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Le défi du samedi
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5 juin 2010

LA COLLECTIONNEUSE (Lorraine)

La vieille demoiselle Amélie descendit les marches avec précaution et partit vers la forêt. Elle portait sa robe grise à fleurs mauves et par-dessus son visage ridé un chapeau de paille l’ombrageait toute . Elle se retourna et me sourit. Je la connaissais à peine, nous étions descendues au même hôtel tranquille, moi cherchant des vacances paisibles, elle des herbes et des fleurs. On m’avait avertie qu’elle était un peu « spéciale »,elle revenait chaque année et chaque année recommençait sa quête. La veille, nous avions bavardé : Melle Amélie cherchait chaque matin « les pétales du bonheur». Je n’osai pas l’interroger davantage, son air mystérieux me mettait dans la confidence et semblait dire, que moi aussi, je savais…

Elle emportait un cabas de grosse toile pour y glisser ses découvertes. « Je collectionne », me souffla-t-elle avant de me quitter, silhouette un peu cassée mais encore alerte. Quand elle revint à midi, de longues herbes minces dépassaient du sac, et je crus voir l’arrondi d’une reine-marguerite, mais je ne le jurerais pas, car Melle Amélie me fit un clin d’œil et rentra dans sa chambre. Après le déjeuner, nous prîmes le café ensemble. Je demandai si la matinée avait été fructueuse mais elle fit un signe m’intimant de changer de sujet. Le patron, derrière le comptoir, nous regardait d’un air goguenard. Melle Amélie, imperturbable, lui fit le plus charmant sourire. Il sourit à son tour, un peu gêné, puis s’avança :

- Puis-je offrir un petit remontant à ces dames ?

- Avec joie, répondit Melle Amélie.

Il nous apporta deux petits alcools du pays. Melle Amélie but gaillardement. Puis elle remercia notre hôte en levant le pouce d’un air convaincu. La semaine s’écoula, chaque matin Melle Amélie partait à la recherche de ses mystérieuse plantes, chaque midi nous prenions notre café ensemble, et le patron nous apportait ensuite nos liqueurs quotidiennes. Je me sentais bien, Melle Amélie aussi, et la veille de son départ j’osai enfin lui demander ce que contenait son sac.

« Rien, répondit-elle, ou plutôt si « les pétales du bonheur ».

Et comme je restais interdite, elle ouvrit son cabas vide et m’expliqua :

- Tout le monde peut collectionner les pétales du bonheur. Mais il faut la tournure d’esprit. Je suis seule, vieille et presque bossue. Banale, je ferais pitié ou j’inspirerais le mépris (et je ne veux ni l’un ni l’autre), donc je collectionne, cela intrigue, on se moque d’abord puis les gens sont curieux, m’interrogent, et commencent à se poser des questions : que fait-elle, qui est-elle, quelles sont ces fleurs qu’on ne voit pas, fait-elle un herbier, des tisanes, des philtres peut-être ? Et je deviens « un personnage ».

Admirative, je regardais ce profil fin, ces yeux bleus si clairs qui semblaient ingénus et j’y perçus la malice incontestable de l’humour mêlé de sagesse :

- Donc vous n’étudiez pas les fleurs ?

- Non, j’étudie les gens…Depuis très longtemps, je collectionne les petites choses de la vie, je vous l’ai dit : un sourire qu’on me refuse, un mot jeté avec indifférence, un haussement d’épaule sur mon passage. Mais aussi, grâce à ma « collection » un sourire qu’on me donne, un intérêt qui se manifeste, une main tendue pour franchir le perron, le garçon qui ramasse promptement ma canne et s’offre à me mener à ma table et les choses se retournent, comme en ce moment. Vous voyez, j’ai choisi. Je pouvais me morfondre, devenir amère. J’ai opté pour l’inverse.

 « Les petites choses de la vie », sans aucun doute, Melle Amélie en connaissait le prix et savait les cueillir. Et, comme elle montait dans le bus pour aller à la gare, je compris qu’elle était une collectionneuse non de « pétales » mais de « bonheur ».

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5 juin 2010

Gynécée* (Zigmund)

 

Des collections, j’en ai une collection…les livres (mais ça, c’est plutôt une maladie), les toupies,(trop enfantin ? ), les recettes de cuisine aphrodisiaques, (drôle mais faussement prometteur), les perles et nuisances involontaires de mes patients que je répertorie sournoisement(souvent trop technique )…Alors il a fallu choisir et c’est finalement Mozart qui m’a soufflé l’idée…

 

     Maman c’est la toute première femme de ma vie, la plus belle, la plus tendre. J’ai eu mes parents pour moi tout seul pendant quatre ans,  jusqu’à ce qu’un petit frère arrive et exige  sa part de câlins.

     Flore et Anna, mes deux grands-mères se sont chargées de me consoler de l’arrivée de l’intrus. A la même époque, est arrivée la jolie Fatima, venue partager notre vie ; elle aidait ma mère, s'occupait de nous et elle se couvrait de son grand voile blanc pour nous emmener jouer au jardin public. Du haut de mes huit ans, je croyais lui apprendre à lire, mais il était déjà trop tard. Notre séparation avant exil sans retour, fut effroyable, on essaya de me faire croire qu’elle nous suivrait bientôt. img012

      Sa trace se perd à jamais peu après notre départ ; au mieux, elle est prisonnière pour toujours de son pays théoriquement  libéré.

     Viennent mes cousines drôles, vives  et sophistiquées, qui partagent mes jeux  et aussi mes tantes attentionnées et aimantes, parfois "prise de tête," qui cuisinaient des pâtisseries sublimes  et non diététiquement correctes : la seule lecture des ingrédients vous lesterait gravement* et désolerait la nutritionniste la plus laxiste.img060828_2018

     Enfin adulte, je passe aux choses sérieuses et démarre ma collection de copines, (de préférence petites) jusqu’à la rencontre de la mère de mes enfants. Comme beaucoup, j’ai cru naïvement avoir trouvé la pièce maitresse, point final de ma collection…Quelqu’un a dit « Les jolies femmes ont ceci de bien, c'est qu' on vous en débarrasse rapidement… »

     Me voila seul, bien décidé à reprendre le jeu de la séduction, enrichir ma collection  de nombreuses  conquêtes féminines et  me transformer en Don Juan,  jusqu’à Celle qui reste, me supporte, et offre une sœur déjà grande à mes fils.

    Il y a bien sûr encore plein de femmes importantes dans ma vie : ma patronne, et mes collègues de travail, les amies internet, et les copines  des associations où je sévis.

Chacune pose une empreinte sur mon existence.

 Ma  collection fantasmée de conquêtes féminines, volontairement stoppée il y a quelques années, fait donc de moi un pâle  disciple de Don Giovanni à qui j’aurais volontiers emboité le pas...

 

-------* à prendre ou à lester--------------------------

5 juin 2010

Consigne 109 (rsylvie)

"Nostalgique parfum "

petite fille je regardais avec convoitise le précieux flacon sur l'étagère du haut. Celle bien loin de tout ce que ma petite main pouvait attraper et mettre à la bouche.
Toute d'habits du dimanche vêtue, maman prenait avec délicatesse la jolie bouteille de verre Et ,d'un geste gracieux, déposait une délicate goutte qui venait malicieusement se glissait dans son cou. Là... juste là, où j'allais avec gourmandise, cacher mes chagrins d'enfant quand la nuit se faisait terreur et qu'elle venait me consoler
.

Au fil des saisons, les flacons se sont sagement installés dans la salle de bain de la maison familiale et la petite fille, devenue femme, s'est envolée bien loin de sa campagne natale. à la capitale, elle est allée convoler amoureusement dans les bras de son prince. boulot, métro, boulot, sortie, dodo, boulot, métro, repos et là, découverte du marché aux puces et ses vieilleries. Les uns après les autres, les échantillons de parfum ont quitté l'étale des antiquaires, le tréteau du revendeur du dimanche et jours de fête, la boutique du brocanteur, pour rejoindre sagement les petites acquisitions marchandées avec ardeur.

Formes pures, essences raffinées, joies couleurs... la gourmande n'a de cesse d'avoir celui entr'aperçu par la vitrine de ses souvenirs. Alors elle chemine, de-ci de-là, poursuit le chaland au travers des allées du vide grenier, bouscule le vendeur à la sauvette. Mais ne baisse pas les yeux, jamais renoncer. Fouiller, chiner, et encore chercher, pour retrouver le parfum magique. Celui qui manque à la collection... mais avant tout, protéger le précieux trésor. 

Comme le soleil vient après la pluie, le jour après la nuit, la brume après l'orage... petit à petit, d'autres pièces sont venues rejoindre les jolies bouteilles offertes à l'occasion d'un anniversaire, d'une fête des mères... Seulement maintenant c'est moins important, qu'elles ne soient pas si rares que cela, ou qu'il y en ai en double. Car tout naturellement, les enfants de la maison ont leur propre collection...comme en héritage.

Non pas du regard des autres ! les cacher seraient leur faire offense. Mais de la poussière, ou bien plus encore, des p'tites mains potelées venues aigailler la maison. ces petits doigts qui pourraient faire s'évaporer le précieux liquide en faisant pivoter les jolis bouchons. Alors on range méticuleusement la collection dans une grande vitrine

5 juin 2010

Si ... (MAP)

SI_VOUS

Si vous avez une heure à perdre
ne la laissez pas dans les bois
triste, seule et abandonnée
ainsi que le Petit Poucet.

Si vous avez une heure à perdre
je vous en prie, donnez-la moi
car je suis un collectionneur :
je prends les heures, toutes les heures …
A la rigueur je prends aussi
les minutes et les secondes :
j’aime avoir du temps devant moi.

Ce que je déteste le plus
ce sont les tristes personnages
qui ne sachant vraiment que faire
s’amusent à tuer le temps !
Mais ils le tuent si bêtement
que cela me fait peine à voir
car je suis un collectionneur :
je prends les heures, toutes les heures
et je les remplis de Beauté
et je les remplis de Bonheur.
………………………
Imitez moi, prenez le temps !

DSCF3529

* * *

5 juin 2010

UN ETRANGE COLLECTIONNEUR (Martine 27)

Partie ce jour là pour une longue promenade, la jeune fille avait croisé, au détour d'une route, son regard noir et insondable.

Elle était restée un instant pétrifiée, perdue dans ce lac sombre. Puis secouant, la tête elle avait réussi à repartir, mais la balade était gâchée. Bien malgré elle, sans cesse ces yeux venaient s'imposer à elle.

Pendant plusieurs jours elle n'arrêta pas de penser au regard de cet homme étrange. Allait-elle oser retourner se promener là où elle l'avait croisé ?

Pas question, il fallait oublier.

Mais plus facile à dire qu'à faire, sans cesse le regard hypnotique apparaissait devant elle aux moments les plus divers.

Un lundi, elle ne vint pas au travail. Ses collègues ne s'inquiétèrent pas trop le premier jour, mais le second ils tentèrent de la joindre au téléphone. Pas de réponse. Le troisième, ils réussirent à contacter ses parents et ils apprirent la terrible nouvelle.

La jeune fille avait disparu pendant le week-end, laissant derrière elle son appartement ouvert. Rien ne semblait avoir été volé et il n'y avait pas trace de lutte. L'inquiétude de ses proches était à son comble et en dépit des efforts de la police, on ne retrouva pas traces d'elle.

Pas plus, d'ailleurs que celles d'autres personnes, jeunes, âgées, hommes ou femmes qui disparurent tout aussi mystérieusement dans les mois qui suivirent.

Pendant ce temps, la jeune femme s'était éveillée dans un espace noir et clos. A tâtons, elle voulu faire le tour de sa cellule. A peine un pas, elle ne pouvait que se tenir debout, sans pouvoir bouger.

Elle hurla, appela au secours, insulta celui qui la tenait enfermée. Mais rien. Pas un bruit, si ce n'est parfois le léger murmure d'une voiture qui passait non loin.

Elle n'avait plus aucune notion du temps, elle ne ressentait aucune envie, ni faim, ni soif, ni besoins naturels. Rien, si ce n'est parfois l'oubli provisoire dans un sommeil agité.

Puis, il lui sembla percevoir les cris et les pleurs d'autres personnes. Elle cria à son tour, mais la communication fut impossible.

Quelques temps passèrent encore et en se réveillant d'un de ses sommes pesants, elle perçu un changement dans son environnement. Devant elle, ce n'était plus de la pierre qu'elle sentait, mais une surface polie comme du verre. Un léger reflet de lumière arrivait jusqu'à sa geôle.

Et toujours, en fond sonore, le bruit des voitures, les cris et les pleurs.

Il y avait bien longtemps qu'elle ne cherchait plus à comprendre où elle était et qu'elle avait abandonné tout espoir de fuir, quand une lumière diffuse éclaira la cellule qui l'emprisonnait.

En face d'elle, elle distingua un homme, une autre femme et un enfant qui, comme elle, se tenaient debout et raides dans leur propre "boite". Leurs yeux hagards la détaillèrent.

Brusquement, dans le couloir qui les séparait passa une ombre, une ombre avec des grands yeux noirs immenses, des yeux qui les dévoraient plein de plaisir, admirant les visages, les corps de ses acquisitions.

Des yeux qui les caressaient, leur disait tout l'amour qu'ils portaient à sa magnifique collection. Et dans les yeux des prisonniers la dernière lueur d'espoir s'évanouit.

Tous se rappelèrent cet étrange tag qui, sur le bord de la route, les avait attirés, fascinés.

Ils comprenaient maintenant que cet être quel qu'il soit, les avaient pris dans sa toile comme une monstrueuse araignée et que jamais plus ils ne connaîtraient la liberté, sauf peut-être si le mur qui l'accueillait venait à être détruit !

(PS - Cette photo a été prise lors d'une de mes promenades, je peux vous dire que ça fait drôle de se retrouver face à une image de ce style aussi grande que vous)

collectionneur

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29 mai 2010

Défi #109

Êtes vous COLLECTIONNEUR

(ou bien connaissez-vous des collectionneurs)

Pour ce nouveau défi plongez-nous dans cet univers de passion !

Vrais ou inventés vos récits sont à envoyer à samedidefi@hotmail.fr

DSCF2757

Attention à ne pas devenir complètement timbré !!!

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