheté selon la saison) qui refuserait sa porte ?? Personne ne refuse ce genre de proposition (sauf courses urgentes à faire).
Ou bien encore aller dans un coin rempli de monde, essayer une bibliothèque, une librairie, un endroit où il est possible de parler pour se renseigner, et puis en mettant le nez dans un livre cela chasse les humeurs mauvaises et donne envie de suite de découvrir l’écrivain et sa bibliographie parfois aussi les belles photos qui parsèment les écrits…
Ce qui fonctionne aussi dit le livre, c’est aller s’acheter de suite quelque chose de bon à manger, soit pour cuisiner ce qui va vous occuper un bon moment, pour ensuite courir téléphoner à une amie en lui disant :
-« j’ai fait une nouvelle recette, tu ne voudrais pas venir y goûter, tu verrais comme cela sent bon ! Allez viens je t’attends ! » Qui refuse une telle invitation ? (celui qui est déjà pris ! sinon)
Aller dans la nature dit le livre nous redonne envie de vivre, même seule, être en osmose avec elle.
Une autre recette dès que rien ne va, si par hasard on se trouve moche !! Alors là méthode magasin de beauté, un achat de blush façon abricot qui donne bonne mine, discussion sur le maquillage avec la vendeuse, qui souvent ne refuse pas de vous montrer, ou de vous glisser un petit RDV qui va vous rendre toute jolie, enfin quelqu’un va vous prendre en mains et s’occuper de vous, se laisser faire ! Sinon acheter pour pas trop cher quelques couleurs à essayer, mais le mieux est de demander des échantillons.
Il y a encore d’après le livre plein d’astuces pour ne JAMAIS approcher de ce gouffre ..
Découdre une robe qui ne vous plait plus et la refaire au goût du jour, ajouter de la dentelle, ôter les manches, refaire la ceinture, mettre un galon assorti à la petite veste restée depuis 2 ans au fond du placard… bref s’occuper les mains occupe la tête !
Evidemment pour celui qui est créatif, peintre, musicien, pâtissier, couturier, poète, écrivain et j’en passe…celui-là sait comment s’éloigner de cet abîme dans lequel on plonge sans pouvoir saisir quoi que ce soit sur les parois, alors il ne veut pas y entrer.
Ne surtout pas prendre de substitutif genre alcool, drogue quelconque, médicaments, car là c’est l’engrenage infernal !!
Je tourne les pages je vois de belles images tendres, des vues sur la nature à couper le souffle, des fleurs, toutes les citations et recommandations sont assorties d’images bien choisies.
Je suis très détendue, j’ai du bonheur en lisant ce livre des secrets, je veux le prêter à tout le monde
Je sais ! Je vais en envoyer des extraits à mes amies ( amis) défiants, on ne sait jamais si l’un d’entre eux à le moral à zéro « le bourdon » il va me téléphoner pour me faire sa nouvelles recette…et j’irai bien entendu mes bras chargés de fleurs, puis je mettrai dans mon sac ces fameuses gaufres de la foire de Nancy si fines , si uniques , si belles comme de la dentelle, et nous mangerons ces croquantes de merveille toutes deux assis en nous disant : « que la vie est belle tout de même » !
J’allais fermer le livre lorsque je vois le nom de l’auteur qui ne figurait pas sur la couverture, elle se nomme « Laetitia Lumière » incroyable !! Laetitia en latin c’est la joie, son nom est joie et lumière.
A la fin en dernière page dernière recommandation !
Un bon chocolat le soir avant d’aller au lit ! Et, là je suis surprise car c’est exactement ce que je fais
Je ris en lisant ces lignes et je pars me faire mon chocolat !
C’est en démontant la vieille armoire,
Qu’on a trouvé l’antique grimoire.
On aurait mieux fait d’la fiche au feu,
Et de ne jamais ouvrir cet ouvrage poussiéreux.
Ma mère a voulu essayer illico,
Une recette à base de bave de crapaud,
Pour une belle jeunesse éternelle.
Elle pépie, maintenant, comme une hirondelle.
Mon père a trouvé dans le bouquin,
Un truc avec des crottes de bouquetin,
Pour se faire des boules en or.
Il pleure toujours, à présent, comme un alligator.
Mon frère a dégotté dans le sommaire,
Un bidule avec des poils de dromadaire,
Pour avoir les muscles de Schwarzenegger.
Avec ses plumes, depuis, il ressemble à un Eider.
Ma sœur a lu surtout cette page,
Avec la mixture d’œil de chat sauvage,
Pour trouver un beau prince charmant.
Elle rampe, à présent, tout comme un long serpent.
Moi, j’ai bien lu toutes ces âneries,
Et j’avoue que j’ai ri à en faire pipi,
Je préfère écrire moi-même, mes fadaises,
Sans magie, sorcelleries ni autres fumeuses foutaises !
J’ai l’impression que ma mémoire
Est une espèce de grimoire
Plein de signes cabalistiques,
De gribouillis ésotériques,
De schémas un brin érotiques
Et de quelques touches comiques
(Cosmique le comique,
Impudique l’érotique,
Magique l’ésotérique,
Hébraïque le cabalistique).
Je ne vois guère dans ce fouillis
De quoi me guider aujourd’hui :
Des bouts de passé illisibles
Devenus, à force, risibles
M’inspirant ce constat amer :
Ma mémoire est un vrai Gruyère...
Il est des mots qui blessent comme un coup de poignard
Des mots sortis tout droit d'un immense trou noir
Affutés de rancunes et de désespoirs
Qui jaillissent soudain au gré de nos humeurs
Comme des pantins avides de nos peurs.
Il est des mots qui chantent comme on berce un enfant
Des mots vibrant d'amour qui s'élancent en dansant
Ciselés d'innocence et de joie
Qui tissent dans nos mains la toile du bonheur
Comme un magicien penché sur notre coeur.
Il est des vents violents, tourmentés et contraires
Témoins de nos misères
Qui secouent par moment nos êtres éphémères .
Il est des souffles purs, voluptueux et sincères
Messagers de lumières
Qui nous portent au de là de nos simples misères.
Il est au beau milieu celui qui sait se taire
Cette part de nous même qui croit que le mystère
Est plus grand que le verbe et plus fort que le temps.
Et que d'intenses joies naissent des contraires
Comme une roue sans fin, indicible prière.
Nous aurons des mots audacieux,
Le coeur humble et l'armure lourde
Pour chasser le démon du dogme
Et les discours de haine lente.
Alchimistes du verbe
Et des hymnes d'amour,
Dans l'antre des sorciers
Nous prendrons le meilleur.
La femme aux cheveux noirs
Montrera le chemin de la fête des mots
Et nous célébrerons le verbe magicien
A chaque anniversaire de soleil et de pluie
Le regard en nous-mêmes,
La douce liberté,
Les merveilles du monde
Seront notre fortune.
Nous aurons des mots fiers
Et des vies de lucioles
Et rien n'empêchera
Le grimoire achevé de notre vie tracée,
Posé à tout jamais dans la bibliothèque
Sur une étagère poussiéreuse,
De faire entendre à l'avenir
Notre aventure musicale.
Il monte les marches qui le séparent de la tribune. La rumeur, en bas, s’amplifie, le monde est comme enrubanné d’une douce folie. La joie enfle, libérant enfin l’égrégore si longtemps contenu, de toutes ces volontés individuelles qui l’ont porté, transporté, amené peu à peu à ce jour tant attendu. Le jour de sa victoire. Un immense soupir de soulagement s’exhale de sa poitrine.
Il sait pourtant que ce ne sera pas une sinécure, la réalisation de ce rêve. Il sait qu’il lui faudra compter avec la circonspection de toute une frange révoltée ou désabusée de ceux qui ont pourtant contribué à son triomphe. Il sait aussi que ses ennemis ne connaîtront aucune trêve. Il s’apprête à devenir seul, terriblement seul, bien que constamment entouré. Le paradoxe de la fonction.
Il apparaît aux yeux de la foule en liesse, et jette un coup d’œil furtif à la feuille de papier, qu’il tient dans ses mains. La stupeur lui porte comme un coup de poing au cœur. Quel est ce sortilège ? Un effet du surmenage des dernières semaines ? la feuille est vierge ! Plus aucune trace du discours qu’il a soigneusement préparé, dans la secrète espérance de ne pas être obligé de le jeter au feu le moment venu…
Et voilà que ses phrases toutes prêtes, soigneusement orchestrées par son conseiller en communication, elles aussi, s’effacent une à une de sa mémoire. Voilà que devant le peuple qui l’a choisi, il se retrouve nu comme un enfant au premier matin du monde. Un instant, le vertige le saisit.
Puis il surmonte le tremblement qui parcourt ses membres, et, laissant tomber, comme feuille au vent, ce papier où son texte prêt-à-lire a été tracé à l’encre sympathique par une facétie du destin, il entrouvre les bras dans un geste magnanime et protecteur. Contre toute attente, il se sent envahi d’un étrange calme. Le peuple l’écoute.
Privé de ses notes, il doit absolument dire quelque chose. Alors, une petite voix se fait entendre tout au fond de lui, avec des mots vrais, loin des compromissions, des manigances politiciennes. Il va la chercher, cette petite voix. Il se met à parler. Il parle de sa joie, de son émotion, de son espoir, il parle d’humanité, de progrès social, d’entraide, de solidarité de créativité, d’échange mutuel.
Il se sent énergie, dynamisme, optimisme. Il va les soulever, ces montagnes.
Il parle de culture, de différences, de chaleur, d’enthousiasme, de couleurs, de partage. Sa voix vibre. Comme jamais.
Il parle de Liberté, d’Egalité, de Fraternité. Pour la première fois, il mesure l’émouvante dimension de ces mots, gravés en lui à jamais par l’écrasante grandeur de sa fonction, et un désir de ne pas décevoir tous ces gens venus l’acclamer. Il se jure de n’être pas comme les autres avant lui, de ne pas céder à la facilité, aux menaces des puissants. Et après la fantastique ovation que déclenchent ses paroles, comme une tempête balayant les incertitudes, il entend les mots tant attendus, tant redoutés aussi.
« Bonne chance, Monsieur le Président ».
Les gens d'ici vous le diront pas
Que c'est chose que l'on garde, à taire
La paupière alourdie de mystère
l'instant d'après, vous planteront là
Faut juste savoir comment ça vient
Qu'il y a qu'à être disposé pour
Comm' qui dirait un peu comm' l'amour
Suffit pour ça d'y mettre du sien
Mort ou vivant, c'est pas la question
Que ça c'est bien des trucs de la ville !
Qui n'a jamais tendu la sébile
peut pas distinguer le bien du bon
Magie se touche du bout du rêve
Que s'en est difficile à savoir
qui rêve l'autre dans le grimoire
d'où nous lisons sur les genoux d'Ève
Léi deds
Fu del
Mia
Magio
« - Les quoi ?!
« - Léi deds fu del mia, magio... » Je répète.
Lo me dévisageait avec des yeux qui ne seraient jamais ronds comme des billes (et c'est tant mieux !), mais dont les paupières inclinées vers la tempe concentraient le regard qui me sondait maintenant avec intensité. Et puis, un nuage passa sur sa rétine (une mouche dans son champ de vision ?), comme souvent avec Lo, il fut déjà temps de passer à autre chose.
« - Alors, toi ! Je te laisse cinq minutes dans ma cambrousse et tu te fais promener par le premier cul-terreux qui croise ton chemin. Bravo, monsieur même-pas-peur-d’aller-me-promener-en-pleine-cambrousse-alors-que-pour-moi-une-pelouse-de-parc-est-un-champ-remembré !
« - Oui bon… mais tu ne sais pas ce que ça veut dire, alors, ce… truc en patois ?
« - Patois ? ben, c’est pas du patelin de chez nous; ça, je peux te l’assurer. Allez, viens ! J’ai des tas d’affaires à remballer dans le garage. Tu veux bien ? »
Les paupières inclinées vers la tempe, c’est fait pour ce genre de requête.
Plus tard, dans le silence crépitant d’une fin de partie de scrabble disputée près de la cheminée du salon, je m’aperçus que le borborygme, local ou non, avait élu domicile dans un recoin sensiblement actif de mon cerveau. De là, il me gênait. M’encombrait. M’embrouillait les anagrammes, et zut ! encore un triple qui me passait sous le nez. Je perdis (j’allais devoir me fendre d’un massage attentionné, c’était l’enjeu). Lo exultait avec retenue. Ça peut aussi avoir son utilité pour ce faire, son genre de paupières.
« Tu veux pas ranger le scrabble pendant que je vais nous faire une tisane ? clarinetta-t-elle, et après, fffuit ! au lit monsieur-mon-masseur-particulier. » J’acquiesçai, un rien distrait. Elle s’en inquiéta un peu, mis ça sur le compte de ma défaite et partit vers la cuisine.
Au lieu de ranger les lettres dans le sachet, je me mis à recomposer devant moi la transcription de l’étrange injonction, telle que je me la figurais possible. Je ne tardai pas à sentir se mobiliser en moi toutes
les ressources qui m’eussent été bien utiles naguère. Je sentais venir quelque chose. Quelque chose qui aurait une cohérence. Bientôt !
« Comment tu m’as dit que se nommait l’endroit où je suis allé promener, chou ? » demandais-je à la Reine de la Soirée qui reparut prendre une cigarette méritoire.
« Le Val Russe, pourquoi ? »
J’allais dire « pour rien », quand une autre question me vint à l’esprit :
« - Et le gars, là, qui m’a vendu ce gros bouquin ? C’est quoi son nom déjà ?
« - Eustache. Tu sais, je t’ai dit comment, chaque fois qu’il met des nœuds pap’…
« - I’ s’tache… oui, oui… »
Je l’avais sur le bout de la langue. C’était là devant moi, c’était sûr.
Lo était repartie dans la cuisine, en me disant de me « magner de ranger le scrabble, quand même; on n’a pas que ça à faire, ce soir; ne l’oublie pas ».
Puis, je ne sais pour quelle raison (mais avec Lo, ’faut pas trop en chercher), elle me demanda depuis la cuisine ;
« Chéri, on est quel jour demain ? »
Je lui répondis dans un cri de victoire : « samedi !!! ».
Pour ce nouveau défi une photo vous est proposée !
Laissez-vous inspirer ....
Nous attendons vos réponses à :
A tout bientôt !
Venise ; Lorraine ; Lise ; Anémone ; EVP ;
Vegas sur sarthe ; Zigmund ; Joye ; MAP ;
Mamido ; Sebarjo ; Adrienne ; titisoorts ;
Joe Krapov ; Célestine ;
SI j’étais motivée pour faire quelque chose, je commencerais par ne rien faire.
Si j’étais devant un hibou qui refuse de s’envoler, je crois que j’aurai des idées mal placées.
Si j’avais trouvé un jour mon prof d’anglais séduisant, pour sûr je lui aurais donné rendez-vous à Trafalgar Square.
SI j’avais pu garder au moins deux amies dans ma vie, je pourrais continuer à faire de la corde à sauter.
Si j’avais eu une batte de base-ball à portée de main au moment de l’accident le constat à l’amiable ne se serait pas imposé d’emblée !!
Si ma grande mère s’échappe de la maison de retraite, je suis sure de la retrouver devant ma porte où elle me dirait pourquoi as-tu mis si longtemps.
Si j’avais une opinion à défendre avec passion, je choisirais un combat auquel je suis parfaitement indifférente.
Si je devais jouer avec un enfant à un jeu de société toute la journée je choisirais l’option « passer sous les chutes du Niagara dans un tonneau. »