À demain, mon amour (Berthoise)
La nuit quand tout le monde dort, je ne dors pas. J'attends. J'attends que l'agitation s'apaise, que les respirations se calment, que les rêves s'éveillent. Alors, quand tout se fige, quand plus rien ne bouge que les poitrines qui montent et descendent au rythme du souffle, alors je me lève sans bruit. Je quitte la chambre à pas légers. Je me vêts avec soin, je me pare de mes plus beaux atours. Je sors. Je rejoins mes amants. Je rejoins celui du moment.
Sous la lune complice, dans la fraîcheur qui pince mon visage, je vole à travers les rues, la ville, la campagne pour retrouver celui du moment.
J'offre mon corps à ses caresses, j'offre mes caresses à son corps. Je soupire, je geins et me pâme sous ses baisers. Quand nos jeux se tarissent, je rentre au château. Je me glisse sans un bruit dans le lit conjugal. Il est chaud, doux, accueillant. Je me colle contre le corps paisible de mon mari endormi. Il pousse un soupir et m'enlace. Je m'endors enfin rassasiée dans la tiédeur sereine de notre couche, tout en haut de la tour. En me dévêtant, j'ai laissé au pied du lit, ma paire de souliers aux semelles usées par ma course nocturne.