Participation de Cavalier
Sean, je me sens si bien, je chante juste ton nom
Tig Coili, façade à peine éclairée, rue déserte. Pas un promeneur, des gens qui sortent et qui rentrent chez eux, sous la pluie. Une nuée d’oiseaux dans le désert.
Doit-on dire bar ? Ou pub Irlandais. Même Irlandais au pub. Le public discute et boit de la Guinness. Une personne lève les yeux, parfois deux. Les tablées indifférentes à l'orchestre parlent, rient.
Magie ? L’espace se déchire, l’air tremblote un peu, bruit sec. Dans un nuage de fumée l’orchestre se délite. Un homme en costume bleu prend le micro. Cravate jaune, chemise, baskets blanches, il chante. L’orchestre encore flou émerge du néant.
À la table du fond, un vieil irlandais, moustache rousse, casquette à carreaux, levait le coude. Le geste suspendu, la chope reste bloquée en instantané.
Le synthé synthétise, la batterie bat son tempo contre des moulins, le guitariste encordé n’accroche pas sa barbe, les trompettes éclatent de quatre noirs, ils fendent le vent, dansent de conserve, crèvent l’écran de leurs grands ronds cuivrés.
Deux personnes frappent des mains, les regards se croisent, étourdis, les têtes se tournent, presque le silence, le monde est debout, la sueur perle, le rythme contamine. Tous se dirigent lentement vers la scène.
Ils ingurgitent en cadence la chanson de Phil Collins, Sussudio. C'est dans leurs tripes.
Deux personnes, seules dans un décor de brume, ventres cadencés, ventres rythmés, vivent, frappent dans leurs mains, vivent, ne regardent pas autour, ne voient pas les autres, costume bleu, moustache rousse, deux qui se regardent comme ça, guitare du diable et les cors assassinent l’espace, ça danse, ça rêve, deux comme ça... ça crève l'écran...
Phil Collins - Sussudio (Official Music Video)