Con post (Joe Krapov)
On pourrait prendre le parti, s’agissant de la pistache, de faire un pastiche de Ponge. Mais quel apostolat ce serait que cette chose ! On a beau être plus pisse-copie que le regretté Fausto, on dit « Passe ! » devant la tâche et on pense qu’à la place du pastiche on ferait mieux de se tourner vers l’acrostiche, plus fastoche.
Car la pistache est dure : dure à ouvrir, dure à cuire et dure à dire. Si on en sert dans ta cantoche, fais attention à tes ratiches !
Ce fruit à coque nous cherche des niches, il nous rejoue la mouche du coche. De même qu’on ne prête qu’aux riches, il a la dureté de la roche et pourrait remplacer l’aimable petit pois – il a même couleur ! - sous la pile de matelas de la princesse moche et revêche qui se fâche dès qu’on se fiche de sa chevelure filoche ! Il paraît que plus tard, allant à la pistoche, on la vit, la Sissi, qui portait des postiches et un gros classeur de partoches, essentiellement des chants malgaches assaisonnés de triples croches !
Mais de quoi me mêlé-je ? Et Patrick Modiano, potache, était il surnommé Patoche ? Était-il du genre plutôt lâche et recevait-il des taloches ?
De tout cela, Dame Pistache n’en a cure. Madame joue la détachée, sachant qu’à l’apéro, son entretien d’embauche, elle sera toujours là, comme la vedette à l’opéra.
Sache qu’on en trouve partout ! Elle se vend sur la place Hoche, aux Appalaches ainsi qu’à Binche, Avranches, Antioche, Loches et Greenwich, au magasin de la mère Idien.
La pistache a du bol : elle joue à cache-cache et s’y colle en gros tas. Aucune ne se détache du lot alors on pioche, on écarte les coques, croque puis mâche, et tel Marcel Amont avec son bulletin de naissance, on avale.
Peu chaut à la pistache que l’on jette un grand froid dans cette cérémonie. Qu’on aille au clash ou que ça cloche, qu’on traite la belle-doche à moustache de vieille ganache bancroche, qu’on reproche à Eustache, le peintre du dimanche de gaspiller la gouache, ça l’indiffère. Elle s’en moque si on dit à Blanche qu’elle a pris de la brioche, qu’elle fait trop la bamboche et si on lui rabâche qu’il serait temps qu’elle s’attache à un trader bravache si elle veut faire un môme avant que ses jolies loches ne tombent sans panache et que son ventre n’affiche « relâche » !
C’est fou comme avant le repas, quelquefois autour du grenache ou du guignolet-kirsch surgissent les anicroches et les empoignades franches ! Voilà qu’en lieu et place de la galoche roulée on se fâche, on s’accroche, on s’embroche, on se démonte le museau, on se taquine comme à la pêche à l’épinoche, on se décoche des flèches, on se traite de patache, de vieille vache, on recrache sa haine mais toujours c’est sans panache qu’on se cravache ou qu’on se poche avant qu’au tournebroche, autour de la bidoche, tout le monde un peu plus gris se réconcilie « con carne », comme chez Carné (La Belle équipe ! Rocco et ses frères ! Non ? Plutôt Drôle de drame chez les Visiteurs du soir à l’Hôtel du Nord, alors ?).
Pendant ce temps les mioches colorient Pifou-poche et les pistache se fendent la gueule, pareilles à des « British smileys ». Sauf une, et c’est un rite qui m’irrite car c’est toujours à moi qu’on la laisse, l’inouvrable au visage fermé d’ouvreuse de cinoche !
Ô, dernière pistache ! Pour faire encoche en ta caboche où elle manque, je n’irai pas chercher ma hache ou ma mailloche. Tu vas visiter la poubelle ou finir enterrée dans la terre du jardin si je te balance au compost. Et je m’arrête là, le mien est terminé.