Heureusement que j’ai ma femme ! (Jean-Patrick)
« Vampire », le mot me disait vaguement quelque chose, mais je n’étais pas très sûr de moi. Par bonheur, mon épouse en connaissait un rayon et a éclairé ma lanterne :
— Le vampire est un mort qui sort la nuit de sa tombe, m’a-t-elle expliqué. C’est donc un être à part entière, à ne pas confondre avec un fantôme qui lui n’est qu’un esprit.
— Oh, c’est tout. Il n’y a pas de quoi en faire tout un fromage !
— Certaines gens ont peur des vampires parce qu’ils viendraient sucer le sang des vivants.
Ma moitié m’a rassuré : je ne me suis pas du tout concerné.
- D’abord, me fit-elle remarquer, tu ne sors jamais la nuit.
D’accord, cette habitude repose sur une simple économie, je refuse de gaspiller l’argent du foyer dans les batteries, les phares ou les ampoules ! Sage précaution. De plus, je suis un bon chrétien, qui ne se sépare jamais du pendentif en forme de croix et de la fiole d’eau bénite, offerte par l’abbé Cassine, notre bon copain. De plus, ma femme m’a encouragé à maintenir mon péché mignon, sans le confesser à l’abbé : parfumer l’eau qu’il me refile avec de l’ail distillé. Et conserver aussi la manie de me promener emmitouflé de la tête aux pieds pour ne pas me laisser mordre et sucer le sang.
Ma gentille moitié au cœur écarlate m’a même félicité pour mon parfum à fragrance de rose, bas de gamme : il dissuade le contact des personnages indésirables. De toutes façons, ces dernières hésitent à se frotter au loup qui ne me quitte jamais, brave animal de compagnie.
Ainsi, je suis tranquille. Ce qui explique mon ignorance à propos des vampires. Heureusement mon épouse qui a du mordant veille sur moi. Et elle sait de quoi elle parle, puisque c’est une stryge.