Quinze et une chasse (Walrus)
Dans ma jeunesse (et jusque dans les années soixante) on en voyait partout chez nous des ballodromes. La balle pelote était un jeu très répandu: on pouvait difficilement parcourir quelques kilomètres sans avoir à traverser le tracé d'un de ces terrains étranges.
Le premier dont je me souvienne se trouvait en face de notre maison de la rue Bois Monceu à Montignies-sur-Sambre. Il était tracé entre cette dernière et la chaussée de Charleroi dans la rue de la Corderie. Aujourd'hui, il n'en subsiste pas trace :
Ce qui m'avait surpris un jour, c'est de voir mon père assis à l'envers sur une chaise de bistro participer à l'arbitrage du jeu. Il semble qu'il ait été de coutume de réquisitionner des spectateurs pour aider à l'arbitrage. Dans la région de Charleroi on appelait ça des "asperts" (dérivé d'expert, j'imagine). Faut dire que le vocabulaire était spécial par exemple dans l'appellation des joueurs liée à leur position sur le terrain : livreur, passi, grand et petit mitan, foncier. Quant aux règles, ne m'en parlez pas : je comprenais plus ou moins le comptage des points directs, mais la gestion des "chasses" reste un grand mystère pour moi.
Quand j'étais à l'Athénée, le jeu était encore fort en vogue et un des "pions" de l'établissement organisait des jeux avec quelques grands élèves. Comme il ne pouvait pas envahir toute la cour pour y dessiner un ballodrome, il avait imaginé un jeu au fronton (un peu comme pour la pelote basque) qui requérait moins d'espace.
Quand j'ai commencé à travailler au centre de recherche de Neder-over-Heembeek, les ouvriers de l'atelier de mécanique avaient encore une équipe.
Parfois, de joyeux drilles organisaient des rencontres où les joueurs étaient assis sur des chaises pliantes, un verre de bière à portée de main.
Aujourd'hui, ce sport étonnant est tombé en grande désuétude, il ne reste que quelques équipes, on doit même faire appel à des étrangers : dans le championnat de Belgique il y a une équipe de.. Maubeuge !