Cette fois-ci, c'est pas de ma faute (Walrus)
Enfin, pas totalement...
Comme l'autre vendredi j'avais l'air pensif devant mon ordinateur, mon épouse m'a demandé ce qui me tarabustait.
"Je cherche un mot bien senti qui débute par un j" lui avais-je répondu.
"Jacquemart"* me suggéra-t-elle alors. Et voilà pourquoi, selon la tradition, votre fille est muette et moi non coupable.
Le plus proche représentant connu de moi de ce genre de mécanique (si l'on veut bien oublier le défilé de petits personnages animés de la façade de la Bibilothèque Nationale de Belgique au Mont des Arts dans ma bonne ville) c'est celui accroché à la tour de la collégiale Sainte Gertrude de Nivelles en Brabant Wallon.
Il s'appelle, comme par hasard, "Jean de Nivelles" (Djan d'Nivèle en jactance locale, souvent réduit à un amical "Djan-Djan").
Et moi, Jean de Nivelles, ça m'évoque immédiatement le sixième couplet de la chanson "Cadet Rousselle" où le chien du dit Jean s'enfuit quand on l'appelle.
Curieux du lien pouvant bien unir les deux personnages (Cadet Rousselle et Jean de Nivelles donc), j'ai décidé, à l'instar de Kate** de creuser un peu la question...
Et vous savez quoi ? On en apprend de belles en creusant !
Ce Jean de Nivelles n'est autre que Jean III de Montmorency déshérité par son père pour avoir refusé de soutenir le roi de France (Louis XI) dans sa lutte contre le duc de Bourgogne (Charles le Téméraire) et qui, suite à cela, avait dû se réfugier dans son fief de Nevele hérité de sa mère.
Nevele, c'est un patelin flamand à l'ouest de Gand. Les Français ont déformé ce nom en Nivelle d'où, par erreur, Jean de Nivelles.
Pour corser les affaires, si l'on imagine bien qu'un seigneur de cette époque avait forcément des chiens et que les paroles de la chanson laissent penser que parmi ceux-ci il y en avait un qui se tirait quand on l'appelait, c'est faux!
Le chien en question, c'est Jean lui-même dont le refus de guerroyer pour Louis XI a fait chanter par les Français "Ce chien de Jean de Nivelle qui s'enfuit quand on l'appelle !"
Je me demande combien d'Aclots (c'est le nom des Nivellois) savent que leur Djan-Djan n'a rien à voir avec leur patelin, eux qui chantent :
vive Djan-Djan, vive Djan-Djan
c’èst l’pus vî ome dè Nivèle
vive Djan-Djan, vive Djan-Djan
c’èst l’pu vî d’nos-abitants
C'est fou ce qu'on peut se tromper !
* En réalité, je l'ai appris plus tard, en bonne régente ménagère, elle pensait au style de tissage Jacquard. Pourquoi a-t-elle dit jacqemart ? Peut-être par association avec braquemart, bien que ce genre d'alliance soit plutôt le genre de Vegas que le sien, mais les circonvolutions de l'esprit féminin me sont impénétrables...
** C'est la seule astuce que j'aie trouvée pour introduire dans ce billet Kate à qui j'avais promis mon avis sur le bouquin de John Le Carré qu'elle mentionnait la semaine dernière. C'est la première fois que je lis cet auteur. Son "Retour de Service" est très agréable à lire, plus en tout cas que "Les Furtifs" d'Alain Damasio dont j'avais entendu parler à la radio. Faudra que j'arrête de charger tout et n'importe quoi sur cette liseuse...