Le Kapellbrücke (Lecrilibriste)
Les pieds dans l’eau du lac
la tour du Kapellbrücke a jeté l’ancre.
Elle résiste au temps et nargue de toute sa hauteur
les neiges éternelles qui se reflètent dans l’eau bleue
Elle veille silencieuse sur le pont de bois,
le protège du déchaînement des eaux tumultueuses
quand le génie du lac clame sa colère
contre les rages de l’orage et des éclairs
Elle veille sur déferlement aveugle des vagues en crue
Et les incendies meurtriers qui l’ont en deux fois ravagé
Mais comme le Phoenix, il est re-né de ses cendres
Pour le plus grand plaisir des Suisses et des Lucernois
Aujourd’hui tout est calme …. Carpe diem
Les cygnes glissent fiers et silencieux
sur le friselis d’écume des vaguelettes
et le sillon de leur passage trace des triangles isocèles
qui meurent en doux clapotis sur la berge
Légère sur le pont de bois, je marche sur l’œuvre d’art
façonnée par des mains aux doigts d’or
j’entends la voix des compagnons que m’apporte la brise
ils ont scié, taillé, ajusté, chevillé, fignolé
les poutres et les chevrons, les lattis et caillebotis
façonné le toit, planté des pilotis,
sans relâche, avec la patience infinie des siècles oubliés
pour atteindre la perfection de la « belle ouvrage »