Lucia (Clémence)
Il était une fois, au pays des elfes et des lacs bleus, une jeune fille aux cheveux blonds. Lucia. Elle était la benjamine d'une famille de trois garçons et trois filles.
La mère était très aimante, bonne cuisinière et habile maîtresse de maison. Le père, bon comme le pain, était forgeron de son état et bricoleur en ses heures de loisir.
Bien que n'étant pas très croyants, pas du tout même, ils aiment les fêtes traditionnelles qui apportaient chaleur et convivialité.
Cette année encore, la mère sortit de l'imposante armoire, sa boîte à couture, de la toile blanche et quelques coupons de tissu rouge. Elle désirait que ses filles soient impeccables pour le cortège.
A la lueur du quinquet, elle rallongea ourlets et manches. Lucia l'observerait, puis, d'une voix limpide, elle dit :
- Quand je serai grande, j'aurai un magasin et c'est moi qui inventerai les robes. Des robes de toutes les couleurs !
Sa mère sourit et répéta : « Quand tu seras grande... ». Puis, elle regarda la cheminée. Le feu ronronnait.
- Demain, je préparerai les brioches au safran. Voudras-tu m'aider ?
La fillette applaudit et fit quelques pas de danse.
Le village était en effervescence, les boutiques restaient ouvertes plus longtemps que d'habitude. Les femmes prenaient le temps de converser. Les hommes se retrouvaient à l'auberge et les sujets de discussion ne manquaient pas ! Le froid, les conditions de travail, la pêche, les patrons de plus en plus exigeants…
Décembre commença sous la tempête. Vents violents et chutes de neige.
Le 8 décembre, le temps fut plus clément. La journée et la soirée s'annonçaient radieuses pour Lucia. Elle avait été désignée pour conduire le cortège.
Elle était revêtue de sa robe blanche ceinturée de rouge, une couronne de bougies scintillait sur ses cheveux blonds. Les suivantes avaient la même tenue et tenaient une bougie à la main.
Alors que le « Sankta Lucia » retentissait sur la place du village, le vent se leva et souffla toutes les bougies.
Lucia pleura doucement la brièveté de sa joie lumineuse.
La neige se mit à tomber à gros flocons et chacun rentra chez soi en promettant , à titre exceptionnel, de recommencer la fête le lendemain, dans la grande salle.
Lucia ne se remettait pas de son chagrin. Elle était sûre qu'une autre jeune fille serait élue, qu'elle n'aurait porté sa couronne de lumière que quelques brefs instants, et que….
Ses frères et sœurs ne parvenaient pas à la consoler. Sa mère et son père ne firent guère mieux.
Chaque fois qu'un argument était avancé en sa faveur, un énorme sanglot la secouait.
La vieille horloge sonna à l'unisson.
- Il est temps d'aller dormir, dit le père en se levant.
- Allons, les enfants… au lit, et vite !
Dans la chambre, le père se posta devant la fenêtre, les mains derrière le dos…
Sa femme s'approcha de lui et murmura quelques mots de tristesse….
Le lendemain, le père déposa une feuille de papier et un crayon sur la table. Il s'assit et commença à écrire sa lettre :
Mon cher Thomas, frère aîné et si lointain...
J'espère que cette lettre te trouvera en bonne santé et que tu n'as pas trop froid. Chez nous, Lucia a été élue pour la fête de Sankta Lucia. Mais le mauvais temps a gâché...
Je te sais inventif et donc, je sollicite ton aide pour que cette fête soit pour toujours celle de la lumière. J'ai lu dans le journal qu'un certain Joseph Swan avait inventé une ampoule de verre lumineuse. Crois-tu qu'il te serait possible….