La clairière lointaine (par joye)
Le ciel était bleu clair et les bananiers balançaient dans la brise tropique.
Deux individus, inconscients des autres, et en train de se parler, s’éloignaient, les yeux sur le chemin pointillé par les ombres des feuilles au-dessus de leurs têtes. Plusieurs minutes passèrent. De temps à autre, il pouvait sentir son parfum ambré ; de temps à autre, elle sentait la chaleur de son corps impressionnant.
Elle était d'une fraîcheur jeune et belle. Lui possédait une présence mûre et attirante. Une passion fougueuse les attendait sans qu'ils s'en rendirent compte.
Après un moment, ils arrivèrent à une clairière où une petite source babillait. Les deux se penchèrent en unisson pour s’y rafraîchir. Ils burent longuement, pendant que les oiseaux et les grillons leur chantonnaient une musique palpitante, destinée exclusivement à leurs oreilles.
Une irrésistible chaleur émanant du sol les enveloppa. Quelques papillons de couleur éclatante flottaient ci et là. Enfin un, d’un jaune superbe, se posa sur son épaule à elle.
Il regarda avidement sa peau étincelante. Elle, consciente de son regard insistant, frissonna et eut un geste pour s’écarter de lui, mais, finalement, ne put y résister, et, le moment d’après, sa bouche pulpeuse tremblait de désir…
Ne pouvant plus, il la saisit brusquement et la serra contre son cœur.
- Non ! Non ! murmura-t-elle enfin, bien qu’elle fondât dans son étreinte. On ne peut pas !
- Si, on peut, insista-t-il d’une voix étranglée.
- Non ! C’est trop fou, tu es père de famille !
Soudain, il revit sa ravissante petite femme et puis il pensa à leurs quatre bambins adorables.
Secouant la tête, il relâcha à contrecœur sa compagne irrésistible. Après quelques instants, il put encore parler.
- Eh bien, tu as bien raison, mon beau bijou. Je te désire comme pas possible, mais, il faut penser à ma femme ! Je ne pourrais jamais – au grand jamais -- la tromper.
- Voilà, prononça-t-elle, hochant la tête. Tu ne peux pas la tromper, Babar.