Cartes postales, Chapitre VIII (par joye)
Chapitre VIII : Suite et fin
[L’histoire jusqu’ici : Amanda Perry, américaine de voyage en France, se sauve à Nancy, pour chercher des conseils de l’avocat qui lui avait annoncé l’héritage mystérieux.]
Une heure plus tard, et bien installée au cabinet de son avocat, Amanda se sentait moins crispée. Cherval avait téléphoné à la police, qui lui fit transmettre la bonne nouvelle qu’on avait arrêté le voleur avec le sac volé, son contenu miraculeusement intact.
- Je ne saurais jamais vous remercier assez, soupira Amanda.
- Oh, mais je vous en prie, Miss Perry, c’est le moindre des choses, répondit Cherval. Mais je suis un peu perplexe. Pourquoi justement êtes-vous venue me voir ici à Nancy ?
Amanda prit quelques minutes pour lui raconter les messages mystérieux qu’elle avait reçus à Annecy.
- Ah oui, répondit l’avocat. Je vois bien que tout cela aurait pu vous troubler. Mais depuis votre arrivée ici, tout va bien, n’est-ce pas ?
- Oui….mais justement…l’autre jour, un autre évènement curieux…je crois avoir fait la connaissance de votre fille ?
- Ma fille ? lui répondit l’avocat d’un air étonné. Je n’ai pas d’enfants !
- Bizarre, j’ai fait la connaissance d’une petite blonde qui fait de la danse classique…
- Ah, sourit l’avocat. C’est ma petite cousine.
- Et sa grand-mère, la prof de danse, alors, c’est votre grand-tante ?
- Exact. Redoutable, cette dame, n’est-ce pas ?
- Euh…un peu trop sévère avec votre cousine.
- Oh, il ne faut jamais trop vite juger basé sur une seule rencontre ! Par exemple, vous avez cru que quelqu’un vous poursuivait, et vous avez tout de suite fui Annecy…tout à fait comme quelqu’un dans un feuilleton, si je peux me permettre de vous le dire.
Sa cliente rougit. C’était vrai qu’elle n’avait pas trop essayé de comprendre les évènements, et qu’elle avait réagi sans trop réfléchir. Maître Cherval la gronda encore.
- Et pire, en ce qui concerne votre héritage, vous ne m’avez jamais demandé de qui venait l’argent. Vous n’étiez pas curieuse de savoir qui vous aurait légué tout cet argent ? Personnellement, j’ai trouvé cela bien bizarre. Ne voulez-vous pas savoir d’où venait tout cet argent ? J’avoue que votre amie Brenda a été très déçue…
- Mon amie Brenda ? Du Wyoming ? s’exclama Amanda.
- Elle-même ! sourit l’avocat. Vous savez bien qu’elle a gagné la loterie l’année dernière. Alors, elle a décidé de partager ses millions avec vous. Et quand vous avez tout accepté si calmement, sans poser de questions, elle a décidé d’engager quelques-uns de mes amis pour vous réveiller un peu…ce garçon de café, par exemple…c’est mon neveu Édouard. Et ce Goudin à l’hôtel, Édouard encore. Brenda était sûre que vous reconnaîtriez sa voix…
Amanda resta sous le choc. C’était alors sa copine Brenda qui orchestra tout cela ?
- Alors, la rencontre avec la petite et sa mamy, c’était l’idée de Brenda aussi ?
- Ah, non, hélas, là, c’était mon idée, mais Brenda était bien d’accord, rit l’avocat. Le sac aussi, mais nous étions convaincus que cette fois-là, vous n’alliez pas gober…
En ce moment-là, des portières derrière son bureau s’ouvrirent abruptement et l’amie Brenda apparut, hurlant de rire.
- Arrêtez, je peux plus ! gloussa la petite brune. Eh ben, ma belle, je t’ai bien eue, hein ? Hein ?
Amanda la fixa des yeux, ne sachant si elle devait rire ou pleurer.
- Mais pourquoi ? lui demanda-t-elle. Je comprends l’astuce de l’héritage - tu savais que j'aurais refusé un cadeau offert ouvertement - mais pourquoi toutes les autres parties, j’ai failli mourir de peur, tu sais !
- Parce que ! rit Brenda, serrant Amanda sur son cœur. Il fallait faire quelque chose, tu t’ennuyais comme un rat mort !
- Oui, c’est vrai, je m’ennuyais, admit Amanda, un peu étonnée. Mais... comment le savais-tu ?
- Parce que je savais lire, ma chère, entre les lignes.
- Entre les lignes ? demanda Amanda, incertaine.
- Ouais ! rit Brenda encore. Entre les lignes…sur chacune de toutes tes petites cartes postales !