Ont pris l'accent local pour nous raconter ça
Venise ; Vegas sur sarthe ; Pascal ; Jaqlin ; Laura ;
Walrus ; JAK ; EnlumériA ; bongopinot ; petitmoulin ;
Joe Krapov ; joye ;
Tra la la la lère (Vegas sur sarthe)
Quand elle m'a traité de jobastre, j'ai d'abord pris ça pour un compliment mais le ton n'y était pas et le regard non plus.
Quand j'ai demandé ce qu'elle entendait par jobastre elle a répondu que j'étais vraiment un foutu jobastre et elle a ajouté fada pour que je comprenne bien.
Chez moi le fada on l'appelle beusenot ou beuillon.
Elle n'était pas d'ici assurément et en plus elle se trompait: je ne suis ni jobastre ni fada ni beusenot, je suis juste un peu naïf.
J'aurais pu la traiter de cul-terreuse sauf qu'elle avait plus l'accent du sud que de Saône-et-Loire et d'abord cul-terreuse c'est pas une insulte.
J'avais pas envie de l'insulter, je voulais juste qu'elle me voie autrement qu'un jobastre.
J'ai dit “Y'a pas d'jobastres chez toi?”
Elle a ri :”Si... et des broques, des caraques, des fangoules et des pédés aussi!”
J'ai compris que d'où elle venait la vie ne devait pas être facile.
“Et des cons? Y'a aussi des cons chez toi?” ai-je insisté.
Elle a éclaté de rire:” Des cons on en met partout, c'est même une ponctuation chez nous, con”
J'avais hâte de savoir dans quelle contrée on finissait les phrases en rendant hommage aux cons.
Je découvrais une marseillaise, une vraie de vraie. Elle a raconté la Bonne Mère, son quartier populaire du Panier en mélangeant tout... l'immigration, Borsalino, Plus belle la vie, les grognasses – ses copines – les bars pourraves et la défonce.
A côté de ça j'avais l'air d'un beusenot avec ma moutarde, mon pain d'épices et mon blanc-cassis.
Alors j'ai sorti le grand jeu, le ban bourguignon, un “Tra la... Tra la... Tra la la la lère” en approchant les mains en forme de coupe à hauteur de la trogne pour les faire tourner comme si on regardait à travers, et elle a été scotchée, rétamée, pécho la marseillaise!
Du coup je suis passé du statut de jobastre à celui de ravi.
Y parait que c'est vachement mieux... en tout cas on est devenus potes.
Au nom du Père (Pascal)
Je t’ai cherché ; si tu savais comme je t’ai cherché…
Tout gamin, déjà, dans le confessionnal, il fallait que je t’avoue des péchés ! Mais à huit ans, on n’a pas de péchés ! Le cérémonieux de service, caché derrière ses petits trous, il voulait que j’avoue des fautes que je n’avais même pas commises ! Alors, pour m’extraire de son inextricable piège, j’y allais de quelques bonbons de gourmandise, de quelques mensonges sans envergure, de quelques gros mots innocents que j’avais lancés dans la cour de récréation. Si, à la surveillance de mes parents, j’étais un enfant ordinaire, rien ne pouvait échapper à ton regard ! Je devais subir ta justice ! J’étais un jeune délinquant, une brebis égarée de la Route ! J’étais puni ! J’étais sale avec toutes mes mauvaises actions ! Il fallait laver ces péchés ! Pour me sauver, il m’envoyait réciter des Pater et des Ave devant l’autel de son église ! Et ce Jésus cloué sur sa croix, avec toute sa Misère sur sa figure, est-ce que j’en étais responsable ? Et ces épines acérées qui le ceignaient de la couronne du roi des juifs, est-ce moi qui le faisais souffrir ?...
Pour nous attirer tes bons offices, dans les chambres, on avait un crucifix au-dessus de nos lits ; chaque année, on y coinçait religieusement du buis béni. M’man avait son chapelet, son évangéliaire, son foulard de résipiscence ; pour égayer son éternité et préparer la nôtre, fervente par contumace, elle nous envoyait à ta messe du dimanche…
Ha, des églises, des cathédrales, des basiliques, des collégiales, des couvents, des calvaires, je peux dire que j’en ai visité ; j’en ai pratiqué, des chemins de repentance ; de génuflexions en signes de croix, de prosternations en Magnificat, le matin, le soir, la nuit, l’après-midi, j’allais à ta rencontre et tu ne venais jamais. J’avais besoin de ta présence, d’un détail qui justifierait ton authenticité, d’un bout d’auréole incandescente, d’un simple sourire de vitrail, d’un ordre divin pour motiver ma présence terrestre !...
On me criait : « Où court-il, ce jobastre* ?!... » « Que cherche t-il, le visage caché dans ses mains ?!... » « L’illuminé ! Du Ciel, n’attends que la pluie !... » « Tes pèlerinages, c’est de la poudre aux yeux, un délit de paysage, une fuite en avant !... » « N’accrois pas ton Savoir !... » « Rejoins le camp des agnostiques, des mécréants et des hérétiques !... » « La religion, c’est l’opium du peuple !... »
Ha, j’en ai lu, des livres savants, j’en ai récité, des versets ; j’en ai allumé, des cierges ; j’en ai vu danser, des flammes ; j’en ai vu briller, des étincelles. Les cantiques, les psaumes, les Alléluia, les Hosanna, les Bibles, les images pieuses, je savais tous les pièges pour te capturer ! Les courants d’air froids, la poussière vertébrée, la lumière tamisée des vitraux, les ombres des Saints se baladant de banc en banc, la psyché du bénitier, la musique de l’orgue, c’était tes seules réponses...
Est-ce qu’une église remplie de bons fidèles a plus de chance de te voir rappliquer ? Est-ce qu’à l’Elévation, tu descends nous voir ? Est-ce que le bruit de la quête dans la corbeille t’anime ? Pourquoi les riches ne croient pas en toi alors que les pauvres te prient tous les jours ? Et ces riches, quand ils étaient pauvres, ils te priaient ? Pourquoi, tout le temps, on te réclame des miracles impossibles ? Pourquoi on te blâme comme si c’était toi qui conduisais ce maudit bus, celui qui s’est foutu dans le ravin avec cinquante gamins enfermés à l’intérieur ? Pourquoi on bénit les armes et les canons, les voitures et les camions ? Je me suis marié dans ton église, j’ai baptisé mes enfants dans ton église, on a enterré ma mère en passant par ton église ! Ton paradis et tes Verts Pâturages ne sont qu’un triste champ rempli de croix ?... Je voulais mourir pour avoir les solutions à tous ces questionnements !...
La Nature, les petits oiseaux, les arcs-en-ciel, les fleuves et les ruisseaux, c’était dans la panoplie de ta chasse au trésor mais je ne te voyais pas dans tous ces décors. Je t’ai cherché dans les yeux d’une femme ; il y était question d’Amour, bien sûr, mais ce n’était pas celui que j‘espérais. Je suis parti sous d’autres Cieux ! Je t’ai cherché dans la fumée des bouges, dans l’alcool des mauvaises bouteilles, dans la luxure et la fange ; j’ai menti, j’ai douté, j’ai blasphémé, j’ai juré, je voulais attirer ta Colère Divine pour que tu te montres ! Naïf, je me suis compromis avec des divinités sans relief et des démons sans avenir ! Je voulais ta pluie providentielle, tes éclairs célestes, ton tonnerre salutaire ! Portant inlassablement ma croix si lourde, j’avais l’impression tenace d’être ce triste Jésus d’église en train d’implorer le Ciel, avec mes yeux de pauvre chien battu…
J’arrive au bout. L’ouest est sans concession ; autour de moi, les ombres s’allongent avec des hypocrites révérences de bienvenue. Les guirlandes de ses couchers de soleil n’ont plus les brûlures d’antan et, la nuit, les étoiles brillantes n’ont plus les mêmes figures astrales. Tellement emporté par les devoirs de l’existence, tellement ébloui par les miroirs de l’ambition, tellement égoïste et présomptueux, j’ai failli ne jamais te rencontrer.
De recoupements en épreuves, d’avarice en générosité, d’apathie en exaltation, d’ambition en humilité, petit à petit, tu t’es découvert. Depuis le début, tu cheminais à mes côtés ! Tu étais mon sauf-conduit, mon ombre bienfaitrice, le parrain de mes bonnes actions, le guide spirituel de ma moralité. Pendant l’éternité de cette Quête intense, j’ai appris que les battements de mon cœur étaient les battements de mon âme. Tu n’étais pas dehors ; niché en mon sein, tu étais la Fièvre de mon Energie, le Ministre de mon empathie, la Vérité du Hasard, Le Rédempteur, le vrai miroir de ma conscience !
Quand je pleure, c’est de l’extrait de Bonheur qui coule sur mes joues ; ces larmes lavent mes péchés ! Quand je ris, il me semble que les portes du Paradis claquent en échos accompagnateurs ; ces rires sont des pièces d’or lancées contre l’Adversité !
Aujourd’hui, si on me disait que tu n’existes pas, ce serait comme si je n’existais pas. Ce serait comme si on me disait que le ciel n’est pas bleu, que les oiseaux ne volent pas, que la mer est sans un poisson, que les forêts sont sans arbre, que ma mère n’est pas ma mère. Plus je vieillis, plus tu prends toute la place ! Est-ce la Sagesse ?... Je t’ai cherché, je t’ai trouvé. J’ai ce leitmotiv qui danse dans ma tête : « Aimons-nous les uns les autres. » Si l’or fait briller les yeux, l’Amour illumine le cœur…
Participation de Jaqlin
Sur l’air de « Lisette …t’as une drôle de binette.. »
(vedette, fut un temps, des cours de récré que j’ai longtemps fréquentées)
Refrain :
Jobastre, jobastre
T’es le pire des désastres !
Tu gobes tout c’ qu’on t’dit
T’as rien d’un dégourdi.
*****
T’as pas un seul rival,
Tu décroches la timbale,
A tous les coups tu gagnes.
Même gros comme une montagne,
Tu tombes dans l’panneau
Comme un vrai bourricot. Refrain
*********
T’as pas deux sous d’ jugeote,
T as une tête de linotte
Si on d’vait t’ décorer
C’s’rait d’ l’ordre des bras cassés
A moins qu’ce soit, chochotte
D’c’ui des fiers à r’passer. Refrain
*****
T’enfonces les portes ouvertes
Avec tes airs d’athlète
Le miroir aux alouettes
N’a pas d’secret pour toi
On l’sait rien qu’à ta tête :
L’roi des jobastres, c’est toi !
Jobastre (petitmoulin)
Il traversait
Tous les déserts
Une gourde remplie
De rêves suffisants
Il affrontait
Toutes les tempêtes
De tous les océans
Sur un bateau
Ivre de ses défis
Il gravissait
Toutes les montagnes
Pendu au piolet
De l'esbroufe à haut risque
Il franchissait
Tous les abîmes
À cloche-pied sur un fil
Parcourait toutes les audaces
Enjambait tous les dangers
Ses mains tremblaient
Comme herbe sous le vent
Dans le champ silencieux
De ses amours
Le plus jobastre des trois n'est pas celui qu'on pense (Joe Krapov)
Avec autant de 51 dans le cornet, ils étaient complètement ganares, Marius et Olive ! De la pièce à côté, moi qu’ils traitaient de jobastre parce que je savais remplir des grilles de Sudoku, je les entendais divaguer par-dessus le flot déjà bien bruyant du programme de la télé.
- Si j’étais toi, je lui confierai pas le boulot, à ce piacampi !
- Tu me l’as déjà dit. Arrête de faire le rababéou !
- Je comprends pas comment on peut faire un truc pareil. Il a vraiment pas de rate ! J’ai jamais pu saquer les gonzes qui font les mias !
- Vé le, celui-là qui fait le caque avec ses rébannes !
- Fais le bouger, ton tafanari, la bombasse !
- Mais jette les, tes boules ! Tu fais que des naris ! Oh les oncles, mettez-vous un peu de côté ! Si ça c’est une équipe de champions, alors mingui ! Ces types, c’est des vrais jobastres !
- Vise-moi ce gars-là, c’est un mange-merde. Il vendrait même sa mère ! A Paris, c’est plein de mafalous ! Mais c’est pas le tout de faire le James, après il faut assurer ! Oh fifre que t’y es ! Qu’est-ce que tu veux me faire accroire ? Arrête de faire le gandin ! Degun te calcule !
- Fan de chichourle ! Oh tronche d’esque, qu’est-ce que tu fais ? Regarde-moi cet estassi qui court à contresens ! Allez zou, faï tira, que sinon demain on y est encore !
- Il va nous embistrouiller avec ses plans foireux ! Je suis sûr qu’y a un engambi !
- Va caguer à Endoume, toi ! On va pas se laisser emboucaner par cet idiot quand même ?
Qué couillosti, ce René ! Embraille-toi que tu as le chichibelli ! Si c'est tout ce que tu as à montrer, tu peux te la claver !
- Regarde-moi ce cataplasme qui connaît même pas sa droite de sa gauche. Je capte pas la moitié de son plan ! Il a les cacarinettes, lui ! C'est une sacré bande de cakes, ces minots !
- Oh, celui-là, peuchère, c'est pas sa faute. Il est bien brave mais je lui confierais pas le chantier si j'étais toi. C'est une broque !
- C'est une sacrée équipe de bras cassés, oui ! Ils ont que des bouscarles dans la tête. T'ias des bougnettes sur la chemise ! Va te changer ! Celui-la, depuis qu'il acheté la villa à Cary Grant, qué boudenfle ! C'est qu'une bouche !
- On peut plus s'en débarrasser, de ce type. C'est un vrai boucan ! Casse-toi, bordille ! Qu'est ce que tu nous regardes, toi, avec tes yeux de bogue ? Tu veux ma photo ?" Mais t'ies un vrai bestiari ! Mangiapan !
- Tais-toi, banaste, tu m'escagasses ! Regarde l’autre qui nous suit partout ! C'est une vraie arapède !
Regarde-le, cette tronche d'api !
- Un coup de genou dans les alibofis, ça calme !
- Dis, espèce de viole, t’ias pas fini de nous soûler ? J’y comprend queutchi à ce micmac !
***
Je n’ai jamais su ce qu’ils regardaient ce soir-là parce que j’avais entamé une partie d’échecs avec Manu. On avait le choix, dans nos suppositions, entre un match de foot PSG-OM, la minute quarante de défilé matrimonial au sein duquel on aperçoit Marcel Proust ou le début de la campagne officielle des élections présidentielles !
Ce qui est important c’est que moi j’ai encore gagné.
Allez, adessias, collègues, et à la semaine prochaine ! Il est sympa quand même notre asile de fous, non ?
P.S. Cette semaine je me suis fait aider par (j’ai pillé, oui !) Richard-David Roux. Merci à lui !
RORQUAL (EnlumériA)
Avertissement : ce personnage a vraiment existé. Qu’est-il devenu, je n’en sais rien. J’ai changé son nom (pour la confidentialité) mais à peine pour la sonorité qui colle bien au bonhomme. Son prénom ? Je crois ne l’avoir jamais entendu. Rorqual, c’était en quelque sorte sa marque de fabrique.
Il débarqua un beau matin aux archives de la compagnie d’assurances dans laquelle je travaillais. Je me souviens d’un : « Salut la compagnie ! » beuglé d’une voix de stentor.
Toute l’équipe est restée bouche bée. C’était un petit bonhomme bedonnant au visage lunaire orné d’une barbichette à la Napoléon III ; sourire de chat du Cheshire. Un énorme nœud papillon orange dégringolait sous son double menton. Son œil pétillait d’une sorte de malice imbécile. Ce dernier détail aurait d’ores et déjà dû me mettre la puce à l’oreille.
Le chef nous le présenta rapidement — Monsieur Rorqual — puis il lui expliqua succinctement le travail.
Ce fut exactement deux heures plus tard que le festival commença. Du fond des rayonnages nous parvint un cri perçant suivi d’un juron que la décence m’interdit de rapporter ici. Intrigué, je fus un des premiers à aller voir ce qu’il se passait.
Rorqual se trémoussait comme un asticot au bout d’un hameçon en se cramponnant le poignet. Son visage exprimait la souffrance la plus vile. Il nous expliqua qu’il venait de se piquer le doigt avec une agrafe et invoquait l’accident de travail avec véhémence. Incapacité et gangrène, voilà ce qu’il proclamait d’une voix chevrotante. Aussitôt je l’invitai à cesser son cinéma. Ce genre de truc arrivait tous les jours. Manipuler de vieux dossiers comportait certains risques… acceptables. On lui apporta un café et il finit enfin par se calmer.
Nous sûmes plus tard qu’il se disait mime et humoriste. Une sorte d’intermittent du spectacle qui assurait ses fins de mois par quelques missions d’intérim. La puce grimpait imperceptiblement vers mon oreille.
Le temps passait tranquillement agrémenté çà et là des saillies à deux balles de tonton Rorqual. Nous avions fini par le surnommer l’humorial-killer. Ce type nous faisait hurler de rire non par son sens du comique mais par son incroyable ridiculité.
Un jour, il demanda s’il pouvait se servir du téléphone. (Pas de portables à l’époque). Oui, bien sûr. Faut juste pas abuser. Tu m’en diras tant.
Il téléphonait à sa dulcinée dix ou douze fois par jour pour lui demander ce qu’elle faisait, pour dire qu’il l’aimait, pour lui réclamer des déclarations réciproques. Nous hésitions entre fou-rire et exaspération. Il proclamait à qui voulait l’entendre que sa dulcinée était la femme la plus belle et la plus merveilleuse du monde. Aucune des nôtres ne pouvait lui arriver à la cheville. En gros, nos épouses et petites amies étaient des chèvres et la sienne une nouvelle Maryline.
Vint le jour où il décida de nous la présenter. Elle viendrait déjeuner à la cantine avec lui mais attention souligna-t-il : « Si j’en vois un seul d’entre vous en train de la draguer, je jure que les tables vont voler ». C’est à compter de ce jour qu’il obtint son sobriquet définitif : « Le Médium Sorcier ».
Et la puce venait tout juste d’escalader ma clavicule.
La nouvelle Maryline se révéla une petite maigrichonne au nez comme un pique-gâteau qui, ma foi, paraissait plutôt aimable et réservée à côté de ce tartarin. Inutile de vous dire que nous fîmes tous assaut de la dame, multipliant les compliments, les sourires langoureux et les plans drague les plus éculés. Le benêt se tint coi et je n’ai aucun souvenir qu’une seule table n’ait jamais volé ce jour-là.
Les derniers temps nous parvînmes à lui faire croire que le chef prenant sa retraite il était pressenti pour le remplacer ; en haut-lieu, l’on avait entendu de lui les plus grandes louanges. Le Médium-Sorcier était tellement imbu de lui-même qu’à aucun instant il ne flaira le traquenard.
Il déboula vent debout chez le DRH pour le remercier de cette promotion inattendue. Sans frapper. Je sus plus tard par les secrétaires qu’il s’était fait virer avec perte et fracas, comme un malpropre.
La puce arriva enfin à mon oreille. Nous avions dégoté là un jobastre de classe internationale.
Sa mission prit fin peu de temps après cet exploit. Allez donc savoir pourquoi.
Je le revis quelques mois plus tard à la fête de Lutte Ouvrière ou je donnais un concert avec mon groupe. Il nous invita à la prestation qu’il donnait sur l’une des scènes secondaires. Là, je fus témoin d’un désastre sublime. Ce jobastre magnifique se fit jeter de la scène par le service d’ordre sous les huées du public. Son humour plutôt particulier n’eut pas l’heur de remporter les suffrages de l’assistance.
Ce jour-là, je compris que la présence de cette puce dans mon oreille devenait intolérable. Et un peu honteux tout de même, je la chassai vigoureusement.
Évreux, le 24 février 2017
JOBASTRE (Laura)
Je dis plutôt kéké dans la phrase exclamative et négative: Fais pas ton kéké!
Où ai-je pêché cette expression marseillaise: dans l'enfance de mon grand-père?
Bercée par sa gouaille à la Gabin; sa casquette ne faisait pas de lui un jobastre
Avec les risques qu'il a pris dans le maquis et en étant lui-même
Secret, sacré, ton souvenir n'efface pas tes erreurs mais les excuse
Tendre et tempétueux, moderne patriarche d'une tribu orpheline
Rends-je honneur à mon aïeul dans cet acrostiche "Jobastre"?
Exprimant ainsi mon grand-père, ce héros en bancal oxymore.
Participation de Venise
Peut on faite confiance aux jobards?
A Marseille oui .
Car c’est une espèce endémique qui sévit entre Marseille et Carry le Rouet ,c’est dire la rareté de l’espèce.
Ils citent souvent Cleant Eastwood et font des blagues ringardes.
Ils sirotent un pastis sous le pont de la fausse monnaie et ils rient pour n‘importe quoi. Ils trainent souvent prés d’un jeu de boule aux abords de la corniche
On aurait dû les traiter d’andouilles mais ils mettent un point d’honneur à se surnommer jobards!!
Ils exècrent le tennis et le basket , trop guindés pour eux.
Ils aiment la pagaille , les cagoles, et les paris en tout genre .
Je me souviens l’un d’entr’eux;
« Je te parie qu’il ne traversera pas le port st jean . », c’était comme s’ils se disputaient le nombre d’anges qu’il y a sur la basilique notre Dame .
J’ai pris la responsabilité de leur rendre hommage car il faut l’admettre ils nous enseignent le ridicule , la légèreté l‘insouciance .
Ils prennent toujours l’entrée de service et durant un mariage de copains ils balancent des chaussures alors que les autres déversent du riz.
Ils ne sont jamais arrivés à éclaircir aucun mystère ils te regardent en riant et te disent ils faut vivre ma petite !!
SACRE job-astres!!
Avant d’être mangé par les termites j’ai voulu rentrer dans leur congrégation, juste un soir de vague à l’âme .
J’en suis encore toute retournée leur réputation est loin d’être usurpée .
Ce sont de vrais jobards. Si il ya une franchise jobard aux paradis j’investis pour l’éternité l’affaire je crois que Cantona est déjà sur le coup
Le fou attachant par bongopinot
Depuis tout petit
Son terrain de jeux c’est la rue
Un vrai Yamakasi
Au langage en peu cru
Peut-être un peu fou
Mais tellement attachant
Un véritable casse-cou
Jobastre hallucinant
Et il vole et virevolte
De plus en plus haut
Acrobate désinvolte
Aime les sauts les saltos
Et rien ne l’arrête
Ni le vent ni la pluie
On ouvre nos mirettes
A ses passages inouïs
De sa passion
Il en a fait son métier
Il est toujours en action
Avec un moral d’acier
Il parcourt les villes
Avec sa bande de copains
Musiciens et acrobates agiles
D’un cirque contemporain
Avis à nos participants bien aimés
Devant séjourner ce WE en Côte d'Opale, il n'est pas impossible que la WiFi locale me joue des tours.
Soyez donc indulgents si la mise en ligne de vos participations devait subir quelques problèmes.
Tout sera de toute manière rentré dans l'ordre lundi.
Meilleures amitiés
Walrus
Défi #443
Jobastre
Même si vous n'êtes pas de Marseille,
vous en avez certainement rencontré un.
Alors...
Racontez-nous !
Une parenthèse par bongopinot
Il vit ici et aujourd’hui
Et veut tout révolutionner
Il espère même changer les esprits
Et souhaite bien sûr tout réformer
Les coutumes, les usages
Les traditions au panier
Les photos les images
Le passé, déchirés oubliés
Toutes les icônes sacrées
Les parties du passé l’indiffèrent
Il pense à tous ces jours néfastes
Il ne veut plus rien de ses pères
Les obligations et interdits
Il n’en veut pas il vandalise
Tout dans ce monde l’étourdit
Il boucle donc une petite valise
Et décide d’aller voir ailleurs
De changer tout dans sa vie
Il veut être le propre acteur
De décisions de ses bruits
Oui mais il se sent bien seul
Il est au bord du malaise
Assis tout près d’un tilleul
Il ferme sa parenthèse
Coïncidence (Walrus)
Je sais, je sais, c'est pas la première fois, ni même la deuxième, que j'utilise ce titre, mais bon s'il n'y avait qu'une seule coïncidence, on n'aurait pas pris la peine d'ajouter un mot "pour" au vocabulaire...
Donc, tandis que j'imaginais une histoire à base de Marcel(s) pour la présente édition, voilà-t-y pas que je reçois, via le réseau social bien connu, un message de Caro_Carito, un message intitulé "Le cauchemar continue !".
Cette charmante enfant m'y signale qu'un chercheur canadien aurait retrouvé un bout de film de 1904 où l'on peut apercevoir très brièvement Marcel Proust en mouvement!
Je dois dire que ça m'a scié : habituellement, assis ou debout, on le voit en train de poser, un peu comme s'il se voyait déjà statufié l'immense écrivain français !
Ça ne vous paraît pas louche à vous :
- Le plus grand écrivain français n'a pas la moindre statue
- Le plus grand écrivain français ne repose pas au Panthéon
- Le plus grand écrivain français n'a même pas réussi à trouver ne fut-ce qu'un strapontin à l'Académie
Pauvre Marcel, lui, il ne faut même pas le mettre à bas de son piédestal : il n'en a pas !
Iconoclaste (joye)
Je ne sais pas trop comment cela commença. Un beau matin, ou, plutôt, un beau midi il y a deux ou trois mois, je me réveillai et je vis ce poster affiché au mur, sans doute une blague d’adieu de mon crétin de coloc qui décampa sans payer sa partie du loyer ni les thunes qu’il me devait. Bon débarras, Justin ! grommelai-je en arrachant le truc affiché au-dessus de mon bureau. Je me soulageai à le froisser vigoureusement avant de le jeter à la corbeille.
Et puis une semaine plus tard, après une soirée pas mal alcoolisée, même chose, le poster y était. C’était trop bête, me dis-je, si j’avais repéré Justin parmi mes invités à l’improviste, j’aurais cassé sa sale gueule. De nouveau, j’arrachai le poster et le déchirai, faisant des confettis pour Sally, ma femme-de-chambre-que-je-sors-à-l’occasion qui était encore au lit. Elle n’en était pas trop contente, non, mais peut-être parce que je lui dis après de se payer du shampooing anti-pellicules.
Et puis un mois plus tard, je me réveillai et je revis cette sacrée image de nouveau sur le mur. Cela faisait quelques jours que je n’avais pas revu Sally et au moins une semaine que je me couchai seul, alors, bon, je rêvais ou quoi ? Qui faisait cela ? Le proprio ? Non, ce vioque n’avait pas assez d’énergie pour monter l’escalier, sans parler de venir afficher un truc sur mon mur…
Alors, ce matin-là, j’arrachai l’image, je la mis dans le lavabo et j’y foutis le feu avec mon briquet. Puis je fis couler l’eau jusqu’à ce que le dernier morceau noir disparaisse dans le petit trou. Cíao, pantin, ricanai-je, avant d’allumer ma Gauloise matutinale. Il me fallut un moment. Je ne sais pas pourquoi mes doigts tremblaient.
Bon, ce que je vais vous dire maintenant serait peut-être un peu plus difficile à comprendre...
Alors, oui, ce matin, à mon réveil – et j’avoue que je sors du lit un tantinet plus alerte ces jours-ci – alors, oui, je vis encore l’image au-dessus de ma commode. Je n’étais pas encore sûr de ce que j’allais faire exactement, mais avant de pouvoir y mettre la main, je vous jure que l’image commença à me parler.
Ne me demandez pas ce qu’il dit, passe que moi, je partis en courant, et ce soir, j’ai trop peur de rentrer.