Dialogue philosophique (Walrus)
— Nous savons , cher disciple, depuis le grand Albert, que tout est relatif.
— Absolument, Maître !
— Et que par conséquent, cette fameuse quête de l'absolu dont on nous rabat si volontiers les oreilles, est vouée à un total échec !
— Cependant, cette relativité n'était-elle pas restreinte ?
— Auriez-vous la prétention d'émettre un doute sur la question, béotien tropical humide ?
— C'est que, sans vouloir paraître présomptueux, Maître vénéré, il y a quand même la question du... zéro absolu.
— C'est de vous que vous voulez parler, méprisable vermisseau ?
— Ma modestie me l'interdit, Lumière de la science, je fais référence à Lord Kelvin.
— Ah, ce William Thomson qui se poussait du col ? Eh bien sachez, cher enfant, que ce Kelvin a tort !
— J'en ai froid dans le dos ! Mais, plairait-il à votre Connaissance d'éclairer la lanterne de son disciple ignare ?
— Ce zéro prétendument absolu n'existe pas, toute tentative de s'en approcher, outre le prix exhorbitant de sa réalisation, sera vaine : pour le mesurer il faudra un instrument qui perturbera inmanquablement sa réalisation...
— Pourtant, Phare du savoir, dans le vide absolu...
— Pignouf de mes deux ! (Votre entêtement me fait perdre ma réserve naturelle) Dans le vide absolu, il n'y a pas de température puisque cette dernière n'est que la mesure de l'agitation de la matière ! Et d'ailleurs, le vide absolu n'existe pas non plus, sauf sous forme de concept et , entre nous, il est plutôt quantique qu'absolu.
— Cantique !?! Comme la chanson de ce Salomon dont vous possédez la sagesse ?
— Kwantique, je vous dis ! Vous n'auriez pas un brin forcé sur l'alcool avant notre discussion ?
— L'acool, Maître ?... Absolu ?