La femme du boulanger (Ristretto)
Les images d’enfance, insouciance, restent à jamais plus claires qu’un matin de printemps.
Je ne peux séparer la douceur angevine d’une clochette qui tinte à l’entrée de la boulangerie de mes jeunes étés.
En franchissant le seuil, je tombais en extase…
Les parfums de pain chaud, la dorure des flans,
La rondeur des Reine-Claude sur leur pâte sablée…
Puis, elle apparaissait : la femme du boulanger !
Et j’étais fascinée :
Un visage de geisha !
Oh oui j’en étais sûre ! ses joues plus blanches, cette peau plus fine que la meilleure farine,
J’en étais sûre : c’était le signe de leur amour !
J’y voyais les mains enfarinées de son mari et leurs caresses sans cesse renouvelées.
Elle en était pétrie.
Alors sur le chemin du retour,
Je humais le pain chaud en pensant à l’amour.