LA MAISON DE L’UNIVERS (Alain André)
J’ étais bien peinard dans les lignes d’un roman dont j’étais le narrateur omnipotent ( tant qu’a faire ! ) ; Un double blouck sur mon ordi me signale l’arrivée d’un nouveau défi : Aussitôt, j’enfourche ma souris galactique pour aller visualiser la photo du défi 415, et me voilà dans un autre univers !
Ou suis-je ? Me dis-je ! Je ne sais pas, mais tu le sais peut-être, cher lecteur ?
Il y a parfois ces drôles de constructions en Bretagne (ou ailleurs, ne soyons pas absurdement chauvins : Nous autres bretons avons tendance à nous croire issus du nombril de la terre… Ce qui est vrai ! Mais nous ne devons pas le dire car c’est peu charitable pour ceux et celles, qui, nombreuses, ne sont malheureusement pas bretons ! ) ; Or, il n’y a pas de doute sur leur origine : Ces constructions ne sont pas, comme on pourrait le croire, d’anciennes maisons de korrigans, ( bien que je me sois laissé dire que des korrigans en ont habité certaines! ) La stricte vérité de ces édifices est qu’ils constituent des passages vers des univers parallèles ! Je le sais, j’y fus hier encore ; Mais pour y passer, il faut avoir quelques savoirs ancestraux que seuls quelques initiés peuvent connaitre :
Tout d’abord, il faut être d’origine bretonne ! Ca n’est pas donné à tout le monde !
(Etre Breton, c’est, comment dire, plus qu’une simple appartenance à un peuple d’exception, c’est un état de grâce sublime que vous autres, vulgum pecus, ne pourrez jamais approcher, même en rêve !)
Mais ça n’est pas suffisant ! Il vous faut au moins un ancêtre druide ( deux, c’est mieux, un druide et une druidesse, par exemple, c’est bien !)
Bon, tu as ces deux conditions derrière toi, alors, c’est simple ! Tu entres dans la maison, Il faut, lorsque tu passes la porte, dire en chantant :
Tud an Argoad ha tud an Arvor
Tud diwar ar maezh ha tud ar c'hêrioù bras
Tud Breizh izel ha tud an Naoned
Diwallit' ta mar plij, diwallit' ta… ( 1 )
(Gens des terres et gens des côtes,
Gens des campagnes et gens des grandes cités,
Gens de basse Bretagne et gens du Pays Nantais,
Prenez garde, je vous avertis, prenez garde!)
Bon, là, en principe, le vent du large se met à souffler, la bruine se dissipe, ( oui, en Bretagne, en général, quand il ne pleut pas, il bruine !) un soleil noir se lève derrière la maison, et tu es happé dans le courant d’air.
Alors, c’est la découverte absolue ! A aucune autre semblable, les flots déchainés, la vive violence de l’infini te saisit le corps, et même nous, fétus de paille que nous sommes, nous ne pouvons pas résister.
Une si petite maison sans toit, ( ni toi non plus d’ailleurs ) un si grand Univers ! Rien, jamais ne peut remplacer cet immense bohneur qui t’étreint le cœur à ce moment là… Rien !
( 1 ) BREZHONEG RAOK, Alan Stivell