Le chien (maryline18)
J'avais eu envie de lui cracher ma tristesse à la figure mais je m'étais ravisée, après tout, je devais ressembler à toutes ces esseulées qu'elle croisait sur la promenade ce matin de Juillet. Je traînais les pieds sans but, une façon comme une autre d'utiliser mon corps... Je n'étais pas une adepte de la course à pieds, je ne promenais pas mon chien et il était encore bien trop tôt pour que j'eusse l'air d'aller faire des courses, alors Je devais juste avoir l'air d'une paumée, disons... classique !
C'était de ma faute aussi, je l'avais regardée avec trop d'insistance mais J'avais aimé sa longue jupe aux motifs cachemire ainsi que sa chevelure de jais. Elle semblait sortir d'un conte. Dès qu'elle me salua, elle me saisit la main. Un fluide me traversa. Je compris tout de suite sa force : elle ne voulait rien alors que moi j'espérais tout !
-"Tu es venue réfléchir, marcher, parce que la vie te désespère mais tout va changer bientôt, aie confiance, ne perds pas espoir !Tu le rencontreras sur la plage avant la fin de ton séjour, il t'apportera de la tendresse et beaucoup, beaucoup de joie !"
Elle avait une voix pénétrante et monocorde et prenait son temps. Elle pesait et empesait chaqu'un de ses mots. Quand j'eus relevé la tête en essayant, en vain, de reprendre ma main, déjà, son regard, comme un aimant, aspirait mon visage. J'étais sa proie, prise au piège de ses prédictions. Soudain j'étouffai. Elle continua de parler mais je ne comprenai plus le sens de ses paroles, je ne sentai plus que son haleine, une forte odeur de curry. Bientôt, une armée de fourmis grimpèrent sur mes jambes, une chaleur brûlante s'infiltra dans mes artères, des tambours firent exploser mes tympans et je la sentis me vider de mon sang. Je m'écroulai.
-"Madame ! Madame ! Vous m'entendez ?"
Deux pompiers m'entouraient ; L'un me tapotait la joue, l'autre contrôlait ma glycémie.
-"Vous avez fait un malaise, depuis quand n'avez-vous pas mangé ? Vous avez déjeuner ? Vous prenez des médicaments ?"
-"Où est-elle ?"
-"Qui ça ?"
-"La Bohémienne, où est-elle ?"
-Je ne sais pas de qui vous parlez Madame ! Des passants vous ont trouvé allongée là, c'est ce chien qui les a alertés par ses aboiements, il est à vous ?"
Un chien ?
"Wouah ! Wouah !"
Les paroles de la mystérieuses voyante lui revinrent en mémoire : "tendresse et joie".
-"Oui Monsieur, c'est mon chien !"
-"Il semble moins mal nourri que sa maîtresse, si vous me le permettez, et il vous aime bien, c'est indéniable ! Allez, plus de peur que de mal Madame, rentrez chez vous et prenez une bonne collation tous les deux parce que même par grosses chaleur, il faut veiller à manger suffisamment, votre taux de sucre est au plus bas ! Tenez, mangez ces morceaux de sucre tout de suite !
"Merci ! Allez viens biscotte, on rentre à la maison !"
"Wouah !"
...
Après un bon repas, ils repartirent voir la mer. D'où venait-il ? Aucun nom, aucun numéro ne figurait sur son collier, alors ils s'adoptèrent l'un et l'autre et partagèrent des vacances inoubliables.