Mimosas (TOKYO)
Sous chaque pierre soulevée j’ai trouvé une branche de mimosas.
Loin de s’élancer vers le ciel elle attendait ce geste d’une telle gaité comme des soleils à retardement .
J’ai alors secoué ces branches qui se sont répandues comme une pluie d’or autour de moi
Le bourdonnement du monde ne peut entrer où le mimosa a poussé.
Ne faisons pas les malins tout doit encore nous étonner, la branche de mimosas ramassée la veille au soir servira au carnaval des enfants.
Nous lancerons ces boulles d’or sur le cortège . En dix secondes en suivant le carnaval des enfants j’ai fait une promenade de dix siècles de vie.
Pas un siècle m’a déplu je suffoque encore de ces rires, et de cette joie qui se répandaient dans les rues.
Je pourrai me promener la nuit une branche de mimosas à la main , et comme un râteau céleste je peigne les heures du cadran à ma guise.
C’est alors que le feu de mes vingt ans relance avec panache ce que je croyais à jamais perdu.
Même un garçon d’écurie remarquerait que je marche sur la pointe des fleurs, telle une brindille prise par le gel qu’un vent coquin réchauffe
j‘ai cassé les carreaux de ma chambre .je suis assise maintenant dans une corbeille d’ ‘air portée par le vent marin ma robe couleur mimosas se soulève à chaque bourrasque pour laisser entrevoir mes jambes .
Du bleu du ciel passe au travers de mes longues jambes et pour qui les regarde part un sourire fiévreux au bord des lèvres
.La branche de mimosas ressemble à ses secondes qui nous échappe à tous , c’est aussi notre antidote car cette branche sait nous enchainer à sa grâce craintive .