Participation de Venise
Je me suis penchée sur le scarabée,
Il était en équilibre sur une brindille.
J’entendais son cœur battre sous son ventre luisant.
Ces yeux comme trempés dans une encre violette s’étonnaient de ma présence.
Alors il me dit :
Toi et les tiens cessez d’ébranler les piliers du ciel
Avec ta main de glace, ne touche pas les ailes de nos présences de funambule.
La nuit commençait à peser sur la nuque de l’animal quand quelque chose s’est produit.
Un duvet de lumière lentement est descendu le long de la brindille et comme un funambule il m’a pris la main. J’étais dans un état de stupeur, car soudain je savais que je n’avais jamais rien dit d’important.
J’abdiquais devant ce fragile équilibre de toute souveraineté devant ce monde Puis nous fîmes beaucoup d’effort pour retrouver notre équilibre, sa brindille et moi sur le sol trempé.
Maintenant je me tiens comme une funambule, sous le ciel usé de ce monde.
Au moindre geste je glisse, entre les herbes de vos mots, mais je sais maintenant que cela n’a aucune importance.
Je ne réponds plus aux questions, Tristan et Yseult viennent de fermer leurs yeux pour avoir rompu avec les places qui leur étaient assignées.
D’un bond insensé, ils sont ensevelis dans ce pourpre nuptial qui leur tient de dernière demeure.
C’est le fil de cette étoffe que je tire sous vos yeux ébahis, ce fil que rien ne peut rompre et sur lequel vos pas mal assurés avancent vers moi.
C’est le plus bel instant suspendu au-dessus de l’abîme.
Le scarabée est là accroché à ma robe, plein de la fatigue du jour, son haleine se répand dans le moindre silence.
Je suis comme une reine en marche vers vous