L’enfer est le paradis (EnlumériA)
— Ça serait quoi pour moi, la définition du paradis sur terre ? C’est ça que vous me demandez ?
— Oui, monsieur. C’est exactement ça.
— Eh bien… de prime abord, j’ai bien une idée qui me vient à l’esprit, mais…
— Mais ?
— C’est-à-dire que c’est assez intime.
— Intime ? Vous voulez dire qu’il s’agit d’une…
— D’une dame, tout à fait. Vous comprendrez ma discrétion.
— C’est une dame que l’on connait ?
— En effet, monsieur. De plus, elle est mariée. Fort mal, mais le fait est là.
— Je vois. J’ose croire, cher ami, qu’il ne s’agit pas de mon épouse ?
— Non, monsieur. Soyez rassuré. Il s’agit d’une jolie femme.
— Vous êtes vexant, monsieur.
— Non. Ne croyez pas cela. Il se trouve simplement que nous avons des goûts différents.
— Soit. Mais cela ne répond pas à ma question.
— Qui était ?
— Votre paradis sur terre, monsieur ! Enfin ! La mémoire vous fait-elle défaut à ce point là ?
— Ah oui ! Cela me revient. Pardonnez-moi. Cette dame dont je parlais. C’est qu’elle m’occupe l’esprit, vous savez.
— Oui, certes. Mais nous n’allons pas y passer le réveillon. Votre réponse, monsieur. Nous avons tous répondu. C’est à votre tour de jouer le jeu… et sans finasser, s’il vous plaît.
— L’enfer, monsieur.
— J’ai peur de ne pas comprendre.
— L’enfer de la bibliothèque, voyons. Vous connaissez mon amour immodéré pour les livres.
— Les livres, bien sûr. Il est vrai que vous avez la réputation d’être un rat de bibliothèque.
— Tout juste, monsieur.
— Et je me suis laissé dire que la bibliothécaire était on ne peut plus avenante.
— Par le diable ! Je suis démasqué. Vous êtes malin comme un chat.
— À bon chat, bon rat, monsieur.
Évreux, le 20 février 2015