Participation de Venise
HERCULE s’en allait toujours de guingois du coté des Mirabelles.
Déjà sa naissance avait été une erreur et son existence sans avenir.
Le dos de cet enfant était couvert par une énorme protubérance
Qui en impressionnait plus d’un.
Il avait une tête de chevreau qui effrayait les merles.
Pourtant le jour de sa naissance les coqs du pays chantaient avec persistance
D’une manière inaccoutumée.
La première piqure de la vie Hercule l’a reçue par le regard moqueur des hommes.
Pourquoi suis-je toujours impressionnée quand je rencontre cet homme des bois ?
On ne pouvait tout de même pas l’enchainer comme une bête à une muraille.
J’avais déjà vu des monstres au carnaval de Venise
Mais cette créature était si contrefaite qu’un Ave Maria m’avait échappé en croisant ce matin-là son chemin.
La bête humaine s’était contentée de baisser la tête en souriant.
Pouvait-il entendre ce que je ne pouvais percevoir ?
Il resta un moment immobile comme émerveillé à la découverte des Indiens guaranis, puis il sursauta comme lassé de sa vie monastique et d’une voix suave captura mon âme dans le filet de son timbre.
On m’avait appris à ne jamais sous-estimer le talent des démunis.
Toute aveugle que je fus devant la création je ne m’attendais pas à être saisie par le bras. Il me fit entrer dans sa tanière.
Une voix soudain s’adressa à moi. Une voix intérieure.
Cesse d’avoir peur regarde plutôt avec ton cœur la créature que tu as devant toi.
Je sursautais et mon instinct ne m’avait pas trompée
Cet homme qui m’observait avait des dons exceptionnels.
Il y a longtemps les hommes n’avaient nul besoin de langage pour se faire comprendre dit il .