Question d'échelle (Walrus)
Ah, ces artistes... quelle aventure !
Faut être blindé pour suivre, elle a bon dos la licence poétique !
De quoi est-il donc question ?
Bon, c'est la terre vue de l'espace, ça au moins, c'est clair. Elle nous est présentée dans une orientation peu classique pour nos regards modernes habitués à voir le nord pointer vers le dessus des cartes. C'est sans doute pour cela qu'on distingue dans le coin supérieur droit les axes estompés des cartes marines anciennes (merci, Mercator !).
La vue est centrée sur l'Océan Indien : on reconnaît aisément de gauche à droite en bordure inférieure de l'image la péninsule arabe, la côte des Somalis, l'excroissance du Mozambique avec au-dessus l'île de Madagascar. Le bateau (tellement titanesque que le Titanic lui-même ferait figure de virus à côté) vogue donc quelque part sous les côtes de l'Inde (à moins qu'il ne soit en train de s'y engraver).
Si l'on veut bien passer sur la représentation à la Méliès de la lune, son diamètre est ici 2,7 fois moindre que celui de la terre alors que dans la réalité il l'est 3,7 fois (et je ne vous parle pas de la distance terre-lune ni de la vitesse orbitale qui en résulterait pour ce satellite).
Et ces nuages dans le ciel alors qu'on sait qu'à l'échelle de l'image, l'épaisseur de l'atmosphère ne doit pas excéder un ou deux pixels. Et le souffle de la lune en forme de traînée de condensation qui pousse le bâtiment... l'avait du vent dans les voiles le mec quand il a réalisé le montage !
Si on veut vraiment chercher un sens dissimulé au sein de l'œuvre, on constatera que sur cette image, le bateau est gréé en Sloop mot anglais dérivé du néerlandais Sloep lui-même sorti du français Chaloupe. Et l'auteur qui s'appelle Schloe, il ne lui manque qu'un p pour verser dans l'autoportrait : Schloep sous le vent vogue vers le soleil levant (lequel a rendez-vous avec la lune, c'est bien connu).