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Le défi du samedi
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7 mai 2011

La chouette et la pintade (Jo Centrifuge)

 

 

Suite du #147

 

-Allo !

-Léa ? C'est bien toi ?

Elle se lança dans un grand rire qui fit grésiller le combiné :

-Quoi de neuf Dom Juan ! Oh je sais ! Vous allez vous marier et vous voulez que je sois témoin !

-Arrête de délirer, Léa ! Karine est une psychopathe. Je lui ai démoli son grigri et maintenant elle veut me buter !

-Je suis désolée. Elle m'avait discrètement demandé si je n'avais pas vu sa chouette en terre cuite et… je lui ai tout raconté. Je ne sais pas mentir de toute façon, et surtout pas à elle.

-Oh c'est pas vrai !

-Arrêtes de t'exciter comme un grosse dinde, Dom. T'es un grand garçon. Tu vas gentiment t'excuser et vous pourrez reprendre vos mamours écoeurants. Beurk !

-Mais tu ne comprend rien ! s'emporta Dom. Je te dis que Karine est barge. Elle est là, en bas dans la rue, à me mater par la fenêtre et...

 

Diiing... Doooong ...

 

Dom se paralysa au retentissement de la sonnette. Les bras ballants dans un garde-à-vous halluciné, il laissa choir son téléphone. Cette folle de Karine était là, tapie derrière sa porte, sans doute en train de lécher la lame d'une machette en se ressassant des insanités haineuses.

 

Diiing... Doooong...

 

Ses pensées filaient à toute vitesse, se bousculaient, s'entrechoquaient. Sauter par la fenêtre, appeler police secours, saisir un objet...

 

Un petit cliquetis à la porte... la serrure... Elle n'était pas fermée à clef! Le loquet s'abaissait lentement. Il allait falloir lutter.

 

Karine ouvrit la porte brusquement. Les yeux injectés de sang, le visage éclaboussé de tâches brunes, elle grimaça en le pointant d'un index enragé :

-Je n'en ai pas fini avec toi !

-Je t'en prie, lâche ce sac à main, bredouilla Dom en reculant d'un pas. Ça ne servira à rien de me massacrer, ça ne te rendra pas ta... ton... machin là...

-Ma statuette de chouette ! Répondit-elle plus calmement. Tu flippes ou je me trompe ?

Elle entra et se saisit d'une chaise, s'assit en croisant les jambes, le plus naturellement du monde. Dom en était complètement déboussolé.

-Il se trouve que je tenais beaucoup à cette chouette, dit-elle doucement.

-Attend, tu.. tu n'es pas une de ces tarées qui massacrent leur mec, style mante religieuse ?

-Note bien qu'après les aveux de Léa ça m'a bien traversé l'esprit. J'attendais mon heure. Lorsque tu m'as embrassé (mal d'ailleurs) j'ai voulu te faire bien flipper. Bizarrement, te voir détaler comme une pintade ne m'a pas du tout soulagée. Cette histoire me travaille à un point tel que je n'arrive pas à fermer l'oeil. De toute façon, on ne dort jamais bien la première nuit dans une nouvelle piaule, alors j'ai décidé de venir te persécuter, pour passer le temps.

-Mais ce sang là sur ton visage,... partout...

-Hein ?  Zut, j'ai oublié mon masque au carotène ! Mais t'es con ou quoi ?

-Et ce que tu faisais avec tes yeux, là dehors ? Hein ? On dirait que t'as la myxomatose.

-De la poussière sur mes lentilles, sûrement le déménagement. Ça me démange c'est une horreur ! En tout cas c'est bien délicat de me le faire remarquer !

 

Dom sentit ses jambes le lâcher. Il se raccrocha au bar.

-P'tin, la frousse ! Je t'offre quelque chose ?

-Non merci ! Il faut qu'on parle, mon vieux !

-Ben moi je vais quand même boire un coup... Si ça ne te dérange pas.

Les mains encore tremblantes Dom se versa un grand verre d'arquebuse qu'il engloutit d'une traite.

-Bien, résumons nous, fit Karine en allumant une cigarette. Tu as pété ma babiole préférée, sans elle mon nouveau logement n'est plus qu'une masure sans intérêt.

-Bah ! 'Faut pas exagérer, répondit mollement Dom qui accusait difficilement le coup de cordial, ce qui lui donnait un sourire un peu niais.

-T'es fautif, mon pauvre garçon. Mais bon, étant donné que tu m'as prêté main forte pour le déménagement, je vais être magnanime. Demain c'est dimanche. Je passe te prendre à 7h. Toi et moi, nous allons nous procurer une nouvelle statuette. Mais j'aime autant t'avertir, n'attend pas une promenade de santé.

Sur ce, elle se leva et s'en vint aussi brusquement qu'elle était apparue. Elle répandit dans le sillage de sa longue chevelure une ensorcelante fragrance de carotte et, passant l'encadrement de l'entrée, décocha un clin d'oeil ravageur.

 

Dom en resta époustouflé.

 

Ce serait chouette une gentille ballade dominicale avec Karine, mais que diable a-t-elle voulu lui signifier avec son histoire de promenade de santé ?

 

Bof, de toute façon il était bourré.

 

 

 

 

 

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Commentaires
J
@Adrienne : Promis je ferai attention =)<br /> <br /> @Joye : Tu as vu juste : la pintade c'est lui!<br /> <br /> @Joe Krapov : http://fr.wikipedia.org/wiki/Aurone_%28plante%29 (mais il faut bien avouer que c'est plutôt une boisson d'homme... ;-))<br /> <br /> @Vegas : Question de tempérament, dans ce genre de cas, même le carotte n'y peut rien =)<br /> <br /> @Map : j'y travaille, mais pour l'instant je sèche...<br /> <br /> @Venise : En tout cas je suis bien amusé à écrire ce texte
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V
quel talent!!
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M
Je pense aussi que cela mérite une suite ....
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V
Quel tintouin pour une babiole! Il parait que les carottes rendent aimable
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J
De l'arquebuse ? Ca titre combien, ça ? C'est ce que prenait la Polonaise au petit-déjeuner ? <br /> C'est du brutal, alors !<br /> http://youtu.be/5lW0XVlEy54
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J
M'est avis que Dom est un bird brain. ;-)
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A
j'espère que nous le saurons la semaine prochaine sous le titre prometteur de "Fragilité" ;-)<br /> (mais je déconseille fortement de lécher la lame d'une machette, faut faire gaffe avec ça, Jo Centrifuge!)
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