Quoi de neuf ? (EVP)
Dieu maussade, sur son trône de nuages, s’adresse à Pierre :
- N’aurais-tu pas, très cher Saint Pierre,
Quelque histoire drôle et surtout légère,
Pour me distraire, je suis grognon.
Voilà encore, qu’on tue en mon nom,
Dans ce joli pays de France
Où je voulais prendre des vacances ?
- Si fait, patron, en cette période d’élection,
Il y a fort à rire de ces quelques histrions.
Il y a un ex-futur candidat, Dom Juan de pacotille
Aux femmes savantes, il préfère soubrettes et mauvaises filles,
Un Tartuffe à talonnettes nous rejoue de Scapin, les fourberies.
A l’école des femmes il y en a de la marine ou de la jolie.
Un François batave en deviendrait bien misanthrope,
Tandis qu’un autre resterait droit dans ses bottes.
L’autre François, éleveur d’étalon en Béarn,
Voudrait être médecin malgré lui pour guérir ces carnes.
Un tribun conspue tous les bourgeois gentilshommes
Et souhaiterait faire la révolution ad libitum…
Des précieuses ridicules, en appellent aux travailleurs,
Aux prolétaires ou à l’écologie en fleurs.
- Allons, encore, ne fait point ton avare,
Encore des loufoqueries, je me marre !
- Voilà un beau pays, qui a tout du malade imaginaire,
Que bien des Diafoirus, voudraient mettre par terre.
On y soignait le pauvre aussi bien que le riche,
On y éduquait enfant de château ou enfant des friches,
On y rendait justice, pot de terre contre pot de fer,
On y mangeait grenouille, on y buvait sancerre,
On y riait beaucoup, on se moquait de tout,
On y créait des pièces qui en disaient beaucoup.
Au nom d’un catéchisme libéral avancé,
Ils sont bien acharnés à le voir reculer.
- Et quoi ? Tu m’affoles, veux-tu me voir retomber
Dans les affres sordides de la morosité ?
- Tu me demandes, Dieu très haut, Dieu d’amour,
Ce qu’il y a de neuf, moi je fais au plus court.
Des défiants, sur la toile, ferons comme Jouvet,
Se délecter du vieux pour en faire du frais !
De tout, ils se fendent, ils se gaussent
Et plus le désespoir leur chatouille les chausses,
Plus ils sont virulents dans leur ironie sommaire,
Car rien ne vaut qu’on soit triste, au pays de Molière !