Participation de TOKYO
On avait pactisé avec les vampires. C’était une embellie glaciale. Était-ce de bon gout j’en doute.
On voulait éclabousser le monde de notre rage, éventrer la délicatesse des jonquilles, meurtrir le cœur des roses.
On voulait que chacun craigne l ‘espoir, et chasse la lumière.
Ainsi l’obscurité fut. On avait pris à rebours toutes les chansonnettes, et en plein centre on avait dyalisé le monde.
Les visages décantés, les peaux décolorées, de pales éclats bleutés, on allait à nos affaires au bal des vampires.
On avait choisi l’exsangue éternité de l’exil. L’essence même de nos désirs tenait dans la platitude des veines jugulaires des cous de jeunes vierges à la haute coiffure.
Dans la folle équipée sauvage des vampires à laquelle j’appartenais j’affichais ma cynique candeur, privilège de toutes les fragilités.
Avec mon arôme sucré du vin doux de madère toutes les nuits m’appartenaient.
Elles s’accrochaient à la grille du grand portail du château de Dracula. La fraicheur de leur teint faisait pâlir la lune et je dessinais du regard les frêles silhouettes exquises.
C’était du sang neuf qui déferlait dans un ciel d’azur.
Tout devenait possible, on lâchait du lest on trouait la blancheur de leur cou de nos jeunes canines.
Puis le jour reprenait ses droits.il s’invitait sans vergogne alors qu’on lui signifiait qu’il n’était pas à sa place nous insistions jusqu’au déraisonnable.
Dans le crépon fripé de nos visages de pauvre diable et dans la carnation la plus pâle nous fuyons le jour naissant.
De quel secret mépris de soit faut-il avoir à se cacher pour se lancer dans de pareilles arabesques ?