Aux trous ! (Joe Krapov)
La mémoire est un quai envahi par la brume…
Je ne me souviens pas des beaux yeux d’une fille
Qui m’aurait vouvoyé, moi qui étais voyou.
Je l’aurais embrassée ? Tu peux dormir tranquille,
Je n’suis pas d’ce genre là car j’aim’ pas qu’on m’allume !
C’est pas moi qu’ai fait l’coup !
La mémoire est un quai envahi par les trous.
La mémoire est un quai peuplé par des orfèvres.
A beau m’interroger qui veut je ne sais rien
De ce beau tralala dont la fille de l’air joue.
Pourquoi dirais-je tout, moi qui suis un vaurien
Et préfère me taire en un monde sans fièvres ?
C’est pas moi qu’ai fait l’coup !
La mémoire est un quai envahi par les trous.
La mémoire, à la fin, trop interrogée, flanche.
Elle ne connaît plus que bribes de chansons,
Perd toute retenue à la sortie d’écrou.
Pourquoi nier, inspecteur, les côtés polissons
Avec lesquels ce jour j’aurai brûlé les planches ?
C’est pas moi qu’ai fait l’coup ! C’est Dranem !
La mémoire est un quai envahi par les trous.