O comme ogre (Adrienne)
Voilà un mot qui a occupé l’esprit de l’Adrienne toute la semaine. Et pourquoi ? Parce qu’il n’existe pas en néerlandais !
Vous allez dire : « mais quelle drôle d’idée ! » ou « est-ce donc si important de pouvoir le traduire ? »
Et bien oui : s’il n’existe pas en néerlandais, il devient une sorte de mystère. Une énigme à résoudre. Pourquoi cette absence ?
En néerlandais, on connaît les géants. On les connaît dans toutes les cultures sur terre. Rappelez-vous, ils sont aussi dans la bible :
« Les géants étaient sur la terre en ces temps-là, après que les fils de Dieu furent venus vers les filles des hommes, et qu'elles leur eurent donné des enfants: ce sont ces héros qui furent fameux dans les temps anciens. » Genèse 6:4
Ils sont dans toutes les littératures, dans toutes les mythologies. Parfois ils mangent de la chair humaine, mais pas toujours. C’est même plutôt rare.
En Flandre, le plus connu est Druoon Antigoon, qui exigeait son impôt sur tout passage de l’Escaut, à Anvers. Il est attesté dans le folklore local depuis le moyen âge.
Dès le 14e siècle, de nombreuses villes flamandes ont leur géant qu’elles promènent aux fêtes, kermesses et autres processions. On les promène d’ailleurs encore aujourd’hui, il s’agit souvent de héros ou de braves géants débonnaires, comme dans la ville de l’Adrienne, où ils représentent le principal corps de métier – le tisserand – et ils ont femme et enfant : Madame est fileuse, fillette est couturière.
Tout ça, donc, nous mène très loin de l’ogre.
Le plus méchant, l’Anversois Druoon Antigoon, se contentait de couper la main de ceux qui ne lui payaient pas leur droit de passage. Raison pour laquelle, comme dans David et Goliath, quand il a été vaincu par plus petit que lui – un dénommé Brabo – il a eu à son tour la main coupée.
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photo: la tête de Druoon Antigoon réalisée par Pieter Coecke van Aelst en 1534/1535 pour l'Ommegang annuel anversois.