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Le défi du samedi
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12 février 2022

Humour ou humeur ? (Kate)


- Salut Didier !

- Ça va Vincent ? Un café ?

- Oui, un double...

- Et un grand verre d'eau non glacée.

Tiens?

- Merci. C'était super la matinée du 29 : rock, plateau de fromage, ambiance...

- Ouais, du monde. Pourtant on n'ouvre jamais le samedi. Une première... Tu lis le Goncourt ? C'est bien ?

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- Bof... C'est Kitty qui l'a lu et me l'a passé mais tiens, encore un mot à chercher : schibboleth !

- Quoi ?

- Oh, un mot de passe, un signe de reconnaissance, d'appartenance, un peu comme quand tu demandes le "passe" et que tu le scannes.

0-5

- Je vois. Moi je lis "Nouilles ou pâtes ?".

- Fais voir...

- Marrant !

- Ah oui, quand même ! "Amante ou maîtresse ?" Question intéressante...

0-10

- Prends-le. Dis-moi ce que tu veux. Menu du jour ?

- Nouilles ou pâtes... Non, je blague. Tu as de l'os à moelle ?

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- Oui, sauce au vin.

- Douze cinquante ? C'était pas à treize ?

- Si, en janvier, et on n'en avait plus. Là, on en a et on a baissé le prix et puis 13 €, pas cool comme prix...

- Bon, un faux-filet, un vrai. À point.

- Frites et salade ?

- Oui, pour 13 heures.

- Ça roule !

Pas moyen de lire en sirotant un café. À peine plongé dans le chapitre "Amante ou maîtresse" (mais pourquoi ça m'intéresse tant ?) que la sonnerie de mon téléphone joue "Pulp fiction" (avec Vincent Vega, non pas moi !). Ça c'est Jean-Mi, je lui ai collé cette sonnerie  énervante. Je réponds pas, on est vendredi, mec !

Bien écrit ce truc... ça me fait penser à Flaubert qui avait dans sa vie toutes ces nuances dans ses relations féminines, surtout avec Louise Colet, je crois.

Ma bien-aimée à moi m'a quitté à Noël. Je m'en doutais un peu depuis qu'elle a eu ce poste "à responsabilité" (comme on dit !) à la banque et qu'elle passait plus de temps au travail qu'avec moi... Et moi aussi plus de temps au boulot qu'avec elle : on se croisait et l'on n'était plus que rarement tous les trois en famille avec notre fils Hippolyte.

Téléphone...Encore ! Cette fois c'est Kitty, je le sais car mon idiot de frère, m'a mis la sonnerie "Ta Katie t'a quitté", chanson de Bobby Lapointe qu'il a détournée en "Ta Quitterie t'a quitté", humour ou vacherie ? Je vais l'enlever, ça m'énerve. Oui, Quitterie mais Kitty c'est plus simple et surtout plus compréhensible...

Bon, j'ai pas répondu non plus. Elle m'a laissé un message, elle aussi.

Une longue inspiration et je compose le 888 : "Vous avez deux nouveaux messages et trois messages sauvegardés", merci la voix mécanique.

Aujourd'hui, à onze heures zéro trois : "Vin-cent ! Bon sang, tu m'as pas rendu ton article sur Bourdieu. Tu sais, le trentième anniversaire, etc. Je t'ai envoyé par mail les infos. Mais tu me fais pas la même chose, joue-la plutôt "billet d'humeur". Pour dix-sept heures, sans faute. Je compte sur toi."

Aujourd'hui, à onze heures quinze : "Vince, c'est Kitty. Le petit est malade, une gastro je pense. Je le récupère à l'école et je le garde à la maison ce week end. Je t'appelle ce soir."

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J'envoie un SMS à Jean-Mi : "OK" et un autre à Kitty : "OK merci" et j'ouvre le mail avec l'article que j'avais déjà lu avec intérêt à sa sortie fin janvier mais il m'était sorti de l'idée que je devais écrire un truc là-dessus...

Je repense, je ne sais pas pourquoi au Goncourt et au mot que j'ai cherché et qui m'a donné une furieuse envie d'arrêter de le lire... mais peut-être pas définitivement. Ah oui ! "Schibboleth"... Ça me rappelle le film "My fair Lady" que j'avais vu au Ciné Club de la Fac d'Anglais où le professeur de linguistique, tel Pygmalion, veut relever le challenge (anglicisme !) de faire passer l'accent faubourien (cockney) de sa Galathée à coups de répétitions du style : "The rain in Spain mainly stays in the plain" ("Le ciel serein d'Espagne est sans embruns" in French) ! Bien sûr, ça marche. Enfin, au début. Et puis pas tant que ça... "Chassez le naturel, etc."

Comme le racontent les sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon dans "Notre vie chez les riches", leur autobiographie récemment sortie, leurs mémoires à quatre mains, comme leur travail l'a été, même s'ils ont exploré bien d'autres champs et d'autres territoires. Enfin, lls expliquent que même si leurs fréquentations avec les classes élevées ou aristocratiques leur ont apporté des vrais échanges et des amitiés, c'est quand même pas ça... En gros, "t'en es, ou t'en n'es pas"... Tu l'as ou tu l'as pas, le shibboleth ! Ca y est, je l'ai casé ! Ah ! Ah !...

Et puis bien sûr, le magnifique film "Ridicule" qui n'est pas sans faire écho au "Bourgeois gentilhomme" : même riche, tu n'auras jamais tous les codes et on se fichera toujours de toi...

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Et bien sûr aussi le roman beau et cruel de Donna Tartt, "Le maître des illusions", où les étudiants qui font du grec ancien se trouvent appartenir à une sorte d'élite, de club très fermé où le héros n'a pas vraiment sa place... Tiens, je vais le relire !

Bourdieu ? Oui, Pierre Bourdieu, si cultivé, qui aimait plus que tout Flaubert et Proust, Bourdieu décédé depuis trente ans, déjà, toujours présent, bien présent et le livre "La distinction" a fait comprendre bien des choses à beaucoup de gens, dont moi.

Résumons : il est presque midi, je vais demander le repas pour 14 heures plutôt et je finirai l'article pour Jean-Mi. De toute façon, je récupère pas le gosse ce soir à quatre heures, j'ai le temps...

Page 71 : Se laver ou faire sa toilette ? Trop marrant ! Il est fait référence à "L'amant de Lady Chatterley" et dans chaque chapitre des références littéraires. Top !

- Ça te plaît, Vincent ?

- Tu parles ! Super bien, ça me rappelle la Fac.

- Je te le prête.

- Merci, je veux bien. Je vais écrire sur la banquette du fond, je mangerai vers 14 heures.

- OK.

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Bourdieu, "La distinction" : livre culte et quelle couverture ! J'ai compris pourquoi mes parents enseignants lisaient Télérama, écoutaient Bach et Brel et n'aimaient pas Johnny (mais moi si !)... Tout ça est loin, les codes ont changé. Enfin, je sais pas. Quitterie aurait-elle été mieux assortie avec un Eudes ou un Josquin ?

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D'ailleurs, si on s'est rencontrés au cours de "Civi" sur la vie en Angleterre à l'époque victorienne, cours qui m'a tant passionné, mais pas elle, elle est partie en Droit en fin d'année...

- Tiens, Vincent.

- Ah oui, merci Didier ! Ça a l'air bon.

- Tu voudras un dessert ?

- Non, fromage.

- Je t'apporte un verre de Bordeaux et une grande carafe d'eau !

- T'as tout compris. N'oublie pas l'addition.

- Tiens, et café offert.

- Je te ramène ton bouquin la semaine prochaine.

 

 

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Commentaires
P
Le tien menu est succulent !... Je suis toujours impressionnée par ton imagination.
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L
Même pas besoin de regarder le menu quand tu es dans ton roman, nouilles ou os à moelle, c'est kif kif !
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J
Truffé d'allusions littéraires, ton Vincent ne serait-il pas le fils de Truffaut ? Ou "true-faux" au moinsse ?<br /> <br /> <br /> <br /> Délirant, cette oeuvre !
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J
Il y a Sartre qui écrivait dans les cafés et Vincent qui écrit dans un resto. Choisis ton camp, camarade ! ;-)
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Y
L'est quand même un peu pénible ce Vincent : toujours à réclamer de l'os à moelle. Et à ne pas en prendre quand il y en a sur la carte. Mais on lui pardonne parce qu'il a de bonnes lectures. ;-) Et il a bien le droit de se distraire un peu avec "Nouilles ou pâtes" Moi aussi d'ailleurs.
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W
Bon, j'ai noté quelques titres. Faudra que j'arrête de te lire : j'aurai plus le temps avec tes suggestions... :-)
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A
il lit trop, cet homme, et (s')étudie trop ;-)
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K
"inspiration" et non "inspiratio", "My fair lady" et non "My faire lady"... Fautes de frappe et ce n'est pas faute d'avoir relu ! 😒
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