Faut du Genesis mais point Foxtrot n'en faut ! (Joe Krapov)
Mademoiselle Renard a mis sa belle robe rouge mais personne ne l'invite à danser le fox-trot. Il faut dire que le bal a lieu sur une plage et qu'elle se tient debout dans le milieu des vagues.
Observée depuis le sable par six chasseurs à courre et à court d’arguments elle pourrait sembler Vénus sortant des flots ou un nouveau Jésus de sexe féminin faisant l'intéressant·e. Mais ce serait oublier qu'elle est venue, pareille à l’ours blanc étonné des banquises lointaines, sur une plaque de glace, que cela jette un froid et que les sept Pénitents blancs dont le premier porte une croix, tout encapuchonnés, dépourvus d’horizons, ignorent ce miracle musical d’un autre temps et la féminité assumée de Peter Gabriel, premier t****** du rock à l’aube des seventies.
(On a beau changer d'outil et passer de Word en ligne à Dictation.io pour dicter ses textes on est toujours chez ces idiots de logiciels anglo-saxons à ciseaux puritains qui remplacent le mot « travelos » par six astérisques !).
Je ne vais pas délirer plus sur la pochette de l'album « Foxtrot » du groupe de musique « progressive » Genesis. Je viens de vérifier que je ne possède plus ce disque vinyle. J'ai délégué à mon épouse il y a quelques temps le soin de le revendre dans une braderie de Rennes.
C’est sur ce disque-là qu’on entend la version studio de « Supper’s ready », une suite de 7 passages musicaux liés d'un seul tenant. Cela dure 23 minutes et je l’écoutais souvent dans la version de l'album live « Seconds out » sans rien comprendre des paroles mais en adorant la musique.
Si j'étais ici pour vous raconter ma vie je vous confierais que j'ai été initié à cette musique-là par Marie-Paule D. qui en était fan·e et qui habitait « par-derrière chez nous », au numéro 11 de la rue Achille Olivier à L. Mais je sais très bien que ça vous fera des bosses d'apprendre que j'étais, le 5 décembre 1980, à Paris, dans le public du Théâtre Mogador qui écoutait et applaudissait le guitariste Steve Hackett qui officiait au sein de Genesis avec Tony Banks, Phil Collins et Mike Rutherford à l’époque de « Foxtrot » : 1972.
Eh non, je ne suis toujours pas un perdreau de l’année ! Je fais des efforts, pourtant !
On trouve tellement d'information factuelles de ce type sur Internet qu'on ne peut plus rien dire du flottement onirique de cette musique, de ce groupe-là et du jeune homme que j’étais alors.
De toute façon le monde a bien changé : ces musiciens à barbe et cheveux longs sont maintenant de gros messieurs chauves portant lunettes. Leur poésie n’est plus en cour et leur musique non plus. Les battements simplistes du rap ont remplacé les compositions savantes et le délire abscons des paroles n'est pas plus encaissable aujourd'hui qu’à l’époque.
Marie-Paule D. a disparu dans les limbes du côté de Mâcon. Je possède encore des cassettes contenant l’enregistrement antédiluvien de nos séances musicales communes. Elle jouait du Georges Moustaki, du Maxime Le Forestier et du Graeme Allwright sur sa guitare sèche et comme nom d’artiste elle avait choisi « Boulibif blues » !
Longue vie à elle !
Ce que je regrette le plus dans cette histoire c'est le sort que l'on a fait subir à Mademoiselle Renard par la suite, même et surtout de nos jours.D’accord, il faut de l'anthropomorphisme mais point trop n'en faut quand même ! Et du merchandising. Le commentaire, emprunté à Alphonse Allais, qui l’appliquait à Baudelaire, est le même !