Participation de Venise
HERCULE s’en allait toujours de guingois du coté des Mirabelles.
Déjà sa naissance avait été une erreur et son existence sans avenir.
Le dos de cet enfant était couvert par une énorme protubérance
Qui en impressionnait plus d’un.
Il avait une tête de chevreau qui effrayait les merles.
Pourtant le jour de sa naissance les coqs du pays chantaient avec persistance
D’une manière inaccoutumée.
La première piqure de la vie Hercule l’a reçue par le regard moqueur des hommes.
Pourquoi suis-je toujours impressionnée quand je rencontre cet homme des bois ?
On ne pouvait tout de même pas l’enchainer comme une bête à une muraille.
J’avais déjà vu des monstres au carnaval de Venise
Mais cette créature était si contrefaite qu’un Ave Maria m’avait échappé en croisant ce matin-là son chemin.
La bête humaine s’était contentée de baisser la tête en souriant.
Pouvait-il entendre ce que je ne pouvais percevoir ?
Il resta un moment immobile comme émerveillé à la découverte des Indiens guaranis, puis il sursauta comme lassé de sa vie monastique et d’une voix suave captura mon âme dans le filet de son timbre.
On m’avait appris à ne jamais sous-estimer le talent des démunis.
Toute aveugle que je fus devant la création je ne m’attendais pas à être saisie par le bras. Il me fit entrer dans sa tanière.
Une voix soudain s’adressa à moi. Une voix intérieure.
Cesse d’avoir peur regarde plutôt avec ton cœur la créature que tu as devant toi.
Je sursautais et mon instinct ne m’avait pas trompée
Cet homme qui m’observait avait des dons exceptionnels.
Il y a longtemps les hommes n’avaient nul besoin de langage pour se faire comprendre dit il .
Une photographie par bongopinot
John Wilhelm et ses belles photographies
Mettant en scène ses enfants
Dans des instants de vie
En bon père aimant
Ici un gamin bien charmant
Un point rouge sur le front
Coiffé d’un turban
De jolis yeux tout ronds
Assis sur une chaise
Et jouant de la flûte
S’emble très à l'aise
Regardant son assiette
Une Photo impressionnante
D'un gosse déguisé en fakir
En petit Charmeur de pâtes
Un bel Imaginaire de délire
Image travaillée Surréaliste
Un moment de rire de drôlerie
Que je sortirai les jours tristes
En mangeant des spaghetti
Vocation (Vegas sur sarthe)
Marre du parmesan, de la sauce tomate
de ces bouts de machin, ficelles, tortillards
j'en viens à envier la Belle et le Clochard
qui suçaient tendrement les deux bouts d'une pâte
On me crie “Fais des noeuds en tournant ta fourchette
et n'en mets pas partout, petite dégoûtante!”
Je les sens révoltées, gluantes, frétillantes,
façon gorgonzola j'ai ruiné la moquette.
C'est pas ma faute à moi si j'aime mieux les frites
qu'on mange avec les doigts, ce sont mes favorites
il n'y a que pour ça que j'ai de l'appétit.
Je sais bien qu'aujourd'hui c'est les grands qui commandent
mais écoutez-moi bien, quand je serai plus grande
je serai c'est certain charmeur de spaghetti
Remue-méninges (Walrus)
Quelques heures encore pour répondre au défi de MAP. Pas sûr que ça le fasse. Comme je l'ai expliqué récemment à cette chère, très chère Célestine, un test de personnalité m'a classé, il y a bien longtemps, dans la grande famille des non-émotifs, non-actifs, primaires (représentant type : Jean de La Fontaine*). Alors, trouver quelque chose qui m'impressionne...
Bien sûr, il y a toujours la fiction, mais pourquoi serait-elle à la hauteur puisque, comme on se plaît à nous le dire, la réalité dépasse la fiction.
J'ai bien pensé en écoutant ce matin à la radio le compte-rendu d'une séance de la Chambre où le Ministre du budget exigeait un vote d'urgence sur le dernier ajustement budgétaire alors qu'il manquait une voix à la majorité gouvernementale pour remporter le vote, prendre l'exemple de l'impressionnante bêtise des politiciens, mais si elle est impressionnante, elle n'en est pas moins tristement banale. J'ai donc abandonné l'idée.
J'ai cru avoir trouvé un peu plus tard en voyant apparaître dans la petite fenêtre en haut de mon écran une photo de la Basilique de Koekelberg, celle-là même que mon défunt prof de religion dénommait lui-même la "baignoire nationale" :
Mais j'ai dû être trompé par la perspective car vue d'un peu plus loin, elle semble un peu moins impressionnante :
C'est alors que je me suis rappelé que ce 27 juin, Mons rouvrait son Mundaneum.
Ahah ! Vous ne connaissez pas hein ? Grave erreur ! Le Mundaneum, c'est... mais pourquoi perdre mon temps, quelques media l'ont défini chacun à leur manière :
Le Monde : "Google de papier"
Le New-York Times : "The web time forgot"
Nature : "Un répertoire du savoir universel"
Cette création de Paul Otlet et Henri La Fontaine, les pères de la classification décimale universelle, c'est pas impressionnant ça ?
Bien sûr que non, c'est colossal !
Vous avez un doute ? Ben allez voir ici !
* et ne soulignez pas le fait que lui aussi écrivait des contes licencieux, je suis au courant
Défi # 356
Impressionnant !!!!!!
-Photo de John Wilhelm-
Faites-nous part
de ce qui vous impressionne à
A tout bientôt !
Se sont débarassés de leur acné
Walrus ; Fairywen ; Venise ; Vegas sur sarthe ;
Nhand ; MAP ; JAK ; EnlumériA ; bongopinot ;
joye ; Joe Krapov ;
Petit dicton (Walrus)
Participation de Venise
Il manque un bouton à la redingote de RIMBAUD ;
Ainsi, il ouvre les yeux sur la vie
La poitrine au vent
Farouche, réfractaire, mais un cœur tendre, comme tous les gamins de son âge.
En haut de la cote, toute essoufflée de le suivre, alors que le vent s’engouffre sous ma jupe
Il me tend la main pour courir plus vite à ses cotés.
Comment t’appelles-tu ?
Je m’appelle PALOMA
Et toi ?
RIMBAUD, Arthur RIMBAUD.
Ton nom est beau.
Il sort de sa manche droite un cahier
Tu écris ?
Ne le dis à personne. Le monde aime les poètes pour les mettre en laisse, le rossignol pour le mettre dans une cage.
Je ne le connaissais pas, je ne l’avais jamais vu.
Je tenais serré dans ma main son bouton de redingote et je dévorais ses poèmes griffonnés dans ce cahier d’écolier.
Mon unique culotte avait un large trou.
-Petit Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
-Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou.
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigne.
J’ai renoncé depuis au murmure du ruisseau qui galope
Mais j’ai gardé au fond du tiroir, ce petit bouton de nacre.
Je suis riche ce soir et je ne t’ai rien volé, comme si j’avais appris à marcher sous la pluie fine
Un soir je l’ai croisé, il m’a reconnue, des larmes roulaient dans ses yeux.
Il sanglotait comme un enfant et ses larmes réclamaient quelque chose que je n’avais pas.
J’ai fermé sa veste et j’ai vu un gros trou dans sa poche.
La dernière fois que je l’ai vu c’est au bord de la fosse j’ai jeté le petit bouton de nacre pour qu’il ne prenne pas froid.
Le bouton qui perd la tête (MAP)
Mon bouton par bongopinot
J’ai perdu mon bouton
Si beau et si mignon
Qui m’était bien utile
Mais ne tenait qu’à un fil
Il a roulé par terre
Un jour de grand tonnerre
Disparu en une seconde
Car la terre est bien ronde
Je l’ai cherché partout
Jusqu’au chant du hibou
Je suis rentrée bredouille
Et bonjour les embrouilles
"Je suis le bouton perdu
Je me suis retrouvé dans la rue
Lorsque l'orage grondait
Et que la nuit tombait
Une dame m'a ramassé
Dans sa poche m'a posé
Puis, elle m'a mis telle une relique
Dans une belle boite métallique
Où dormaient des centaines de boutons
Des bleus des roses et des jaune citron
Ils étaient petits, grands, tous différents
Une vie de rêve pour un bouton couleur argent
Alors ne t’inquiète pas pour moi
Maintenant ici je suis le roi
Nos chemins se sont séparés sous les étoiles
Un jour un autre bouton ornera ta veste en toile"
Participation de Nhand
PAUVRE PETITE CHOSE
Je suis tombé d'une gabardine,
Puis, j'ai roulé sous un guéridon
Qui piétinait la touffe anodine
D'un faux mohair.
S'est approchée une bête immonde
Qui rugissait en fouillant le sol ;
J'ai terminé dans sa panse ronde...
J'y suis toujours !
Comment va-t-elle, la gabardine ?
J'ai l'impression d'être à l'abandon,
Et toute ma grâce smaragdine
Qui manque d'air !
C'est effrayant, quand la bête immonde
Repart en quête d'un nouveau bol
De saletés, je l'entends qui gronde,
Comme toujours.
Qui donc informera Géraldine
Que le bouton de sa gabardine,
N'ayant jamais quitté le secteur,
Est dans le sac de l'aspirateur ?
Participation de Fairywen
L'envoi
Bon sang où est passé ce satané bouton ???? Jamais là quand on a besoin de lui, celui-là ! Il est où ??? À droite, à gauche, au milieu… ? Ah bien oui, à droite, comme toujours, à côté du pavé numérique…. C’est pourtant la douzième fois que je clique dessus depuis le 15 août 2014… Oh, elle a été dure, cette première fois… Comme toutes les premières fois, d’ailleurs… Mais celle-là, c’était l’aboutissement d’un rêve vieux de… Oh, je ne sais même plus. Mon plus vieux rêve, mon rêve depuis toujours, mon rêve connu des seules personnes qui me sont très proches…
Confronter le fruit de mon travail à un public fut dur. Très dur. J’y avais mis tant de cœur et tant de moi-même… Que se passerait-il si personne n’aimait ? Arriverais-je à me remettre du choc de découvrir que mon rêve le plus profondément enraciné n’était qu’un leurre et qu’en fait, ce que je faisais était nul ?
Mais ça n’a pas été le cas. J’ai gagné mon pari. Et je l’ai gagné plusieurs fois, car il y a eu d’autres envois depuis ce fameux 15 août 2014. Le dernier en date a été celui de 12 juin 2015. Et il a l’air de plaire. Chaque fois que je vois que des gens achètent juste en voyant mon nom, je me sens émue aux larmes.
Car je n’y croyais. J’étais persuadée de ne pas avoir assez de talent. Oh, bien sûr, on ne parle pas de moi dans les magazines ou à la TV, mais j’ai un noyau de fidèles autour de moi, et ça me ravit. Un jour, peut-être que je jouerais vraiment dans la cour des grands, et que je pourrai faire de ma passion mon métier. Les rêves se réalisent parfois, même de façon inattendue. Le mien a commencé « pour de vrai » suite à un défi suivi d’un jeu avec deux amies.
Le 15 août 2015, j’ai publié mon premier livre.
Le bouton perdu (Vegas sur sarthe)
Ce jour-là Monsieur Grivois se sentait étrangement léger, comme libéré d'un poids.
Jamais il ne s'était senti si relâché et si bien dans son corps jusqu'à ce qu'il en découvre la raison devant la grande glace du salon... il manquait un bouton à son gilet et son embonpoint assidûment entretenu par maints banquets et repas d'affaires s'en trouvait plus qu'à son aise!
Mais aussitôt une sensation de malaise oppressant lui comprima la poitrine alors même que son ventre s'alanguissait.
D'un doigt tremblant il titilla la triste boutonnière - comme un second nombril - dans le fol espoir d'y faire ressurgir le bouton facétieux mais rien, pas le moindre bout de fil ni fragment de nacre qui puisse le renseigner sur les causes de la catastrophe.
Dans sa vie bien réglée de clerc de notaire à l'étude de Maître Finaud, jamais Monsieur Grivois n'avait imaginé qu'une boutonnière puisse être privée de son bouton comme une mortaise de son tenon ou un gousset de sa montre.
Asphyxié, le souffle court, Monsieur Grivois chercha à se remémorer son coucher de la veille, le retour de la soirée qu'il avait passée au... au Sphinx chez Marthe Marguerite.
Ça ne pouvait être que ça!
Il aurait perdu ce bouton chez “Martoune”, la tenancière de l'établissement qu'il fréquentait chaque mercredi.
Il ne faisait aucun doute que parmi les soixante cinq pensionnaires du 31 Bd Edgar-Quinet, l'une d'entre elles aurait dans leurs ébats dérangé son costume, mais laquelle et dans quelle alcôve, quel boudoir ou quelle chambre égyptienne?
Etait-ce Aphrodite, grande bouche mais cervelle d'oiseau? ou bien Samantha, pulpeuse et expéditive? ou encore les deux soeurs Esther et Myriam?
Le Sphinx ouvrait à quinze heures et en marchant d'un bon pas, il y serait à l'ouverture pour retrouver son précieux bouton.
A l'idée de devoir encore se délester d'un pourboire pour passer la porte rien que pour retrouver son bien, il faillit se raviser mais une boutonnière ne peut souffrir de solitude plus longtemps.
Mademoiselle Boisseau - la cousette du cinquième étage - aurait tôt fait ce soir de recoudre le bouton.
Comme il croisait Madame Mangin et ses filles en bas de l'immeuble, il les salua en prenant bien soin de tenir son chapeau à hauteur du bouton manquant.
A mesure qu'il marchait une terrible idée le taraudait. Et si l'on ne retrouvait pas ce bouton? Si quelque employée de ménage l'avait jeté ou emporté pour elle-même?
Ne disait-on pas que l'établissement possédait un tunnel secret qui menait aux catacombes?
A partir de là, le bouton pouvait même quitter la capitale.
Combien de gens mal intentionnés privent un honnête propriétaire de son bien - même le plus maigre - pour l'abandonner aussitôt dans quelque fond de tiroir?
Combien de bijoux, de chapeaux, de postiches et de cannes pouvaient bien avoir été définitivement perdus dans cet endroit qui à cet instant portait si bien son nom: un lieu de perdition.
Un Prévert, un Sartre ou un Dali n'y avaient-ils pas dans un moment d'extase ou d'égarement oublié quelque objet qui aujourd'hui s'arracherait à prix d'or aux enchères autant qu'un manuscrit ou qu'un tableau?
On allait bien se moquer de lui lorsqu'il allait réclamer son petit bitoniau de nacre qui pourtant manquait tant à sa mise.
Il lui fallait trouver une idée pour grossir l'évènement, amplifier le désastre et mobiliser le personnel afin de ratisser l'établissement! Une battue, c'est celà, on devait organiser une battue au bouton de nacre, sonder chaque sommier, retourner chaque tapis, explorer chaque tenture, questionner chaque pensionnaire...
Ce bouton ne lui avait-il pas été légué par son ancêtre et capitaine des Dragons qui l'avait arraché en 1683 sous les murs de Vienne au costume d'apparat du grand vizir Kara Mustapha en personne, juste avant sa décapitation par le sultan Mehmed IV?
L'histoire était crédible, l'affaire était d'importance et ne souffrait aucun retard! Il pressa le pas autant que le gilet débraillé le lui permettait.
S'il arrivait avant quinze heures, il tambourinerait à la porte, se ferait ouvrir afin qu'on répare l'offense sans plus attendre.
On démasquerait la voleuse et on la jugerait dans l'instant pour la conduire à la guillotine!
Cette catin allait tâter de la “veuve” pour avoir spolié un bien aussi précieux, certes un morceau de coquillage percé de quatre trous mais un trésor de guerre qui illuminait l'arbre généalogique des Grivois depuis des siècles.
Sur la porte fermée du Sphinx, quelqu'un avait placardé une affichette que Monsieur Grivois - descendant d'un valeureux capitaine des Dragons - déchiffra, la mort dans l'âme:
“A compter de ce jour et jusqu'à nouvel ordre, l'établissement Le Sphinx est réquisitionné à titre de logement destiné aux couples d'étudiants convalescents de la Fondation de France”
Ainsi un bouton de nacre du gilet de Monsieur Grivois - descendant d'un courageux capitaine des Dragons - allait-il finir au fond de la poche désargentée d'un étudiant hirsute, braillard et dévergondé, par la décision d'un organisme philanthrope et au mépris de la mémoire d'un sauveur de la France...
On retrouva Monsieur Grivois trois jours plus tard, un pistolet à la main et baignant dans son sang; une large boutonnière à hauteur du coeur témoignait d'un irréparable acte de désespoir.
Participation de JAK
Maladie chronique
Depuis que j’ai mis un bouton pin->I t sur mon blog, aïe mes aïeux !, j’en vois de toute les formes des boutons… Il me suffit d’appuyer sur le bouton
et j’en zieute en toute liberté !
Des ronds des carrés, des bleus, des jaunes, des bicolores, des faits mains, en perle, des transformés issus de bijoux, certains même se pressent, de vieux boutons se transforment en broche,
Bref
Je boutonne, je boutonne… même sur mon nez, car l’attention oculaire chez moi a le désagrément d’irriter mon appendice nasal.( non ce n’est pas la dive bouteille, bien que devant celle de la maison Bouton & Fils je ne rechigne pas)
Mais tout ceci n’a rien à voir avec les boutons de mon cousin, Thadée Bouton, qui est atteint de psoriasis ; un jour en riant je lui ai dit de les épingler sur Pinterest ! Il s’est fâché sec. Sa mère a téléphoné à la mienne pour lui reprocher mon indélicatesse : je lui avais provoqué des boutons de fièvre !
Dans la famille on a un penchant pour les boutons.
Déjà mon grand père possédait une De-Dion-Bouton dont il était fier. Elle est restée longtemps admirée dans le garage, puis pendant les années sombres de la guerre -(qui n’avait rien de commun avec celles de Boutons de Louis Pergaud ) pour des raisons de sous, elle a été vendue à un trafiquant du marché noir qui l’a eu pour peu de chose : quelques molettes de beurre, peut être un jambon sec issu d’un cochon d’avant guerre !…. On avait faim et les biens matériels comptaient surtout pour faire du troc chez nous… avec un sens assez naïf de la valeur, mais bah, l’argent ne fait pas le bonheur mais résout les problèmes d'estomacs d’affamés.
Ma grand-mère maternelle c’était les boutons de roses qu’elles récoltaient, pour en faire des eaux florales, et lorsqu’ils étaient trop ouverts, elle en faisait de la confiture avec les pétales.
La mère de mon père, elle, collectionnait les boutons dans des boites qu’elle stockait dans une pièce spéciale de son grenier, où nous allions avec ma sœur les redécouvrir chaque fois avec la même ferveur .Les tiroirs étaient remplis de curiosités. Une sorte fac-similé des cabinets de curiosités, moins précieux, mais qui nous apportait les joies de la trouvaille, car il y en avait de toutes sortes et de vraiment beaux.
Mon oncle, je n’oserais pas dire nononcle devenant plagiat*, mais j’aime ce vocable, mon oncle Fernand donc, un dandy de première collectionnait les boutons de cols et de manchettes. Il fallait le voir, distingué, habillé de chemises que son épouse amidonnait avec patience. Il avait une réelle prestance lorsqu’il les exhibait avec fierté, sa valisette en cuir à la main, pour se rendre à son bureau en qualité de sous-fifre. On voyait dépasser les manchettes, et chaque jour il avait une nouvelle liquette, mais surtout, des boutons de manchettes et de cols assortis. Pauvre tante devant ses fers qu’elle devait chauffer avec soins, -car c’était au début du siècle,- et par tous les temps ! (– notez au passage, quand même, que c’est ma mère- grand qui m’en a parlé, je ne suis pas aussi antédiluvienne qu’il n’y paraîtrait à cette lecture, pour avoir vu de visu)
Bien sur j’ai hérité de cette manie de collectionner des boutons. Et la joie de mes petites filles, me ravissait dans les années 80 ! C’était à leur tour alors de venir faire l’inventaire de mes boites. Car en plus de ceux que j’ai eus en héritage, je garde tous les originaux qui passent sous ma main.
Je n’ai aucune envie de les jeter… car avec eux partirait un peu de mon passé.
J’espère qu’ils ne seront jamais perdus et que mes arrières petits enfants s’émerveilleront avec, et je rêve d’un successeur stylise qui saura en inventer de merveilleux… pour continuer leur vie de boutons,
Et
Tant qu’il aura des hommes,
Il y aura des habits
Qui auront besoin d’ boutons
*pardon Vegas
Un père ingénieux (EnlumériA)
Loona sursauta. Un petit cri aigu venait de retentir dans la pièce du fond. La chambre des enfants. Il y eu un silence puis un autre cri suivi d’une longue plainte mouillée. Loona posa son ouvrage et alla voir ce qu’il se passait. En fait, elle savait pertinemment de quoi il s’agissait. Mergil, sa fille, venait encore de se piquer. Depuis qu’elle se sentait suffisamment grande pour s’habiller seule, cela arrivait sans cesse. Mergil venait d’avoir quatre étés et elle s’épanouissait comme une fleur tendre. Si tendre qu’elle déchirait ses doigts chaque matin et chaque soir. Loona prit Mergil dans ses bras pour la consoler. La petite fille montra son doigt sur lequel perlait une goutte de sang. Loona suça la plaie et embrassa la petite sur le front. Il était temps de faire quelque chose.
Lorsque Borth rentra de la chasse, Loona lui expliqua ce qu’il s’était encore passé. Borth haussa les épaules en signe d’impuissance. Mergil se piquait avec la fibule de sa tunique comme tous les enfants de son âge. Et alors ?
Loona insista, insista encore pour que Borth trouve une solution. Pour qu’on en finisse.
Alors, Borth se retira près du vieil orme, non loin du jardin potager où Loona cultivait quelques racines. Il aimait méditer sous l’ombre du vieil arbre au retour de la chasse, juste avant de prendre le repas du soir. Il contemplait le jardin depuis quelques instants quand, en observant une drôle de petite pierre creusée au centre, l’évidence lui sauta aux yeux. Il se leva et alla chercher la tunique de Mergil sous œil intrigué de sa compagne. Il se mit à l’ouvrage immédiatement.
Il commença d’abord par faire un petit trou sur le bord de la tunique. Puis il attrapa un morceau de ficelle qui trainait par-là, une aiguille et hop ! Il attacha la petite pierre sur l’autre bord de la tunique. Il rejoignit les deux pièces d’étoffe, et d’un geste précis, il les assembla avec son petit appareillage. Fier de lui, il appela Loona et Mergil pour faire une démonstration de sa trouvaille.
Son épouse poussa un sifflement d’admiration devant l’ingéniosité de son homme.
Voilà ! Leur petite fille ne se piquerait plus avec la fibule en attachant les deux pans de sa tunique. Ils décidèrent d’appeler ce dispositif un bouton. Comme les jeunes pousses de fleurs des champs.
Deux jours plus tard, Loona entendit Mergil pousser un petit cri de surprise. Quoi encore ? À la mine désolée de la fillette, Loona comprit qu’elle avait perdu son bouton.
Borth saura bien lui en confectionner un autre. Au retour de la chasse. Mais ça n’allait pas changer la face du monde.
Évreux, le 19 juin 2015