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Le défi du samedi
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22 novembre 2008

Lucien - Partie 1 (Val)

Lorsque le livreur avait déposé le grand colis d'un mètre quatre-vingts sur le seuil de sa porte, Madame Suzanne avait protesté: "Mais, jeune homme, moi je n'ai rien commandé du tout!".

Le livreur avait alors insisté, affirmant que les neveux de la vieille dame, ne pouvant pas se déplacer pour son anniversaire, lui avaient ordonné de lui remettre le Factice Boy, série limitée Force de l'âge de chez "Plus vrai que nature".

Emue aux larmes que ses ingrats neveux, toujours trop occupés pour lui rendre visite, aient, pour une fois, pensé à son anniversaire, Madame Suzanne accepta le colis.

Le jeune homme ouvrit alors le carton et lui posa le Factice Boy en plein milieu de sa cuisine. Madame Suzanne, du haut de son mètre cinquante-huit, fut très impressionnée par son cadeau, planté là près de la table, raide comme un piquet.

Elle s'offusqua quand le livreur, avant de prendre congé, lui recommanda de bien penser à alimenter son Factice Boy régulièrement, afin qu'il puisse "recharger ses batteries".

Pour qui la prenait-elle, enfin? Elle qui n'avait jamais laissé l'un de ses canaris mourir de faim !

Elle signa le reçu et poussa le jeune homme vers la sortie, très impatiente de se retrouver en tête à tête avec son Factice Boy.

Il était à peine sorti que, n'y tenant plus, elle appuya sur le bouton ON, et son Factice Boy lui sourit, se dirigea vers l'évier et entreprit de faire la vaisselle.

Madame Suzanne, très intriguée par ce bel homme distingué aux cheveux grisonnants, à l'allure sportive, à l'habit impeccable et au sourire plus blanc que blanc, ne pouvait s'empêcher de lui tourner autour pour mieux satisfaire sa curiosité.

La vaisselle terminée, son cadeau d'anniversaire mit le couvert, et tira une chaise pour inviter sa propriétaire à s'asseoir. Perplexe, elle s'exécuta, et il lui servit le déjeuner, sourire aux lèvres.

Pendant le repas, elle eut une très agréable surprise: non seulement le Factice Boy était doué de parole, mais en plus il savait tenir une conversation. C'était même un très agréable interlocuteur, érudit, intelligent, sensible et charmeur, de surcroit.

Les joues en feu, la petite dame se demanda depuis combien d'années aucun homme ne lui avait fait du charme. Elle en était toute retournée.

L'après-midi passa tranquillement. Madame Suzanne eut tout le loisir de constater que son Factice Boy, qu'elle avait choisi d'appeler Lucien, rapport à son premier amour, savait jouer aux cartes, excellait au Scrabble et se montrait imbattable aux échecs.

Le soir venu, elle l'installa dans la chambre d'amis, bien décidée à le garder chez elle. Décidément, ils avaient eu une très bonne idée, ses ingrats neveux. Sûr que Lucien, c'était autre chose qu'un chat ou un chien pour tromper la solitude !

Suite et fin à 12H

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15 novembre 2008

Seule à seule (Val)

« Soyez vous-même », qu’il a dit, le Monsieur.

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Voici près d’une heure que je te regarde, tout en essayant d’être moi-même, face à toi. Je dois bien l’avouer, je suis fascinée par tes yeux. Je vais même te dire : je ne vois que ton regard, dans tout ce vert. Mais quel regard ! Il me donne l’étrange impression que tu es vivante. Et ça me trouble.

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Pourquoi me regardes-tu comme ça, dis ? Pressens-tu mes réticences ? Comment le peux-tu ? Oh, tu sais, moi je ne te ferai aucun mal. Sois-en sûre. Ce n’est même pas que je ne t’aime pas, c’est plutôt que je n’ai jamais appris à t’aimer, toi et les autres.

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Au début, je disais aux gens mon détachement pour l’art simplement pour expliquer mon ignorance. Et puis je l’ai tellement dit que cette caractéristique me colle à la peau :

Val est brune, elle est gentille, elle a un blog et deux enfants, et elle n’est sensible ni à la poésie, ni au beau artistique.

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Alors, puisque l’on est seules, face à face, je vais te faire une confidence. Je pense que j’ai tout simplement peur de me séparer de ma prétendue frigidité à l’art, parce que je considère qu’elle me définit, tout comme la couleur de mes yeux ou mes plus ardentes passions. Je suis même parfois tentée par l’émergence de quelques émotions à la vue de beautés comme la tienne, mais je m’efforce de les refouler pour rester fidèle à l’image que j’ai donné de moi. J’aurais l’impression de me trahir en m’abandonnant à ton charme…

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Et puis, c’est tellement plus facile de feindre le manque d’appétit que d’avouer que l’on a faim, mais que l’on n’ose pas entrer dans ce restaurant, que l’on estime bien trop chic pour soi. On n’y serait pas à l’aise !

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Personne ne nous écoute. Et puis, ce n’est pas toi qui iras le répéter, n’est-ce pas ? Alors, je vais faire une exception aujourd’hui. Rien que pour toi. Parce que tu es belle et que tu me bouleverses. Je vais tout te dire.

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Jamais des yeux peints ne m’ont poignardé le cœur avec une telle intensité. Jamais !

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Et peut-être même que des yeux aussi saisissants que les tiens, comme ça braqués sur moi, pourraient bien me faire baisser les armes et regarder dans la direction que m’indiquent les milliers d’index, pointés vers toutes ces beautés que j’ignore.

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8 novembre 2008

Menteuse ! Elle sait pas! (Val)

Pour trouver les fruits, j’ai cliqué sur « rechercher » puis « parcourir ».

J’ai pelé toutes les pêches. J’les ai zippées. 

J’les ai copier/coller dans le fichier, puis « enregistrer ».

J’ai tapé les amandes, scanné un peu de citron.

J’ai téléchargé le tout. Manuellement.

J’ai ouvert le programme « sucre », puis « fusionner ». 

J’ai crée de nouveaux dossiers.

J’les ai passés à l’anti-virus.

J’ai tout sauvegardé.

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Gaby me dit :

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- C’est bon ça Maman, on dirait qu’il y a de la galette des rois dans les confitures, c’est drôle. Comment on fait, dis Maman, pour faire des confitures aux fruits et aussi avec de la galette des rois dedans?

- Hem… Fiston, laisse-moi une petite heure, j’ai des choses à faire sur l’ordinateur, et après, promis, je répondrai à ta question.

pa

25 octobre 2008

Mauvaise foi (Val)

Bonjour cher jury,

Premièrement, sachez que la contrainte des deux mille caractères n’était pas assez sévère à mon goût. Oui, je sais, j’ai conçu la consigne, mais je n’ai pas voulu vous décourager en imposant des contraintes supplémentaires. Seulement, moi, cette liberté excessive m’a gênée dans mon inventivité. Je n’ai pas pu. C’était sans doute trop facile pour mon esprit compliqué. Nous sommes samedi matin et je n’avais encore rien écrit avant il y a cinq minutes. Alors, démunie, opprimée par toute ces permissions, je me suis inventé une exigence supplémentaire pour la rédaction de mon texte. 

Mon mari tient à ce qu’on sorte en famille ce matin faire quelques emplettes. Quelle aubaine ! Imaginez…

Comment ? Vous ne comprenez pas ? La contrainte !

En voilà une contrainte idéale !

Présentement, il est parti prendre sa douche et s’habiller. Logiquement, il lui faut un bon quart d’heure pour cela. Mais, ce matin, pour gagner du temps (il a très envie de ne pas partir trop tard) , il a pris son fils avec lui. Rajoutons donc dix minutes.

Une belle contrainte ! J’ai exactement vingt cinq minutes pour écrire mon texte de deux mille caractères, et pour le publier. Pas une de plus ! Dés qu’il reviendra, il insistera pour que je me dépêche d’aller à ma douche aussi, et j’aurai à peine eut le temps de finir de m’habiller que déjà il aura mis tout le monde dans l’auto qui klaxonnera à tout va !

Qu’il est pénible quand il veut sortir !

Lui, il dit que c’est moi qui le suis, pénible, avec cette histoire de défis du samedi. D’ailleurs, je le soupçonne d’avoir toujours envie de sortir en famille le samedi matin, justement. J’ai l’impression qu’il cherche à me sevrer de l’addiction.

Comment ? Mon invention ?

C’est que, c’est pas simple, d’imaginer une invention en vingt minutes tout en rédigeant un défi. Vous pourriez le comprendre, non ? Et faire comme si ce texte était très bien !!

C’est trop vous demander. J’aurais dû le savoir ! Ah ! Les génies sont toujours des gens incompris !

18 octobre 2008

A la bijouterie (Val)

Les bijoux affriolent, de derrière la vitrine

La devanture gêne à peine pour imaginer

Les merveilleuses pièces qui y sont enfermées

Je ne me retiens plus, j’entre, guidé par l’envie

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Bien plus merveilleux encore, la porte franchie

Les joyaux, frémissants, ont besoin d’être pris

Je furète, j’explore, d’appétit et d’envie

Et, les mains tremblantes de désir, je fléchis

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Me sentant défaillir, la vendeur aguerrie

M’ouvre en grand le casier des pièces les plus jolies

Je vais débourser, plus heureux qu’au paradis

Mais , rusée, elle me fait soudain changer d’avis

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Elle a encore mieux, me dit-elle, et je la suis

Vers le coffre fort, lieu défendu et gardé

J’y pénètre avec précaution, c’est lieu sacré

Elle avait raison, je lui donne tout ce que j’ai

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11 octobre 2008

Fin du défi de Papistache (Val)

Les aventures d'Anthelme Poustabosse : Épisode 537 (Papistache)

Résumé du précédent épisode : Anthelme Poustabosse, après s’être rendu au repaire de l’ignoble Dugommoi, savant fou, est lâchement assommé alors qu’il s’apprêtait à mettre la main sur le maroquin du professeur.

 

Un feu d’enfer incendiait littéralement la cheminée. Dos au foyer, Anthelme Poustabosse, chroniqueur au Petit XXIe et présentement ligoté sur sa chaise, sentait arder les flammes qui menaçaient à tout moment de faire exploser la bouteille de gaz que son ennemi juré, le professeur  Dugommoi, avait trainée en face de l’âtre.

 

Nu sur son siège, exposé au feu des buches amoncelées et comprimé par les cordes qui le liaient au dossier et à l’assise, Anthelme frissonnait. Sur ses cuisses, reposait une vipère du Gabon encore engourdie, que le professeur avait sortie d’un bac réfrigéré dans lequel somnolait le venimeux animal. Cependant, Anthelme devinait, aux légères ondulations du reptile, que la chaleur commençait à tirer le serpent de sa torpeur. Quand la vipère aurait recouvré ses esprits, il savait qu’un simple tremblement de sa part provoquerait l’attaque mortelle. Il respirait à petites lampées. La vipère reposait sur son bas-ventre et l’ignoble Dugommoi n’avait pas omis de glisser un DVD pornographique dans la fente idoine du lecteur avant de s’éclipser. Anthleme, les yeux clos, luttait pour ne pas entendre les gémissements des protagonistes ni les bruits humides des corps affrontés. La plus petite érection de sa part exciterait le serpent et lui serait fatale.

 

Sa chaise, dont les pieds de devant  reposaient sur deux gros dictionnaires, menaçait à tout moment de basculer en arrière. Tourner la tête lui aurait été funeste, il aurait entrainé dans sa chute la vipère à la morsure irrémédiablement mortelle et, la corde de piano, nouée d’un bout autour de ses parties génitales  et de l’autre à un vicieux mécanisme installé au plafond, se serait tendue, le soulevant du sol, précipitant sa gorge à la rencontre d’une lourde lame en acier de Tolède, tranchante comme un rasoir.

 

Il avait vraiment contrarié Dugommoi.  D’ailleurs celui-ci, n’avait pu s’empêcher d’injecter un poison à effet retard dans les veines du jeune reporter. Si l’antidote n’était pas administré dans la demi-heure, le cœur d’Anthelme se serrait définitivement et Dugommoi, jamais pris à dépourvu, avait pris soin, au moyen d’un fil de coton, avant de quitter son antre, de coincer l’ampoule salvatrice sous la porte. Ainsi, le premier qui la pousserait écraserait le précieux flacon.

 

Entrer par la fenêtre exposerait notre aventureux ami à une mort certaine. A peine le volet, soigneusement clos, serait-il ouvert, qu’une corde tendue et reliée à la détente d’un fusil au canon scié enverrait une décharge de chevrotines en pleine poitrine du malheureux journaliste trop entreprenant.

 

La vipère ondulait imperceptiblement. Anthelme s’attendait à tout moment à l’explosion de la bouteille de gaz. Les jeunes gens, sur l’écran à plasma dont le son avait été poussé au maximum, s’agitaient à l’unisson. La vipère ne devait pas être provoquée, sinon sa réaction fulgurante abrègerait et la vie de notre héros et ce récit. La chaise, en équilibre précaire, menaçait de précipiter la gorge du pantelant jeune homme à la rencontre de la lame acérée et un poison mortel roulait dans ses veines. À ce moment précis, la gueule noire du fusil lui paraissait un bien futile péril.

 

Dugommoi avait certainement alerté la commissaire Suzy Laguibolle. Connaissant la gaucherie de celle qu’il avait maintes fois  croisée au cours de sa tumultueuse — mais courte — vie à la recherche de la vérité quant aux agissements du monstrueux savant fou, Anthelme ne pouvait s’empêcher d’imaginer le craquement de l’ampoule contenant l’antidote sous la semelle des escarpins de l’officier de police. Son bâillon, fermement noué, l’empêcherait de proférer le moindre avertissement et le bruit du téléviseur allait couvrir ses gémissements.

 

Dehors, les crissements des pneus d’un véhicule équipé d’une sirène polytonale se firent entendre. Des talons hauts et effilés claquèrent sur le perron...

 

La semaine prochaine.
Comment le reporter du Petit XXIe réussira-t-il à se sortir du guêpier dans lequel il s'est fourvoyé ? Vous le saurez, en lisant le cinq-cent-trente-huitième épisode des Aventures d'Anthelme Poustabosse, un feuilleton rocambolesque co-écrit par le Papistache du Défi du Samedi et son prédécesseur  pour la consigne #29 du 4 octobre 2008.

Les aventures d'Anthelme Poustabosse : Épisode 536

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Résumé du précédent épisode :Anthelme Poustabosse, s’étant fourvoyé dans un sacré merdier, redoute sa mort imminente, qu’il imagine comme ayant le doux visage confus du commissaire Laguibolle.

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Poustabosse fermait les yeux de toutes ses forces. Il ne voulait pas voir la porte s’ouvrir. Pourtant il savait que ce n’était plus qu’une question de secondes, et que l’apparition du commissaire Laguibolle tirerait un trait sur ses dernières chances de survie. Cette peur saisissante avait quand même pour avantage de lui avoir fait oublier les gémissements des deux athlètes. Son bas-ventre ne le démangeait plus du tout.

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Contre toute attente, il entendit de nouveau les talons du commissaire Laguibolle claquer sur le perron. Il comprit que la belle était en train de faire demi tour. Certainement que les cris de jouissance des deux tourtereaux devaient s’entendre de l’extérieur, et que la naïve commissaire avait dû penser à une farce de la part de Dugommoi et qu’elle était en train de repartir en direction du commissariat.

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Il était dans de beaux draps, à présent. Bien sûr, il gardait une infime chance de se voir administrer l’antidote, mais il était bien seul face à moult danger qui planait au dessus de lui. La vipère commençait à s’agiter. La chaleur semblait l’indisposer, mais bien moins encore que le sexe du reporter, qui commençait à se raidir. Il faut dire que l’idée que la gauche, mais non moins désirable Suzy ait pu s’émoustiller en croyant entendre deux amants s’en donner à cœur joie de l’autre coté de la porte y était pour beaucoup. La chaleur, si prés du feu, était suffocante. Les bouteilles de gaz se faisaient de plus en plus menaçantes, mais un peu moins que la lame acérée. Avec tout ça, l’immobilité de Poustabosse, malgré sa bonne volonté était de plus en plus précaire. Heureusement pour lui, il ne sentait pas encore les effets du poison qui coulait dans ses veines, et personne ne songerait non plus à ouvrir le volet.

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C’était bien mal connaître la gauche Suzy ! Poustabosse eut le sang glacé quand il aperçut l’ombre du commissaire à travers le volet. La gueule noire du fusil braquée sur lui, qui était jusque là le moindre de ses soucis, devenait la menace la plus critique. Cette frayeur nouvelle eut tout de même pour effet de ramollir son sexe instantanément. D’ailleurs, la vipère, incommodée certainement par les divers mais non moins brutaux changements de température du corps de Poustabosse, ou alors sentant elle aussi que le fusils mettait sa vie en péril, se hissa lentement le long de la cuisse de notre héros pour prendre la fuite.

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A une autre occasion, la retraite de la vipère aurait fait les affaires de Poustabosse, mais dans de telles circonstances il en était presque ennuyé. Quitte à périr percé par des chevrotines, autant qu’une balle perdue touche également l’animal.

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La vipère était maintenant à terre et se dirigeait lentement vers la porte. L’ombre de Suzy restait immobile ou presque derrière le volet. Il semblait à Poustabosse que tantôt elle y collait la joue, tantôt le nez. Il se retenait de gémir pour éviter qu’alertée, elle n’ouvre le volet précipitamment.

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Il imaginait la gauche, mais non moins grivoise Suzy, toute fiévreuse, tentant de picorer en vain quelques bribes de la scène qu’elle devait imaginer très libertine. Cette polissonne derrière le volet, en plus des images diffusées à l’écran, sur lequel l’homme avait maintenant pris sa partenaire par derrière, le faisaient bander comme un taureau. La vipère loin de son engin à présent, il ne retenait plus son érection. Quitte à mourir, il mourrait le membre raide, c'est-à-dire dignement.

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Soudain, des bruits de pas lourds sur le perron vinrent troubler ses pensées cochonnes. Quelqu’un était derrière la porte, et ce n’était pas Suzy, dont l’ombre derrière le volet clos n’avait pas bougé d’un poil. Poustabosse se demanda alors s’il ne valait pas mieux que le commissaire ouvre le volet. Son corps nu serait moins hilarant à voir, percé de mille trous de chevrotines que ligoté sur cette chaise le sexe tendu. Il se remit donc à gémir de toutes ses forces, et se dit qu’au cas ou la gauche Suzy croirait toujours à une scène licencieuse, il se déhancherait de tout son saoul sur sa chaise en équilibre, préférant la froideur de la lame à l’humiliation. Qu’on le trouve ainsi nu, bâillonné, à l’agonie et bandant serait la pire mort qu’il puisse avoir.

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Il resta comme paralysé quand la porte se fendit soudain en deux et qu’il vit un homme au gabarit d’un ours apparaître derrière les deux planches de bois, qu’il éjecta l’une après l’autre de grands coups de pieds.

La vue de la vipère qui en profitait pour prendre la fuite entre les jambes du malabar tatoué ne le consola qu’une demie seconde. Qu’il devait être ridicule en cette position plus qu’embarrassante !

Il hésita à bouger un court instant, mais il eut une lueur d’espoir quand il vit que la démolition de la porte n’avait pas endommagé le flacon contenant l’antidote. Cette expectative s’envola quand l’homme, fou de rage, probablement un voisin dérangé par les gémissements incessants, s’approcha de lui, semblant vouloir lui arracher les yeux.

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Le gros balaise lui hurlait dessus, à présent. Poustabosse gémissait nerveusement, essayant de lui faire comprendre en vain la situation. L’homme ne voulut rien entendre et le traita de tous les noms d’oiseau, pensant avoir affaire à un détraqué qui se faisait du bien en se ligotant devant un film pornographique.

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Alors que l’homme menaçait de lui donner un coup de poing, ce qui aurait eu pour effet de  faire basculer la chaise et de tendre la corde, c’est à dire le soulever du sol par les testicules et le précipiter vers la lame tranchante, le volet s’ouvrit brusquement.

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L’ouverture du volet enclencha la détente du fusil au canon scié, et une décharge de chevrotines tomba en avalanche dans le dos du pauvre baraqué planté devant la chaise de notre ami. Celui-ci tomba sur le coté, au grand soulagement de Poustabosse. S’il lui été tombé dessus, c’était la mort assurée.

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Le silence régnait dans la pièce à présent. Les protagonistes du film porno reprenaient un peu leurs esprits gentiment. Suzy apparut devant Poustabosse, et celui-ci fut satisfait que les gémissements aient cessé. Il aurait eu l’air malin, nu, le sexe tendu en sa direction. Mais c’était sans compter la corde qui était nouée à ses parties génitales.

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Suzy, encore probablement un peu dévergondée par ce qu’elle avait cru entendre derrière le volet plus que par jugeote, prit le parti de lui libérer les parties en premier, ce qui eut son petit effet.

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Elle ne lui en tint pas rigueur, et continua à le détacher. Elle-même avait semble-t-il des choses à se reprocher, ou du moins quelque gêne à expliquer ce qu’elle faisait là, plantée derrière la fenêtre, l’oreille collée au volet.

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Poustabosse se leva, et prit les bouteilles de gaz brûlantes pour les déposer sur le perron, prenant bien soin de ne pas marcher sur le flacon de l’antidote au passage. Suzy voulut l’aider mais notre héros, connaissant par cœur gaucherie du commissaire, préféra décliner l’offre.

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Il ramassa ensuite l’antidote et l’avala d’un trait, puis tous deux éteignirent le feu de la cheminée au moyens de couvertures ramassées ici et là.

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Les gémissements reprirent soudain, d’abord mesurés, puis plus embrassants. Poustabosse, toujours nu, ne put retenir une dernière érection. Le commissaire, légèrement embarrassée, lui lança, un léger sourire aux lèvres : « Allez donc prendre une douche bien fraîche, Poustabosse. Vous avez dû avoir bien chaud. Moi je m’occupe du cadavre ».

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La semaine prochaine.
Comment le reporter du Petit XXIe réussira-t-il à sortir la gauche, mais non moins belle, Suzy Laguibolle de la sordide maison de passe dans laquelle l’horrible Dugommoi l’a enfermée pour l’y faire travailler de force.

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Et le perroquet violet sur la pointe de son pied ;) .

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4 octobre 2008

Au revoir, Sophie (Val)

 

 

Tout a commencé le jour ou j’ai promis à Sophie d’arrêter de boire et de fumer. Je m’en souviens très bien. Ce n’était pas une résolution du nouvel an. Là, c’était plutôt une réponse à sa mise en demeure. « T’arrêtes, ou je me tire ! ». En fait, je n’ai même pas vraiment promis. Je lui ai répondu « Ne pars pas ». Elle a pris ça pour une promesse. Toujours est-il que je savais ce qui m’attendais si je ne m’exécutais pas. J’aurais tout fait pour ne pas qu’elle parte…

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Bien sûr, je n’ai pas réussi à arrêter de boire, et encore moins de fumer. Comme il n’y avait ni alcool ni cigarettes à la maison, j’ai dû ruser. Un mensonge de rien du tout, ça mange pas de pain. Chaque soir, après le travail, j’allais au bar du coin. J’achetais un paquet de clopes et je commandais une dizaine de demis. Et, chaque soir, je l’appelais, prétextant une réunion de dernière minute au travail. Et, pour les sous, j’avais ma combine. J’ai commencé à lui dire à quel point ma boite allait mal financièrement, et les difficultés que j’avais à me faire rembourser mes notes de frais. Au début, c’est passé comme une lettre à la poste, avec Sophie !

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Et puis j’ai pris peur, le jour ou Sophie, en colère, a eu l’idée saugrenue d’appeler mon patron. Elle voulait lui réclamer toutes ces heures sup’ non rémunérées et aussi le remboursement des notes de frais. Alors, j’ai avoué à Sophie que j’avais menti…

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Je lui ai expliqué que j’avais retrouvé un ancien copain devenu SDF, et que, chaque soir, je passais un moment avec lui sur son banc, que je lui achetais des vêtements, des cigarettes, de la bouffe, et que parfois je lui payais l’hôtel. Je lui ai dit que je n’avais pas osé le lui avouer, pensant qu’elle me gronderait.

Sophie ne m’a pas grondé. Et, pendant quelques jours, j’ai encore pu faire illusion et vivre ma double vie avec ma clope et mon verre de bière.

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Seulement voilà, tout s’est compliqué lorsque Sophie m’a carrément dit d’emmener mon ami ici, qu’on pourrait le nourrir et le loger le temps qu’il retrouve un travail. J’étais dans l’impasse !

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Alors, j’ai pleuré. Un soir, je me suis couché à ses pieds en sanglotant. J’ai imploré son pardon. Je lui ai tout raconté : que j’avais une maîtresse, que chaque soir je la retrouvais dans un hôtel miteux, que je lui offrais des bijoux, que je l’invitais au restaurant… J’étais prêt à tout pour éviter qu’elle découvre que je fumais et buvais encore en cachette et qu’à cause de cela elle ne me quitte.

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Ça n’a pas fonctionné. Ce soir là, Sophie m’a dit, d’un ton sec et les yeux plein de haine : «  Je serai partie demain matin ».

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J’étais dans l’impasse la plus totale. IL n’aurait servi à rien de rétablir la vérité. Elle me l’avait dit : « T’arrêtes ou j’me tire ! ». Tout lui avouer n’aurait rien changé.

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27 septembre 2008

C’est bien ma veine (Val)

Pff, la poisse, ce défi ! Une œuvre d’art ! Mais moi, je n’y connais rien en art. Quelle ignare ! Comment je vais faire ? J’me le demande !

Un musée… pff ! J’vais leur dire quoi, moi ? J’pourrais aller vite fait au musée de la mer, ou encore à celui des commerces d’autrefois. Non, j’laisse tomber !

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Si encore Goldman avait accepté d’avoir une statue au musée Grévin, ça aurait fait mon affaire !

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J’vais tout de même pas dire que je veux la Joconde dans mon salon. Comme Steevy ! Ridicule ! La Joconde, chez moi, sur mes murs en plâtre même pas peints ni tapissés. Non mais franchement !

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Si seulement j’avais pu choisir la statue de Goldman, j’l’aurais mise dans la chambre à coucher.

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 J’ai pas le souvenir d’avoir été frappée par une œuvre d’art. Vraiment frappée. Je me souviens que dans la salle d’espagnol, au lycée, il y avait ces affiches avec des reproductions de tableaux de Botero. Je les regardais tout le temps. Elles attiraient mon regard. Mais, je pense que c’est pour d’autres raisons. De là à en vouloir une pour moi…

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Non, Goldman ça aurait été bien. Je l’aurais embrassé sur les lèvres chaque matin. Et peut-être même le soir, et la journée aussi.

A part lui j’vois pas ! Mince ! Mais, je sais, c’est pas une oeuvre d’art.

M’en fous !

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On dirait que je faisais la queue au musée Grévin, et que j’aurais gagné à la tombola. On dirait qu’il avait changé d’avis et accepté cette foutue statue de cire ! Et on dirait que je repartais avec !

Et Manu aurait râlé ! Sûr !

Une statut de Goldman dans sa chambre ! Grandeur nature. Pas la peine d’y songer ! Il va péter un câble !

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Mais bof, il dit souvent non au début, et puis j’arrive toujours à mes fins. Il ne sait rien me refuser.

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20 septembre 2008

Un auteur à l’école (Val)

Je sais, je suis à la limite du hors sujet, mais parfois, quand l’inspiration n’est pas là, on peut peut-être ouvrir un tiroir de sa mémoire pour y piocher un beau souvenir tout neuf, même pas encore exploité pour un autre texte. Non ? On va dire que vous m’y autorisez ! Vous êtes tellement complaisants…

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J’étais en première littéraire. L’année du bac de français. Je trouvais les œuvres au programme pas très intéressantes, alors je lisais autre chose. Plein d’autres choses. Je ne me nourrissais que de bouquins et de tomates.

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J’étais en première littéraire, et, allez savoir pourquoi, ces élèves là n’ont jamais cours, il parait. Combien d’heures par semaine ? Vingt, peut-être ? Quand les autres séries s’en tapent pas loin de quarante ? C’est qu’il faut du temps libre, pour lire, non ? Ils l’ont jamais compris. Passons !

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Je passais mon temps au CDI, que je partageais, à une certaine tranche horaire, avec une classe de première technologique. Ils préparaient un bac gestion, il me semble.

J’étais intriguée, à chaque fois par la présence de livres à la couverture toute noire sur leurs tables. Des série noire ! Ils préparaient leur bac de français avec un roman de série noire !

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Je connaissais leur professeur, pour avoir assisté quelques fois à ses cours, que j’avais trouvée O combien intéressante. Mais, ce jour-là c’est plus la curiosité (ou la disette) qui a parlé :

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- Dis ? tu me le prêtes ?

- Quoi donc ?

- Ton livre. Tu me le prêterais ?

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Je n’ai eu aucun mal à ce qu’on me le mette entre les mains.

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J’ai lu ce bouquin en deux heures. Ça ne m’a pas suffit. L’élève en avait besoin pour le lendemain, mais j’ai réussi à m’en procurer un autre, puis un troisième. J’ai dû lire le roman six fois. J’y trouvais de nouvelles choses à chaque lecture. Comme je l’ai aimé !

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Je pensais que l’auteur était un génie. Déjà, pour reprendre Sophocle, et publier sa version d’Œdipe Roi, je pense qu’il faut être très habile. Il l’a été ! Je n’imagine pas que n’importe puisse s’y attaquer.

Il faut en être capable ! Il l’a été !

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Bon, vous aurez compris qu’à l’époque j’ai aimé son roman sans retenue.

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Et voilà qu’un jour, un élève de cette classe de première techo me fait savoir que sa classe avait écrit à l’auteur, en l’invitant à venir se faire interviewer par la classe, et que le monsieur avait répondu en acceptant l’offre et même en posant une date.

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- J’te dis ça au cas ou ça t’intéresse… sait-on jamais !

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Et comment que ça m’intéressait de le rencontrer ! Déjà, le mec, rien que pour son roman, je l’aime ! Mais en plus, je trouve ça très très classe, d’accepter une invitation d’une classe de lycéens.

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Pour assister moi aussi à la petite conférence, il me fallait deux accords. Car, bordel, j’avais cours (pour une fois que j’avais cours) ce jour-là. Et de maths, par-dessus le marché ! Avec le prof de lettres on aurait pu s’arranger …

 Là, il a tout de même fallu batailler !

J’ai obtenu l’autorisation de m’abstenir de leçon de maths après moult pleurnichages. Je pense que le prof ne me l’a pas donnée de gaieté de cœur… je l’ai eu à l’usure.

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La seconde autorisation, celle de la prof de français de leur classe, je l’ai eue plus que facilement. Elle l’a offerte à qui n’en voulait… (bon, elle prenait pas de risques, hein ! On n’était pas plus d’une demie douzaine, à part sa classe, à vouloir rencontrer l’auteur !). 

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Nous étions tous assis en salle de réunion. Il a frappé. Il est entré. Il a parlé, parlé, parlé. Certains lui ont posé des questions sur son œuvre, sur sa vie, sur ses projets d’écriture. Questions libres ! Je n’en avais pas. Je n’ai pas eu envie de lui poser des questions. Je l’ai écouté parler, parler, parler. Le temps s’est arrêté. J’ai tout bu ! Tout ce qu’il disait !

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On ne s’imagine pas qu’il y a un homme normal caché derrière un bouquin qu’on a aimé. Enfin, moi, je ne me l’imaginais pas. Comme c’etait abstrait, cette idée « d’auteur »…

Pour moi, avant, un auteur, c’était une sorte de personnage inaccessible, une entité seulement composée d’une plume et d’un cerveau.

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Comme c’est bon, de trouver en face de soi une vrai personne ! Un type qui sourit, qui parle, qui porte des jeans et qu’a un boulot, et aussi une voiture, et une femme, et des enfants. Un mec normal, quoi !

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C’est bizarre d’avoir retenu cela, non ? Je vous l’accorde. Mais c’est ce jour là que j’ai vraiment réalisé que les auteurs (aussi brillants soient-ils) étaient de vrais gens. Et même qu’ils pouvaient être des gens sympas !

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Je n’ai jamais relu le bouquin après cette rencontre. Je pense que je vais le relire d’ici peu. Ça m’a donné envie.

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En revanche, j’ai bien aimé cette classe de compta-gestion. L’année d’après, en terminale, j’ai assisté à quelques cours de philo dans leur classe.

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- Hey ? M’sieur ? On a une copine de TL qui veut venir, ça vous dérange pas ? Elle fait pas de bruit…

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13 septembre 2008

Pour le sexe (Val)

On m’a souvent demandé pourquoi j’avais épousé Raymond. Cet homme mou, qui semble ne pas avoir inventé l’eau chaude, ses accoutrements négligés, son manque d’hygiène suffocant, son manque d’ambition évident…

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Ces question m’exaspéraient un peu, à force. Il fut un temps ou je ne savais que répondre. Je répondais mollement que je l’aimais, mais ça les laissait bien sceptiques.

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Je me voyais mal leur dire la vérité… Alors, j’ai commencé à répondre que c’était pour le sexe, que je l’avais choisi.

Pour le sexe ! Et on m’a foutu la paix ! Si j’avais dit pour l’argent (Les parents de Raymond nous entretiennent) on m’aurait traité de profiteuse. Si j’avais répondu que c’est parce que je n’ai pas à travailler pour gagner notre croûte, on m’aurait prise pour une paresseuse.

Maintenant, je répond « pour le sexe », et personne n’ose plus rien dire. Ça coupe court à tout. Je pense que les femmes comprennent, et me donnent des circonstance atténuantes . Elles prennent un air qui veut dire « Ah ! Je comprends mieux ! » Peut-être même que leur vie sexuelle avec leur mari n’est pas satisfaisante et qu’elles me jalousent un peu.

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Depuis que j’ai commencé à répondre ça à mes cousine, à mes amies, elles regardent Raymond différemment. Avant, elles l’ignoraient complètement. Je pense qu’il les révulsait. Maintenant, elles lui sourient, ces obsédées ! Sûr qu’elles nous imaginent, mon Raymond et moi, en train de faire l’amour… Elles m’imaginent gémissant de plaisir. Ah ! Si elles savaient !

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Finalement, je ne leur mens pas tant que cela. C’est vrai, d’une certaine manière, que je l’ai épousé pour le sexe, mon Raymond ! Je l’ai choisi, car voyez-vous, il me laisse en paix ! Oui, en paix ! Raymond n’est pas du tout porté sur la chose. Il ne l’a jamais été. D’ailleurs, en six ans de mariage, il ne m’a jamais touchée. Oh, parfois, il s’endort prés de moi, ça oui ! Mais pour le reste, non ! Pourtant, je sais qu’il n’est pas impuissant, mon Raymond. Une fois, je l’ai surpris dans notre lit en train de … vous voyez, quoi ! Il se faisait du bien tout seul. Ça ne me dérange pas ! J’aime autant ça.

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Je n’aurais pas voulu d’un homme qui m’embête. Les choses sexuelles ne sont pas pour moi. Je me souviens qu’une fois, avec Lucien (mon premier fiancé) nous nous sommes retrouvés seuls sur un matelas dans la cabane de jardin. J’avais voulu lui faire plaisir. Le bougre me touchait partout avec ses mains sales et son air répugnant. C’est fou comme l’excitation donne un air bête aux hommes ! Ensuite il est monté sur moi, et je me suis ennuyée. Je ne pensais qu’à une chose : qu’il s’en aille ! Comme c’était long…

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Quand il a eut fini, je sentais mauvais et j’étais complètement dégoûtée. Le lendemain, je le quittais.

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Ensuite, j’ai rencontré Raymond, qui m’a promis de ne jamais m’ennuyer si je l’épousais. J’ai préféré ça plutôt que de rester vieille fille. J’ai épousé Raymond. Il fait sa petite affaire seul de temps en temps . Moi, je m’occupe de la maison. On voyage, on fait de belles ballades, il m’emmène au restaurant et dans les musées.

Et nous sommes très heureux comme ça. Mais ça, elles ne pourraient pas le comprendre, les autres, avec leurs manies d’aimer tant ce qui est dégoûtant !

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6 septembre 2008

Pièce en un acte (Val)


J’ai rêvé d’une pièce de théâtre en un seul acte. Du jamais lu ! De l’inédit ! Une pièce de théâtre qui ne mettrait pas en scène des personnage de la vie réelle, mais plutôt les marionnettes qu'ils ont crées pour la toile. Oh, je ne l’ai pas encore écrite. J’aimerais avoir votre avis avant. Je vous en fait un petit résumé ?

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Le drame se jouerait autour de trois personnages, que dis-je, trois hologrammes : Papistache, Janeczka et Val, les pantins respectifs de Philippe, Jessica et Valérie.

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Scène 1 :

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L’hologramme Papistache, un notable de la blogosphère, entrerait en scène en premier, dans la cabine du bateau virtuel, accompagné d'un garçon virtuel. Il visiterait, et se renseignerait d’abord sur l’heure à laquelle est servi le thé, ou si le lieu est équipé d’une connexion Internet haut débit, qui lui aurait permis de rester en contact régulier avec Mamoune, qui elle était certainement partie pour le paradis. Le garçon se moquerait de lui parce qu'un personnage virtuel n’a pas besoin de boire, ni même d’entretenir des relations sentimentales avec d’autres personnages virtuels.

Dans la cabine, il y ferait très chaud, il n'y aurait pas de miroir, pas de fenêtres et pas de lits (un personnage virtuel ne dort pas) . Seulement trois canapés. Sur le bateau virtuel, comme sur la toile,  les personnages n’ont pas besoin des choses de la vraie vie.

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Scène 2

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Le garçon aurait quitté le bateau et l’hologramme Papistache se retrouverait tout seul. Il essaierait de communiquer avec la radio, en langage htlm, puis en langage sms,  mais elle ne marcherait pas, alors il tenterait de sortir sur le pont mais les portes de la cabine virtuelle seraient bloquées. Le bateau virtuel, les marionnettes n’en ressortent jamais…

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Scène 3

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L’hologramme Janeczka entrerait ensuite. Elle demanderait à Papistache où se trouve sa blogamie Val, qu’elle chercherait en vain, mais Papistache n’en saurait rien. Janeczka prendrait l’absence de celle-ci pour une punition et Papistache pour le bourreau virtuel. Papistache rigolerait et déclinerait sa vraie identité ( le pantin blogesque de Philippe) à Janeczka.

Il lui expliquerait la situation : ils seraient virtuellement morts, et enfermés là pour l’éternité certainement. Il affirmerait qu’il n’a pas peur.

Il lui proposerait aussi de conserver entre eux deux une extrême politesse, mais ça ne fonctionnerait pas très bien, parce que tous les deux auraient très peur et seraient très nerveux, et que Janeczka serait une vraie chipie avec lui.

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Scène 4

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L’hologramme Val entrerait enfin, et en tout premier lieu elle prendrait Papistache pour quelqu’un qu'elle connaît. Papistache lui répondrait que ce n’est qu’illusion… que si leurs créateurs respectifs se connaissaient, eux, les pantins, n’avaient jamais été réunis dans une même pièce. 

Il se présenterait donc à elle et lui expliquerait les règles. Val ne voudrait pas entendre parler de ces stupides règles, s’exclamerait qu’ils ne sont plus à l’école, et préférerait s’inquiéter des couleurs des canapés.

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Scène 5

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Val prétendrait ignorer la raison de sa présence sur le bateau. Elle s'interrogerait par ailleurs quant à la raison pour laquelle les trois personnages y auraient été réunis.

Papistache croirait qu'ils sont ici tous les trois par pur hasard.

Janeczka, plus lucide, déclarerait que chacun deviendrait, par la suite, un bourreau pour les autres et les forcerait à avouer les crimes qu'ils auraient commis.

Les deux autres ne voudraient pas y croire.

Papistache, ne pouvant admettre une telle hypothèse, préfèrerait s'isoler en espérant ainsi s’épargner et épargner les autres, mais en vain.

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Scène 6

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Papistache finirait pas se dévoiler : il expliquerait avoir torturé Michèle, l’épouse de son créateur, par la façon dont il s’était immiscé entre elle et ce dernier. Se sentant de trop, il s’était lui-même éclipsé en héros, s’affranchissant de celui qui le fit vivre durant deux années. Un matin, à 6h01, il aurait lâchement déserté le blog de son marionnettiste, sans signe avant coureur, et sans même un adieu à ses blogamis. 

Janeczka avouerait alors que contrairement à Jessica, elle aimerait les femmes, et elle serait très méchante. Sa créatrice l’aurait conçue à l’opposé de son propre caractère. Elle conterait la façon dont elle et sa maîtresse virtuelle, rencontrée sur les blogs, ont réussi à évincer et à assassiner Crouton et Manu, les marionnettes représentant les époux de Valérie et Jessica, également crées par ces dernières.

Jessica avait eu des remords quant à son époux. Elle avait elle-même choisi de tirer un trait et de tuer son propre personnage virtuel.

En fin de compte Val raconterait, à contrecœur, que Valérie était devenue dépendante de son blog et que cette folle passion l’aurait empêché de continuer à s’occuper de ses enfants. La blogueuse, consciente de sa dépendance, pensait à tirer un trait sur le personnage qu’elle avait crée.

 Val, jalouse de l’amour que portait Valérie à ses petits, et les trouvant également encombrants pour vivre pleinement sa passion avec Janeczka, aurait virtuellement noyés les personnages représentant les enfants de Valérie. 

Valérie, peinée d’en arriver là, aurait préféré faire mourir son personnage d’une pneumonie plutôt que de le tuer elle-même.

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Scène 7

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Val s’éloignerait délibérément de Janeczka, la pensant en partie responsable de leur mort à toutes les deux, ainsi que de celle de leurs époux virtuels et de ses enfants virtuels. Elle rechercherait à présent du réconfort dans les bras de Papistache, qui serait incapable de lui en donner : dans sa lâche désertion, il avait également entraîné Mamoune dans son sillage, et il s’en voulait beaucoup.

De plus, Janeczka serait jalouse et n'arrêterait pas de juger les deux autres pantins ironiquement.

Val, d’un geste désespéré, essayerait d'assassiner Janeczka mais les trois personnages virtuels seraient tous déjà morts, ensemble sur ce bateau. Pour l’éternité.

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L’enfer virtuel, c’est les autres marionnettes.

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Epilogue :

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Philippe, Jessica et Valérie, les créateurs des trois défunts personnages n'apparaîtraient qu'à ce moment là, les uns après les autres. Ils seraient chacun entourés de leurs proches et de leurs conjoints respectifs, à rire de bon cœur .

Ils n’auraient pas la moindre idée que les personnages nés de leurs plumes, qu’ils avaient un jour décidé d’abandonner sans remords, étaient désormais en enfer. L’enfer des personnages du net.

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Vous pensez que ça peut marcher ?

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30 août 2008

672 (Val)

J’ai le numéro six cent soixante douze. J’suis pas prés de sortir d’ici ! J’en ai certainement pour la journée ! Et pourtant, j’suis arrivé aux aurores comme on me l’avait conseillé.

Numéro cent dix ! A vous !

Cent dix ? Pff ! J’vais en avoir pour des jours ! J’espère au moins que j’ai tous mes papiers, ça serait malheureux d’être obligé de revenir. C’est que, je sais comment ça se passe, là dedans ! Il vous manque un formulaire, et ils prennent pas votre dossier !

Numéro deux cent un ?

J’le crois pas ! C’est super long ! Midi passé… J’espère que Josiane  va pas s’inquiéter… Encore heureux qu’ils passent avec des sandwichs et des boissons fraîches aux heures des repas ! J’peux même pas lire un magasine, en plus. Ils sont tous pris. J’aurais du apporter un bouquin… Je commence à m’ennuyer ferme, et le pire, c’est que j’suis pas prés de passer !

Numéro deux cent quatre vingt douze !

Ils ont changé d’équipe. Peut-être que les nouveaux seront plus rapides.

Non, merci, j’veux pas de goûter, ça ira. Comment ça, vous repassez pas avant vingt heures ? C’est que, j’espère bien ne pas avoir à dîner là !

 Pourquoi il me rigole au nez, ce con, quand j’dis ça ?

Numéro trois cent cinquante ?

Bon, j’vais quand même appeler Josiane de la cabine pour la prévenir que je serai certainement pas là pour le dîner, voir pour le coucher. J’vais même lui dire qu’à ce rythme j’suis même pas certain de sortir d’ici un jour. Elle va halluciner, la Josiane !

Comment ça, faut prendre un ticket pour la cabine ? Quel truc de cinglé !

Numéro quatre cent deux… le quatre cent deux, s’il vous plait ?

Bon, si en plus ils accourent pas, les mecs, on est pas sortis ! N’empêche, j’ai bon espoir, ça commence un peu à se vider. La preuve, j’ai enfin une chaise de disponible. C’est pas trop tôt, j’ai super mal aux pieds, moi ! Cool, y’a même un Voici Paris de juin 2002 qui s’est libéré.

Hein ? Quoi ? Faut prendre un ticket pour lire les Voici Paris ? C’est la meilleure, ça !

Hein ?

Ah, non, il plaisantais, le monsieur ? C’est qu’il en a, de l’humour, ce con !

Le quatre cent soixante dix !

Oui, je vais prendre un Panini au chèvre, une barquette de frite et une bière, s’il vous plait !

Putain, une journée entière à poireauter ici. J’suis dégoûté ! J’sais même pas quel temps il a fait aujourd’hui ! Y’a même pas de fenêtre dans cette putain de salle d’attente ! C’est Josiane qui doit commencer à râler… Si je me rends compte que je serai pas rentré pour l’heure du coucher, je la rappellerai !

Numéro cinq cent deux ?

Comment ça, si je souhaite dormir ? Ah, parce que vous louez des sacs de couchage ? Dites, c’est souvent que les gens dorment ici ? Tous les soirs ? Ah quand même ! Bon, ben oui, alors… allons-y pour la sac de couchage ! Vous servez les petits dej’ aussi, le matin ? Oui ? Pff, j’aurais du éviter de poser la question, tiens ! 

Numéro cinq cent cinquante huit !

Allô ? Poussin ? Oui, c’est moi ! Bon, ben y’en a encore pour plusieurs heures ! Ouais, j’serai pas de retour avant demain matin, à mon avis ! Non, non t’inquiète, ils m’ont filé un sac de couchage. Y’a même la télé, ici, le soir ! Oui, j’ai dîné ! A demain, poussin ! Non non, j’ai tous les papiers ! J’ai vérifié mille fois ! C’est dire si j’ai eu le temps, aujourd’hui ! J’me suis fait chier comme un rat mort !

Numéro cinq cent quatre vingt dix neuf !

Bon, l’équipe de nuit est arrivée ! C’est fou, ça ! Ils tournent en 3X8, la dedans ! Remarque, tant mieux, vu le monde…

J’en ai mare, ça fait vingt fois que je lis le même Voici Paris ! J’crois que je vais m’assoupir un peu. Y’en a encore une petite centaine à passer avant moi…

Numéro six cent cinquante !

Putain, faut que je me réveille ! Mon tour approche ! Et dire que j’vais bientôt sortir de cette galère. C’est trop de bonheur ! Purée, ils ont même plus de café !

Faut que je fasse gaffe à pas me rendormir, ça s’rait trop bête de tout foirer maintenant !

Numéro neuf cent quatre vingt dix neuf ?

Hein ? C’est quoi c’bordel ? Moi j’avais le six cent soixante douze ! Comment ça on m’a appelé ? J’dormais ? Putain, fallait me réveiller, bordel !

Bon, j’peux passer, là ?

Non ?

Reprendre un ticket ?

Vous déconnez, là ?

Ils déconnent pas, ces cons ! Faut qu’j’recommence tout ! Putain !

Numéro vingt huit ?

Bon, j’ai le cent quatre cinq, ça devrait être plus rapide qu’hier !

J’rappelle Josiane !

Un café ? Oui, j’veux bien…

23 août 2008

Véronique (Val)

Ce samedi, grande brocante au village. Et en plus, il fait beau.

Véronique s’y rend, réjouie et bien décidée à y trouver…un siège bébé pour vélo et un aspirateur !

Elle en voudrait un sans sac, très beau et très léger, et surtout pas bruyant pour un sou.

Un jeu d’enfant à trouver, non ?

En vrai, Véronique, malgré le sourire qu’elle affiche, est contrariée. Son ancien aspirateur, elle l’aimait bien. Non seulement il était assorti à son carrelage de salle de bain, mais en plus il était ultra léger et plutôt puissant.

Malheureusement, sa belle-sœur (un personnage !) l’a utilisé pendant ses vacances à la maison et a omis de mettre un sac, à moins qu’elle ait cru qu’il s’agissait d’un aspirateur sans sac… allez savoir ?

Toujours est-il que le verdict est tombé ce matin : mort, l’aspiro ! Le mari de Véronique, médecin de petit et gros électroménager amateur (mais pratiquant !) a rendu son verdict peu avant midi . Paix à son âme !

Véronique est irritée. Non seulement elle a perdu un fidèle compagnon, mais en plus elle a du dire adieu à ses projets du samedi matin, autopsie de l’aspirateur oblige.

Elle avait prévu d’aller au magasin de sport pour acheter un siège vélo à sa petite fille, voire de passer aussi au magasin de jouets pour voir les cuisines pour son anniversaire prochain.

Point !

Véronique sait bien qu’elle ne trouvera pas l’aspiro de ses rêves dans un vide grenier. D’ailleurs, par chez elle, y’a même pas de vide grenier le samedi.

C’est à confo qu’elle ira cet après midi.

Elle aurait préféré faire une ballade à vélo en famille… mais le siège n’est toujours pas acheté.

Pourtant, Véronique sourit. Elle a même affirmé à son mari chéri qu’elle n’était pas mécontente, car elle voulait le changer, finalement, cet aspiro.

Des plaintes, ou même une moue de dépit n’auraient fait qu’attiser la petite animosité qu’éprouve déjà le chéri en ce moment envers sa sœurette.

A quoi bon ?

Je sais, je sais, c’est facile et c’est de la triche, mais je n’ai rien trouvé de mieux, et puis c’est bien connus, la réalité est souvent bien moins coquette que la fiction.

Pour me faire pardonner, une autre fois je vous raconterai la fois ou j’ai visité un village viking reconstitué dans une ville du nord de l’Angleterre.

Bon samedi à tous.

9 août 2008

Strangulation (Val)

Mélanie était étendue sur son drap de bain, sur le ventre, la tête posée sur ses bras croisés. Le soleil lui chauffait le haut du dos et le derrière des cuisses. Elle était bien. Elle fermait les yeux, pour oublier la foule et s’imaginer qu’ils étaient seuls sur une plage déserte.

Paul était assis sur elle ou presque. Bien sur, ses genoux posés sur le sable, de chaque coté des hanches de sa compagne empêchaient que les reins de Mél supportent le poids de son corps. Il était dans la position idéale pour lui masser le dos et l’enduire de crème solaire. Et elle aimait ça. Les mouvements lents et circulaires de son amant sur sa nuque et ses épaules la plongeaient dans une langueur plus qu’agréable.

Elle était sur le point de s’endormir quand soudain le massage devint bien moins agréable. Paul s’attardait de plus en plus sur sa nuque, et ses mains se faisaient lourdes. Les pressions qu’elles exerçaient sur son cou, puis sur sa trachée devinrent vite insupportables. Elle n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche pour lui demander d’arrêter, qu’un bâillon lui enserra les lèvres, puis toute la partie inférieure de son visage.

Interdite, elle tenta de se tourner mais les mains de son fiancé lui maintenaient les épaules fermement. Elle se débattait du mieux qu’elle pouvait, mais bientôt il se posa sur elle de tout son poids. Elle gémissait tant bien que mal, pensant que sur cette plage noire de monde quelqu’un finirait par être alerté. De même, elle scrutait des yeux ses voisins de serviette. Rien n’y faisait. Personne ne semblait avoir remarqué ni entendu quoi que ce soit d’anormal.

Elle était affolée. La panique, le bâillon, le poids du corps de son compagnon sur ses côtes rendaient sa respiration de plus en plus difficile. Elle ne put plus respirer du tout quand les mains de Paul vinrent lui enserrer le cou violemment.

Quand il lui susurra à l’oreille un petit : « Adieu, chérie » suivi d’un rire étrange, elle sut qu’elle allait mourir là, sur cette plage noire de monde, sans que personne ne le remarque, et des mêmes mains qui l’avaient milles fois caressée, et qu’elle aimait sentir se balader sur elle.

Elle pensait que tout était fini pour elle, quand soudain  plus aucune pression ne retint sa respiration. Elle prit une grande inspiration et trouva la force de se retourner, faisant basculer Paul sur un coté. Déséquilibré,  il tenta de se rattraper à son bras pour éviter la chute. Elle le frappa violemment pour qu’il lâche prise et s’enfuit en courant sans qu’il ait le temps de réagir.

Interloqué, il prononça, comme pour lui-même :

« Si j’avais su que ça la contrarierait à ce point, je ne l’aurais pas laissée dormir. Mais son sommeil semblait si serein … ». 

2 août 2008

2058. Gaby et sa fille. (Val)

- Tes grands-parents sont d'accord, ma fille! Toi et ton mari pourrez vous marier dans la peugeot 206 qu'ils avaient quand ton vieux père était petit.
- Oh! Chouette! Une voiture qui roule à l'essence!
-  Presque! Un diesel, ma fille.
-  Elle va faire sensation...
-  Oui! Tes grands-parents ont bien fait de la garder. Elles ont toutes été détruites ou presque quand le pétrole a été interdit. Ton grand-père garde tout...
-  Mais...ou va-ton trouver du carburant? Le pétrole n'existe plus. Si?
-  T'en fais pas! Ton arrière grand-père en avait mis quatre bidons de coté, à l'époque. Pour marier ses petits enfants. Ta tante Elisa ne s'est jamais mariée. Il en reste un, et il est pour toi.
- Pourquoi ne s'est-elle jamais mariée? Elles auraient pu, elle et Pimprenelle?
- C'est que... quand nous nous sommes mariés, ta mère et moi, seuls les mariages entre un homme et une femme étaient autorisés.
- Incroyable! Tu plaisantes? Comment les gens ont-ils pu vivre aussi longtemps sans pouvoir épouser qui ils voulaient? Et... quand la loi est passée, elles auraient pu, non?
-  Tu sais, tes arrières grands-parents n'etaient pas très chauds. Faut les comprendre, à lepoque c'etait tout nouveau... Alors tes tatas ont laissé tomber. ça ne les a pas empeché d'avoir tes deux cousins.
-  Hum! Dis? Papa? Tu te souviens, de quand tu montais dans des autos à essence?
-  Comme si c'était hier! Tu sais, il y a 50 ans, il n'y avait que ça, quasiment...
-  Ah bon? ça devait pas rouler bien vite!
- Tu l'as dit! Il nous fallait quatre heures pour gagner le Perche!
- Quatre heures? Tu rigoles? Et pas de mariages homos? Et puis quoi, encore? Me dis pas qu'on mourait encore du cancer! Si? Quand t'etais petit, c'etait vraiment la pré-histoire!


12 juillet 2008

Courrier des States (Val)

 

Le courrier est arrivé ce matin des States.

Quand j’ai compris ce que contenait l’enveloppe, j’ai couru vers cet endroit qui m’est si cher : le coin de paradis de mon jardin.

A l’abris des regards, seule avec l’enveloppe, je l’ai ouverte en tremblant.

Mon anglais est bon. Je n’ai pas fait de contre sens. Et puis, 2018 était écrit en chiffres. Pas d’erreur possible !

En 2018… purée ! Je n’aurais certainement pas dû…

Pourquoi ai-je voulu savoir ? Quelle idiote !

Peut-être aurait-il mieux valu que j’aie la « surprise »… en 2018…justement. Je ne sais pas. Je m’embrouille. Remarques, tu parles d’une surprise !

De toute manière c’est trop tard. Maintenant, je sais ! C’est irrémédiable. Va falloir faire avec…

En 2018…

Ce nombre fait écho dans ma tête depuis des heures. Je ne sais même pas depuis combien de temps je suis assise là à me le répéter mentalement.

En 2018 … quand je ferme les yeux pour retenir mes larmes, je vois ces quatre chiffres couchés sur ce maudit courrier.

Bon sang ! C’est dans trois ans !

Quel âge auront les enfants, en 2018 ?

La maison ne sera même pas payée…

J’ai envie de hurler, de me révolter. J’ai la nausée rien que d’y penser.

A quoi bon y penser ?

Merde ! Pourquoi moi ? Pourquoi si tôt ?

En 2018… merde ! Plus que trois ans…

J’ai même pas vu l’Afrique.

J’ai même pas encore transmis le gout de la lecture et de l’écriture aux petits. C’est à peine si je leur ai parlé de mon amour pour la nature. Et pour ce bout de jardin…

Va falloir que je leur dise à quel point je les aime.

En 2018… quelle poisse, bordel !

Est-ce que je vais leur dire ? Non ! Je ne veux pas paniquer les enfants. Et puis lui, il n’y croira même pas… Pourtant, c’est fiable à 99, 9 %, qu’ils disent…

En 2018… je suis complètement abattue à l’idée de…

Mieux vaut que je garde ça pour moi.

Oh ! Je sais !

Voyons… en 2018… trois ans… ça me laisse largement le temps d’accomplir le principal.

C’est décidé ! Je vais leur consacrer ces trois prochaines années. Oui ! Je vais tenter de tout leur transmettre. Le temps presse…

Je vais regrouper tous mes journaux, tous mes écrits, et leur en faire une copie à chacun. Ils les liront plus tard et sauront qui j’étais…

Je ne rédigerai pas de testament. Tout est pour eux !

En 2018… Putain ! C’est effrayant !

Ah ! En revanche, si ! Je ferai une lettre ! Non ! Plusieurs lettres ! Je vais faire l’inventaire de tout ce que j’aimerais leur dire…

Et j’ai envie de pleurer rien que d’y songer… Comment feront-ils, en 2018, si je ne suis plus là ?

Et surtout, va falloir que je prévoies… pour 2018. J’ai trois ans devant moi pour que ça leur rentre dans leur petites têtes :

Je veux être incinérée, et que mes cendres soient enterrées ici même, là ou nous aimons nous retrouver tous aux beaux jours, là ou j’aime à me réfugier pour me retrouver seule.

Il faut que je leur dise que je veux qu’ils gardent la maison, et qu’ils continuent à se réunir au jardin, que j’ai voulu à l’image de notre famille.

Je suppose que.. enfin j’en sais rien, mais… j’aime croire que … je serai avec eux, dans ces moments là…

En 2018… et s’ils s’étaient trompés ? Et puis qu’est ce qui me prouve que… ? Quelle conne ! Mais qu’est ce qui m’a pris de vouloir savoir ?

Andouille ! Tu vas devoir vivre avec ça, à présent !

Je ne sais pas si je suis plus angoissée qu’en colère.. contre moi-même. J’ai envie de hurler et de m’en prendre à la terre entière. Et de pleurer. C’est vraiment injuste.

En 2018… la vie est injuste, quand on y pense. Bordel, quelle cruauté ! J’suis pas pire qu’une autre ! J’suis pas la plus méchante ! Alors pourquoi ? Pourquoi si tôt ?

Maintenant, je comprends pourquoi chez nous le test est interdit à la vente. Sur le coup, scandalisée, j’ai pesté : « On a bien le droit de savoir, quand même ! » .

Quelle idiote ! Il n’y a rien de pire que de savoir…

En 2018, que c’est écrit ! C’est bien ma veine, tiens !

Pourquoi j’ai fait ça ? Putain, pourquoi ?

Ça avait l’air si simple :

« Prélevez un échantillon de votre salive et envoyez-le au laboratoire californien accompagné d’un chèque de milles euros, et vous connaitrez l’année de votre mort sous quinze jours ».

En 2018, qu’ils ont dit… Fiable à 99,9% …

Bon, ben, maintenant que j’ai la réponse, même si elle me répugne au plus haut point, je n’ai pas vraiment le choix : Je vais leur envoyer sa brosse à dents avec un autre chèque, histoire de m’assurer que les enfants ne se retrouveront pas tout seuls trop tôt…

Pfft ! En 2018…

La vie est dégueulasse…

Si je l’avais su plus tôt, je n’aurais jamais eu Pierre. Il est si petit…

5 juillet 2008

Boite à malheur (Val)

C’était une boite rectangulaire, bleue, en métal, qu’il emmenait partout avec lui.

Boite à malheurs !

Toujours dans la poche de son jean, ou dans la doublure de sa veste, ou dans la boite à gants de la voiture, elle était ce qu’il possedait de plus précieux.

Boite porte bonheur.

Ouverte dix fois par jour, refermée autant…Rentabilisée, usée, utilisée, humée, respirée…

Boite à odeurs…

Toujours à portée de main, toujours à disposition, jamais fâchée, toujours souriante, affriolante, ensorcelante…

Boite à bonheur !

Bonheur absurde, bien-être illusoire, plaisir trompeur. Une sournoise…

Boite à torpeur !

Quand il avait sa boite avec lui, rien ne pouvait lui arriver. Boite qui soulage, boite qui calme, apaise, console, cicatrise…boite qui panse les plaies du cœur. Boite pour un cœur qui boite.

Boite à stupeur !

Quand la boite était loin de  lui, il était agité, énervé, irrité…

Boite à terreur.

Quand l’absence se prolongeait, je le trouvais anéanti, abattu, cassé…

Boite à langueur.

...febrile? en sueur?

Boite à frayeurs

Oh, non , son état n’avait jamais rien à voir avec la boite…

Boite à candeur !

Leurs retrouvailles, pourtant, se faisaient à chaque fois dans la démesure.

Boite à puanteur !

Boite qui passait avant moi, avant nous, avant tout.

Boite à douleurs.

Boite qui a tenté par tous les moyens de le couper du monde.

Boite à horreurs.

Elle a même failli gagner la partie.

Boite à pleurs.

Elle est vide désormais, depuis des années et pour l’éternité

Boite à gageure !

Il l’a abandonnée un soir de sommation.

Boite de mise en demeure !

Vide, désarmée, inutile, elle est désormais et à jamais…

Ma boite à bonheur

28 juin 2008

La vie sourit à Val

C’était pourtant pas mon anniversaire, aujourd’hui ! Et pourtant, depuis ce matin, tout le monde me traite comme une reine. Je n’en crois pas ni mes yeux ni mes oreilles.

Tout a commencé, dés l’aube, par un coup de téléphone. A l’autre bout du fil, un gentil employé, poli et aimable, me demande si je suis satisfaite de mon abonnement au satellite. C’est plein de bonnes attentions, je trouve. Quelle prévenance de sa part ! Evidement, je le remercie aimablement d’avoir pensé à me poser la question, et le rassure immédiatement. L’homme, pour me récompenser de ma gentillesse sans doute, m’offre illico trois mois d’abonnement gratuit à toutes les chaines. Et ce n’est pas tout ! Figurez-vous que pour me faciliter la tâche, il va lui-même pré-remplir le contrat pour cela. « Quel garçon serviable et délicieux. Ce n’est pourtant pas mon anniversaire », me suis-je dit.

Déjà ravie par cet échange téléphonique, j’allume mon ordinateur pour consulter ma boite mail. Ce n’est pourtant pas mon anniversaire, mais on aurait pu en douter, ce matin, à la lecture des courriels reçus pendant la nuit. Je veux bien vous en délivrer le contenu, mais j’ai peur que vous pensiez que j’affabule, tellement c’est gros. Allez, j’vous le dis, vous me croirez si vous voudrez !

Dans la nuit, j’ai été contactée (tenez-vous bien !) par un casino. Incroyable, non ? Ce n’est pas mon anniversaire, et pourtant, le directeur du casino, qui m’appelle par mon prénom, m’offre deux cent euros ! Si, si ! Je n’ai qu’à m’inscrire sur leur site et à les miser au poker ou à la roulette ! Ils sont à moi, et j’en dispose à ma guise dans leur établissement. Et même que si je gagne de l’argent avec, je pourrais le toucher ! Ce n’est pas tout ! Le comble, c’est que même une fois mes deux cent euros dépensés, je resterai inscrite au casino définitivement et je pourrai miser mon propre argent. J’ai cru rêver tellement cette société s’est montrée avenante et généreuse à mon égard. « Il y a encore des gens bien, en ce monde, ai-je pensé, même les jours ou l’on ne fête pas son anniversaire. »

Ce n’était pourtant pas mon anniversaire, aujourd’hui, et pourtant, à midi, en ouvrant mon courrier, je me suis crue quelqu’un d’exceptionnel. Tenez-vous bien ! Et si ce n’est pas déjà fait, mieux vaut vous asseoir ! Je vous aurais prévenus…

J’ouvre une enveloppe, qui m’est exclusivement destinée, et j’y trouve une multitude de présent magnifiques à l’intérieur. Le courrier, libellé à mon nom (et prénom !) m’affirme qu’un catalogue de vente par correspondance m’offre un cheque (sous forme de bon d’achat) de vingt euros. C’est déjà un beau geste, non ? Je commande pour soixante euros et je n’en paye que quarante. « Comme ils sont à l’écoute, et comme ils me connaissent bien »… J’en ai eu les larmes aux yeux. Et encore ! Je n’avais pas lu la suite ! Si je commande pour cent euros, les frais de port me sont offerts (carrément !) et si je commande pour deux cent euros, ils m’enverront un cadeau surprise ! C’était trop beau… Et ce n’est même pas mon anniversaire, aujourd’hui, pourtant!

L’émerveillement suprême est arrivé plus tard dans la journée, à l’heure des courses. Tous ces produits gratuits, tous ces bons d’achat, tous ces achats 100% remboursés… Mon magasin habituel s’était transformé en un temple bienfaiteur… Quel apaisement, de faire ses courses dans un hyper qui gâte autant ses clients… et puis ses clients privilégiés, encore plus ! A la caisse, l’adorable caissière me sourit et m’informe que mes achats du jour m’ont permis d’économiser un euro trente sur ma carte du magasin. Un vrai bonheur… Que feront-ils donc, le jour de mon anniversaire ?

Ce n’était pas mon anniversaire, aujourd’hui, et pourtant, en fin de journée, une très élégante jeune femme est venue spontanément sonner à mon portillon. Elle était souriante et agréable. Elle venait m’annoncer une TRES BONNE nouvelle ! Si je le désire, un camion pourra venir jusqu’à chez moi me livrer mes produits surgelés. Si, si ! Chez moi ! Plus la peine pour moi de courir avec mes sacs isothermes ! Le monsieur m’apportera dorénavant mes produits jusqu’à mon congélateur. Et pas seulement le jour de mon anniversaire ! Non, non ! Toute l’année ! Vraiment, que les gens sont prévenants…

Et, pour terminer cette magnifique journée remplie de belles émotions et de délicates initiatives à mon égard, je reçois, à l’heure du dîner, un SMS de mon futur mari.

« Ben.. ce n’est pas mon anniversaire, il me semble » ai-je pensé en ouvrant le message. Mon cajoleur de fiancé m’avait rédigé cette douce missive : «  Bouchons. M’attendez pas pour manger. Bon ap ‘. Bisous ».

Vous ne pouvez pas imaginer l’euphorie qui fut mienne à la lecture de ce billet doux ! Mon homme, très prévoyant, pense à notre confort même lorsqu’il est coincé dans les embouteillages. Vous vous rendez compte de son dévouement extrême? Non seulement il choisit de sacrifier son seul repas en famille de la journée, mais en plus il souhaite très sincèrement que notre appétit n’en sois pas altéré…Quelle abnégation véritable et désintéressé… Comme il se sacrifie pour sa famille… Et le comble, c’est qu’il nous embrasse, de surcroit. Quel message tendre et bouleversant…

Quel beau poème me fera-t-il parvenir, le jour de mon anniversaire ?

21 juin 2008

Réunion de chantier (Val)

A vingt trois heures,  le petit maitre d’œuvre, au teint rouge écarlate, décide de commencer le chantier.

- Allons-y, les gars, tous à vos postes, ce soir, nous allons nous mettre au vert !

Le jardinier responsable des pelouses bien vertes, surpris d’avoir entendu son nom, relève la tête. Son collègue aux cheveux bruns, celui qui s’occupe de la terre et des pierres, le suit et tous deux se dirigent vers leur poste de travail.

-  Et, moi, et moi ? demande le peintre décorateur aux yeux bleu clair, que vais-je faire à cette heure ? C’est pas en pleine nuit que je vais pouvoir colorier un ciel bleu azur ?

- Mets des lunettes roses, lui dit le chef ! Tu peindras les volets de la maison en mistral, c’est joli aussi, ça ! Ton frangin, celui qu’était dans la marine, peindra le ciel en foncé!

- Oh, des lunettes roses, ça, j’sais faire, sourit la petite opticienne en tailleur fuchsia.

- Allez, les gars, mangez des oranges ! On a pas toute la nuit pour réaliser le projet, faut profiter qu’il fasse noir pour éviter qu’on soit vus, reprends le maitre d’œuvre.

- Quoi, manger des oranges ? Ne me mangez pas, je vous préviens, clame une ouvrière bien ronde vêtue de couleurs vivres. Mangez plutôt mon voisin, il fait pas net sur lui, le marronné ! 

- Bon, bon, vous disputez pas, ordonne le chef, le rouge aux joues. Tous les deux, vous ferez la façade de la maison, couleur terre, et puis le coucher de soleil un peu orangé. L’électricien, pour une fois, fera la lumière jaune des réverbères  et puis les étoiles dorées!

- Ah, non, s’exclame le petit artisan à la peau jaune. Et pourquoi on ne ferait pas un soleil jaune citron ? Ces fauves me piquent toujours mon travail !

- Parce qu’à cette heure, il fait nuit noire , lui réplique le maitre d’œuvre, rouge de colère.

- Il a raison, le jaune, clame le pépiniériste en cote vert clair. A moi aussi, il me faut du soleil, pour les tiges des fleurs, et puis les feuilles des arbres ! C’est pas un maudit réverbère aussi jaune soit-il qui va faire ressortir mes plantes !

- Et moi, rajoute la fleuriste aux cheveux violets, ils vont fleurir comment, mes bleuets ? Et toutes mes fleurs violettes, sans soleil ?

- Vous avez raison, soupire le chef, rouge de confusion, je me range à l’avis de la majorité. Ne nous occupons pas de la nuit,  il y fait bien trop sombre, ici , mettons-y des couleurs gaies pour chasser nos idées noires.

A six heures, le lendemain, le chantier multicolore est terminé.

Sur la page blanche, le chantier achevé… une charmante maison de briques rouges, entouré d’un joli jardin très vert et très fleuri. Un soleil étincelant qui porte des lunettes roses . Un ciel bleu azur

Pas peu fiers, tous les travailleurs au noir ont regagné leur boite à crayons.

Tous, sauf un : celui qui a été chassé pour ces idées noires.

d_fis

14 juin 2008

Profession libérale en plein essor (Val)

Bon, au travail ! Commençons !

Ah, oui… les dossiers du jour ! Qu’aurons nous à traiter, aujourd’hui ? J’ouvre les dossiers un par un, , en réfléchissant à la façon dont je vais régler le problème. Allons-y, y’en a pas mal, aujourd’hui !

Affaire numéro un :

Ah ! Un couple ! Oui… je me souviens, c’est le monsieur qui est venu m’apporter le dossier… C’est plus pour son épouse, apparemment…

Alors… facile ! Premièrement, je vais leur parler des interminables délais d’accès à la PMA , ça fera certainement son petit effet. Ensuite, il me faudrait un témoignage, peut-être. Je vais appuyer mon argumentation essentiellement sur la rareté des dons d’ovocytes. Et puis, une FIV, c’est douloureux, à mon avis. Faudra que je me documente un peu. Faut pas que j’oublie ! Je conclurai en évoquant également (au cas ou) les obstacles qui se hissent sur le long et périlleux chemin de l’adoption.

Passons au cas numéro deux !

Ah, oui, le gosse ! C’est pas aussi facile qu’on pourrait le croire, avec les gosses. Ils ont du mal à gober ce qu’on leur raconte, en général…

Bon ! Le plus simple serait de demander une fiche de paie au benêt qui fait le Père Noel à la galerie de Carouf. Le problème, c’est qu’un gamin ne sait pas ce que c’est qu’une fiche de paie ! Il va rien comprendre, le pauvre môme ! J’vais quand même pas devoir bosser la nuit de Noel pour pondre quelques clichés significatifs! Non ! Je sais ! J’vais emmener le gosse un samedi après midi à jouets club. Il verra bien tous les parents en train d’acheter les jouets. Et puis, avec un peu de bol, on croisera deux ou trois couillons de Pères Noël alcolos…

Affaire suivante !

Les p’tits vieux ! C’est pas évident à convaincre non plus, des p’tits vieux ! Faut les prendre par les sentiments, autrement on en tire rien ! Bon, eux, j’vais pas leur parler du taux de divorces. A leur âge, ils vont me rire au nez ! Non, eux, j’vais leur prouver par A + B (et à force de statistiques) que l’espérance de vie n’est pas la même pour les hommes que pour les femmes. J’aurais pas de mal à trouver les chiffres ! Ah, en plus, je vois que Monsieur a huit ans de plus que Madame ! ça arrange mes affaires ! Et puis, il a déjà eu un cancer . STATISTIQUES ! L’affaire est gagnée d’avance !

Quatrième dossier !

Oui, pff! Les baba cool avec leur quatre mômes mal élevés ! Bon, pour ce dossier, la difficulté est que ces clients là, ils vont s’en foutre, des statistiques, et encore plus de leur avenir ! Ils s’en tapent, eux, du fait qu’on ne tient pas à six dans un camping car pourri pendant un an. Ils s’en foutent, du risque que leur machin tombe en rade à l’autre bout du monde ! Non, avec eux, ils va falloir ruser ! Bon, je peux toujours leur certifier qu’ils trouveront pas de sponsor sérieux avec leur tête de biknites. Mais ces tarés sont bien capables de partir sans une tune ! Ah ! Je sais ! J’vais leur parler des lois ! Là, ça va les faire réfléchir ! Je leur dirai que si les pétards sont tacitement… tolérés, disons, dans notre beau pays des droits de l’homme, en revanche, dans certains pays, un joint, ça vaut la peine de mort ! ça va les refroidir direct !

Bon, encore deux et j’arrête ! Les autres attendront bien demain…

Qu’avons-nous ? Un couple, et l’autre dossier c’est la jeune fille…

Je commence par le couple !

Ouais ! Bon, ok ! Déjà, ils ont pas de fric, ça va pas être facile pour le billet d’avion. C’est un bon point ! J’vais appeler air France pour les tarifs. Elle, elle n’a pas d’expérience professionnelle, et puis ils ne parlent pas un mot d’anglais, alors à part au Québec…

J’vais demander un relevé des températures en hiver, qu’ils se rendent mieux compte du climat… Et puis, ils ont encore leurs parents, alors je vais insister sur l’éloignement familial, ainsi que sur les difficultés d’adaptations. Un déracinement, ça se fait pas sans douleur… Ça devrait suffire ! Ils ont l’air plutôt influençables, ces deux là.

La gosse ! Pré ado rêveuse et rebelle, j’ai écrit.

C’est sa belle-mère qui m’a confié le dossier. Le poule de son père ! Elle est enceinte, la belle doche. Il paraît qu’elle lui gâche la vie, la môme ! Chouette,  elle joint une photocopie de l’échographie , ça va me faciliter la tâche !

Ah, y’a même des enregistrements. J’ vais écouter la bande son.

Hum… ce sont des conversations téléphoniques entre le père et la mère de l’a p’tite ! Purée, c’est fleuri ! Si avec ça elle comprends pas qu’ils ne se remettrons jamais ensemble…

Au cas ou, j’vais lui faire regarder quelques épisodes des feux de l’amour. Elle verra bien que les adultes passent  à autre chose, après un divorce !

Bon, allez ! C’est assez pour aujourd’hui. Je réuni les documents nécessaires et je convoque les clients !

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Le défi du samedi
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