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Le défi du samedi
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20 février 2010

Mon drôle d’arc-en-ciel (Val)

Le noir. Le noir, ça ne peut être que la tristesse, me direz-vous. Noir chagrin. Accablement, mélancolie, détresse, froids et peur. Lieu commun…
Mon noir à moi est rassurant. Le noir m’est calme et familier. Tranquille. Noir sérénité. Noir sécurité. Noir… comme à la maison. Mon peignoir est noir, mes cheveux sont noirs, et je souligne mes yeux de noir. Le noir et moi… le noir est moi.

Gris foncé. La mélancolie, ce serait plutôt le gris foncé. La douce mélancolie du gris foncé, c’est quand le noir et le blanc se rencontrent, mais que le noir domine un peu, que le blanc le laisse dominer. C’est beau, le gris foncé.

Gris clair. Le gris clair c’est la paix intérieure, propice à la méditation. Le gris clair, c’est être au volant, seule dans sa voiture, un jour de pluie. C’est rouler dans la brume, entendre ses essuie-glaces balayer les gouttes d’eau, aimer ça, et ne pas être pressé de rentrer.

Marron. Mes enfants n’aiment pas le marron. Ils associent cette couleur à tout ce qui est sale. C’est si injuste de ne pas aimer le marron. Il est si conciliant, le marron. Pour moi c’est la couleur des compromis, des demies-mesures, des concessions. C’est une couleur chaude, mais pas trop. Marron caramel, marron miel, marron chocolat. Parfums au choix !
Avec quelles couleurs ne s’accorde pas le marron ? Elles sont peu nombreuses. Le marron est beau joueur.
Choisir le marron, c’est ne pas oser le jaune qui aveugle, et trouver le blanc et le beige trop fades. J’aime les compromis. Pour moi, un compromis, c’est moins renoncer et être indécis que de choisir de faire tous les choix.

Blanc-beige. J’avais huit couleurs, il n’en fallait que sept. J’ai associé ces deux-là, parce que ça ressemble à « blanc-bec », ça me va. Le blanc c’est ma joie. Je n’y vois aucune pureté, aucune virginité, aucune chasteté. Mais plutôt l’éclat, la jouissance. Blanc gaieté et griserie. Blanc d’été. Trois gouttes de lait qui s’échappent d’un sein tiède. Le blanc qui rit à la vie…le beige qui le suit...

Orange. C’est la confiance. Confiance en l’autre, confiance en soi. C’est la solidité. C’est juste ce qu’il faut de cran et de conviction pour prendre une décision. C’est une certitude, le orange. C’est un engagement.

Rouge. Audace. Point de sang, ni de vin, ni même de feu, ni d’amour, ni de passion. Le rouge, c’est mon audace. S’empiffrer de groseilles dans le fond du jardin et revenir avec sa robe du dimanche toute tachée par le jus des fruits. Le rouge, c’est oser ce qui n’est pas permis. Le rouge, comme un brin d’effronterie.
Le rouge, la touche d’insolence assumée, qui tranche si bien avec le noir.
Le rouge et le noir. Mes préférées…
Le rougele noir. La boucle est bouclée.

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13 février 2010

Moites (Val)

Si une main serre la mienne « un peu trop longtemps » (sous-entendu, à mon goût ?) c’est probablement qu’elle est moite. Je n’aime pas le contact des mains moites.
J’aime mieux les mains sèches, même très sèches. Les miennes, de mains, sont toujours très sèches, comme ma peau. En ce moment, à cause du froid, j’ai la peau des mains toute craquelée. Ce n’est pas joli. Au toucher, c’est peut-être un peu rugueux, mais moi j’aime bien le contact des mains sèches. Sûrement que ma main aime le contact de ses homologues ?
Alors, si une main serre la mienne un peu trop longtemps à mon goût, il est très probable qu’elle soit moite.

Autrement, une main –non moite- qui serre la mienne, ce ne sera jamais trop longtemps… 

9 janvier 2010

Vert ... ou blanc? (Val)

defi1

defi2

defi3

19 décembre 2009

Journal (Val)

Jeudi 8 février

J’ai encore attendu tout l’après-midi pour rien, hier. Je n’ai pas vu Pimprenelle. Je suis dégoûté. La semaine va être longue… Si seulement j’habitais pas loin, je viendrais le week-end, mais là, c’est mort ! J’ai même pas envie de rentrer chez mes vieux demain soir. Si j’pouvais me faire coller samedi, je resterais à l’internat ce week-end. Je crois bien que le dimanche aprem on a une perm.

Vendredi 9 février

Pff, j’suis chez moi, comme un con. Il est con, ce pion. Y’a pas eu moyen… C’est pas faute d’avoir essayé, pourtant. C’est long, jusqu’à mercredi, bordel ! J’en peux plus, moi…

Dimanche 11 février

Bon, demain matin, déjà, retour au lycée, je me rapproche de là-bas c’est toujours ça! Faudra attendre mercredi, mais bon déjà je serai pas loin, c’est déjà mieux que d’être là, dans ma chambre, chez mes parents comme un pauvre crétin.

Lundi 12 février

Je crois bien que je vais redoubler. M’en fous. Y’a plus important dans la vie que le lycée. Comme Pimprenelle, par exemple… Comme je sais pas son nom je l’appelle Pimprenelle.
Allez, courage, mon gars ! Mercredi, c’est dans pas longtemps, t’as fait le plus long !

Mardi 13 février

Cette nuit, j’ai rêvé d’elle. C’était trop bien. J’étais tout près d’elle, et elle était toute nue comme quand je l’ai vue à sa fenêtre. Je lui croquais les seins et ça faisait ressortir ses tétons, comme deux petites amandes. Et elle, elle gémissait un peu. Et elle gloussait. J’avais envie de la manger. Dommage, ce con de surveillant m’a réveillé, c’était l’heure d’aller en cours. J’en ai ma claque, de ce bahut !

Mercredi 14 février

C’est la Saint Valentin et je suis comme un galérien. J’ai attendu tout l’aprèm pour rien. J’ai les boules ! Je l’ai pas vue !

Vendredi 16 février

Tous mes potes me disent de lâcher l’affaire avec cette fille que je connais même pas. J’y arrive pas. Depuis que je l’ai vue ma vie a changé.
Ce jour là, je fumais ma clope peinard, sur un banc au square (on se fait chier, le mercredi aprèm), et je l’ai vue à sa fenêtre. Elle était toute nue. Trop bonne…
J’en dors plus, j’fous plus rien en cours depuis que je l’ai vue. Faut que je la revoies ! Toutes les nuits je rêve que je suis sur le même banc, que je la vois nue, qu’elle me voit, qu’elle me fait signe de monter chez elle,  qu'elle attend que ça, cette cochonne. Moi, dans mon rêve,  j’hésite pas, je fonce, je monte les marches de son immeuble quatre à quatre et une fois arrivé dans sa chambre je la plaque contre le rebord de sa fenêtre et je lui crie des saloperies. Et la suite c’est schichimitorgasmique. Et dans mon rêve, elle aime ça et elle en redemande ! C'est trop bon!
Faut que je la revoies, purée ! Vivement mercredi, bon sang…c’est long !!!

Lundi 19 février


Si mercredi arrive pas plus vite que ça, j'pete un câble!

Message personnel : Pardon! Mouarf!

12 décembre 2009

Ça partait pourtant d’une bonne intention (Val)

J’avais voulu lui offrir tous mes mots dans un paquet cadeau

Il a en fait reçu tous mes maux, et pas les plus beaux.

Tu parles d’un cadeau !

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5 décembre 2009

J'ai les yeux verts (Val)

Madame Toupie                                                          Vendredi 4 décembre 2009

La Carpe
61 011 Leperche

A l’attention de Monsieur Van Rompuy, Président du conseil Européen

Objet : Lettre de motivation
Pièce jointe : Un texte ( une description du paysage observé depuis ma fenêtre)



Monsieur,


Je viens de parcourir la liste des 1001 nouveaux métiers qui seront crées en 2010, et j’ai tout de suite trouvé mon bonheur. Quelle belle idée ! Quel beau métier !

Malgré un faible astigmatisme et une légère myopie, corrigés par des verres bien évidemment, j’ai plutôt une bonne vue.

J’ai certaines dispositions naturelles pour l’observation (même discrète), et je maîtrise l’art de la description ( Preuve ci-jointe). Je suis à l’aise à l’écrit autant qu’à l’oral, et mes proches disent de moi que je suis plutôt de bonne compagnie.

J’aime communiquer, et surtout rendre service. Ma production de salive est normale, je peux parler continuellement pendant huit heures sans me fatiguer.

De plus, j’adore les chiens. Je n’aurai aucun mal à me faire accepter par un collègue à quatre pattes, et je saurai, j’en suis sure, collaborer en bonne intelligence avec un labrador déjà en poste,  sans pour autant empiéter sur ses propres fonctions.


J’espère que ma candidature aura attiré votre attention, et me tiens à votre entière disposition pour un essai. 



Valérie Toupie

21 novembre 2009

Premier jour du reste de ta vie (Val)

Seule devant son miroir, dans la salle de bain, ce matin là, elle se regardait avec attention. Avait-elle changé ? Vieilli, peut-être ? Était-elle encore elle ? Une autre ?
Le miroir était tout petit. La buée rendait son reflet un peu flou. Qu’esperait-elle apercevoir, dans ce reflet de mauvaise qualité ? Quelle nouvelle ride aurait-elle traqué dans ces conditions ?

Seule devant son petit miroir embué de la salle de bain, ce matin-là, elle se trouvait pourtant bien. Juste bien. Elle en était certaine, elle n’avait pas tant vieilli que cela. On voyait mal, et c’était tant mieux. La réalité ne l’intéressait pas, ce matin là.

Qu’importaient son reflet, ses rides, les défauts de son visage bien trop rond. Qu’importait ce petit vaisseau sanguin sous l’œil gauche qu’elle n’avait jamais aimé. Qu’importait sa mâchoire qui lui avait toujours semblé disgracieuse.

Ce matin là, elle était elle.  Elle se sentait elle. Tout simplement elle. Le miroir lui avait menti depuis bien trop longtemps. Il lui avait fait croire qu’elle était une autre. Le miroir l’avait bien trop de fois trompée et effrayée. Son reflet lui avait très souvent fait peur, si peur…

C’était fini, à présent. Le miroir ne serait plus jamais méchant. Ce matin là, dans le miroir, elle redécouvrit celle qu’elle avait si longtemps été, et qu’elle avait aimé être. Ce matin là, seule face à son miroir, elle était redevenue celle qu’elle avait trop longtemps oublié d’être.

Elle frotta un peu le miroir d’un revers de main, pour faire disparaître un peu de buée. Cette jeune femme qu’elle aimait bien lui apparut plus nette. Et elle lui sourit, comme avant elle savait le faire.

C’était décidé : ce matin là marquerait la renaissance de son ancienne vie.

7 novembre 2009

Welcome to reality, Marie! (Val)

Marie, après un long hiver, avait un jour trouvé refuge au pays des illusions. C’était doux. Et elle y était bien. Au pays des illusions, c’était toujours le printemps. Il y faisait bon. Au pays des illusions, on ne devenait jamais adulte. Toujours le printemps! Marie y aurait toujours dix ans. Le pays des illusions, c’est des chagrins qui s’en vont. Marie le savait bien. Elle remerciait chaque jour cet heureux hasard qui lui avait offert cette prison dorée.

Marie savait plus ou moins comment sortir du pays des illusions. Tout au bout du pays des illusions, il y avait une porte, que personne n’avait jamais osé emprunter. Elle avait entendu mille versions, les unes plus noires que les autres, sur ce qui se trouvait derrière cette porte. Certains disaient que derrière la porte, il y avait l’hiver. D’autres pensaient que derrière la porte, c’était le monde des adultes, ou alors celui de la réalité, ce qui revenait au même...

Marie était parfois tentée par cette porte que personne n’osait même regarder. Elle était curieuse, un peu attirée par cette réalité des adultes que dans les romans, on décrivait belle. Un jour, Marie voulut ouvrir la porte. Elle hésita, mais le vieux hibou qui parle anglais la rassura, lui assurant que si jamais elle était trop déçue par ce qu’elle trouverait derrière la porte, elle pourrait toujours faire demi tour, et retrouver les polochons pour champ de bataille et autres amis du monde des illusions.

Marie  se dit un matin : « Les lutins doivent dormir , c’est le moment, allons voir! ». Et elle ouvrit la porte. Derrière la porte, c’était l’hiver. Derrière la porte, c’était le monde des adultes. C’était la réalité brute et cruelle. Le hibou avait menti. Elle voulut faire demi tour mais la porte ne s’ouvrait que dans un sens. On ne pouvait jamais faire marche arrière.

***

Marie vit là, maintenant. Le pays des illusions est loin.
Ici, c’est la réalité. Marie a froid. Marie a cent ans. Ici, les lettres viennent mourir dans la neige. Ici, il n’y a même pas de bonbons pour la mémoire. Marie oubliera les illusions.

Marie ne sait pas comment on se protège.
Marie est morte.
Marie, sous les rêves, il y a parfois des pièges.

Pourquoi la vie, ça s'arrête ?
Est-ce que l'amour, ça se prête ?
Est-ce que la Terre tourne bien ronde ?
Les cadeaux , dis, c'est pour tout le monde ?


On dit souvent que
Le hasard fait bien les choses
« On » se rassure

Comme il peut…

31 octobre 2009

Irritation (Val)

Monsieur LAPIN
10, impasse de la luzerne
Paris

E-scalope lingerie
8, rue des dessous
SAINT JOINT

   

Objet : retour de produit non conforme                   

Chère Madame,

J’ai passé commande, pour en faire la surprise à mon épouse, de l’un de vos ensembles de dessous coquins* sur Internet, via votre site « E-scalope » , et je viens d’être livré. 
Cependant, j’ai constaté que le produit livré n’était pas conforme à ce que j’avais commandé**.

Je souhaite donc procéder au retour de ce produit à vos frais****, et je vous prie de bien vouloir me rembourser.

Enfin, je tiens à vous exprimer tout mon mécontentement. Nous avons été très déçus ma femme et moi par ce produit, et j’ai terminé notre anniversaire de mariage à l’hôpital, moi.

Sur ce modèle, le string – en cottes de mailles en inox- est sensé pouvoir être porté pendant les rapport sexuels en toute sécurité. Je relis la description : « Ce string avec fente prévue afin d’éviter de l’enlever, vous procura des sensations nouvelles ».
Ah ben ça ! Pour les sensations nouvelles, sûr ! La fente, de taille standard, n’était pas adaptée à mes dimensions un peu « larges ».  Ah, ils ont bien ri, les urgentistes !*****

J’espère, Madame, que nous pourrons ensemble trouver un accord afin que vous nous gardiez, mon épouse et moi-même, comme fidèles clients .

Monsieur Lapin

* Modèle « moyen-âge », 95C
** C’est un problème de taille du string***
*** enfin, non, il est bien à la taille de mon épouse, mais …
**** En revanche je prends auparavant  à ma charge les frais de pressing, c’est normal.
***** Vous trouverez ci-joint la facture de l’hôpital, la preuve de mon arrêt de travail de deux semaines, ainsi qu’une photographie de la « victime ».

17 octobre 2009

Ouf ! (Val)

Sophie venait d’avoir dix ans. Elle se sentait grande, à présent. Assez grande pour que ses parents la laissent désormais se rendre seule au judo le mercredi après-midi. Elle leur avait tant revendiqué cette nouvelle liberté, si importante pour elle, qu’ils avaient dit oui.

Le grand jour était arrivé. Sophie tremblait un peu, sous l’abris de bus. Pourtant, elle savait le chemin. Monter dans le bus de la ligne A, puis compter trois arrêts, et descendre au quatrième. La salle de judo se trouvait juste à côté de l’arrêt de bus. Ce serait facile.

Le bus arriva. Sophie monta, salua le chauffeur, valida son ticket, et vit François, un camarade de classe, assis au fond du bus. Sophie aimait bien François. C’était une belle occasion de lui montrer que dorénavant, elle n’était plus un bébé, et qu’elle avait le droit de prendre le bus toute seule. Elle était très fière de sa nouvelle liberté.

Elle prit place à côté de lui, et ils échangèrent quelques mots. Sophie lui expliqua qu’elle se rendait à son cours de judo. Elle mentit un peu, pour l’impressionner, déclarant qu’elle y allait seule depuis le début de l’année. Il fut en effet très impressionné, François, et lui avoua que c’était la première fois qu’il prenait le bus tout seul, que sa mamie l’avait fait monter devant chez elle, et que son grand frère l’attendait à l’arrêt à l’angle de leur immeuble.

Sophie discuta si bien avec François qu’elle en oublia de compter les arrêts. Prise de panique, elle regarda par la vitre pour voir si elle reconnaissait des enseignes des magasins, ou des bâtiments familiers. Elle ne reconnut rien. Le bus avait dû déjà s’arrêter devant la salle de judo, et absorbée par sa conversation avec François, elle n’en avait rien vu.   

Effrayée, Sophie se mit à pleurer. Elle expliqua la situation à François, qui la rassura aussitôt. Il  avait une idée : Sophie descendrait au même arrêt que lui, et son grand-frère la conduirait à son cours de judo.

Tout se passa très bien grâce à l’idée de François, mais Sophie dut bien admettre qu’elle avait menti, et que c’était la première fois qu’elle prenait le bus toute seule.

Elle eut peur que François la juge. Elle y pensa une bonne partie de l’après-midi, au judo. Mais, ce qui la tracassa encore plus, c’était de ne pas parvenir à rentrer chez elle après le cours.

Elle eut très peur quand son professeur de judo déclara que le cours était terminé. Elle doutait beaucoup de ses capacités, à présent. Elle aurait aimé appeler sa maman pour qu’elle vienne la chercher, mais elle n’avait pas osé demander si elle pouvait téléphoner. 

Elle sortit de la salle, la peur au ventre, mais elle fut vite soulagée :  sur le trottoir, à la sortie, elle reconnut sa maman, accompagnée de François et de son grand frère, qui l’attendaient. 

26 septembre 2009

Toutes les nuits (Val)

Je dors avec elle toutes les nuits. Même son mari n’a pas ce privilège. Chaque soir, c’est le même rituel : elle s’étend sur moi, se blottit tout près, tout près, m’entoure de ses deux bras nus, et sa joue vient se coller à mon corps.
Je suis le compagnon de toutes ses nuits. Ou presque. Elle m’a choisi imposant exprès, mes dimensions la rassurent.  Elle dort nue, et j’épouse à chaque fois sa poitrine à la perfection, sans la sangler… je suis si doux…
Je suis le garant de l’équilibre de ses nuits. Quand elle est triste, elle me sert fort jusqu’à me déformer, et j’absorbe ses larmes en silence. Je respecte son chagrin, j’en bois les perles salées sans rien dire. C’est un pacte de retenue et de pudeur, que l’on a signé.
Je suis le spectateur impuissant de ses rages et de ses insomnies. En ami bienveillant et compréhensif. Je la laisse me malmener autant qu’elle en éprouve le besoin, me pincer un peu, me mordre parfois, me secouer souvent, me jeter avec fureur. J’aime autant qu’elle passe ses nerfs sur moi, je ne crains rien, je suis habitué. Tout lui est pardonné.
Je suis un voyeur discret et muet, le plus fidèle auditeur de ses soupirs de plaisir. Je suis un jaloux, je l’aime farouchement, et j’en tire une satisfaction orgueilleuse, je l’avoue, lorsque c’est moi plutôt que Lui qu’elle agrippe, dans l’abandon de ces moments-là…
Je suis un peu elle. Mes sens ne sont éveillés que pour elle.  Je suis imbibé de tous ses parfums. Je connais l’odeur légère de son shampoing, celle, plus forte, de son eau de toilette, le parfum un peu passé de son déodorant, celui, plus discret, de sa crème de nuit. Je connais le goût de ses larmes, celui de sa sueur, le souffle de son haleine.
Je mesure la qualité de son sommeil au rythme de sa respiration, et les battements de son cœur, qui résonnent en mon intérieur, me disent si elle est bien ou non.
Je suis son docteur. Elle me fait toute confiance. Elle jure que je suis son meilleur remède contre la migraine, elle ne m’échangera pas.
Oh, parfois elle m’est infidèle. Elle découche à l’occasion. Si le séjour est court elle ne m’emmène pas. Qu’importe, je ne suis pas inquiet, elle revient toujours. Et puis, avec les autres, ce n’est pas pareil, ils ne partagent pas la même intimité, ils ne la connaissent qu’en surface. J’ai vu comment elle faisait… ailleurs, elle dort vêtue. Il n’y a que sur moi qu’elle s’endort nue. Je suis son préféré, je l’ai toujours su.

Non, je ne suis pas un vulgaire objet. J’ai un cœur… même s’il est en plumes d’oie.

5 septembre 2009

Baby blues (Val)

-    J’ai peur de ce paquet, posé là, entre mes bras. Il m’effraie. Pourquoi donc m’a-t-on remis cette lourde charge dans les bras, et puis tout cet attirail ? J’en suis embarrassée, je me sens gauche. Que l’on vienne et que l’on me soulage de ce poids qui accable tant mes avants-bras ! Autrement je vais lâcher… Je vous préviens, je vais lâcher…
-    Appelez un médecin, elle a de la fièvre ! Diable !  Mais c’est ton enfant !


-    Qui donc m’a offert ce joyau dans son écrin de coton rose ? Que ce généreux donateur me reprenne ce présent au plus vite… je ne me sens pas à la hauteur.  Recevoir une telle faveur ? Oh non, vraiment… c’est trop.  Ce diamant est bien trop beau et trop précieux. Je ne saurais prendre soin d’un bijou d’une telle valeur. Offrez-le plutôt à quelqu’un de meilleur…
-    Laissez, elle reprend ses esprits ! Mais si ! Prends… C’est ta fille.


La mienne –de fille- aura trois ans lundi.
Bon anniversaire, ma petite merveille... qui grandit!

27 juillet 2009

L’amour à 3 (Val)

Ce soir, comme chaque soir, le couple s’est mis au lit et chacun est plongé dans son bouquin.

-    Hey, chéri ?
-    Oui ?

Le chéri est un peu agacé d’avoir été déconcentré dans sa lecture, et il espère bien que c’est pour une raison importante.

-    J’ai un truc à te proposer, mais je ne sais pas si tu vas vouloir…
-    Ben…demande toujours.

Là, le chéri redoute un peu le week-end chez sa belle-mère, l’après-midi piscine ou encore la journée shopping. Le pire, quoi !

-    Et si on faisait l’amour à trois ?
-    A trois ?
-    Ben oui, à trois !

Ça ne fait qu’un tour dans la tête de Chéri. Chéri est un homme, alors ça ne lui vient même pas à l’idée que faire l’amour à trois, ça puisse être avec son épouse et un autre homme. C’est un homme, il pense homme. Faire l’amour à trois, dans un cerveau d’homme, c’est obligatoirement faire l’amour avec deux femmes, ne lui en voulez pas.

-    T’es… t’es sérieuse ?
-    Et comment !

Chéri se fait mille films, dont cinq cent sont pornos. Et dire qu’il n’avait jamais osé demander, de peur de se prendre une gifle… Ah, les femmes ! Elles ont de l’audace, mais qu’est ce que c’est bon ! Chéri n’en revient pas.

-    Bon, alors, Chéri ? C’est oui, ou quoi ?
-    Évidement que c’est oui !
-    T’es sûr, hein ? Te force pas pour me faire plaisir. Moi, j’en ai envie, mais si ça te dit rien, c’est pas grave, je ne t’en voudrais pas…

Là, Chéri pourrait éventuellement se faire prier ou faire croire à son épouse que ça ne le branche pas trop et qu'il accepte uniquement pour lui faire plaisir, mais il est tellement absorbé par les films (pornos ) que son cerveau est en train de projeter qu’il n’y songe même pas.

-    Non, non, j’en ai très envie, moi aussi !
-    Ok ! Cool ! Allez… Un, deux, trois !

Et elle lui saute dessus…

Et Chéri comprend sa méprise.
Pas grave, cette équivoque l’a émoustillé.
L’amour à trois, ce sera peut-être pour une autre fois, qui sait ?

21 juillet 2009

Caresse (Val)

caresse

Pour dissimuler
Tes doigts zélés qui m’affolent,
Ta main feuille de vigne.

17 juillet 2009

Amitié amoureuse (val)

Ils se sont assis en terrasse. Il a commandé un café. Elle aussi.
Elle est là, assise, face à lui. Enfin ! Un an qu’il attendait ça….
Elle est là, près de lui, depuis ce matin. Elle est là. Et ça n’a pas de prix.
Leur journée d’escapade clandestine, il l’a projetée mille fois en rêve, mais aucun fantasme ne lui a procuré l’ivresse de la réalité.

Elle est là, et elle lui sourit. Tout à l’heure, ils ont marché dans un square qu’ils ne connaissaient pas. Ils n’ont fait que marcher, et parler, parler, parler. Ils ont tant de choses à se dire…C’est si long, une année..
Plus tard, il iront visiter le vieux centre. Il paraît que les rues pavées sont pittoresques. Aucun des deux ne connaît cette ville. Ils l’ont choisie parce qu’elle était à mi-chemin, c’est pratique.

Elle est là, face à lui, et elle lui parle. Ses yeux brillent. Il aime quand ses yeux brillent. Dans le square, tout à l’heure, il a eu une irrésistible envie de lui prendre la main. Il s’est retenu. Il s’est contenté de frôler parfois ses hanches. Il aimerait qu’elle ait  froid ou bien qu’il pleuve un peu. Il pourrait lui frictionner le dos en marchant, ou encore ôter sa veste pour la lui déposer sur les épaules. Il aimerait poser ses deux mains sur sa nuque blanche, et plonger son nez dans ses cheveux pour les humer de près.

Quand ils parlaient, tout à l’heure, elle lui a  pris l’avant-bras. Il aime bien qu’elle le touche. C’est si rare, qu’elle le touche....

Combien de fois, en quelques heures, a-t-il senti cette chaleur délicieuse irradier son bas ventre ? Il lui semble que ça n’a fait que ça. Lorsqu’elle marche un peu devant lui, il ne songe qu’a poser ses mains sur ses hanches, et a venir sauvagement se coller à elle. Il lui embrasserait le cou, lui mordillerait les oreilles un peu violemment,  tandis que son sexe dressé viendrait se plaquer contre ses fesses. Il se dit qu’avec les vêtements, et dans un lieu public,  ça ne compterait pas, ce ne serait pas bien méchant…

Il sent bien qu’elle aussi, elle le désire. Cette lueur, dans ses yeux… ça se sent, ces choses-là.
Pourtant, tout à l’heure, et comme à chacune de leurs rencontres,  ils s’accorderont à dire, très convaincus, que leur communion n’est que spirituelle, et que c’est ça qui est beau.

Jamais ils  n’ont évoqué leur désir réciproque. Jamais ils ne le feront, probablement.

Il se dit que ce serait si facile, pourtant…
Sauter le pas, rien qu’une fois. Un hôtel, ce n’est pas ça qui manque, dans cette grande ville. Il suffirait de se l’avouer, de se ruer dans une chambre, de s’arracher tous les vêtements, et de régler la question physique une bonne fois pour toute ! Il suffirait…
Ce serait sauvage, pour sûr. C’est brutalement, qu’il a envie d’elle. Depuis le temps…

Aucun des deux n’avouera jamais, et il le sait. Il n’en est pas triste, ni même frustré…
Les jeux interdits sont des jeux dangereux. On peut jouer un peu, mais pas trop.


En fin de journée, tout à l’heure, à la gare, il l’embrassera d’abord sagement, avant de la prendre tendrement dans ses bras pour un adieu aux cœurs lourds. Il sentira, à travers ses vêtements, ses seins se plaquer contre sa poitrine, et il aura envie de les toucher, comme à chaque fois.

Seul dans le train, il revivra leur journée, puis il commencera déjà à fantasmer leur prochaine rencontre, qui n’aura pas lieu avant un an, probablement.  A moins de bien s’organiser..

Au terminus du train, la parenthèse sera fermée.

Ce soir, comme chaque soir,  il franchira le seuil de sa porte d’entrée, et il embrassera sa femme et ses enfants.


Merci à deux diaristes que j'aime lire et dont les confessions intimes titillent parfois mon...hem...heu... imagination!
Dommage, ils ne viennent pas lire ici. J'aurais pourtant aimé savoir si ce que je m'imagine est conforme à la réalité. Ou non...

8 juillet 2009

Un petit quelque chose quand même… (Val)

Clés, clés… remords, et regrets.
Sur combien de défis ai-je fait l’impasse ? Trois ? Quatre d’affilée ? Je n’ai pas compté. La clé ne me parle pas plus que les précédents, et pourtant, entre remords et regrets, j’ai trouvé un petit quelque chose – Oh ! pas très loin, je l’ai trouvé là, juste par terre, à mes pieds, il m’a simplement fallu le baisser et le ramasser- à raconter sur le thème des clés.


Lorsque j’ai eu mon permis de conduire, je n’avais pas un sou. J’ai eu du bol, les parents de mon mari (un truc drôle : bien qu’il n’était pas encore mon mari, c’était déjà ses parents, à l’époque. Il n’en a pas changé. ) m’ont donné une voiture qu’ils avaient chez eux : une super 5 blanche.
Qui a déjà possédé une super 5 ? Ou une première Twingo ? Ou une première clio ? (Et certainement beaucoup d’autres modèles du début des années 90…) ?

Sur ces voitures, il y a truc sympa mais qui peut s’avérer ennuyeux si l’on en abuse. Figurez-vous (pour les rares extra-terrestres qui n’auraient jamais conduit ce genre de voiture qui commence à prendre un peu de bouteille) qu’il est tout à fait possible de les fermer entièrement à clé… sans clé. Il suffit d’appuyer sur le bouton, coté intérieur de la portière –ce bouton qui est sur toutes les voitures- sauf que sur ces modèles, on peut le faire portières ouvertes. On fait claquer la portière et la voiture est verrouillée sans n’avoir touché aucune clé.

Ma super 5 blanche, bien qu’elle possédait tout un tas de choses en double – essuie-glaces, rétroviseurs, phares, et j’en passe (Ben quoi ? Comment ça, encore heureux ?)- m’a été remise avec une seule clé.

Alors, effectivement, vous tous qui êtes intelligents, et prévoyants, et prudents et au top de la perfection ça va sans dire, vous auriez fait faire une seconde clé « au cas ou ». Eh bien, moi, je n’y ai pas pensé. Ça ne m’a jamais traversé l’esprit.

Rassurez-vous ! Je n’ai jamais perdu cette unique clé. Jamais !

Alors ? « Ou est le problème », allez-vous me dire ?
Si je n’ai jamais perdu cette clé, en revanche je l’ai de nombreuses fois enfermée à l’intérieur de la voiture (rappelez-vous, cette histoire de bouton et de claquage de portière…). Sur le contact, dans la boite à gants, dans mon sac à main…

Une première fois, sur le parking de Leclerc, le caddy plein, j’ai appelé Manu. Pas un serrurier ! Manu ! Heureusement, c’est une automobile qui est facile à ouvrir sans clé. 
Une seconde fois, sur le parking d’Inter marché, j’ai appelé mon beau-frère. Moins spécialiste que le sien –de beau-frère- il a tout de même réussi à ouvrir le véhicule (une chance j’avais laissé une vitre un peu ouverte, il a appuyé très fort dessus jusqu’à ce qu’elle descende…).

Une troisième , une quatrième, une cinquième fois… et puis je me suis fait engueuler, et puis je suis devenue la risée des tablées lorsque les discussions tournaient autour de (au choix) :   perte de clés, pannes de voitures, étourderie, cerveau des femmes, et j’en passe !

Alors, j’ai décidé (non pas de faire plus attention, non pas de faire faire un double et de le garder sur moi) de ne plus appeler aucun membre de ma famille lorsque j’enferme ma clé dans ma voiture.

Un jour ça m’est arrivé au travail (ou plusieurs fois, plutôt, mais une seule m’a marquée). J’ai donc demandé à quelques collègues d’effectuer deux ou trois tours de passe-passe pour déverrouiller ma voiture. (Quel pourcentage d’ouvriers, dans une usine de campagne, savent ouvrir une voiture sans clé, à votre avis ? Il vaut mieux que vous ne le sachiez pas !).

Ils y étaient, à deux. L’un au cintre métallique, l’autre en donnant de petits coups de bassin sur le côté. Moi, qui leur faisait une confiance aveugle, j’étais rentrée travailler.  L’oncle de mon mari (ce n’était pas encore mon mari, mais déjà cette personne était son oncle), soudeur dans la même entreprise, est sorti fumer une cigarette sur le parking à ce moment-là. Il a cru que deux mecs étaient en train de voler l’automobile de son beau-frère et de sa belle-sœur.

Conclusion :
J’ai eu beau me passer de l’aide d’un membre de la famille pour réparer mon étourderie légendaire, je suis restée la risée de la tablée encore longtemps.

Pardon, je n'avais rien d'autre à vous donner que cette anecdote pas très intéressante mais tout ce qu'il y a de plus vraie.

7 juin 2009

Apocalypse Nan (Val)

Lorsqu’elle a réalisé qu’elle était la dernière personne sur Terre, elle ne l’a pas supporté. La seule idée d’une vie de solitude lui était insoutenable.

C’est dans sa baignoire que ses semblables l’ont retrouvée au petit matin. Ses veines étaient tranchées et son corps blême baignait dans son sang.

Les drames les plus épouvantables ont souvent pour origine un simple malentendu ou encore une terrible méprise.

5 juin 2009

On my own (Val)


J 1

Je suis arrivée à La Roche sur Yon par le train. J’ai retrouvé Elodie à la gare. Nous avons pris l’autocar qui nous emmène maintenant à Ouistreham. C’est drôle d’avoir dû descendre en Vendée pour remonter en Normandie en bus.

J 2

Il paraît que dans le ferry de nuit on peut dormir. Trop excitées, nous avons oublié de dormir. Ce matin, nous n’étions pas fatiguées, nous avons pu nous promener dans Londres, mais maintenant, le coup de barre est là.
C’est sympa, Londres.
Je ferais bien une petite sieste dans le train, mais j’ai peur de rater mon arrêt. Avec Elodie nous nous sommes séparées après le déjeuner, dans la gare de Londres. Depuis je suis toute seule. Je suis un peu pressée d’arriver. J’ai envie d’une douche.

J 3

Je suis arrivée hier en gare de York en début d’après midi.  Jo m’y attendait comme prévu.
C’est une femme gentille, elle a la cinquantaine. Son mari n’est pas là, il est parti pour quelques jours, je ne le rencontrerai que plus tard.
Jo m’a déjà montré le trajet en bus pour me rendre au travail, ainsi que des choses importantes comme le distributeur de billets, ou encore le bureau de tabac ou l’office de tourisme.

J 5

Je suis épuisée. J’ai fait ma première journée de travail ce matin. Comme c’est beau !
Les gens sont sympa et accueillants, la maison est superbe, mon travail est intéressant. C’est super, ce job,  mais aussi super fatiguant. Je mange et j’vais au lit !

J 7

Le soir, je regarde des conneries à la télé. C’est marrant, la télé anglaise, mais abrutissant.
La matin, j’écoute les infos à la radio pendant le petit déjeuner, mais je n’y comprends pas grand chose. Ils parlent trop vite.
A la fnac, j’ai trouvé des bouquin de Christian Jacq en français, ça ne va pas me faire de mal, de lire un peu.
Sinon, je n’ai jamais autant bu que depuis que je vis chez Jo et Jim. Ils boivent une bière en rentrant du travail, un verre de vin en préparant le repas, des verres de vodka et de tequila après le dîner, ça n’arrête pas. Je devrais peut-être parfois apprendre à dire « no ! ».

J 10

Je rentre de Leeds. J’y ai passé le week-end avec Elodie. Elle n’a pas de chance, Elodie, elle s’ennuie ferme à l’université. Moi, j’ai du bol, j’ai un bon stage. En revanche, elle est logée dans une auberge de jeunesse. Il y a plein de jeunes de plusieurs nationalités. Le soir, elle sort, elle visite, elle s’amuse. Chez Jo et Jim, il n’y a qu’une seule chambre à louer, c’est pas pareil, je m’ennuie parfois un peu, surtout qu’ils bossent beaucoup. Pas grave, le soir, je joue à la ba-balle avec Angus, le chien du couple.

J 15

Chaque semaine, ma Mamie me téléphone pour prendre de mes nouvelles. Je vais très bien. Les journées de travail passent très vite, je suis très occupée. Je rencontre plein de gens intéressants. Mon maître de stage m’a filé des entrées gratuites pour tous les musées de la ville (et dieu sait qu’il y en a !), et quand il n’y a pas foule au musée, il m’envoie en visiter d’autres. Il fait beau, c’est le printemps, le soir je flâne un peu avant de rentrer. Je visite les parcs, les jardins, les abords de la cathédrale, je marche sous les remparts.
J’aime cette ville.

J 20

Je sens que j’ai fait des progrès énormes en anglais. J’en ai tellement fait que mon maître de stage me fait faire les visites, la réception et de la traduction en français, maintenant. Il doit se dire que j’ai assez progressé comme ça dans sa langue, et que maintenant ma langue maternelle leur sera plus utile que mes progrès.
Les claviers querty, c’est chiant.
J’aime beaucoup mes collègues de travail. Je ne déjeune plus seule le midi. Ils m’ont invitée à me joindre à leur pique-nique quotidien dans le parc en face. Ils me bombardent de questions sur la France.

J 30

Elodie vient passer quelques jours à York avec moi. Elle est en congé, pas moi. Le musée est ouvert pour bank holiday. Pas grave, j’ai demandé l’autorisation, elle va pouvoir venir au travail avec moi. Ce soir, nous irons ensemble à la fête foraine. J’ai demandé à mes collègues une liste de choses sympas et  de sites à voir, et demain je nous partirons en excursion pour la journée.

J 40

Je me plais beaucoup ici. Jo et Jim m’ont emmenée au restaurant la semaine dernière. C’est drôle, on a dîné à 18h… c’est super tôt !
Jim était fatigué, il est rentré. Jo m’a emmenée dans des pubs. C’était sympa, il faisait chaud. Nous sommes rentrées très très tard, elle et moi. Elle est fun, mais je trouve qu’elle boit pas mal.
Plus que cinq jours, et je n’ai pas encore eu le temps de tout voir. J’aimerais rester encore quelques semaines…

J 45

Après une soirée bien arrosée dans les pubs de Leeds, j’ai dit au revoir à Elodie. Son stage est terminé, elle rentre en France. Nous ne nous reverrons qu’à la rentrée.
Le mien aussi est terminé, mais je reste. Jo et Jim m’offrent la location gratuite de la chambre jusqu’à la fin de l’été. Je me plais bien, ici…je n’avais rien prévu pour les grandes vacances.

27 mai 2009

Job d’été (Val)

Été 1999. Je suis assise, en maillot, sur une serviette étendue sur une plage bretonne. Il fait chaud. J’ai des coups de soleil. Au loin je vois les enfants jouer dans l’eau avec leurs planches. J’en vois un, puis son double, puis une chevelure blonde. J’en vois trois, le compte est bon. Toutes les trois minutes, je vérifie qu’ils sont bien là, qu’ils ne se noient pas, qu’ils ne s’éloignent pas. Cela n’arrive jamais. Ces enfants sont sages au possible.
J’ai bien essayé de lire, mais ma lecture est trop souvent interrompue par ma trouille d’en perdre un. C’est si grand, une plage, et il y a tant de monde…J’ai vu des écouteurs dépasser du sac à dos de Claire. Machinalement, je les ai insérés dans mes oreilles. Qu’écoute-t-on, à onze ans ? Je suis surprise de ce que j’entends. Je me dis que les cassettes appartiennent certainement à sa mère.

Tout à l’heure –ce matin- nous sommes arrivés en bus pour passer la journée à la plage. Je n’ai pas le permis de conduire, mais on s’arrange toujours pour sortir l’après-midi. Hier, nous sommes allés à Dinan en vélo. Aujourd’hui, nous sommes venus à la plage en autocar. Que ferons-nous demain ? Les enfants aimeraient louer un cours pour jouer au tennis. S’il fait beau demain je leur dirai oui.

C’est un super job d’été que j’ai trouvé là. Et dire que je pensais devoir passer l’été enfermée dans une usine… Fin juin, le téléphone a sonné chez ma grand-mère. C’était son fils au bout du fil. On pourrait dire mon oncle, sauf que cet oncle m’était quasi inconnu. Pour d’obscures raisons, il n’appelait ni ne venait jamais. C’était un oncle dont je ne connaissais que l’existence. Pourtant, lorsque j’étais petite, ma maman m’en parlait souvent, de son grand frère…

« C’est pour toi ! » m’a dit ma grand-mère en me tendant le combiné.

«  Valérie, ta grand-mère m’a dit que tu aimerais travailler cet été. Si tu n’as pas de projet précis, j’ai une proposition à te faire. Viens passer l’été chez nous, les enfants ont besoin d’une jeune fille pour veiller sur eux à temps plein. Ils nous ont fait cette demande, ils ne veulent plus aller au centre de loisirs. On te paiera la somme qu’on aurait dû verser au centre pour eux trois. Et puis, ça pourrait te dépayser, c’est sympa par chez nous, et nous ne sommes pas des gens  méchants, tu sais.  »


J’ai dit oui. Mon oncle est venu nous chercher en voiture, ma valise et moi, le lendemain de l’oral du bac de français. J’ai dit oui, et depuis je suis là. Je passe mes journées avec les enfants. Leurs parents travaillent beaucoup. Leur maman est pharmacienne, et le frère de ma mère je ne sais pas trop ce qu’il fait. Il me semble qu’il a un magasin le télévisions, hi fi, informatique… j’suis pas bien sûre. Je ne suis pas très curieuse, ou du moins je n’ai pas osé demander.

Le matin, je leur prépare leur petit déjeuner, et puis je fais un peu de ménage et de rangement –la maison est immense- tandis qu’ils s’habillent et jouent. L’après-midi je dois les occuper. On fait du sport, on va à la pêche et à la plage, les jours de pluie je les emmène au cinéma. Ces enfants-là ont toujours besoin d’être occupés. Je ne savais même pas que ça existait –et encore moins dans ma famille- des parents qui avaient un tel budget pour les loisirs de leurs enfants.

Le soir venu, une fois les enfants couchés, le frère de ma mère m’emmène avec lui au sous sol. Il fait de la radio amateur. Il a tout un attirail…Déjà les prémices de ma future passion pour les contacts virtuels se font sentir : je suis fascinée par son passe-temps.
Le dimanche, les parents sont là, et on sort encore. On part en bateau sur la Rance, on visite des monuments ou des musées.

Quelquefois, on parle vaguement de notre famille. Juste un peu. Je ne sais pas bien pourquoi le frère de ma mère ne voit pas ses parents ni sa sœur. Il parle de rupture obligée pour se protéger. Il évoque une enfance sans amour. Il me raconte leur enfance à deux, à lui et à ma mère. Deux contre un. Alliance fraternelle contre la troisième. C’est un homme qui parle peu, je ne demande pas plus que ce qu’il veut bien me dire de lui-même.

Je suis bien, ici. Les enfants sont sympas. Ils savent tout un tas de choses pour leur âge. Ils m’apprennent beaucoup. Les jumeaux jouent à m’induire en erreur parfois –je ne sais pas les reconnaître- mais leur sœur m’aide.

Je suis bien ici. J’aime voir le frère de ma mère prendre son épouse dans ses bras le soir. Ce sont de gens si sereins…

Je suis bien, ici. J’étais arrivée depuis une petite semaine lorsque, un soir, la femme de mon oncle est venue me border au lit. Vrai !
Depuis, elle vient chaque soir frapper doucement à la porte de ma chambre après que je sois couchée. Elle entre, s’assoit sur le bord de mon lit, me caresse les cheveux et me chuchote :

« Tu es bien, ici ? Je lui avais dit que tu serais bien, chez nous…Tu ne t’ennuies pas ? Les enfants sont sympa avec toi ? Vous ferez quoi, s’il fait beau, demain ? ».

Elle m’embrasse, réajuste ma couette et puis sort en me souhaitant une bonne nuit.

J’ai dix-sept ans, et je me laisse faire.

C’est un bon job !

18 mai 2009

Revelation (Val)

Madame Katerine Dumon
8, rue des pivoines
17000 La Rochelle

                                                                                        Dimanche 17 mai 2009


Chère Katia,


J’ai appris le décès de Mireille et j’allais vous contacter. Vous m’avez devancée. Maintenant qu’elle n’est plus, l’heure est venue pour moi de prendre contact avec vous et de tout vous révéler.

Je suis la fille de Mireille. Je n’ai pas assisté à ses obsèques selon ses dernières volontés, que le notaire m'a énoncées par téléphone juste après son décès. Elle y souhaitait votre seule présence.

Parmi ces ultimes volontés, figure celle que vous connaissiez toute la vérité juste après sa mort. J’ai donc pour mission de vous raconter toute l’histoire.

J’avais quinze ans lorsque j’ai connu Jean, mon premier amour. Nous étions très amoureux l’un de l’autre. Malheureusement, ce qui devait arriver arriva, et je suis  très vite tombée enceinte. Je n’avais pas encore seize ans. Jean n’a plus voulu entendre parler de moi, et ma mère –Mireille- était folle de rage et de honte.  Je suis restée enfermée à la maison durant neuf mois. Maintes fois elle m’a battue durant ma grossesse dans l’espoir que le bébé disparaisse…

Elle n’y est pas parvenue. C’est seule dans ma chambre qu’une nuit de juin j’ai donné naissance, dans les cris et les larmes, à une petite fille. Mireille, cette nuit-là, conseillée par la honte, n’a même pas daigné faire venir un médecin.

Au matin, elle m’a arraché l’enfant des mains et a entrepris de « s’en débarrasser ». Souffrante, épuisée, terrifiée, je n’ai pu la retenir. Elle a quitté la maison à l’aube avec le bébé dans les bras. Elle est revenue quelques heures plus tard en me précisant que c'était "réglé".  Je n’ai plus jamais revu l’enfant.

Après ce jour, je n’ai jamais plus reparlé à ma mère, et ai fui la maison à la première occasion. Je me suis mariée jeune, et suis partie loin avec mon époux, pour ne plus jamais revoir cette « tueuse d’enfant ». Je ne lui ai jamais pardonné.

Nous ne nous plus sommes jamais revues, Mireille et moi. Mon mari et moi avons fait notre vie loin, sans jamais prendre de ses nouvelles.

Il y a quelques années, après quarante ans de silence, Mireille m’a écrit. Elle venait d’apprendre la mort d’une amie et craignait de mourir avec son secret. Dans sa lettre, elle m’a tout dit.

J’avais toujours cru qu’elle avait supprimé mon bébé, cette nuit-là. Il n’en était rien. Elle l’avait conduit chez un couple du village en mal d’enfant, leur faisant promettre de ne jamais rien dévoiler à quiconque en échange de la petite.

Peu après, le couple a quitté le village avec le bébé, pour ne pas éveiller les soupçons. Il se sont installés dans l’Eure et Loir. Mireille m’a avoué avoir reçu, pendant toute ces années, des nouvelles régulières de ma fille, et les avoir brulées aussitôt lues, pour que son secret soit préservé.

Elle me disait aussi, dans sa lettre, que la mère adoptive de  l’enfant, déjà veuve depuis quelques années, venait de mourir, et que plus jamais elle ne recevrait de nouvelles. 

Elle m’informait que, par conséquent, bien qu’encore autonome, elle quittait sa maison pour partir vivre auprès de sa petite-fille dans l’Eure et Loir.

Prise de remords sur le tard, elle avait souhaité connaître cette enfant et tout mettre en œuvre pour que mes retrouvailles avec mon premier bébé puissent se faire après son décès.

Katia, je suis votre mère.


Katerine

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