Participation de Fairywen
Orage de cristal.
Falko était furieux contre lui-même. Qu’est-ce qui lui avait pris ? Qu’est-ce qu’il faisait là, à la caisse de ce bazar minable, avec en main cette ridicule pyramide de cristal qui l’avait obsédé toute la journée ? Franchement, il avait l’air malin, au milieu des mères de famille qui ne se privaient pas de le reluquer de haut en bas et de leurs gosses braillards qui, ceci dit, se taisaient dès qu’il s’avisait de leur jeter un des regards noirs dont il avait le secret. Il faut dire qu’il détonnait avec son look de motard, et il avait déjà repéré les responsables de la sécurité qui rôdaient non loin de lui.
« Comme si quelqu’un pouvait avoir envie de voler quelque chose ici, se dit-il en jetant un regard dégoûté aux objets bon marché qui l’entouraient. »
Mais dans le même temps, sa main se resserrait sur la petite pyramide. Il l’avait vue en passant le matin même, perdue dans la vitrine, miniature délicate et fragile, beauté incongrue au milieu de la laideur qui l’environnait. Il s’était arrêté un instant, intrigué, puis avait repris sa route.
Et il n'avait depuis cessé d’y penser, encore et encore. De se dire qu’elle serait plus à sa place dans la boutique d’Ysaline. À la fin, n’y tenant plus, il était retourné l’acheter. Et à présent il était chez lui, allongé sur son lit, la petite pyramide entre les mains. Fasciné, il ne cessait d’observer les jeux de lumière sur les faces translucides aux délicates irisations de violet pâle. Il lui semblait voir l’image d’Ysaline à l’intérieur, Ysaline qui riait, qui virevoltait dans sa boutique de magie, Ysaline à qui il ne cessait de penser, jour après jour, nuit après nuit. Elle n’avait rien de commun avec le monde de la nuit auquel il appartenait. Il ne croyait pas en son monde de sortilèges.
Un coup d’œil à son réveil lui apprit que l’après-midi touchait à sa fin. Sa décision prise, il sauta à bas de son lit, enfourcha sa moto et se dirigea droit vers la boutique de magie. Ysaline était en train de fermer lorsqu’il se présenta à la porte, mais elle le laissa entrer avec ce sourire lumineux qui n’appartenait qu’à elle :
« Que me vaut le plaisir de ta visite ?
— Je me suis dit qu’il serait mieux dans ta boutique. »
Gêné, il lui tendit maladroitement le petit paquet. Elle le déballa avec précaution, et son sourire s’élargit lorsqu’elle découvrit le cristal. Lorsqu’elle le saisit délicatement entre ses doigts, un instant, Falko crut voir des étincelles s’échapper de la pyramide. Mais cela ne dura qu’une brève seconde, et il oublia tout lorsque son regard se noya dans celui d’Ysaline :
« C’est magnifique. Merci. »
Elle se hissa sur la pointe des pieds pour l’embrasser sur la joue, mais il fut plus rapide. Sans réfléchir à ce qu’il faisait, il referma ses bras autour d’elle et posa ses lèvres sur les siennes, espérant, priant pour qu’elle ne le repousse pas. Il n’osa croire à sa chance lorsqu’elle répondit à son baiser.
Parce que ses yeux étaient fermés, il ne vit pas le feu d’artifice coloré qui jaillit de la pyramide de cristal…
Où retrouver Falko et Ysaline.