Ont bouclé la boucle
Laura ; joye ; Keizono ; Kate ; Joe Krapov ;
Walrus ; Clio101 ; Lecrilibriste ; Cavalier ;
TOKYO ; Emma ; petitmoulin ;
ou, en ce moment, à San Diego (joye)
Sinuosités et avanies de la langue française (Joe Krapov)
- Ah, Pomponette ! Pomponette ! Quel fleuve impétueux t’a encore emportée ? Quels méandres as-tu suivis cette fois ? Pour qui enfin ce nouveau safari ? Pour un fourbe amoureux de tes courbes ? Pour un argousin qu’allumèrent ta jupe de satin, tes voiles de mousseline, le parfum de santal et de musc échappé de ta nuque ? Pour un amiral de bateau-lavoir ? Pour un général Alcazar qui t’offrit une limonade en échange de tes œillades ? Par quel truchement les séduis-tu donc tous ?
Sur quel brick as-tu embarqué encore ? Pour quel voyage sinueux, quelles arabesques ? As-tu suivi un nouveau barde à gandoura et à guitare ? As-tu kiffé un fou d’algèbre, un azimuté de l’alchimie littérale, un poète ? Comment décroche-t-on la timbale ? En te parlant d’Aldébaran ? En te promettant un concert de luth au zénith ? En te faisant boire un élixir d’amour chez ce gilet jaune d’Adonis Zetti ?
Pomponette ! Coeur d’artichaut ! Plus je te laisse libre de mener ta vie de patachon et plus tu m’assassines ! Chaque lascar de hasard de plus à ton tableau de chasse cause une sale avarie au vaisseau de mon coeur. Albatros englué dans le mazout de tes frasques, je porte le fardeau de tes noubas cruelles – un quintal de salicornes ! - et reste là prostré en fabriquant mon pain. A toi la baraka, à moi le four qui crame. Calfeutré dans mon appentis, je rame, je calfate les brèches de notre pauvre felouque éventrée par les récifs. Même l’alcool des alambics ne pourrait rien contre le cafard de mes échecs et mat. Les cases de mon échiquier sont plus noires qu’un caoua ch’ti et j’ai roqué côté cimetière ! Je ne suis pas un zéro mais presque. Peut-être un pauvre maboul ? La vie n’est pas coton, l’amour m’est charabia mais le fait est que je t’aime comme on aime le parfum des lilas, le souk des fêtes foraines ou l’eau dans la carafe.
Tes frasques sont-elles seulement sexuelles ? Es-tu maraboutée ? Serait-ce chez toi un besoin de niquer sur un divan, un tabouret, un sofa, un matelas différents ? Qu’est-ce qu’il a qui ne te plaît plus, notre vieux lit à baldaquin ?
Pourquoi vas-tu fanfaronner à toutes les douanes devant ces imbéciles de gabelous ? Qu’ont-ils de plus en magasin, comme camelote, ces zouaves de rencontre et ces clébards des rues, ces caïds de banlieue, ces cadors du Carrefour ?
- Ma langue aime se frotter à celle des étrangers. J’en ramène de saveurs subtiles et des mots incongrus dont on ne soupçonnait pas qu’ils pussent aussi bien s’acclimater chez nous. Je n’aime des dictionnaires que cette image délicieuse qui suggère que l’on s’aime à tous vents. Mais j’aime plus que tout ton pain, ô boulanger, tes bras puissants, ta force et ta fragilité et ta compréhension. J’adore ta solidité de baobab, ton absence de mesquinerie et surtout ton moka au café, ton fondant à l’orange, ton halva, ta moussaka et tes tajines. J’aime quand tu donnes ton aval à mon dérèglement de tous les sens. Et c’est pour toi et pour cela que, toujours, je reviens. Allons, éteins cette bougie, cesse le décompte arithmétique de mes fugues, mets tes tracas dans ton barda. Retirons-nous dans notre alcôve, mène-moi dans l’azur des sept ciels, mets en route la noria de tes baisers et je ferai de toi mon nabab, mon cheik, mon sultan. Dans le silence de la nuit je serai ton harem. Je te ferai entendre le barouf que peuvent faire toutes les femmes du monde, tout le ramdam de la passion va battre sur ta peau de tambour. Mes massages te rendront fou, tu vas en voir de toutes les couleurs, du chamarré, des camaïeux et du carmin. Je vais t’emporter loin comme fait le Sirocco, je serai ton alezan, tu ne reconnaîtras plus ton zob ni tes glaouis après ma razzia sur ton saroual et ta vertu ! Je vais t’offrir la position du goudron et des plumes, te faire la guitoune acrobate, le minaret cramoisi, le coup de la girafe, le derviche retourneur, le muezzin tarabusté, le bardot à deux dos façon madrague, le sacre du printemps arabe, l’aubergine farsie, la babouche que veux-tu, la cueillette de l’abricot en Basse-Provence par la smala d’Abd-El-Kader, le « Mets ta sourate dans ma savate », le « Comme une crêpe de sarrasin », la grenouille sur le nénuphar, la matraque du mamelouk, la gabardine damasquinée, le baroud d’honneur de San-Antonio, on jouera à la lime en macramé, à massicote-merguez, à « Un chouïa wali-walou », à « Abats tes brêles et mate mon vizir ! », à l’amalgame pentathlonique, à l’enlèvement au sérail, à « Mets du talc sur mes fez » et, en clou du spectacle, je te ferai la planche du fakir !
- Tais-toi, Pomponette, ma gazelle ! Il n’est plus l’heure de parler. Fin des salamalecs, montons dans notre chambre !
***
- Ah, Pomponette ! Quel inti-fada, ce Pagnol !
- En fait, c’est de Giono, ce pitch, boulanger !
J'suis pas un peu dans la mélasse (Walrus)
Parfois, je joue immédiatement pour qu'on ne puisse me suspecter de m'inspirer des écrits de mes petit·e·s camarades.
Pour cette fois cependant, je pensais baser mon truc sur une liste de mots liés aux méandres : synonymes ou approchant.
Pour m'éviter des recherches pénibles dans une mémoire de plus en plus évanescente, j'ai décidé de laisser venir quelques participations espérant y trouver une liste conséquente de termes de cet acabit.
Bien essayé ! En épluchant soigneusement les cinq reçues à ce jour, j'ai dégoté sinuosités, arabesque et boucle, merci les copains ! (Je vous ai épargné mes essais de transcription de ce dernier mot en écriture inclusive, faites-le vous-même si la chose vous botte).
Donc, j'ai creusé (pas trop profond, à mon âge on a le dos délicat...)
J'ai trouvé virage, slalom, courbe, esse, lacets, circonvolution, circonlocution, détour, flexuosité, zigzag, contournement, déviation, dérivation, valse hésitation, volute,
Bon, ben, ça va, on va se contenter de ceux-là, d'autant que je ne peux pas compter sur l'aide de mon épouse dans cette recherche : ce genre de vocabulaire lui est tout-à-fait étranger, vous allez comprendre pourquoi : c'est ici.
Le méandre de la Queuille (Lecrilibriste)
Tout le long, du long méandre
Léandre doucement se laisse surprendre
Par cet itinéraire curieux que la Sioule a choisi
Pour entourer d’halo un visage de terre
Car il lui a plu d’en agir ainsi
D’en sertir le tour pendant des ères
Pour dessiner ce méandre de Queuille
Elle a caressé les lignes, gommé les aspérités
Travaillé symétrie et curiosité
Comme un peintre peindrait sur une feuille
Cette fille rebelle D’Océan
n’aime ni les remous, ni les courants
elle musarde et lézarde gentiment
Faisant l’école buissonnière
Ou bien l’école des Beaux Arts
Que la nature lui a offerte
Pour créer quelques œuvres d’art
Avant d’aller se noyer chez son père
De subir ses marées et ses tempêtes
Ses navires et ses eaux gris vert
Oubliant la turquoise de ses eaux
A jamais
Charmé, Léandre fera le tour
De ce méandre à pied
Juste le temps de se détendre et d’entendre
La vibration de la rivière qui glisse
Comme une respiration lisse
Et la chanson douce de l’eau
Qui clapote contre la berge
En lui soufflant quelques rimes
Dans les méandres de ses souvenirs
d’un Léandre de Molière
d’un Scapin et ses Fourberies
que par cœur, il avait appris
Et pour scander le rythme
Il trouvera quelques galets
Pour voir s’il sait encore
faire quelques ricochets
qui atteindront l’autre côté
avant d’atteindre le gué
pour traverser
Lecrilibriste
À chaque mouton son pré (Cavalier)
Tandis que se lasse la Rivière
Quand Elle s’ emboucle et se déplie
Jusqu' aux esses des grands moulins
Tandis que le jour doucement prépare ta soirée
Et ne traîne plus comme un appât
Tandis que la Rivière se lasse
Sous le soleil faiblissant
L’ été se suspend par dessus les peupliers
En figurines de papier
Tandis que des profondeurs de l’onde
Des poissons alphabet
Bondissent sous tes yeux
Les maisons éclatées rendent une image
Plus rêche à ton oreille
Aux sons de mille cloches
Tandis que la forêt s’ assombrit
D’ une volonté d’ombrelles en sommeil déjà :
À chaque écho son ruisseau
À chaque mouton son pré
À chaque collerette sa fleur
À chaque frondaison son arbre
Et toi … ma Douce
Assise sur mon panier de pêche
Tu lis ici
Encore un peu
…
Concerto (petitmoulin)
Concerto pour main
blessée
dans les méandres
de l'exil
Partition inachevée
compte les notes
et les possibles ciels
au cœur battant
Main de silence
ramasse un mot
qui ne dit rien
Derrière l'ombre
de la parole
perdue en mer
le jour a l'aile cassée
Entre les murs
de l'incertain
l'abri est rare
et le sommeil a des épines
dans les yeux
Concerto pour main
de solitude
dans les méandres
de l'exil
Concerto pour mains
tendues
à mains égales
Paysages de méandres (Laura)
Merci au défi du samedi
De m'emmener en Turquie,
Moi qui n'en connaît en vrai
Istanbul et d'autres coins par le récit
D'un presque fiancé turc
Et par mon mari: là où il
A travaillé dans ce pays.
A souffert du séisme récent.
Antioche fut chrétienne
Et les chrétiens orientaux souffrent.
Merci au défi du samedi
De me ramener à Besançon
Dont le "Le centre historique s'est développé à l'intérieur de ce méandre aujourd'hui appelé la Boucle du fait de sa forme géométrique[1]."
De me renvoyer au
Merci au défi du samedi
De me faire retourner
A Cahors
De revoir
Merci au défi du samedi
D'accompagner Courbet
Contente d'apprendre
[1] Jules César, dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, décrit ainsi le méandre de Besançon: « Le Doubs entoure presque la ville entière d'un cercle qu'on dirait tracé au compas; l'espace que la rivière laisse libre ne mesure pas plus de seize cents pieds... ». IN wIKIP2DIA
Princesse des méandres (Kate)
Princesse des méandres
Chère Cassandre,
Compliquée
Que tu as dessinée
S'enlise dans les méandres
De ta pensée
(Et notre relation
Par trop complexe
Me laisse perplexe
J'y perds la raison)
Au rendez-vous de Queuille
Je ne t'ai pas trouvée
À croire que tu veuilles
Me laisser désenchanté
Ou simplement me libérer
Après tout ce trajet
Parvenu à Château Rocher
Te dire que je quittais Nice
Disais adieu au tennis
Toi devenue ma seule priorité
Ton étrangeté alliée à ta beauté
Saisissant enfin la chance
D'abolir les distances
Te rejoignant
Ici définitivement
(Ma mère
M'a dit l'endroit
L'envers
C'est toi
Seul fils qui gères
Ton univers)
Merci chère Cassandre
Princesse des méandres
Tu as bien fait de me faire venir
Jusqu'à ce lieu plein d'avenir
Où la force du paysage
M'a interrogé au passage
Ses fleurs sauvages
L'air les vieilles pierres
Lézards ou vipères
M'ont rendu mes repères
J'ai rêvé
Médité
Écrit
Dormi
Esprit magiquement vidé
Corps soudain allégé
Direction Nice
Cap sur Sophia Antipolis
Mes étudiants en géographie
Tant d'autres paysages à l'esprit
Adieu Cassandre
Mon coeur moins tendre
N'est plus à prendre
De tes sinueux méandres
Il a réussi enfin à se déprendre
Et qu'ici notre histoire finisse
Ulysse
(Lagarde et Michard, XVIè siècle)
Défi 756 (Clio101)
Après plusieurs jours de marche forcée qu’il vente, qu’il pleuve ou sous un soleil brûlant, elles étaient enfin arrivées. Il ne leur restait plus qu'un pont à franchir et elles pourraient enfin prendre un peu de repos. Bérilde s’engagea sur les marches d’un pas décidé. Sa longue chevelure, emmêlée et sale, ses habits poussiéreux, ses bottes crottées, la poussaient en avant, anticipant avec délectation le moment où elle plongerait dans un bain chaud. Anira lui emboîta le pas sans enthousiasme. Tout lui était indifférent. Sans se préoccuper de son acolyte, elle s’accouda à la rambarde de l’ouvrage d’art, fixant, comme hypnotisée, les méandres du fleuve qui s’étirait paresseusement devant elle. Il voguait, indifférent aux vicissitudes des hommes. Anira ne pouvait s’empêcher de l'envier. Qu’il aurait été bon d'être comme lui, sans se soucier de ce qui pourrait advenir, sans s’interroger sur les possibles conséquences de ses actions. Depuis qu’elle avait découvert le pendentif au milieu de la déflagration, elle se sentait comme anesthésiée.
— Anira ! Tu viens ?
Anira releva la tête et croisa le regard de son interlocutrice mais ne bougea pas pour autant. Bérilde soupira et se rapprocha d'elle.
— Ecoute, on ne peut pas continuer ainsi. Tu n’aurais rien pu faire pour sauver Essaïra, ni même la faire changer d'avis. Te ronger de culpabilité ne te servira à rien, et certainement pas à honorer sa mémoire.
— J’étais sa meilleure amie ! Si elle m’avait parlé de son projet, si j’avais insisté pour le connaître, si j'avais forcé la porte de chez ses parents, j’aurai pu la convaincre. Il y avait un autre moyen, j’en suis sûre ! Une autre possibilité pour qu'Essaïra ne sacrifie pas sa vie ainsi. Elle venait juste de guérir de la mort de son frère, elle avait la vie devant elle, jamais ça n’aurait dû finir comme ça.
— Tu te trompes. Essaïra avait pris sa décision en toute connaissance de cause et ni toi, ni moi n’aurions pu la convaincre. Quand elle est venue dans mon bureau, j’ai bien essayé de la faire renoncer mais j’ai bien compris que ça ne servirait à rien. Maintenant, nous devons...
— Tu ne la voyais plus depuis des années. Moi, je la connaissais, je l’ai entourée, soutenue, j’aurais pu l’aider. Je m’en veux, mais je m’en veux. Je n’en peux plus.
Prise par une soudaine impulsion, Anira tourna les talons et redescendit du pont avant de s’éloigner à grandes enjambées. Elle allait atteindre la grande forêt des rêves bleus quand Bérilde lui saisit le bras et la força à lui faire face.
— Moi aussi je m’en veux. J’aurai voulu la stopper mais j’en ai été incapable et ça me ronge, tout autant que toi. Mais m’assaillir de culpabilité ne me fera pas avancer. Ses parents savent que tu es partie avec moi, au pire ils croiront que tu es ma complice, au mieux ils t’enfermeront dans une cage dorée pour te protéger. Je comprends que ça soit dur pour toi mais tu dois passer outre. Nous devons achever cette mission quoi qu’il nous en coûte. Alors, pleure si tu veux, pleure un bon coup, mais après soit forte. Essaïra restera vivante tant que nous resterons fidèles à sa mémoire.
Les vannes d’Anira s’ouvrirent. Elle pleura un long moment, criant à la face du monde sa colère. Quand ses larmes se tarirent, elle redressa les épaules et s’avança à nouveau vers le pont, sans adresser un regard à Bérilde.
— Je suis prête.
Elles traversèrent le pont silencieusement, espérant que le passage ne leur serait pas refusé.
Elles n’avaient pas fait un pas face aux murailles de pierres qu’un ordre sec leur aboya aux oreilles de reculer. Bérilde tenta de négocier, montra même une bourse contenant leurs maigres possessions mais rien n’y fit. Elle ne cessa pas de sourire puis rebroussa chemin, Anira sur ses talons.
Toutes deux passèrent le reste de la journée tapies derrière un arbre. Quand la nuit eut descendu son manteau sombre, elles reprirent la route, passant sur un escalier de pierre près de l’entrée du pont. Il descendait vers les berges, pour permettre aux pêcheurs d'atteindre le fleuve en contrebas.
Elles longèrent le cours d’eau jusqu’à se trouver au pied des murailles.
Anira émit un sifflement, impressionnée.
D’en bas, les murs écrasaient de leur masse quiconque osait s’aventurer trop près. Les pierres blanches et lisses, sans une aspérité, s’élevaient à une telle hauteur qu’il était difficile, même en arquant la tête jusqu’aux limites de ses capacités, d’en apercevoir les créneaux. Monter à la main semblait impossible, d’autant que des gardes devaient patrouiller, et rejetteraient impitoyablement tout opportun qui tenterait de monter.
Bérilde de son côté semblait trouver la situation tout à fait naturelle. A gestes mesurés, elle sortit de son sac une large corde comportant un grappin à son extrémité. Son regard se porta vers le haut, scannant la hauteur des murailles, s'empara du grappin et le fit tournoyer énergiquement pendant quelques minutes, avant de le lancer en l’air. Anira le suivit des yeux, persuadée qu’il retomberait au sol à la première occasion. Mais ce ne fut pas le cas.
Anira tourna ses yeux vers Bérilde. La jeune femme suivait l’ascension de la corde en remuant silencieusement les lèvres. Comme si elle lui obéissait, celle-ci continua à se dresser jusqu’à atteindre et entourer solidement un créneau.
Bérilde la regarda.
- Notre montée est assurée. Tu grimpes ?
Méandres (Keizono)
Je ne sais plus quel était ce chemin si long, si plane et si boueux.
Méandres (TOKYO)
Je voudrai écrire un livre qui vous maintienne dans un état d’innocence, qui vous procure une douce joie. Un livre sans méandre, un fleuve tranquille qui vous irrigue comme le Nil irrigue l’EGYPTE.
Un livre fleurs aux milles parfums d’une subtilité inouïe
Vous viendrez en kimono rouge votre regard ricochant sur la mer.
J’attendrai votre rire sonore éclater, alors je soulèverai mon chapeau le lancerai par-dessus le balcon.
Une large coulée de soleil dans votre dos annoncera la fin du jour.
Le livre ne sera pas comme tous les autres, un arbre aura pousse en son milieu et des milliers d’oiseaux jacassant se cacheront dans vos cheveux .
Le livre aura enfermé le printemps si longtemps que vous pourrez entendre craquer les bourgeons
Qui tenteront de se frayer un chemin jusqu’à votre oreille.
Dans les méandres de l'IA (Emma)
J'ai demandé à l'intelligence artificielle de traduire en image cette proposition :" Dans les méandres de mes pensées cheminent les rêves des anciens temps, ( dans le style de Brueghel) "
Et elle m'a pondu ceci
(d'autres jeux ici http://emmabarbouille.eklablog.com/fakes-a213811351)
Se sont fait estampiller
Louis M. fait sa réclame ! (Joe Krapov)
A l’heure du streaming et de la musique dématérialisée, c’est sans doute aucun une gageure de lancer un nouveau label sur le marché du disque. Nous prenons le pari que les mélomanes nous suivront dans notre projet conceptuel unique en son genre.
Nous avons en effet choisi de ne publier que des artistes qui se produisent en duo, en quatuor ou en orchestre de dix membres. Nous n’avons évidemment rien contre Barbara Stressante, Raphaël, Renaud, Hervé, Adèle, Angèle, Camille, Régine, Pomme, Poire ou Scoubidou ou contre les auteurs-compositeurs-interprètes, même si le temps du gorille moustachu qui vient se gratter le ventre en chantant des chansons dans des cabarets de la rive gauche où les Parisiens dînent est définitivement révolu.
Nous pensons surtout que la musique, c’est comme l’amour : à deux, c’est mieux ! Qui ne se souvient des jolies paires du passé, Sonny and Cher, Stone et Charden, Sheila et Ringo, Véronique Sanson et Dalida, Villeroy et Bosch, Roux et Combaluzier, Poirot et Serré ?
Pour les quatuors, la comparaison faite ci-dessus ne vaut pas. Il se trouve que les boys bands de quatre garçons ont toujours été dans le vent, que deux violons, un alto et un violoncelle produisent de la jolie musique et que la base du chant polyphonique repose sur la répartition des voix en quatre pupitres : sopranos, alti, ténors et basses.
L’époque des grands orchestres à la façon de Glenn Miller, Count Basie, Ray Ventura ou le Splendid étant elle aussi révolue, et en vue de réaliser des économies de salaires, nous avons choisi de limiter nos formations orchestrales à un effectif de dix membres.
Notre label démarre avec six groupes d’artistes mais nous sommes en pourparlers pour enregistrer bientôt les albums suivants de musiciens très prometteurs :
Siphon et Gare l’uncle – Concert au parc central
Le duo Rateau-Mitsouka – Mars à Bahia
Chantal Gréco et Juliette Goya – La Peinture à l’Hawaïle
Les Quatre lézards – A la queue leu leu
Les Stray Quatre – Rockabilly the kid
L’orchestre James Décameron – Mieux vaut avatar que jamais !
La Fanfare ONAD – Dix de der !
Les Dix gagas - As-tu vu mon nouvel i-EHPAD ?
Dans le document ci-dessous, vous trouverez une présentation des six albums disponibles actuellement dans notre catalogue. Précipitez-vous chez vos disquaires, il n’y en aura pas pour tout le monde ! Bonne écoute à vous !
Louis Marianeau, directeur musical du label 2-4-10
Catalogue 2-4-10 Louis Marianeau
LBB (Lecrilibriste)
Tout l’monde voudrait un label
C’est vrai !
AB = Assez Bien (mais peut mieux faire)
AOC = Avance ou Crève
STG = Sans Totale Garantie
IGP = Inclinaison Grave Polar
Car Le label fait la vie belle
Mais moi j’me suis fait la belle
La belle vie loin des labels
de la Belle de Cadix
de la belle et la bête
de la belle et le clochard
des oscars et des césars
Il me faut le label rouge
Gage de vacances et soleil
Pour me bronzer les orteils
Sur les plages de la belle bleue
LBB, beau label de La Belle Bleue
Sur fond Rouge
Défi 755 : Label (Clio101)
M. Zéphyr est l’heureux patron de l’entreprise “Cuisine et vous”, spécialisée dans les ustensiles de cuisine. TOUS les ustensiles. De la plus petite cuillère jusqu’à la casserole la plus spécialisée, du robot Thermomix dernier cri à la spatule à séparer le blanc des jaunes d’œufs.
Tous, de la cuisinière jusqu’au chef le plus réputé, connaissent sa boutique et se fournissent chez lui.
Enfin se fournissaient.
Depuis qu’existe Internet, chacun peut commander ce qu’il veut, sans demander conseil au cuisiniste. Les habitués, les fidèles, les amateurs viennent encore se fournir mais les restaurateurs n’en ont plus le temps.
M. Zéphyr est morose. Chaque jour ses clients se font de plus en plus rares. Comment faire pour se faire reconnaître comme le meilleur expert en termes d'ustensiles ? Comment étendre son activité, élargir ses horizons, gagner de nouveaux clients.
Madame Alizées, son amie de toujours, est toute chose de le voir si morose et voudrait bien l’aider. Jours et nuits elle se creusa la cervelle, elle se tortilla l’esprit, elle brainstorma puis : eurêka. Elle avait trouvé !
— Il faut que tu obtiennes un label.
— Un quoi ? demanda M. Zéphyr en se grattant le crâne.
— Un label. Un certificat, qui garantirait la qualité de tes produits et te permettrait d’entrer en contact avec de nouveaux partenaires. Vous partageriez vos idées, vos valeurs et vous feriez des affaires ensemble.
— Et ça s’obtient comment ce...label ?
— Un organisme vient, analyse ce que tu fais, comment tu travailles, quelles sont tes procédures, et si tout est conforme, te délivre un certificat attestant que tu as obtenu cette distinction. Ça tombe bien. Le labellisateur, le délivreur de label, doit venir à la ville le mois prochain. Il ne te reste plus qu’à poser ta candidature et le tour sera joué.
— Tu crois vraiment que ça peut marcher ? Je ne suis qu’un vendeur.
— Taratata, tournicoton, fin de ces blocages sans nom. Tu es talentueux, bien sous tous rapports, va donc remplir un dossier, sans coup férir.
Face à l’ire de son mentor, M. Zéphyr se décida à candidater pour le précieux sésame. Mais un obstacle de taille demeurait encore. Les dossiers se retiraient à la mairie entre 14h et 16h30, soit au moment de la plus forte affluence. Il tourna et retourna le problème dans sa tête sans trouver de solution quand madame Alizées vint une nouvelle fois à son secours. Elle le remplacera le temps nécessaire.
Tout s’enchaîna alors. Il retira le dossier mais une autre déconvenue l’attendait : une montagne de papier réunir il devait. Commença alors une quête épique à travers toute la boutique pour récupérer procédures et factures. De bureaux en classeurs, de tiroirs en dossiers, informatiques comme papier, toute la boutique embauchée, ils réunirent bientôt tous les documents demandés. Son concurrent, “Cuisine sans vous”, tenta bien de mettre un grain de poivre, mais rien n’y fit. Au soir de la journée le service informatique avait créé, sur un bel ordinateur, un bel espace pour ranger les précieux papiers. La lettre de motivation – car il en fallait bien une – plongea à nouveau M. Zéphyr dans un abîme de perplexité : quoi mettre, quoi dire, quoi taire, comment le formuler ? Jeanne, la nouvelle stagiaire en vente, le rassura tout de go : l’écriture, elle connaissait. En deux coups de cuillère à pot, elle glorifia la boutique, sans oublier un mot et sans être trop emphatique. Puis, diligente et empressée, elle alla déposer le dossier pour qu’il soit évalué.
Dans le même temps, un bureau avait été aménagé spécialement pour monsieur Label. Un bureau en bois clair, une chaise ergonomique et un grand placard fermé à clé où s’alignaient documents et procédures. Non loin une desserte, agrémentée d’une bouilloire, café, thé et gâteaux secs pour que l’inspecteur puisse, quand il le souhaite, reprendre des forces.
Monsieur Zéphyr, Jeanne, Madame Alizées et tout le personnel admiraient, avec un sourire mêlé de soulagement, l’œuvre accomplie et la clé d’un avenir. Ils allaient se séparer pour la soirée quand trois coups à la porte les firent sursauter.
Monsieur Zéphyr cria “Entrez.”
Oh, mon Dieu, il était arrivé.
Homme au teint gris et au ton grinçant, il empoignait sa mallette, remplie de grilles et de critères. D’un geste mesuré de la tête il salua, et sans plus de cérémonies s’installa.
Il ouvrit d’un même geste attaché-case et placard et son regard d'aigle vint scanner les papiers, sourcils froncés et bouche fermée, le stylo dégainé.
L’assistance se retira sur la pointe des pieds, Monsieur Zéphyr le dernier.
La boutique fermerait bien tard ce soir.
Les jours suivants, chacun travailla avec ardeur, dans un silence religieux, pour ne pas perturber l’inspecteur.
Monsieur Zéphyr faisait les cent pas dans son bureau et repassait devant celui de monsieur Label une fois, deux fois, dix fois par jour. Un soir où il y pénétra pour recharger la desserte, il crut voir une ou deux cases vertes cochées.
On disait monsieur Label attentif au moindre détail, détectant la moindre faille, la moindre zone d’ombre, la moindre anomalie.
Mais cela pouvait-il changer ?
Une semaine, puis deux, puis trois s’écoulèrent, sans commentaire.
Quand M. Label sortit, enfin, se passa quelque chose d’incroyable.
Il souriait.
— Félicitation cher monsieur, votre entreprise est parfaite. Si elle ne reçoit pas son label, je ne suis pas inspecteur.
Et depuis ce jour, où la belle étiquette trône en majesté sur la devanture de la boutique, M. Zéphyr n’en finit pas de sourire.
Les plus anciens reviennent, les nouveaux arrivent, on franchit des kilomètres pour se fournir dans la boutique.
“Cuisine et vous” est bien le meilleur, chaque jour et à toute heure.
FIN