La Boule Rouge (Walrus)
Comment ?
Non, je ne suis pas amateur de fromage d'Edam, ça c'est ma copine Henriette qui en mange avec ses tartines accompagné de confiture au petit-déjeuner, une tradition flamande je suppose...
La Boule Rouge, c'était le nom de la droguerie du patelin de mon enfance (enfin, à partir de huit ans).
Le droguiste qui y sévissait, j'ai oublié son nom. J'ai un problème avec les noms : j'oublie rarement un visage, mais les noms...
Il avait un petit air de famille avec mon instituteur mais ne portait pas le même nom, les choses sont mal faites !
Comme la plupart des droguistes de l'époque, il "faisait" plutôt dans le general store, agrémentant son offre chimique d'un département quincaillerie et plus étonnamment encore, mais pour mon plus grand plaisir, d'un rayon jouets. Si bien qu'avant de me passionner pour ses fournitures chimiques à un âge plus tardif, je l'avais d'abord fait pour ses jouets.
C'est même dans sa vitrine que j'avais découvert la poupée blonde que j'avais demandée pour la Saint Nicolas au grand étonnement de mes parents. Poupée pour laquelle, une fois reçue, je confectionnais des vêtements. Ben quoi, tailleur, c'est pas un métier d'homme ?
Pour le côté chimique, je m'y suis intéressé plus tard. C'est fou ce qu'on pouvait trouver chez ce champion du vrac (à Bruxelles, nous en avons encore un aujourd'hui).
Mais ce que j'appréciais le plus chez le droguiste, outre la diversité de ses produits, c'était le sourire narquois qu'il affichait quand, en plus du salpètre, vous lui achetiez du chlorate "aux fins de désherbage". Lui aussi avait fait des études de chimie (dans la même école que moi d'ailleurs) et s'était passionné pour les mélanges explosifs !