Les illusions cannelliennes (Laura)
Sa mère faisait porter à Cannelle du long comme si elle voulait la cacher alors que les photos montrent une fille mince surtout quand elle arrivait se faire acheter du moulant et qu'elle le portait. Comment a t-elle pu croire cette chimère maternelle et la faire sienne?
L'étincelle de lucidité ne lui vint pas quand elle se mit à plaire aux hommes. Veuve aujourd'hui, elle songe avec mélancolie que cette lutte pour la confiance en elle lui a coûté bien cher: ses études et une carrière plus lucrative. Ses parents étaient prolixes en paroles blessantes. Longtemps, elle les écouta, même lorsqu'elle rencontra son mari, son attrape-rêves. Elle osa alors le rose vif et le court en courant vers la vague de l'amour guérisseur. Sa bouche l'encouragea à troquer les chimères parentales contre celles de Nerval[1]. Alors que l'attente de regrets se muait en “Illusions perdues” qu'elle avait dans sa collection balzacienne et dont elle avait vu la belle adaptation cinématographique.
Le rouleau compresseur de la vie avait emporté son amour et elle avait envie de fermer les volets et de partir le rejoindre mais le travail de sape fut suivi de lecture sans gâteau pour se réconforter. Le couteau coupa les crudités et la porte de sa troisième vie s'ouvrit.